Journal d'une angoissée

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 07/01/2011.

Sommaire

23 Août 2010 à 23h20
L'écriture... Mon exutoire
24 Août 2010 à 20h14
Au jour le jour
28 Août 2010 à 21h44
Emotions
31 Août 2010 à 14h13
F**k you

L'écriture... Mon exutoire

23 Août 2010 à 23h20

Après avoir laissée l'écriture pendant de longs mois, je ressens à nouveau ce besoin d'écrire. Exposer mes sentiments, ma vie aux yeux de tous m'effraie un peu... Mais peut être que je trouverais ici le soutien, l'écoute que mes proches ne sont pas en mesure de me fournir actuellement. Notamment mon compagnon... Je ne lui en veux absolument pas. Je vis une situation difficile en ce moment et tous les deux, nous avons une manière différente de voir les choses, de réagir... Tout simplement...

Ma grand mère... L'une des personnes les plus importantes dans ma vie si ce n'est la plus importante... Ma grand mère dont l'état de santé se dégrade depuis 5 ou 6 ans maintenant. Démence ? Alzheimer ? Même les médecins n'en savent pas plus que moi. Elle s'était stabilisée jusqu'à une dizaine de jours où une chute et une nuit passée sur le sol de sa chambre ont tout fait basculé. Refus de marcher, refus de manger, incapacité partielle de parler. Les mots de mon père : « elle se laisse mourir » sont une déchirure pour moi.

Cette femme avec qui j'ai vécu durant les 23 premières années de ma vie. Celle qui m'a élevée, m'a toujours soutenue, m'a aimée de toutes ses forces... Celle que je considérais comme ma vraie maman... Non. C'est trop dur.

Et pourtant, son état ne m'est pas étranger. En tant qu'infirmière à domicile, des personnes dans le même état qu'elle, j'en soigne beaucoup... Mais là, c'est presque au dessus de mes forces. Les mots de mon compagnon : « Il faut que tu te fasses à l'idée qu'elle va bientôt partir, et que le plus tôt sera le mieux ! » sont intolérables pour moi. Je ne peux pas entendre ces mots. Il n'y a plus de raison dans ce genre de situation. Les sentiments prennent le dessus. Infirmière ou non, ça n'a pas d'importance.

Délaissant mon appartement et mon couple, je passe le peu de mon temps libre dans ma maison d'enfance à m'occuper d'elle et à soutenir mes parents. Même s'ils sont très présents, j'ai peur qu'elle m'oublie, et même si je n'ose pas me l'avouer, j'ai peur de ne pas être là le moment où...

J'ai eu beaucoup de mal à écrire ces mots... Mais ça m'a soulagé...

Au jour le jour

24 Août 2010 à 20h14

Aujourd'hui j'étais en repos, vu que j'avais bossé tout le week end. Et pour une fois, je ne suis pas restée à l'appartement à légumer. Non, je me suis occupée et c'est vrai que je suis plutôt fière de moi (chose très rare).

Réveiller à 8 h par mon amoureux parti très tôt ce matin au travail, j'ai pris un bon petit dej, puis me suis préparée pour aller dans ma salle de sport me défouler un peu. Ca ne fait pas longtemps que j'y suis inscrite et j'essaye d'y aller au minimum 3 fois par semaine. Ca me fait un bien fou et en plus ça m'aide à gérer mon poids. Chose pas du tout évidente pour moi qui compense la moindre contrariété, le moindre stress, la moindre souffrance par une montagne de nourriture. Alors avec l'état de ma grand mère, ces derniers temps j'ai eu tendance à vider le frigo et les placards et j'ai vu mon poids remonter en flèche. Mais je dois dire que depuis une dizaine de jours, je gère très très bien la nourriture et ça c'est une grande première. Pas un seul jour ne s'est écoulé sans que j'ai mangé mes 5 portions de fruits et légumes. Et c'est vrai que je commence à me sentir mieux dans mon corps...

Cet après midi, je suis allée dans ma maison d'enfance rendre visite à mes parents et à ma grand mère. Je devais de toute manière passer chercher des mirabelles que j'avais promis à une de mes patientes. J'ai trouvé ma grand mère particulièrement en forme et ça m'a fait chaud au coeur. Elle répondait correctement à mes questions, comprenait parfaitement ce que je lui disais, a mangé ce que je lui avais préparé pour le repas du soir sans la moindre aide, a marché du salon jusqu'à sa chambre avec l'aide de ma collègue infirmière qui était venue la coucher. C'était une bonne journée et je suis sortie de chez mes parents soulagée, le sourire aux lèvres, les bras chargés de fruits et légumes du jardin.

Même si je sais que... Aujourd'hui c'était aujourd'hui. Demain est encore loin et personne ne peut savoir comment elle va évoluer dans les prochains jours. « Soupir. » J'ai pu profiter d'elle aujourd'hui et c'est tout ce qui compte. Vivre au jour le jour et profiter de chaque moment avec elle. Et puis quoi qu'il en soit, je l'accompagnerais... Jusqu'au bout...

20h15. J'attends patiemment que Chéri rentre du travail. Placebo en musique de fond, mon chaton dort paisiblement près de moi. Je sens l'odeur de ma compote de mirabelles. Il est temps que j'aille la retirer du feu.

