fucked-up chronicles

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 12/12/2016.

Sommaire

Partons vite

10 janvier 2008 à 18h18

Avant de commencer je dois poser certaines conditions à l’ouverture de ce journal :
Première condition : Cent mots par articles, pile.
Seconde condition : Ne parler que de choses sans importance.
Troisième condition : Publier un texte par jour sur une base d’une semaine, ensuite, il est possible de s’arrêter une ou plusieurs semaines, choisir de continuer, etc…
Facultatif : Écrire pendant la nuit.
J’ai copieusement et inutilement déversé ma bile ailleurs. Fucked-up chronicles donc, une série de drabbles autobiographiques pour parler de tout sauf de ce qui m’empêche de dormir. Pas de débordements ici pour Lish, just concision.

Autoportrait

11 janvier 2008 à 11h41

J’ai un visage large et pâle, parsemé de grains de beauté, un front immense. Mon nez est grand, recourbé et arrondi au bout, doté d’une arête légèrement discontinue. Mes yeux sont ronds, marron clair avec un cercle plus foncé à l’extérieur, je n’ai pas beaucoup de cils. J’aime bien ma bouche, plutôt bien dessinée, même si ses coins tombent un peu. Mes cheveux sont fins et difficiles à coiffer, ils descendent jusqu’au milieu de mes omoplates. Tout comme mes sourcils, ils sont châtains et blondissent en été. Sans être surdimensionnées, mes oreilles sont grandes avec des lobes un peu dodus.

Autoportrait (suite)

12 janvier 2008 à 23h56

Il est difficile de parler du corps, avec tout ce qu’il implique de veines apparentes, de replis ou pire : d’organes. Je mesure un peu plus d’un mètre soixante-cinq pour un peu plus de soixante kilos. Pour le reste, j’ai deux bras, deux jambes, deux pieds avec cinq orteils chacun, deux mains, dix doigts en tout (avec une excroissance au middlefinger qui prouve qu’à dix-neuf ans, je ne sais toujours pas tenir un stylo). J’ai une poitrine correcte, pas de troisième téton à signaler, des hanches larges, un bassin étroit (l’arnaque), un cul qui boude un peu et un ventre adipeux.

Coïncidences

13 janvier 2008 à 16h33

Hier matin, j’ai assisté à un séminaire intitulé Vitesse de la lumière Vitesses de la mémoire. Pour illustrer son propos, la séminariste a passé des extraits de La Jetée, le photo-roman de Chris Marker. Or, il se trouve que tout de suite après et tout à fait par hasard, j’ai vu L’armée des Douze Singes qui est une adaptation libre de La Jetée. La version hollywoodienne est inévitablement plus spectaculaire, éludant les interrogations de l’œuvre originale. Il est pourtant appréciable que ce soit Terry Gilliam avec derrière lui Brazil, et Le Baron de Münchhausen qui en soit le réalisateur.

Caméra-œil

14 janvier 2008 à 5h18

Dans le cadre du séminaire d’avant- hier, nous avons vu l’œuvre d’un artiste allemand qui s’appelle Alexander Schellow. Son travail consiste à redessiner trente-six fois la même scène d’après son souvenir. Il superpose ensuite les dessins les uns aux autres. Quand nous avons regardé le montage de diverses vues de Paris, il était déroutant de constater que ces dessins avaient un cadrage, une instantanéité et une facture photographiques, à tel point même que chaque surface était reproduite à l’identique d’un dessin à l’autre. Au terme de la séance, les réactions sceptiques ont fusé. Et pourtant, il s’agirait de véritables dessins.

Littéraire ou Littéral ?

15 janvier 2008 à 17h13

Il m’est venu à l’esprit que l’authenticité était en quelque sorte l’idéal des désabusés, des trop riches, trop désœuvrés, etc… Je ne pense pas que les gens authentiques cherchent à l’être, je pense au contraire qu’ils se rêvent au moins archétypes, au mieux romanesques. Peut-être que finalement la clef de l’Être Authentique serait de se vouloir profondément artificiel, se désespérer d’être authentique, chercher son bonheur en ré-agençant la triste réalité en un sublime romanesque, vouloir être le héros de son propre chef-d’œuvre. Vous me suivez ? Non ? Je n’ai déjà plus assez de mots pour étayer mon propos.

