Vision divergente

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 27/10/2017.

Sommaire

Présentation

21 janvier 2017 à 0h23

Voici mon nouveau journal, tout beau, tout propre !

J'ai hésité sur le titre, mais finalement, j'en suis assez satisfaite. Il correspond bien à qui je suis, ainsi qu'au trouble que je porte - et que j'ai assez mis de côté.

Il est difficile d'accepter de naître, de grandir, d'évoluer et de mourir avec un handicap invisible pour autrui et pourtant bien présent pour soi, au quotidien.

La preuve, il a fallut 16 ans pour poser un diagnostic, alors que nous étions suivies par un ophtalmo et un médecin traitant.

Je pense que si ma sœur aînée n'avait pas rencontré autant de difficultés pour suivre sa scolarité de lycéenne, ça aurait pu traîner encore longtemps. Comme je portais également des lunettes de correction, que j'avais les mêmes caractéristiques qu'elle, mais en un peu moins pire, on m'a également fait passer des examens.

Voilà qu'à 16 ans, au beau milieu de l'adolescence, je découvrais que j'avais un handicap et que je devais lâcher mes grands rêves.

On m'a fermé beaucoup de portes, mais je trouve qu'en plus de 10 ans, la société a pas mal évolué sur le handicap. On en parle plus et il y a quelques lois intéressantes.

Donc me voici, moi, Nephtys, déficiente visuelle, ou malvoyante, au choix.

Je décide de briser un nouveau tabou. Parce que c'est important pour moi de pouvoir faire quelque chose de cela. Et aussi, de me poser des questions et chercher de vraies réponses.

Je veux finir ma vie en me disant que j'aurai accepté chaque partie de moi.

J'entends partout que le handicap est une force, pas une faiblesse et j'aimerai pouvoir le hurler au monde entier.

Un jour.

Quand j'y croirai moi-même.

Ps: Un petit lien: C'est quoi la déficience visuelle ?

Les caisses "prioritaires" des supermarchés (et autres réflexions)

21 janvier 2017 à 2h04

Comme chaque semaine, je suis allée faire mes courses au Leclerc de ma ville.

Puisque mon pass-navigo n'a pas encore été renouvelé, j'y suis allée à pieds. C'est à environ 25 minutes de chez moi. Cela ne me dérange plus tant que cela de faire le trajet en marchant, mais j'avoue avoir été un petit peu embêtée de devoir trimbaler mon sac et mon petit chariot remplis, sur une site longue distance. Cela m'apprendra à ne pas vérifier la date de renouvellement du forfait améthyste (= spécifique aux personnes âgées, handicapées et à un autre type de public que j'ai oublié).

Lorsque je vais dans un magasin, je cherche toujours ou se trouvent les caisses prioritaires. Au départ, je pensais qu'elles étaient "réservées", mais c'est juste qu'on peut choisir de laissé passer une personne de ce public-ci. Il n'y a qu'une fois dans ma vie ou on m'a demandé ma carte d'invalidité pour pouvoir passer à ces caisses là et j'ai trouvé ça un peu mieux qu'un "prioritaire" à l'arrache ou n'importe qui peut se présenter.

Même si vous faites partie de ce public, vous n'avez pas spécialement envie de passer devant qui que ce soit pour le revendiquer. Alors, le plus souvent, on fait la queue, comme tout le monde.

Chose assez drôle: Lorsque je vois une personne âgée ou une femme enceinte derrière moi, je lui propose de passer (tant qu'elle n'a pas un chariot plein à craquer), les considérant plus prioritaires que moi. Pourtant, nous avons les mêmes droits. (Sauf qu'une grossesse peut arriver à son terme avant la date et une personnage âgée reste fragile. Mon handicap ne change rien à mon état).

Cela viendrait du fait qu'on m'ait beaucoup reproché (ma mère surtout) de faire semblant de mal voir.
Je sais que cela peut paraître étrange, étant donné que j'ai une reconnaissance de ce handicap depuis mes 16 ans, mais, pour ma mère, seule ma grande sœur était malvoyante, moi non. Je me trouvais des excuses. L'ayant entendu trop de fois, j'ai refoulé moi-même cette particularité, en me disant que ça allait disparaître avec le temps et qu'il valait mieux ne pas aborder le sujet.

