Journal d'une femme libérée

Je ne sais pas exactement où je vais ni qui je suis et je vais pourtant avoir 36 ans. C’est drôle comme par moment la vie nous surprend alors que l’on avait tout planifié. C’est aussi ce qui la rend intéressante. Quelques années plus tôt je me voyais presque mariée mais le destin s’est amusé de cela et a préféré tout chambouler. Il a mis sur la route du bien aimé, une comment dire, pétasse qui n’était avant l'incident pas moins qu'une amie, je dis bien avant il en va de soi.

Quant à moi, il a fallu que je redémarre de zéro, que je recommence à faire confiance, que je recommence à me laisser apprivoiser, je crois bien que c’était ça le plus difficile. Vive le cocufiage, ça vous changerai la plus confiante des femmes en vrai bête sauvage.

Mais le temps à opéré et j’ai retrouvé l’amour. J’ai recommencé à faire confiance mais ça n’a pas été de tout repos.

Avec le recul aujourd’hui je me dis que c’est très dur de se dire qu’aujourd’hui on passera toute notre vie avec la même personne, comment ne pas être lasse ? Comment ne pas tromper et être tromper, avec le recul et les années aidant disons que je vois l’amour différemment. Pourtant une partie de moi a encore envie d'y croire, drôle de paradoxe, voilà ce que je suis, une fille tout en paradoxes ce qui croyez-moi peut s'avérer difficile à cerner, heureusement que j'ai la chance d'avoir un homme qui fait preuve d'énormément de patience.

Mais je n’ai pas entamer ce journal pour parler de celui qui partage mon cœur et ma vie bien qu’il arrivera très certainement que j’en reparle mais plutôt pour parler ici des nouveaux changements que j’aimerai opérer.

Faire une bonne fois pour toute la paix avec moi-même et mais surtout découvrir celle que je suis et que j’ai tenté tout ce temps d’enfouir.

Il faut pas croire mais je suis du genre tordue comme fille et ces dernières années j’ai laissé ma vie se dérouler devant moi comme l’on regarderait un film.

Plusieurs fois j'ai pensé consulter un psy pourquoi pas après tout il m’aurait peut-être aidé mais non j’ai préféré laisser le temps s’écouler. Mais aujourd’hui j’ai repris le chemin de la guérison, j’ai décidé tout simplement de vivre, de profiter de chaque instant et enfin une fois pour toute de m’assumer comme je suis !

Je tenterai de faire de mon mieux pour ne plus me laisser influencer et d’assumer mes idées c’est un parcours qui s’avère difficile mais je compte cette fois-ci sur ma ténacité.

Professionnellement parlant c'est toujours le summum et c'est déjà ça, j'avance coûte que coûte et j'essaye de me remettre en question le plus souvent possible.

Ce qui me tracasse ces derniers temps c'est le temps. Je ne parle pas de celui qui fait la pluie mais plutôt celui qui travaille contre nous. Je vais bientôt avoir 36 ans et j'en ai assez de regarder mon nombril. J'ai envie de construire et de devenir maman. Ce qui il y a encore quelques années m'angoissais terriblement me semble aujourd'hui évident. J'ai envie de grandir ! Est-ce que je serai une bonne maman ? Est-ce que j'y arriverai toute seule si un jour la vie me joue un tour. Je crois qu'on est obligé de penser à ça quand on est orpheline et même si on est en couple. D'ailleurs qu'est-ce qui me dit que l'homme qui partage ma vie sera celui de toute une vie ? Et pendant ce temps, le temps avance, indifférent à mes questions. Voilà pourquoi dans ma tête depuis quelques mois maintenant c'est le tohu-bohu. Je me pose mille questions et je n'ai à ce jour pas la moindre réponse.