Still yours and no longer mine/Still mine and no longer yours

16 janvier 2008 à 11h19

J’abroge définitivement la seconde condition, concernant les choses importantes. J’ai préféré reprendre mes affaires hier, je ne sais pas si c’est pour en avoir fini plus vite ou pour avoir une occasion de te revoir. J’avais laissé trois livres que je voulais que tu lises, deux mangas et quelques fringues. Tu m’as donné des comestibles pour ma chambre : du café soluble pour le matin, du chocolat au lait pour mes révisions et du beurre de cacahuète ; et puis tu m’as prêté un disque de David Bowie. Je t’aime (selon Word, ce ne sont que deux mots) encore, mais toi aussi.

Éternel retour du même navet

17 janvier 2008 à 12h31

C’est en regardant Love Actually pour la cinquième fois, que j’ai trouvé où se situait mon seuil : je ne peux pas voir un même film plus de trois fois. La seule raison qui me pousserait à dépasser ces trois fois serait de le voir avec quelqu’un d’autre. J’aime épier les réactions de celui ou celle qui découvrirait l’histoire, attirer son attention sur ce qu’on loupe la première fois, même lorsqu’il s’agit des manipulations les plus grossières. C’est arrivé avec presque tous les films qu’on propose dans les avions pendant les vols assez longs, pour aller aux Etats-Unis par exemple.

Fantaisie électroménagère

18 janvier 2008 à 17h26

« Ma bouilloire vient d’éjaculer. » C’est le genre d’expression que je pourrais trouver marrante au détour d’une conversation téléphonique. Ensuite, j’ajouterais sans doute une bêtise à la « Pas de problème, j’avale ». Le fait est que ma petite bouilloire jaune n’a pas le moindre bouton et qu’il faut débrancher pour l’arrêter, si bien que ça déborde presque toujours avant que je ne réagisse. J’ai aussi une assez forte de tendance à shooter dedans quand je rentre. J’ai pourtant énormément de tendresse pour elle, indispensable compagnon dans cette chambrette sous les toits. J’aime tout particulièrement le moment où la vapeur envahit la pièce.

Suppôt du capitalisme.

19 janvier 2008 à 4h15

Parmi les choses que j’aime bien faire : À la FNAC Saint-Lazare, m’arrêter au troisième étage devant les écrans qui passent des sketches de comiques (les écrans ayant sur moi un effet sidérant, ça m’évite de rester scotchée). Ensuite, je monte dévaliser le rayon philo, avant d’aller fureter parmi les romans (je m’interdis les mangas). Après je peux m’installer tranquillement au Colombus café, commander un fondant au chocolat et un smoothie à la mangue pour accompagner mes lectures. Je fais très attention à ne prendre que des livres que je suis sûre d’acheter, je barbouille toujours les pages que je feuillette.

Caractère de merde

20 janvier 2008 à 23h09

On m’a reproché, encore tout récemment, de manquer de tact. Ça me tue de donner raison à la cruchasse en question, mais j’ai effectivement une forte tendance à mettre les deux pieds dans le plat. Après avoir longtemps aspiré à l’hypocrisie, je me découvre un tempérament profondément indélicat. Parler du vulgaire avec poésie et exprimer l’indicible avec des mots crus : tel est mon mot d’ordre. Je ne fais pas l’amour, Mademoiselle, je baise, comme tout le monde. Je sais aussi passer de la pommade, mais c’est moins drôle que l’acide. Il ne manquerait plus que je philosophe à coups de marteau.

Gourmandise I

21 janvier 2008 à 22h27

En ce moment, ma mère achète des gâteaux dans une pâtisserie algérienne rue d’Aligre. Le glaçage ressemble à une fine couche de paraffine colorée qui cède en se fendillant. À l’intérieur, ils sont mous et assez peu sucrés (il paraît que c’est ma mère qui leur a conseillé de mettre moins de sucre à l’intérieur). Il y en a de plusieurs sortes : de forme circulaire, blancs et assez larges ; mais aussi des losanges : ceux au café sont bruns et ceux au citron, vert amande. Ceux-là sont mes préférés, la pellicule sucrée contraste avec le goût un peu acide du citron.

