Brouillard sur les champs, quelques ombres se détachent, un arbre, un épis de maïs et ses frères, une voiture. Ce matin le paysage est fantomatique. Perdu dans la brume.
ça glace l'intérieur.
Alors que je suis devant mon ordinateur, à tenter de me concentrer sur le travail que j'ai à faire, mon regard bifurque sur la gauche et se perds au milieu de cette masse opaque duveteuse!
Je me mets à penser à tout et à rien en vrac.
Ce soir ma maman nous rends visite jusqu'à dimanche. Je suis heureuse de la voir mais je ne peux m'empêcher d'avoir toujours une petite appréhension. Je sousestime ma mère bien souvent, elle m'a trop donner le rôle de l'adulte responsable. Alors aujourd'hui qu'elle sait être une mère à l'écoute, cette place d'enfant qu'elle me donne et bien je n'ai pas l'habitude. Alors évidemment je me laisse vite porter car ça fait du bien et je ne sais pas combien de temps cela va durer. Mais du coup j'ai toujours cette angoisse que les rôles se renversent à nouveau.
Puis je me mets à songer à mes cours de dessin et d'aquagym auxquels je ne suis plus allée depuis 3 semaines. Je ne suis pas un mystère de ce côté là. Je m'enflamme toujours pour de nouvelles choses qui vite deviennent une obligation et non plus un plaisir. Pourtant une fois rendue sur place, je profites de ces instants qui ne sont qu'à moi. Lundi je reprend tout ça au sérieux.
De là, je divague encore et je ne sais pas pourquoi mes pensées vont vers mon ex.
Je me demande ce qu'il fait, s'il est heureux, je rêve souvent de lui d'ailleurs. Il me manque sans que je sache pourquoi. Je suis mariée, j'ai eu un coup de foudre pour mon mari, c'est une passion et une histoire tranquille ce que je pensais impossible à allier...Et pourtant je garde des sentiments forts pour mon ex.
Avec mon mari on échange peu ces temps-ci. Je crois que c'est comme ça pour tout le monde. La vie nous embarque dans sa course folle.
Nous sommes en horaires décalées, nous n'avons plus trop de temps. Le dimanche, seul jour où on se retrouve, il n'est pas toujours attentif à ce que j'ai à dire. Je me sens blessée et je me trouve injuste de le lui reprocher. Il fait ce qu'il peut déjà et assume beaucoup alors...
En fait je crois bien que ma nostalgie de l'ex est liée à ça. Je me rappelle des moments que nous passions à parler de tout et de rien, à nous chamailler car nous ne pensions pas pareil. De là je me rappelle sa façon de me regarder avec gourmandise, ce pouvoir que j'avais d'allumer en lui le désir d'un simple geste, d'un simple regard.
Je n'ai plus tout ça. Mais je l'avais aussi perdu avec mon ex, et à plusieurs reprises. Est-ce lié à l'état d'exitation qui accompagne tous les débuts ou redébuts d'histoire?
Je constate que mon mari et moi nous perdons de vue. Nous nous retrouvons parfois et hop tout ça s'efface et puis de nouveau on ne se regarde plus. La vie de couple rend casanier, on s'habitue trop vite à celui qui partage notre vie! Heureux ceux qui arrivent à aller au-delà, à ne pas se laisser prendre.
Je sais qu'on se réveillera et que tout cela reviendra. Mais les débuts euphoriques, sur un petit nuage, cette chaleur au creu des reins, les regards plein d'étoiles, la jubilation, cette impression de "nous sommes seuls au monde" me manque.
Je suis en manque d'endorphine!
Je suis en manque de ces jours bénis où tout nous importe, nous avons trouvé l'homme de notre vie.
Je suis en manque de cette insouciance.
La vie à deux est facile tout en ne l'étant pas pour moi. Tout coule de source avec mon mari. Il n'y a pas de prise de tête. C'est donc un grand bonheur.
Cependant , moi qui était une femme très attachée à son indépendance, à sa liberté, j'ai parfois bien du mal à faire avec.
Mon ex se mettait bien souvent en boule contre cette sacro sainte liberté qui m'était si chère.
J'ai l'impression d'avoir abandonné cette liberté. J'ai toujours été libre de faire ce que je voulais. Ma mère ne s'est jamais positionnée sur mes décisisons. Elle me faisait confiance. Ce qui m'arrangeais drôlement! Sans abuser de cette liberté, j'ai toujours mené ma barque comme je l'entendais, et il étais fort difficile de me faire changer d'avis sur une décisison prise!
J'aimais ce pouvoir. ça me donnait l'impression que tout était possible. Que je disposais entièrement de mon être et de ma vie. Sur un coup de tête je pouvais changer de vie. J'aimais cette sensation. Cela me permettait de me sentir vivante! j'étais énergique. Du coup comme mon petit frère m'a dit il y a peu, j'ai toujours eu ce que je voulais.
Et là c'est toujours la même histoire. J'ai perdu ces possibles. j'ai perdu le pouvoir que j'avais sur ma vie car je ne suis plus seule mais 2.
Le couple est important. Alors oui il ne faut pas s'oublier, ni se perdre, mais il faut savoir faire des concessions. J'en fait, beaucoup. Et je crois que bien que je sache que cela portera ces fruits un de ces 4, que je le fais aussi pour nous deux et pas seulement pour lui, cela me pèse!
Je suis une vilaine égoîste. Et je regrette de ne pouvoir l'être davantage.
J'ai beau réfléchir, je ne sais pas pour le moment comment trouver un équilibre sans tomber dans les reproches permanents, sans devenir une égoîste extrémiste, sans tomber dans l'éxcés, d'un côté ou de l'autre.
Il y a quelques temps, mon mari m'a dit que je n'avais besoin de lui pour rien.
J'ai bien senti que ça lui pesait et sur le coup je l'ai trouvé injuste. Je lui ai demandé des détails. Il m'a dit alors que je vivais ma vie sans lui, qu'il voyait bien qu'il ne m'était pas indispensable.
Ma vie est faite d'un énorme vide. Il faut bien que je tente de le combler. Ce vide est en partie l'absence de mon mari. Alors oui je tente de me construire une vie à moi, je tente d'occuper ces moments de libertés qui me sont si chers mais qui parfois me pèsent car personne pour les partager.
Mon ex aussi m'avait fait cette remarque.
Suis-je vraiment comme ça? Suis-je si indépendante que je ne m'en rend même plus compte? Suis-je trop prise par ma nostalgie et ma course à tenter de retrouver un peu de ma vie d'avant pour voir que je laisse mon mari sur la touche?
C'est si bisarre. J'ai moi-même l'impression d'être sur la touche à regarder les autres vivres sans moi. Et lui a-t-il besoin de moi? Me suis pas encore posé la question, et maintenant que j'y songe, il me semble que lui non plus ne m'accorde pas trop de place.
Et moi suis-je à son écoute? Vraiment à son écoute? Où suis-je trop penchée sur mon nombril?
Ha un petit rayon de soleil tente de percer cette masse. Va-t-il arriver à s'imposer?
Quand j'ai du temps à moi je ressens ce vide ce qui m'angoisse. Et quand je suis occupée j'ai l'impression de ne pas avoir du temps à moi!
Et j'ai beau faire, beau retourner cela dans tous les sens je n'arrive pas encore à identifier ce qui ne va pas!