le syndrome du coeur brisé

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Sommaire

Prologue

25 janvier 2008 à 14h53

Cette fille me fait pitié... profondément pitié!

Parce que moi j'ai un avantage sur vous, celui de savoir comment l'histoire fini!

Il lui en aura fait voir de toutes les couleurs, jusqu'à la tuer... son coeur...

Elle est morte jeune, la petite trentaine, du "syndrome des coeurs brisés". Non non, ce n'est pas une blague! Le terme médical c'est "cardiomyopathie de stress"...

Quoiqu'il en soit c'est son coeur qui l'a tuée, il l'a fait vivre, il l'a fait mourir, mais toute sa vie elle l'a détesté, tellement il lui en a fait baver!

De la naissance à la maternelle

25 janvier 2008 à 14h55

Ça avait pourtant bien commencé pour elle. Fille unique, choyée, elle a l'impression que tout tournerait toujours autour d'elle.

Mais elle a vite déchanté quand elle a eu l'âge de faire ses petits calculs, qu'elle s'est demandée quand sa maman avait "voulu" faire un bébé. Je vous le demande, qui veut d'un enfant à peine mariée ?!

Oui, sa mère est tombée enceinte d'elle en voyage de noces... c'est malin! Pas moyen d'être tranquilles pour une bonne vingtaine d'années maintenant! Oh elle comprend mieux pourquoi ils n'ont jamais voulu lui faire de frères et soeurs... quand on n'avait pas prévu de faire d'enfant, une c'est déjà bien assez !

Surtout qu'elle est spéciale !

Elle a déjà décidé de se la jouer à la naissance... Arrivée en avance (encore une fois on ne l'attendait pas!) elle a un sixième orteil de surcroît! À en donner la berlue à ceux qui regardent ses petits petons potelés!
Et puis elle ne supporte rien... Elle pleure tout le temps, des grosses colères, en s'arrachant les joues de ses ongles déjà longs (s'il y a une chose qu'elle avait de beau, toute sa vie, c'était ses ongles... c'est déjà ça!), histoire de conserver déjà quelques cicatrices (vous le découvrirez plus loin, elle a un petit côté fétichiste, il faut qu'elle garde un souvenir de tout, c'est vital pour elle).

Elle ne fait pas les choses à moitié, elle ajoute à ça le "spasme du sanglot": quand elle n'est pas contente, elle retient sa respiration et elle devient toute rouge. Comme le petit Pépé dans "Astérix en Hispanie", qui disait tout le temps "et puisque c'est comme ça je retiens ma respiration!".

Du coup sa mère l'emmène chez le médecin. Il faut être très prudents. Dans la famille, il y a quelques dérangés, surtout la tante Sylvie, la soeur aînée de sa mère. Le médecin la connaît bien, et il fait tout de suite le parallèle:
"Madame, si vous ne voulez pas que votre fille devienne comme votre soeur, laissez-la pleurer, toute seule dans sa chambre. Ne vous en faites pas, elle ne se laissera pas mourir!".

Effectivement elle n'est pas morte tout de suite.

Elle apprend à marcher, sur dix orteils, vu qu'on a décidé de la déposséder du onzième à ses six mois. Je dis marcher, mais ce serait plutôt danser, parce qu'elle a eu toute sa vie une bande son dans la tête... vous savez, comme Ally mc Beal.

Sa mère grandit avec elle. D'ailleurs, quand elle se réveille le matin et qu'elle ouvre la porte de la cuisine, elle trouve sa mère occupée à remplir ses albums de coloriage.

- Maman veut t'avancer ma puce!

Et quand elle rentre de la maternelle, ses poupées sentent bon, elles ont pris un bain, et elles ont des belles robes toutes propres!
A la maternelle, elle n'y va pas très souvent. Sa mère dit à la maîtresse qu'elle pleure parce qu'elle ne veut pas quitter sa maman. Non, elle ne veut pas quitter sa maman parce qu'elle sait combien elle se sentira abandonnée quand sa progéniture aura passé le portail vert.