Gourmandise II

22 janvier 2008 à 16h30

Sur la place du marché, il y a aussi une boutique qui vend toutes sortes de graines, d’herbes et de céréales. On y achète des pains d’épices en forme de cœur, de la verveine et du riz complet dans des sacs en papier. On peut encore y trouver des bonbons à l’ancienne : sucettes, gommes, caramels et pastilles ; mais aussi de l’engrais, de l’huile d’olive, de la confiture et des pâtes sèches. Je pourrais passer des heures à détailler les bacs de haricots secs ou les bocaux de lentilles rouges, les fruits confits lisses et luisants dans leurs boîtes en plastique.

Days before you came

23 janvier 2008 à 21h19

L’hiver a transformé ma chambre en congélateur. D’abord parce que fenêtre mansardée ne rime pas avec double vitrage, et ensuite parce que si j’ai envie d’assouvir mon déplorable penchant pour le tabac, il faut impérativement que j’aère. Comme je ne peux pas laisser mon chauffage la journée ni dormir en chaussette (question de principe), je m’amuse à inventer des parades à ce désagrément climatique : travailler sur mon lit pour que les draps restent chaud, garder les stores baissés la journée, etc… Ça me rappelle l’époque où je jouais aux enfants perdus… et dire que je n’ai personne avec qui jouer là-haut.

Lish

24 janvier 2008 à 23h39

Juste quelques mots sur mon pseudonyme : En fait, Lish est le nickname de mon prénom. Je l’ai choisi après m’être inscrite car je n’avais pas envie que ce journal soit associé au reste de mes productions virtuelles. J’utilise un autre pseudo sur les sites que je fréquente et, comme la plupart de mes amis sur la toile sont devenus des amis en vrai, je l’entends presque aussi souvent que mon véritable prénom. J’étais venue ici en quête d’anonymat, et me voici en train de réitérer un exercice de style, sans plus me soucier de mon infortune, voilà qui semble réjouissant.

Mansarde rue Mansart

25 janvier 2008 à 3h37

Au départ, il y avait deux chambres de bonne, trop exiguës pour être habitées. Mon père a abattu le mur qui les séparait pour obtenir une pièce d’environ dix mètres carré. On peut d’ailleurs constater une légère différence de niveau d’un côté à l’autre de la chambre. La porte se situe au coin gauche de la pièce, face aux fenêtres. Les murs sont jaunes et le plafond blanc. Le sol est en tomette recouvertes d’un tapis assez laid aux couleurs délavées. L’un des murs suit l’inclinaison du toit et comporte deux lucarnes, espacées par une distance approximative d’un mètre cinquante.

Cacochymie accoustique

26 janvier 2008 à 0h36

Ma passion subite pour les productions des BB Brunes, quatuor de pseudo-rockers adulescents simili-dohertyens pourrait s’expliquer par la tendance qu’à la voix chanteur à monter dans les aigus. D’aucuns y verraient avec plus ou moins de malveillance le symptôme d’une mue tardive. Pour ma part, cette succession de notes profondes et d’embardées stridentes m’enchante littéralement. Les voix lyriques me sont aussi agréables que des crises d’asthmes : les ténors m’irritent les tympans et les sopranos me causent des accès de surdités. Je suis plus sensible au contenu et à la rythmique des paroles, et préfère le storytelling aux prouesses vocales sophistiquées.

Rubik’s Cube

27 janvier 2008 à 5h10

En partant, mon frère a laissé son vieux Rubik’s Cube. Cet objet a aussitôt suscité chez moi une passion inexplicable. Étant une incorrigible littéraire, un tel exercice sur les volumes me paraissait impossible, mais j’ai fini par arriver à bout de sa logique infernale sans algorithme. J’ai suivi l’adage shadok : Plus ça rate, plus il y a de chance que ça marche. La première fois que je l’ai résolu, on en était à notre deuxième rupture et c’est curieux, mais ça m’a aidé. Je mets toujours longtemps à le résoudre (les coins…), mais ce sentiment de victoire m’est désormais familier.