Puis on grandit, on voit les choses autrement.
J'ai réalisé que c'était ma mère qui faisait un déni de mon handicap, que c'était elle qui ne supportait pas que je puisse lui dire: "Tu sais maman, je vois mal". Car cela la renvoyait à son impuissance en tant que mère. Elle est du genre: "Pauvre de moi, j'ai des enfants handicapés" sans se soucier de savoir si on en souffre ou non. Elle ne m'a d'ailleurs jamais interrogé à ce sujet. C'était un des nombreux tabous dans la famille. Tabou uniquement lorsque cela me concernait. J'étais complètement niée par ma mère. J'existais uniquement pour la servir. Elle et son image de mère modèle.

Il ne faut pas croire tout ce que l'on voit à la télé sur le handicap et la vie des handicapés. Un handicapé peut être seul, mal entouré, mal aimé, rejeté. Un peu à l'instar de la communauté LGBT dans certains cas extrêmes. Ce n'est pas parce qu'on a un handicap qu'on est privilégié, et cela va pour tous les domaines de la vie. Oui, il y a des aides, oui il y a des lois et c'est très bien. Mais trop peu de gens sont sensibilisés à ce sujet. En fait, tant que cela ne les concerne pas directement, les gens s'en fichent.

J'avais des amis qui finissaient par m'ignorer à l'école, lorsque je leur demandais de me prêter leurs notes. Parfois, je sortais des cours, désespérée de ne pas avoir pu suivre la leçon écrite au tableau. Evidemment, ce n'est la faute de personne, mais voilà le genre de monde dans lequel j'ai grandis. Je ne pouvais compter que sur moi-même, les profs n'en avaient rien à faire de savoir si j'avais besoin d'un agrandissement, qu'ils écrivent plus gros ou autre.

J'ai fini par avoir du matériel, comme un télé-agrandisseur + ordinateur portable que je ne pouvais même pas ramener en cours car ils étaient trop lourd à transporter. Ma mère ne pouvait ni nous emmener, ni nous ramener de l'école et on marchait plus d'une demie-heure pour s'y rendre. Matin, midi et soir. Parce que la cantine c'est cher. On avait à peine 15 minutes pour manger et repartir à la pause déjeuner. Et ma mère ne préparait pas les repas à l'avance, si elle n'était pas là, il fallait se débrouiller avec ce qu'il y avait. Souvent rien. Donc en plus de ne pas manger, je n'arrivais pas à suivre les cours. Cela m'a beaucoup déprimé, j'ai eu très peu de foirer mes études. Au final, j'ai eu mon bac après 2 échecs cuisants.

Pour ma grande sœur, le problème à été réglé lorsqu'elle a intégré l'INJA (institut national des jeunes aveugles). Moi je ne pouvais pas y entrer, car mes résultats scolaires étaient trop bas. Alors que l'une des raisons qui faisaient que je n'arrivais pas à avoir d'assez bons résultats était justement mon handicap. Mais ils voulaient un taux de réussite élevé, alors ils ne prenaient que les meilleurs. Je me disais que si je devais bosser comme ma grande sœur (c'est à dire H24) et devenir angoissée de la vie, le jeu n'en valait pas la chandelle.

La scolarité est un sujet également très important pour un enfant handicapé. S'il n'est pas pris en charge de manière adéquate, ça peut vite devenir un gros problème. Surtout pour la confiance en soi. Se sentir incapable, incompris et ne pas recevoir l'écoute nécessaire, ça ruine des âmes.

Je crois comprendre pourquoi ma grande sœur a quitté le nid dès ses 18 ans.
Elle avait été en internat 2 ans sur Paris et chaque fois qu'elle revenait à la maison, il y avait des prises de tête avec ma mère. Et tout le monde lui reprochait de préférer ses nouveaux amis de l'INJA à son "ancienne vie". Ce qui est normal, entre nous. Elle a trouvé des personnes "comme elle" qui vivent les mêmes difficultés et encore aujourd'hui, ils sont en contact. Après, ma grande sœur est du genre DA (dépendante affective), donc ça doit aider, puisque 97% de la population l'est.

J'ai aussi réalisé que j'étais l'imperfection de trop.
Avec ma grande sœur, cela faisait déjà beaucoup à digérer. On accepte un premier enfant handicapé, mais pas deux.
Ma mère étant une personnalité MPN, on pourrait lui trouver toutes les excuses du monde que cela ne suffirait pas à "pardonner" toutes les horreurs qu'elle a dit/fait. Mais je peux comprendre qu'on puisse se sentir impuissant ou qu'on soit "déçu" de ne pas avoir l'enfant parfait. Moi j'ai bien été déçue, durant très longtemps, de ne pas avoir une mère aimante. Le deuil a été long et difficile, mais maintenant, je souhaite juste qu'elle soit en paix dans sa vie. Ce n'est pas parce qu'on est un connard fini qu'on ne mérite pas d'être heureux.

