Journal de douleur

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 03/12/2008.

Sommaire

25 Mars 2008 à 9h39
Passe passe
25 Mars 2008 à 18h19
Damien est parti et moi aussi
1 Avril 2008 à 13h04
Lettre ouverte à Damien
26 Avril 2008 à 19h16
Damien
29 Avril 2008 à 22h27
Mon amour,
30 Avril 2008 à 10h28
Amour toujours

Passe passe

25 Mars 2008 à 9h39

Je ne sais plus exactement à quel moment j'ai perdu la notion de tout ... Peut être ne l'ai je jamais eu.

J'ai fermé les yeux et j'ai gémit. Ses mouvements entre mes cuisses étaient les mêmes que ceux des autres et j'ésperais qu'il jouisse vite. Je pensais déjà à ce soir, mon prochain RDV.

Quelques heures plus tard, les bruits des passants flottaient dans l'air et je terminais ma cigarette.

Un dernier coup d'oeil dans une vitrine, j'y suis ...

Il sent bon, il aurait pu me plaire avant tout ça. Les mots, les phrases, les gestes.

<<Tu as mon argent chéri ? >>

Dans l'ascenseur, tout s'enchaine, j'attache maladroitement mes cheveux, j'accroche un sourire heureux à mon visage et je sépare les billets triomphants de ma poche en trois parties: Une pour oublier, une pour arrêter, une pour vivre.

Je crois que Cerise a entendu ma clef dans la serure. Je m'engouffre dans l'appartement, elle se jette dans mes bras et me repproche mon retard. Salima m'avoue les tortures capillaires inffligés par ce petit démon.

<<Est ce que tout va bien ? >> <<Oui Salima, merci>>

Damien est parti et moi aussi

25 Mars 2008 à 18h19

Damien est parti et moi aussi.

Mes cris etouffés dans l'oreiller, il allait jouir et moi partir. Il était heureux, moi aussi, j'allais partir.

Il fait froid et gris, mes talons claquent le pavé de ma rue.

L'homme de l'ascenseur me sourit et je lui réponds mécaniquement.

Damien est parti et moi aussi.

Cerise m'a fait un dessin, j'ai envie de pleurer, je me retiens.

<<Tout va bien Albane ? >> <<Oui Salima merci.>>

L'eau de la nouvelle douche dans la nouvelle salle de bain de notre vieil appartement ruisselle sur ma peau aux odeurs melées.

Il n'y a plus rien que le silence dans cet appartement. Meme la musique s'évapore en silence.

Ce soir c'est la fête, il parait. Il y aura plein de monde et même moi, je devrais certainement montrer au monde que je vais mieux pour que le monde cesse de s'apitoyer sur moi. Le monde va bien et moi pas. Même le monde ne fait pas de bruit. Il y aura ces gorges deployées et ces dents acérées... Des rires plein le monde. Il y aura de la vie et du vin et moi dans ce monde qui ne fait pas de bruit.

Cerise veut venir et moi rester. Salima la convaincra d'être sage et de rester à l'appartement, moi aussi j'ai envie de rester à l'appartement. J'ai froid.

Damien est parti et moi aussi.

T'es où ? Reviens

Lettre ouverte à Damien

1 Avril 2008 à 13h04

Madame Frelon est passée hier soir, te souviens tu d'elle ? C'est notre voisine du cinquième. Elle nous a porté des beignets et nous a invité à l'anniversaire de son fils ... J'ai apprécié.

J'ai mangé chez mes parents dimanche, toujours à la même place toujours sur la même chaise à coté de toi... Cerise a beaucoup grandi tu sais, j'ai vu ton père hier.

Ton père ne sait pas mentir et moi non plus, je crois qu'il a vu que je ne me remettais pas mais il a eu la gentillesse de ne pas poser de question.

C'est comme si le temps s'était arreté. Le silence obsédant détruit ma tête et mes souvenirs s'évadent.

J'ai peur d'oublier... Ta voix, tes mains, tes gestes...

Tu sais Damien comme tu me manques.

Ce matin, il y avait cette odeur que tu aimais tant, celle du café et du pain grillé mélé au reste du petit matin.

J'ai annulé mes RDV. Je ne vais pas bien.

Maman a voulu faire du vide, je n'ai pas voulu, elle n'a pas insisté mais m'a repproché de m'accrocher à ma douleur.