Et quand elle le passe, c'est l'angoisse! Elle se rappelle toutes les recommandations:
"N'escalade pas la cage à grimper! Si on t'embête reste bien à côté de la maîtresse".
Elle s'applique à bien l'écouter, c'est une enfant sage. Les autres enfants la trouvent un peu ridicule... lèche-bottes, on dit déjà ça à quatre ans?

C'est là qu'elle commence son cinéma. Et elle va jouer le même toute sa vie!

Elle veut qu'ils l'aiment ces enfants! Alors elle leur fait des dessins... mais eux ils rigolent, ils n'en veulent pas, ils en feraient quoi?! Elle s'était donnée du mal, elle s'était appliquée pour faire plaisir à Carole, à Valérie, ...

Elle est déçue, son petit coeur lui avait pourtant dit qu'elle devait leur faire plaisir. Elle n'y est pas arrivée, alors il lui fait mal.

Primaire... prie mère

28 janvier 2008 à 14h56

Le CP!

Plus question de faire bleu pour rester avec maman!
Et là elle fait plaisir à la maîtresse! Elle sait déjà lire! Forcément, dans sa petite chambre bleu, elle s'amuse à écouter ses histoires sur disque, en suivant dans le livre qui va avec. Alors elle photographie les mots, elle les reconnaît, elle sait lire!
Elle est toute fière, c'est la seule! ça la rend unique...

Pour la récompenser, la maîtresse dit qu'elle a le droit de lire des livres tout au fond de la classe. C'est censé la rendre heureuse?
Pas de bol, elle est de nouveau toute seule.
Unique, ça veut dire seule pour elle.
Fille unique, fille seule.
Pourtant maman invite tout le temps d'autres enfants à la maison pour jouer avec elle. Le mercredi, elle garde les enfants de son amie, Judith. Deux garnements.

Elle aime bien quand ils viennent parce que maman prépare ses fameuses crèmes arlequin, vanille et chocolat. Les parfums sont parfaitement divisés de part et d'autre du ramequin et ça lui plaît!
Elle s'entend bien avec l'aîné, mais il veut tout le temps enfermer son petit frère dans le cagibi et elle ne comprend pas pourquoi.
Tous les deux, ils saccagent sa chambre et bousillent ses jouets. Mais c'est pas grave, elle les laisse faire, comme ça ils l'aimeront bien.
Tous les mercredis se passent comme ça. Et le soir, quand ils partent elle a quand même un peu envie de pleurer, parce qu'ils ont tout dérangé!
Elle a aussi d'autres amis, un frère et sa soeur, et elle les adorent... ils sont un peu comme de sa famille, elle aimerait bien être aussi leur soeur à eux.

La vie lui a un jour imposée une autre petite camarade de jeu... Nadège. Ce prénom lui fait penser aux flocons de neige qui ressemblent à des petites étoiles quand ils se collent sur les vitres de la cuisine. D'ailleurs, elle ne les regarde que de loin ces vitres, elle en a trop peur!
L'autre jour, avec sa maman, elle a découvert un petit oisillon écrasé sur le trottoir:

­ Oh maman, qu'est-ce qu'il a eu le pauvre? Pourquoi il est mort?
­ Il a dû se pencher du nid et il est tombé... c'est ce qui t'arrivera si tu te penche par la fenêtre!

Je vous le garantis, de ce jour, elle n'a même plus osé s'approcher de la fenêtre fermée!
Mais revenons à nos flocons de neige... à Nadège... la transition est d'ailleurs simple... si elle est entrée dans sa vie, c'est parce que sa maman, elle s'est trop penchée par la fenêtre de l'hôpital dans lequel elle était enfermée... elle est tombée et elle est morte. Mais Nadège ne doit pas savoir. Elle le comprend très bien, parce que son coeur a eu déjà très mal à cause de l'épisode de l'oisillon... alors sa maman!! Elle, elle ne l'aurait pas supporté!

Rester seule avec son père? Elle n'aurait pas pu. Elle n'avait que sept ans, mais elle le savait...

Elle aurait certainement demandé à aller vivre chez mémé Manola.
Elle aime beaucoup sa mémé Manola. Elle est petite, et elle lui réserve toujours une petite place sur la méridienne du salon, juste pour elle...

Son autre grand-mère elle ne la voit jamais. C'est le côté de la famille névrosé.