Il était une fois, une jeune fille timide qui vivait dans un petit village du Sud, dont le nom m'a échappé. Elle était grande, mince, aux cheveux de feu et des tâches de rousseurs s'étalaient le long de ses joues. Elle n'avait jamais quitté son petit village natal, sans doute par peur du monde extérieur, et passait ses journées à observer le ciel, les oiseaux se coulant dans le coucher de soleil, se demandant perpétuellement, comment cela pourrait être, là-bas.
Mais plus les jours passaient, plus la jeune fille sombrait dans une profonde dépression, accentuant l'envie de s'endormir une dernière fois, de seconde en seconde. Elle se sentait alors totalement morte, à l'intérieur, comme si son corps entier avait enfin fini par geler, glaçant la douleur à son état brute. Parfois, elle était convaincue que la vie n'était qu'une immense farce grotesque où la populace se complait dans l'éternel égoïsme de l'espèce humaine. Et la seconde suivante, ses yeux se noyait dans le vide de son esprit, contemplant avec amertume l'extra-ordinaire et inlassable suite d'échecs qui composait sa vie.
Les notes de piano résonnent encore en son esprit, comme une suite logique de numero qu'on aurait joué au Loto. Et cette fumée, si légère, si douce, coulant le long de sa gorge, glissant comme un serpent sur ses joues rosées, intoxiquant encore un peu plus son corps. Tant pis, il est déjà mort. Il ne sera jamais l'enveloppe de chair qu'elle aurait aimé porter, il n'est réduit qu'au simple état de costume. Un costume trop grand et trop serré en même temps, grattant et irritant sa peau à chaque instant. Non satisfaite de porter chaque jour ce costume de chagrin, elle porte également un masque, un de ces masques hypocrites qu'elle déteste tant, mais qu'au final, tout le monde finit tôt ou tard par adopter. Sans ce masque, ils verraient tous à quel point son esprit est étouffant et mal ficelé, elle serait alors nue devant autant de masques rieurs et moqueurs, méprisants et humiliants. Et bien sûr, peu d'entre eux seraient alors eux-mêmes capable d'effectuer ce même sacrifice.
Et ses yeux repartent vers le ciel, tant il est difficile de comprendre ces comportements étranges qui sont ceux de l'espèce humaine, et tant il est stupide voir impossible de les faire changer. Son esprit s'égare à nouveau sur ces notes de piano, comme si tout ceci n'avait jamais existé.