Paris que je te quitte

28 janvier 2008 à 21h44

Quand, parée d’amertume, le regard fixe et fuyant, j’arpente les trottoirs anthracites en songeant à tous ces pas perdus dont l’empreinte succombera au prochain passage du camion de nettoyage ; je n’ai plus envie de rêver. Quelque chose s’est enfui à force de réduire cette ville, ma ville, à une dizaine d’itinéraires qui finiront, à un moment ou à un autre, par me ramener a casa. Les façades ravalées semblent se refermer sur moi et mon regard bute sur les passants, las de croiser des regards qu’il faudra ensuite oublier. Pourquoi cette ville que j’ai toujours défendu me fait soudainement si peur ?

Incompréhension

29 janvier 2008 à 14h27

Un jour ou l’autre, les contes se terminent mal. Elle lui disait qu’elle l’aimait et il disait qu’il ne s’aimait pas. Elle lui disait de se presser et il lui disait d’attendre. Elle disait qu’elle voulait rester et il disait qu’il la laisserait partir. Elle lui demandait des excuses et il ne pouvait pas se pardonner. Elle lui demandait de lui parler et il ne savait pas quoi dire. Elle le voulait et il n’avait envie de rien. Elle voulait arrêter de souffrir, et il voulait arrêter, pour ne pas qu’elle souffre. Elle pensait que ça leur passerait, mais il cassa.

Harmonie Systématique

30 janvier 2008 à 15h28

Avec l’avènement du mp3 téléchargeable et de la playlist, la possibilité de fournir au quotidien de chaque individu sa propre bande-son se fait encore plus évidente qu’au temps des compilations sur cassettes audio. L’enchaînement chronologique des pistes sonores d’un même album tombe en désuétude face à cette merveilleuse possibilité de réagencement des morceaux. Ainsi, on peut découvrir une compatibilité inattendue entre la conclusion d’All apologies de Nirvana et les premières mesures de la reprise des Dresden Dolls de War Pigs, elle-même s’enchaînant parfaitement avec les Papillons de Schuman. Cette alchimie de l’aléatoire mécanique suscite chez moi un émerveillement perpétuel.

L’échec amoureux nuit gravement à votre entourage, ne commencez pas.

31 janvier 2008 à 22h37

Si j’ai mis si longtemps à me sentir concernée par les films romantiques, c’est que depuis toute petite, j’ai une vision assez noire de l’amour. Il y a eu le divorce de mes parents (trois ans), l’arrivée de ma belle-mère (cinq ans), celle de mon beau-père (neuf ans) puis sa rupture avec ma mère (quinze ans). Je ne doute pas que mes parents puissent être sincèrement amoureux, mais je suis plus familière avec la mésentente conjugale et les disputes incessantes qu’avec la tendresse. J’ai le sentiment qu’à force d’assister à des drames, j’ai développé une intolérable prédisposition pour le tragique.

Blonde on Blonde

1 février 2008 à 20h58

Mon précédent chagrin d’amour m’a littéralement scalpée. Lassée de lorgner vers les rasoirs jetables et les tubes d’aspirine, j’ai mutilé ma chevelure d’un coup de ciseaux de cuisine. Après une tentative de sauvetage dans un salon de coiffure, j’ai arboré une coupe inégale pendant près d’un an, avant de repasser entre les mains d’un coiffeur. Cette année, j’ai choisi de ne pas m’embarrasser d’un deuil capillaire inélégant. La tête emballée dans du plastique lyophilisé, j’ai décidé d’assumer ma métemblondose. Car, étant naturellement saturé de glucose, le cœur d’une dinde j’ai-des-avant-bras n’a aucun mal à se recomposer après un sinistre.

La Dispute

2 février 2008 à 17h29

Dans un état de nerf déplorable, j’ai généré une catastrophe. Mon petit-frère a crisé. J’ai craqué. Ma belle-mère l’a défendu. J’ai totalement pété les plombs. Mon père a voulu me calmer. Ma belle-mère a voulu qu’on discute. J’ai dit que j’étais d’accord avec elle. Elle a dit qu’on ne pouvait pas se supporter. Ça a dégénéré en dispute de couple. Mon père s’est énervé, a pourri mon demi-frère. Ma belle-mère a dit que c’était une catastrophe. J’ai pleuré en silence en réalisant que j’étais comme elle : incapable d’entendre les gens plus sensibles que moi. Pas de réconciliation. Quelle famille d’estropiés !

