J'ai beaucoup de hauts et bas, ces derniers jours. Plutôt des bas, en fait. L'attend des résultats, interminable, auquel s'ajoute l'ennui, ne me réussit vraiment pas.
Je me cherche, mais ne me trouve pas.
Je suis seule, et ne le suis pas.
Je ne sais plus quoi penser, et je pense trop.
J'ai toujours su que j'étais relativement empathique. Ressentir les émotions des autres est devenue comme une seconde nature, que j'ai réussi à maîtrisé au fil du temps. Mais plus en ce moment.
Si ressentir les émotions des autres n'a jamais été problème, ressentir mes propres émotions a toujours été un dilemme. Mon passé m'a obligé a errigé un mur autour de moi, me protégeant du pire, mais aussi du meilleur. Ces derniers mois, sans que je ne m'en rende compte, ce mur a commencé à se fissurer. Oh, ces barrières infranchissables seront toujours là, mais peut-être un jour seront-elles moins hautes ?
J'ignore exactement quand cela a commencé. Je regardais la télé, peut-être un reportage au ton dramatique ou un film qui se termine mal, et j'imaginais ce que je ressentirais si je venais à perdre un être cher. Un de mes parents, un ami, mon frère. Et c'est là qu'une sensation de vide intense s'est emparée de moi, qu'une angoisse terrible m'enserra la poitrine. En quelques secondes, je pus refreiner la sensation. Ce n'était qu'un début.
En même temps que mon empathie devient incontrôlable - car oui, je pense qu'elle peut être contrôlée, jusqu'à un certain niveau -, mes émotions, elles, redeviennent enfin les miennes. C'est encore très flou pour l'instant. Et j'ai toujours l'impression de vivre dans un rêve. Peut-être suis-je destinée à toujours me sentir comme cela ?
Sauf que je ne crois pas au destin. Nous sommes maîtres de nos vies, personne ne devrait pouvoir choisir quel chemin elle empruntera à notre place.
Je ressens encore cette impression de vide, parfois, cette profonde angoisse. Comme si j'étais seule au monde, que j'avais tout perdu, et que je me demandais si je pourrais jamais m'en relever. J'essaye de respirer, calmement, inspiration, expiration, inspiration, expiration. Cela ne marche pas toujours.
Les hauts et les bas restent, surtout quand je me retrouve seule dans mon studio, la nuit comme le jour. Pourquoi cet appartement que j'aimais tant il y a quelques mois encore m'angoisse tout à coup ? Ou peut-être est-ce parce que c'est moi qui suis angoissée, et que je le suis plus particulièrement quand je suis seule, et donc dans mon appartement ?
Je me sens si étrangère à tout cela, et en même temps si familière. Ces émotions, qui pointent craintivement leur nez, sont-elles vraiment les miennes ? Sont-elles celles des autres que je me suis égoïstiquement emparées parce que je suis incapable de ressentir ?
Je ne sais plus quoi penser.
Je n'ai plus d'espoir, et j'en suis rempli.
J'ai peur, et je ne crains rien.
Je me batterai jusqu'au bout, et j'abandonnerai dès le début.
Je suis solitaire, et je déteste la solitude.