Emotions

28 Août 2010 à 21h44

Journée assez riche en émotions. En début d'après midi j'ai reçu un texto de Delphine, ancienne collègue de promo avec qui j'ai gardé contact, m'annonçant la naissance de sa fille. Puis cet après midi, j'ai assisté au mariage d'Audrey, autre ancienne collègue de promo. Très beau mariage, très émouvant... La question qu'a posé le marié : « Bon bein, à qui le tour maintenant ? » en me fixant droit dans les yeux... Effectivement, après le mariage de Delphine l'année dernière, celui d'Audrey aujourd'hui, la logique des choses voudrait que ce soit moi la prochaine.

Etant avec mon Homme depuis plus de 6 ans, ce serait mentir de dire que nous n'avons pas encore abordé le sujet. Oui, on y pense, surtout depuis que nous avons une situation stable, un CDI tous les deux... Mais nous ne sommes pas encore tombés d'accord. J'aimerais un mariage à l'église, ou au moins une bénédiction nuptiale mais Chéri n'est absolument pas pour... Bref... Mais il m'a quand même avoué aujourd'hui ne pas vouloir encore attendre 5 ans, et faire ça dans les 2 ans à venir si possible... On verra. J'attends la demande et puis c'est tout.

Le sujet du bébé est également revenu sur le tapis plusieurs fois ces dernières semaines. Notamment au supermarché, en passant dans le rayon bébé quand mon chéri m'a dit : « Bon bein c'est quand qu'on s'y met ?! » J'ai cru qu'il plaisantait. Mais non. Nous en avons discuté un peu plus longuement pour se mettre d'accord sur le fait que le mariage se fera avant le bébé. Pas à cause de la tradition, mais parce que je ne suis pas encore prête à devenir mère. J'arrive à peine à vivre avec moi même, à me connaître et à m'apprécier tout doucement, j'ai encore un peu de travail devant moi avant d'être maman.

Tout cela m'angoisse un peu. Je me rends compte que le temps passe très très très vite. Les semaines, les mois, les années filent... Il y a 18 mois j'étais encore à l'école, j'habitais chez mes parents et me voilà dans mon chez moi, avec mon Homme, à parler mariage et à envisager un enfant, une maison...

J'en ai la tête qui tourne...

F**k you

31 Août 2010 à 14h13

Depuis 18 mois que je travaille au centre, j'ai toujours cru, jusqu'à aujourd'hui que nous étions une équipe formidable avec une merveilleuse ambiance. Et que même si nous étions une équipe de femmes, nous n'étions pas comme les autres, pas comme dans les services hospitaliers où elles passent leur temps à se critiquer, à cracher du sucre derrière le dos des autres. Mais non. En fait nous ne valons pas mieux.

La seule différence est que nous ne passons pas notre journée ensemble. Nous nous voyons le matin à 6h30 avant de partir en tournée, puis parfois à midi mais le reste du temps nous sommes seules avec nos patients. Parfois un coup de fil par ci par là pour avoir un renseignement, un conseil ou un coup de main. Mais j'ai été naïve de croire que l'hypocrisie et la méchanceté n'existaient pas au sein de notre équipe. Maintenant je suis réaliste, mettez nous toutes les 9 ensembles dans un même service... Ce serait une catastrophe. Si ça se « passe bien » c'est uniquement parce que nous ne nous voyons pas de la matinée et que nous ne sommes pas les unes sur les autres.

Les langues se sont déliées ce matin. « Oui bah M. a râlé sur toi la dernière fois parce qu'à ce qui parait un dimanche soir t'es partie à 18h45 sans aider personne, et elle l'a mal pris. » Bah oui, ce jour là j'avais un anniversaire assez loin de chez moi et je voulais être dans les temps, j'aurais peut être du afficher un mot pour que tout le monde soit au courant... Me le dire en fasse était si difficile ? Faut que je l'apprenne des jours et des jours après par une collègue qui n'avait même pas travaillé ce jour là ? Et j'en passe... Et moi ? Dois-je calculer le nombre de fois où je suis arrivée au centre à 12h30, voire 13h, que tout le monde était déjà parti et que personne ne m'avait appelé pour m'aider ? J'en ai pas fait une maladie. Jamais. Je n'ai jamais ouvert ma gueule. Parce que moi, je n'aime pas les embrouilles, je n'aime pas parler derrière le dos des gens, je n'aime pas non plus leur montrer quand ça ne va pas... Alors forcément, vu que je ne montre rien, tout va bien pour moi n'est-ce pas ?

J'apprécie mon boulot, j'apprécie mes collègues également... Mais là je sature. Honnêtement. Je suis fatiguée. Moralement. Physiquement. J'en ai assez de faire des heures supplémentaires non payées, de ne pratiquement plus avoir de vie sociale, de devoir dire non à mes amis et à ma famille parce que je bosse, parce que je suis fatiguée, parce que le centre a besoin de moi.

Le centre de soins. Le centre de soins. Le centre de soins. Il n'y a plus que ça dans ma vie.

Mon chéri vient de me demander « au fait à part ça, comment ça s'est passé au boulot ? Tu survis ? » C'est exactement ça... Je survis.