Un semblant d’équilibre

3 février 2008 à 4h43

Hier mes genoux ployaient. À croire que l’adversité augmente mon taux de cholestérol. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir perdu deux tailles de jean et je prêche l’ascétisme et la misanthropie. Dans cette tourmente existentiello-pondérale surgit une timide constante : je veux aimer. Ou plutôt : je veux être aimée pour m’aimer pour aimer. Et comme je sais mieux blesser ce que j’aime (l’amour, cet objet contondant)... Tant que l’équilibre suit, tutto va bene. Mais dès qu’on s’avise de me rentrer dans le lard, ce cher vieux bout de gras frémit. D’où la nécessité de m’en retourner à l’ascétisme pour le soigner, ce lard.

Pork and milk

4 février 2008 à 9h13

Il y a un livre de Valérie Mréjan qui s’appelle Pork and Milk. Je ne l’ai pas lu, mais j’aime bien la sonorité de ces deux mots mis côte à côte : « pork and milk ». J’imagine du bacon frit avec un verre de lait entier. Ça me rappelle un dîner au cours duquel mon petit frère à demandé à mon père pourquoi les juifs ne mélangeaient pas viande et laitage. Mon père n’a rien trouvé de mieux à répondre que : « Mais tu te rends compte ? Faire cuire un bébé vache dans le lait de sa mère ! » Brusquement, plus personne n’avait faim.

Mystique de la nicotine

5 février 2008 à 16h00

Les fumeurs superstitieux retournent la première cigarette de leur paquet pour ne la fumer qu’en dernier. Bien sûr, ça ne marche qu’avec les cousues et c’est totalement idiot ; mais j’ai trouvé quelques bonnes raisons d’adopter ce rituel. Tout d’abord, parce que ça me permet de savourer la dernière : je la garde le plus longtemps possible en attendant l’occasion où je pourrais pleinement l’apprécier. Et ensuite parce que j’aime bien cultiver cette addiction, comparse des matins sans soleil et des nuits parisiennes au ciel aveuglé de brume. Je sais, je transforme mes poumons en cheese-cake (ou plutôt en pus-cake) c’est mal.

Ethel Mertz

6 février 2008 à 15h31

C’est le jour où je préfère rester au fond de mon lit à écouter ma douleur plutôt que prendre un médicament et sortir. Même sans avoir mal, j’ai une forte tendance à bouffer le nez d’autrui dans ces moments-là. C’est un peu énervant de dépendre à ce point d’un désagrément d’ordre physiologique, surtout quand il est cyclique. Une autre chose qui m’énerve à ce sujet, c’est que comme presque tout ce qui a trait au corps, c’est un tabou. C’est quand même le meilleur moment pour manger du chocolat, bouquiner et paresser jusqu’en début d’après-midi dans la tiédeur d’un édredon.

Grigri

14 février 2008 à 11h42

J’ai ramassé un jour une chaîne au bout de laquelle se balançait une fausse lame de rasoir, évocation cynique de ces petites frappes qui s’en affublaient pour aller taillader des carotides dans quelques sombres recoins. J’ai gardé la chaîne. Plus tard, j’y ai suspendu l’anneau d’une pièce de dix franc. Puis, une feuille de chanvre en argent, souvenir de tribulations adolescentes. Puis, un petit médaillon orné d’un Ganesh peint. Puis l’effigie de ce petit bonhomme ventru que d’aucuns ont l’erreur de nommer Bouddha. C’est l’accessoire le plus meaningless que je possède, un trousseau de souvenirs qui teinte dans mon décolleté.

Quelqu’un…

15 février 2008 à 13h04

Quelqu’un avec qui musarder dans les musées, avec qui abuser de musiques. Quelqu’un pour démonter les mots. Quelqu’un pour décrasser les créations. Quelqu’un pour penser, repenser, je ne dirais pas à qui penser. Quelqu’un à écouter, à l’écoute peut-être ? Pas sûr, pas ça, pas comme ça. Quelqu’un avec qui lire, à lire, qui me lise. Qui sait ? Quelqu’un à écrire, à qui écrire ou avec qui écrire. Quelqu’un d’Autre et pas quelqu’un-d’autre. Quelqu’un, pas un exutoire, pas pour exulter. Pas question, ne pas oublier, ne pas s’oublier. Juste partante pour partir. Pour le reste, pour une fois je m’en tape.