J'ai envie une bonne fois pour toute de vivre ma vie, cette vie. J'en ai assez de regarder autour. Je crois que mes parents me manque terriblement, ils sont partis trop tôt et ont laissé derrière eux une fille complètement paumée. Qui a fait n'importe quoi pendant une dizaine d'années et qui s'est réveillée il y a peut-être un ou deux ans grand max, c'est dire les dégâts qui ont été fait.

Mais voilà, l'être humain est doté d'un kit de survie dont je n'avais même pas idée. J'ai survécu, à la tristesse, à la solitude et à mes pires démons. Donc si j'ai réussi tout le monde le peut ! La mort m'a arraché les membres et j'ai tenu. Je vais être honnête, quand je rêve d'eux, quel bonheur de les retrouver. Quel bonheur de revoir ceux qui me manque tant.

Je n'ai plus aucune famille, je n'avais qu'eux et le temps semble user de ses pouvoirs, il efface malgré-moi les souvenirs qui me reste et ça m'attriste. Par contre et pour sa défense il efface également la douleur, enfin il essaye. Il m'arrive toujours de pleurer quand je me sens seule, ainsi va la vie.

Ma vie de couple pourrait très bien se résumer à un film : La vie est un long fleuve tranquille sauf que moi, en réalité je suis un vrai volcan. J'ai besoin de me sentir en vie, de sentir mon coeur battre la chamade même après des années. J'ai besoin d'aimer au point de suffoquer et là, j'aime tendrement mais ça s'arrête là. Le gros problème de notre couple réside dans le fait que lui et moi n'avons quasiment pas d'affinités. En réalité je ne me sens pas désirée, pourtant c'est bien la première fois que ça m'arrive.

Voilà ce qui cloche depuis le début. Il me manque un "je ne sais quoi" de vital à mon sens. Je suis convaincue que beaucoup de couples se satisferaient de cela mais voilà je commence à suffoquer.

Et puis il y a "lui", je vais l'appeler comme ça. Lui c'est celui avec qui je discute depuis presque un, deux ans. Lui que je n'ai jamais rencontré mais qui me connait si bien. Lui qui arrive derrière un écran à me faire rougir et à me séduire. Je joue à un jeu dangereux mais pourtant, dès qu'il me bouscule je n'hésite pas à lui dire que c'est de mon homme dont je suis amoureuse. Dilemme.

Il m'a invité à le rejoindre le temps d'un we, à la campagne. Et rien qu'à cette idée je suis toute dingue. J'ai le coeur qui fait des bonds et le sourire aux lèvres.

D'un côté il y a celui qui m'apaise comme jamais aucun homme ne l'avait fait auparavant et que j'aime (je ne l'ai jamais trompé à ce jour, pourtant ça n'est pas les occasions qui ont manquées) mais j'ai une morale, une putain de morale qui m'empêche de faire des conneries pourtant je suis en manque. En manque d'amour, en manque de câlins et de tendresse, de baisers dans le cou, de caresses, de sourires, de regards complices... Je suis sans doute exigeante. Je n'envisage pas d'être avec un homme pour trouver l'amour il me faut plus. J'ai besoin de voir en lui l'amant, l'ami celui avec qui je pourrai tout partager. Enfin peut-être que certain trouverons cette idée du couple utopique mais c'est l'idée que je m'en fais et que j'ai déjà connu alors oui, ça existe !

Il y a ces nuits où je me couche seule et ces matins où je me lève seule. En fait,du certaine façon, notre couple me fait penser à une colocation c'est horrible de dire ça mais c'est l'impression que j'ai. Pourtant et malgré tout ça je l'aime.

Une question cependant m'obsède, combien de temps encore vais-je pouvoir tenir ?

Je me fais l'effet d'une gamine de 15 ans tout simplement parce qu'un homme daigne enfin poser un regard sur moi, pathétique en somme.

