"T'es sûr tu n'as pas besoin d'aide ?"
"Oui oui je sais me débrouiller seul comme un grand !"
"Ok mais si t'as besoin je suis là ok ?"
"Oui oui"
Il part de derrière la porte du vestiaire.
-------------------------------------------------------------------------------
Je suis debout sur le banc, il tambourine un peu à la porte pour voir si ça va si je m'en sors. Je ne suis pas là, je ne suis pas là...pas faire de bruit. Je grelotte sur le banc mais je ne veux pas qu'il ouvre cette porte. J'entends mon cœur qui bats la chamade fort très fort dans mes oreilles et je le sens qui se soulève dans ma poitrine.
Combien de temps il va rester là ? JE NE SUIS PAS LA. Et je ne réponds pas et j'attends, dégoulinant d'eau sur ce banc, me tenant au porte manteau en essayant de pas mouiller mes vêtements. J'ai peur de voir le loquet s'ouvrir et je le fixe...
Je finis par l'entendre partir, je vérifie sous la porte qu'il ne revient pas et qu'il est bien partit. Je me rassied sur le banc, essoufflé et quand je commence à me sécher je l'entends qui retoque.
"Je sais que t'es là, ouvre"
"Non non ça va j'ai presque fini"
"Ok mais dépêche toi"
----------------------------------------------------------------------------
Ce jour là j'avais joué à la piscine avec deux filles, des sœurs je crois. A moment donné je me suis tracassé je ne les ai plus vues.
Il a profité de cette journée pour abuser d'elles.
Je le sais.
J'ignore comment.
Je sais que j'avais été voir un psy pour savoir s'il m'avait touché etc. A priori...non
Je me souviens vaguement de la voix du psy me demandant s'il m'avait touché là ou là... "Tu es sûr ? Tu as le droit de parler hein, je ne dirais rien à tes parents"
"C'est quand que je peux y aller ?"
----------------------------------------------------------------------------
On m'en avait reglissé un mot étant ado dans une conversation, du fait que j'ai été voir un psy et que je n'ai plus put voir le gars... je crois qu'il a été innocenté. Je crois que c'est pour ça qu'on m'en avait parlé où qu'ils en avaient parlé entre eux.
Moui. Alors pourquoi mon coeur battait la chamade.
Pourquoi j'ai la phrase "Ne le laisse jamais t'approcher quand tu es seul avec lui okey ?" de la voix d'un gamin. Pourquoi sa seule évocation dans ma tête réveille cette alarme et ce mot "pédophile" ? ...
Qu'est ce que j'ai bien put savoir et taire ?
Est ce qu'à cause de mon silence d'autres ont souffert ?
C'est bien ça qui me tracasse...
Plus que tout.
Et je n'ose en parler à personne sauf sur mes journaux et encore c'est la première fois où je suis si explicite.
Je ne saurais pas en parler
Parce que je culpabilise
De ne pas pouvoir me souvenir suffisamment
Pour protéger d'autres ou ne pas en avoir protégé d'autres
En étant fils de quelqu'un qui a été abusé et meilleur ami d'une autre victime...
C'est d'autant plus culpabilisant
Car je sais leur souffrance
Et si ça se fait, à cause de moi
D'autres ...
N'ont pas pu être sauvés
Je sais que j'étais trop petit pour comprendre
Mais si seulement je pouvais me souvenir de choses concrètes
...
Je ne sais même pas ce que je ferais
Mais au moins je serais fixé sur ce que je savais et ce que j'ignorais