I save cigarette butts for poor girls

16 février 2008 à 17h15

Le manque de sommeil me met toujours dans un état étrange. Mes pensées prennent plus d’amplitude et semblent à la fois plus volatiles. Ma peau se hérisse de mille petit frissons, accompagnés par l’étrange sensation d’avoir une balle rebondissante dans la poitrine et à la fois… le cœur en chute libre. C’est une manière de voler, avec une sensation de vide au niveau du ventre, une sensation de frémissement à chaque fois que la musique pulse un peu trop. Et le soir, m’enfouir avec volupté dans la tiédeur de ce sommeil dont l’appel m’avait paradoxalement maintenue debout toute la journée.

(Don’t) Hold your breath

17 février 2008 à 17h47

Je ne sais plus s’il me l’avait fait écouter ou s’il n’avait fait que le mentionner, mais c’est lui qui a attiré mon attention sur le vent qui siffle, tout à la fin de Wish you were here des Pink Floyd. (j’ai vécu ça comme une initiation, énième reproche à adresser à mon romantisme de comptoir). Difficile de mieux illustrer le thème de l’absence qui nous rend vulnérable, contaminant l’atmosphère d’une solitude intolérable. Je ne connais qu’un autre point de comparaison : l’inspiration de Buckley, avant les premiers accords d’Hallelujah, qui suggère davantage le recueillement que la balade en elle-même.

Sucker love

18 février 2008 à 2h06

Je parlais hier d’initiation. Pour Placebo, c’était avec le clip de Every You Every Me, qui est dans la Bande Originale d’un navet interplanétaire. Le tressautement des paupières fardées de Brian Molko, les trépidations répétitives de sa guitare et les trémolos qui sortaient de sa bouche insolemment tordue, m’avaient transportée. Ça avait quelque chose de la Ballad of the Sexual Dependancy. Et maintenant qu’il se targue de faire des morceaux « aboutis », je crève d’envie, de lui remettre sous le nez la garçonne effrontée et un brun frigidaire qu’il était avant, autrement plus géniale que l’icône en slip kangourou d’aujourd’hui.

Sex, drugs and no krisproll’s.

19 février 2008 à 12h49

Pour reprendre une expression hautement révulsante : « J’aime la bite ». Bin quoi ? Est-ce qu’on va faire chier les vieux pédés en leur assenant que toutes les moules ne sont pas avariées ? J’ai pas spécialement envie non plus de me faire des fix au petit-déj’. La drogue, globalement, je m’en contrefous. Encore moins le goût de mettre deux doigts dans ma gorge histoire de gerber toutes les matières grasses supposées faire intrusion dans mes chers vieux bourrelets. Étant donné la popularité actuelle de ses pratiques, je n’ai pas tellement l’impression de passer pour quelqu’un de « conventionnel » en ne fantasmant pas dessus.

NB : Je fais référence à une discussion assez irritante que j'ai eu avec des amis qui me reprochaient de ne pas être bisexuelle, de ne pas avoir envie d'essayer les substances illicites et enfin de ne pas faire du 34. Je ne condamne aucune de ses pratiques, c'est juste idiot d'essayer d'en faire une obligation.

Thank you for banning

20 février 2008 à 16h43

Malgré ma qualité de fumeuse, je considère la dernière réforme gouvernementale comme une bénédiction. Pouvoir entrer dans un bistrot et sentir l’odeur du café, ne plus prévoir un masque à gaz et du maquillage waterproof dès lors que la soirée se passe en sous-sol, voilà autant d’agrément qui compensent la fébrilité du manque de nicotine. Ce qui m’inquiète, c’est jusqu’où cette politique anti-cancérigène pourrait nous mener. Limiter la consommation d’alcool ou de café, pourquoi pas ? Mais que des pratiques aussi diverses que la fellation ou l’utilisation d’un réseau wifi puissent faire partie des activités prohibées, voilà qui est plus préoccupant.