J'ai répondu non mais en pensant que ma douleur et Cerise, c'est tout qu'il me restait de toi.

J'ai pris le train pour notre arbre, j'y suis retournée pour la première fois.

Rien n'a bougé, comme si le temps s'était figé près de la ferme de tante Agathe.

J'ai ramené nos secrets ... Cette nuit, à 2 heures, j'ai ouvert la boite aux milles trésors.

J'ai beaucoup pleuré Damien, parce que dans notre boite à secrets, il y avait cette lettre, que je n'avais jamais relue... il y avait notre pièce de Napoléon et le flacon de sable de la plage de Normandie, il y avait cette bague de mamie et nos bracelets brésilien. Dans la boite Damien il y avait notre enfance ....

J'ai accroché une mèche de cheveux de Cerise aux notres comme nous l'avions dit puis j'ai refermé la boite.

Damien

26 Avril 2008 à 19h16

Maman pense que je vais mieux. Je ne vais pas mieux. J'ai accroché à la fenêtre de notre chambre les rideaux que tu aimais tant et que je trouvais trop sombre. Tu aurais certainement eu ce sourire en coin de vainqueur et je ne t'en aurais pas voulu. David est passé hier soir, il va être papa. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps, il m'a demandé comment j'allais et n'a pas attendu ma réponse pour comprendre... Il me disait de refaire ma vie, de faire le deuil, de quitter notre appartement et de recommencer ma vie. Je ne peux pas, je ne pourrai jamais... Mes pieds sont lourds, toujours aussi lourds. Si Cerise n'était pas là je t'aurais certainement rejoint, je n'arrive pas à Damien, je cherche chaque jour la force de continuer de vivre... Maman veut que je vois un psy, pour reussir à faire le deuil... Ce n'est pas normal selon elle de vivre comme si tu allais revenir, cela va faire trois ans, me dit elle. Je sais... et pourtant ta guitare est toujours là, tes sourires tapissent nos murs, et puis rien ne bouge sauf quand j'y suis obligée. Je n'arrive pas et je ne crois pas que je puisse y arriver. Amandine m'a dit qu'écrire pouvait me faire du bien alors ... j'écris. Rien ne me fait du bien, l'appartement est trop grand trop vide sans toi, je n'y arrive pas tu sais Damien à vivre. Je ne peux pas. Chaque soir je me tords de douleur dans notre lit si froid. Le 30 juin cela fera trois ans que tu es parti, 3 ans que je suis morte.

Mon amour,

29 Avril 2008 à 22h27

Il fait chaud et j'ai froid. Cerise est chez tes parents et moi je suis seule à l'appartement. Je sais que chacun de nos amis me plaint, ils sont là toujours à me demander comment je vais sans jamais croire à ma réponse. Hier soir j'ai regardé un film qui ressemble un peu à l'affreuse souffrance que j'épprouve - Ne le dis à personne - Il la retrouve à la fin, j'aimerais pouvoir te retrouver aussi à la fin ... Madame Frelon nous a fait des crêpes, elle me trouve maigre et moi je ne me trouve pas du tout, je ne me vois plus vraiment dans la glace, il y a cette vie qui avance et moi toujours à la même place, à l'hôpital devant ce medecin qui m'explique que je viens de mourir. Je n'entends plus rien depuis ton départ, l'absence m'écrase de jour en jour. Tu devrais refaire ta vie, me dit cet ensemble de gens qui croit que l'on refait sa vie aussi facilement qu'on la perd. Qui d'autre pourrais je aimer à part toi ? Il n'y a jamais eu que toi Damien dans ma vie alors qui d'autre pourrais je aimer ? Tu ne reviendras jamais et moi non plus.

Tous mes souvenirs sont remplis de toi, te souviens tu ? Nos parent disaient - On va les marier ces deux là - Ils ne nous marieront jamais... Ma robe est encore là, prés de ton costume, nous aurions été trés beaux je crois... Rien n'a vraiment bougé, j'ai acheté un nouveau téléviseur car l'ancien est tombé en panne et l'on ne pouvait le réparer... J'ai mal Damien, je suis si fatiguée. Chaque jour est une épreuve des plus difficiles...