Pour revenir au sujet courses, je trouve quand même bien de pouvoir les faire par moi-même, avec le peu de moyens que j'ai.

Chaque jour est un challenge. Je suis constamment confronté à mes faiblesses. Le fait de ne pas voir de loin, de devoir me pencher en fronçant les sourcils pour bien lire quelque chose, passer dix fois l'aspirateur ou le balais dans la semaine afin d'éviter de manquer quelque chose. J'en suis presque devenue maniaque. Cela ne me dérange pas. J'essaye de trouver mon rythme.

Je ne refuserai pas un coup de main occasionnel, cependant.

Mais j'aime ma vie actuelle telle qu'elle est. Je ne l'échangerai pour rien au monde.

Pourtant, je ne possède pas grand chose aux yeux de la société. Seulement un toit sur la tête.

Je n'ai ni emploi, ni famille, ni amis proches, ni conjoint, ni voiture, ni grande et belle maison.

On pourrait me considérer comme une personne isolée.
Une personnalité "évitante", névrosée.
Je dois l'être dans le fond.
Mais tant que je me sens bien, qu'est-ce que ça peut faire ?

Pourquoi je voudrai avoir ce que tout le monde a?
Qu'est-ce que ça m'apportera ?

La sécurité, le bonheur, l'épanouissement. Tout cela ne dépend que de nous. Nous avons tout cela à l'intérieur.

Les richesses ne rendent pas forcément plus heureux.
Les richesses n'apportent pas forcément l'amour.
On peut être riche à l'extérieur et pauvre d'âme.
On peut être riche et malheureux.

On peut être heureux tout court, en vivant simplement, en acceptant la vie telle qu'elle est. En acceptant les événements tels qu'ils sont, comme ils nous viennent.
En cherchant des solutions, plutôt que de rester dans la plainte.
En allant de l'avant, en agissant pour notre propre bonheur.

Pas besoin d'être valide pour ça.
A l'inverse, je pense que si je n'avais pas ce handicap, je verrai les choses autrement. Je serai comme la plupart des gens que je vois: A courir après l'argent, les possessions, les hommes et/ou les femmes et que sais-je encore.

D'ailleurs, autre fait amusant que j'ai remarqué récemment: la plupart des conversations que j'ai avec les personnes de mon entourage sont essentiellement basées sur les problèmes qu'elles rencontrent. Problèmes, difficultés etc... Mais quand est-ce qu'on parle de solutions ? De ce que la personne veut ? De ce qu'elle met en oeuvre pour le réaliser ? Rarement, voire jamais, dans certains cas.

Y a si peu de personnes qui se bougent le cul en fait. Non vraiment.
Cela peut apparaître comme un jugement, mais je vois ça comme une réalité. Et ce n'est pas péjoratif. Parce que les gens peuvent ne pas avoir conscience de ce qu'ils sont, de leurs besoins, leurs envies profondes. Et puis, on se trouve beaucoup d'excuses pour ne pas prendre le temps de le faire. "Trop de travail", "je dois m'occuper des enfants", "je n'ai pas le temps".

On peut changer ses habitudes pour libérer du temps. En fait, on a bien plus de temps qu'on ne le pense. Je sais que la vie en occident est stressante. Que c'est la poursuite aux performances qui prime, mais si personne n'essaye de changer dans sa propre vie, comment espérer changer la société ?

Un grand homme disait: "Pour changer le monde, il faut d'abord se changer soi-même".

Je lui donne raison a 100%

Je ne prétends pas être capable de faire quelque chose à grande échelle, mais ça ne m'empêche pas d'avoir envie d'essayer.

Pour le moment, je milite seule dans mon coin alors c'est facile à dire.
J'espère parvenir à plus d'ouverture aux autres, dépasser mes peurs et tout ça.

Un jour.

Bonne journée.

Urgences hospitalières (et autres mésaventures)

23 janvier 2017 à 6h39

Je ne suis pas l'Indiana Jones des hôpitaux, rassurez-vous.