Une femme a besoin de se sentir désirer tout simplement, elle a besoin que son homme lui témoigne un peu d'intérêt. Ceci expliquant cela, c'est peut-être ce que je devrai dire à mon homme pour qu'il réalise le fil sur lequel nous sommes posés. Je suis tellement triste, triste de voir que nos rapports soient si espacés. Je me demande même s'il a toujours envie de moi.

Sinon "lui" et toujours "lui", il rêve de moi alors que pas plus tard que le we dernier c'était moi qui rêvais de lui. En fait, je pense que c'est un dragueur, un gentil dragueur mais un dragueur, je m'en fiche à vrai dire, là tout de suite ce dont j'ai besoin c'est d'un peu de chaleur humaine. Et puis "lui" c'est différent il attire mon attention.

C'est bien ce que je disais, tout ceci est pathétique.... pour moi ça va de soi !

Hier en rentrant je me suis ruée sur l'ordinateur dans l'espoir de le croiser "lui" et il était là. On a papoté jusqu'à 22h du soir sans même que je m'en rende compte, de tout et de rien. J'étais bien et lui aussi, on a ri pas mal et abordé des sujets plus délicats. Il m'a fait rougir, plusieurs fois. Ce qu'il y a de bien avec lui, c'est que je ne joue pas au jeu de la séduction. Je parle en toute sincérité et j'espère lui aussi. Je n'ai pas envie de le séduire juste d'échanger et puis s'il me plaisait ça me mènerait où tout ça ?

Il espère me voir en juin et de mon côté je me demande si tout ceci serait bien raisonnable. Je ne pense pas à vrai dire.

L'homme est rentré tard de son travail, il ne s'est pas couché avec moi d'ailleurs il ne le fait jamais. Et moi de mon côté je me suis couchée en pensant à "lui", par moment il me prend l'envie d' hurler à mon homme de se réveiller avant qu'il ne soit trop tard, avant que je parte ou que je fasse une bêtise et puis, l'instant d'après je me dis que non, je suis lasse je crois et c'est encore plus terrible de penser cela. Je devrai avoir envie de me battre sauf que ça fait déjà pas mal de fois que je lui dis et j'en ai ma claque en fait.

Je me sens lasse de cette relation que j’essaye tant bien que mal de sauver depuis presque le début. J’ai l’impression de faire fausse route depuis le début et pourtant je m’entête comme une naze. J’ai envie de tout stopper et pas pour « lui » d’ailleurs on a mis les choses à plat de ce côté là aussi. Je me suis décidée à le freiner je n’ai pas envie de quitter un homme pour un autre homme, je trouve ça d’un pathétique et généralement ça ne mène nul part. Je l’apprécie beaucoup mais je ne l’ai jamais vu alors bon et puis je pense sérieusement que si je devais me séparer de mon homme je resterai un petit moment seule, ça fait trop longtemps que je m'oublie.

C’est surtout ma relation actuelle qui me chagrine. Il est toujours planté devant son pc, ou devant sa tv mais merde on a qu’une vie. J’essaye toujours de le lancer sur un sujet mais ça ne l’intéresse pas d’ailleurs à par ses séries rien ne l’intéresse. C’est fou quand même non. Je me donne la nausée de voir où ma vie me mène et je n’ai qu’un seul refuge, ici. Ici pour vider mon sac et dire le mal qui m’étouffe.

Je suis tellement vide à l’intérieur que même une huître a plus de contenance que moi c’est dire.

J'ai vidé mon sac comme jamais avec l'homme, je lui ai envoyé un mail où je lui dis tout ce que j'ai sur le coeur. Je crois qu'il faut que j'arrête de me cacher au moindre conflit et qu'enfin j'assume mes actes.

Je dois d'abord retrouver des amies dans un restaurant (trop la forme pour y aller je vous raconte même pas) et puis après je rentre et là ça sera soit une résurrection ou alors le clash du siècle. De toute façon je n'ai pas pour habitude faire semblant et je ne peux plus continuer de la sorte, l'amour ne suffit pas.

J'ai quand la trouille mais chuuut.