Amour toujours

30 Avril 2008 à 10h28

Encore une nuit de douleur dans le silence de ma vie. Je suis morte.

Maman vient de plus en plus souvent. Ce matin, elle m'a prise dans ses bras, j'ai pleuré.

Elle veut que je vienne m'installer chez eux. Cet appartement renferme trop de choses Albane, tu dois vivre, il y a des gens qui t'aiment et ta fille ? Est ce que tu penses à ta fille ? Damien ne reviendra pas, pourquoi continues tu de vivre comme ça ? Tu étais si belle, si joyeuse, je souffre de te voir comme ça, nous souffrons tous.

Maman, je n'ai pas la force de prendre cette décision. Je n 'ai la force de rien. Je n'ai plus le gout de rien, Damien a posé sa tete sur mon ventre et m'a dit qu'il ne me quitterait jamais, maman, Damien était la seule personne que je ne pouvais pas perdre et il est parti... Et moi avec.

Quelqu'un a frappé, c'était le docteur THOME, maman lui a dit de venir et je n'ai même pas eu le courage de m'insurger.

Il est resté longtemps assis prés de moi sans que je ne réponde à ses questions. Je n'ai pas de réponse, je n'ai plus rien.

Je crois que je sombre. Encore cette histoire de psy, ils veulent m'obliger à partir d'ici. Je ne veux pas. J'ai entendu murmurer dans la pièce voisine et moi dans notre lit sans force je pars.

Il faut que tu retournes travailler Albane.

Comment pourrais je m'occuper des autres alors que je suis incapable de m'occuper de moi même ?

Albane DAMIEN EST MORT et enterrer, que faut t'il faire pour que tu réalises que tu es en vie toi et que tu as le droit d'être heureuse, comment faut il te dire que tu ne dois pas culpabiliser, tu dois te battre pour ta famille, pour ta fille pour toi !

C'est la première fois que maman me parle aussi brutalement de toi, de moi. J'ai finis par sortir de notre lit et j'ai eu un malaise. Je ne me souviens plus la dernière fois que j'ai mangé... Maman a demandé au docteur Thome comment on pouvait m'obliger à venir chez eux. Je crois qu'il lui a donné une solution que je me crois absolument incapable de contester.

Damien, je n'ai plus de courage, je n'ai plus rien à donner, je crois que je prefère mourir physiquement puisque je suis morte à l'interieur. Damien, je crois que te rejoindre est la seule issue car ici rien ne me soulage, rien ne me donne l'envie de croire, de vivre. Ce vide, ce silence, cette absence chaque jour plus lourde, plus pesante, plus cruelle.

Pourquoi vouloir vendre l'appartement ? Quel est donc ce besoin de materialiser les souffrances qui me hantent ? L'appartement, c'est celui qu'on a acheté ensemble avec nos sous, c'est celui que nous avons repeint ensemble avec nos mains, c'est ici que nous avons conçu Cerise, nous avons fait l'amour partout et nous étions heureux, c'est ici que je t'ai vu sourire pour la dernière fois et c'est ici que je t'ai dit oui. C'est ici que nous nous sommes disputés pour le piano et que tu as imité les Gipsy King. Je ne peux pas vendre notre appartement parce que je l'aime. J'aime le parquet qui craque, j'aime les grandes fenêtres et la terrasse. La vue inouie de notre chambre j'aime tout ce que nous avions aimé ensemble quand nous l'avons visité... Nous avions ri de la tête du propriétaire et tu avais dit - Je suis sur qu'il pleure quand il jouit !- Je me souviens de la tape que je t'ai donné et du ON LE PREND que nous avons laché ensemble. Je ne peux quitter l'appartement, c'est notre appartement. Si je ne me reprends pas ils vont m'obliger à partir. Je ne veux pas. Maman s'est enervée, elle voulait tout à l'heure revenir avec les cartons pour ranger tes affaires... Pourquoi ? Pourquoi est ce plus simple de ranger des affaires dans un carton que de comprendre ma douleur ? Pourquoi est ce si difficile pour les autres d'accepter que je ne me remette pas de ta mort ? Nous sommes nés à quelques jours d'intervalle, nous avons grandi ensemble, passer nos vacances ensemble, fait nos crises d'ado ensemble, nos études, nos diplomes, nos amis... Comment pourrais je passer à autre chose comme ça?