Il m'arrive très rarement de tomber malade, de fréquenter les docteurs, sauf en cas de grosse infection. Fut un temps ou j'étais hypocondriaque, dépressive et mon médecin traitant me voyait dans son bureau toutes les deux semaines (merci la sécu!). Je suis allée aux urgences 3 fois, avec la visite d'hier. La première fois avec mon papa et la seconde avec mon ancien meilleur ami. Je n'avais rien de grave, je ne sais même plus pourquoi on y est allé.

La dernière fois que j'ai été "malade" remonte à 2015. Un rhume d'une dizaine de jours que j'ai soigné naturellement. Je ne suis pas d'accord avec le fait d'employer ce terme pour tout et n'importe quoi. On a mal à la gorge ? A la dent ? Au ventre ? A la tête ? Ça y est, on est malade. Dans un sens, ce n'est pas faux, car il s'agit réellement d'un "mal" physique. Mais qu'en est-il de la psychologie de la douleur ? Est-ce vraiment un aspect négatif ? Parce qu'on dirait que c'est considéré comme une plaie, comme quelque chose de négatif. Lise Bourbeau a une autre approche des maladies et j'apprécie beaucoup cette auteure pour cela.

Avant de parler d'elle et son ouvrage, j'avais envie de partager ma petite balade nocturne aux urgences d'un hôpital en région parisienne.

Dans la nuit de Samedi à Dimanche, je suis prise de grosses douleurs thoracique. Lorsque je respire fort, ma cage se comprime et cela me fait un mal de chien. Dans certaines positions, je parviens à peine à reprendre mon souffle. Impossible de fermer l’œil.

J'appelle donc le 15 pour obtenir l'avis d'un médecin. Après avoir entendu mes explications, ils m'envoient les pompiers. A peine 15 minutes plus tard, me voici dans leur camion a passer ma première auscultation. Je vous avoue que je n'en ai pas trouvé un mignon. Peut-être que ce n'est pas plus mal, vue la façon dont ils me considéraient, je pense qu'ils ont vu en moi une grande stressée de la vie. C'est loin d'être faux.

Nous partons pour l'hôpital, et arrivons 20 minutes plus tard; aux environs de 3h00 du matin. Je passe de brancard en brancard. C'est assez calme. Pas du tout comme dans Grey's anatomy, vous voyez ?
Une infirmière m'examine dans un box clos et me demande de retirer mon haut et mon soutien-gorge. Petit instant d'hésitation, puis je hausse les épaules et obéit. Je suis (enfin j'étais visiblement) du genre pudique. Complexée de ma poitrine et pour couronner le tout, je faisais de l’eczéma ! Mais cette femme a dû voir bon nombre de poitrines différentes, certaines peut-être moins jolies esthétiquement parlant. Je n'ai ressenti aucune gêne, peut-être que ça aurait été différent face à un homme. Mais je ne pense pas. Je me fiche éperdument qu'on me voit à poil. Le plus tôt sera le mieux, mais j'ai fait les choses progressivement. Le fait d'avoir exposé la partie de mon corps que j'aime le moins est d'ailleurs une fierté. J'ai appris pas mal de choses durant ce court séjour. Il n'aura certainement pas été inutile.

L"infirmière me fait passer un électrocardiogramme pour mesurer l'activité du cœur. Une première pour moi. J'ai des patchs de partout, ça gratte un peu, mais aucune douleur. Ensuite je file pour une prise de sang et une radio du thorax.
RAS.
J'ai attendu 6h mais me voilà rassurée. Je peux rentrer à la maison.

Durant tout le temps ou j'attendais les résultats, je me demandais comment j'allais faire pour rentrer, justement.
Je vis dans une petite ville de banlieue mal desservie. La seule amie que j'ai dans le coin ne m'a même pas proposé de venir me récupérer et je suis le genre de personne qui demande rarement des services. En fait, cela dépend de la personne. Si je sais qu'elle est disposée à m'aider, je demande, autrement, j'évite. Mais cela reste ma vision des choses. Je ne vais pas me mettre à faire des hypothèses sur si elle est vraiment mon amie ou non. Peut-être qu'elle attendait simplement que je lui demande. Peut-être que si je l'avais fait, elle serait venue me chercher. Ou peut-être pas.

Le truc c'est que j'aime faire les choses par moi-même. Juste pour me prouver que j'en suis capable. Pour aller contre toutes les idées fausses que j'ai entendu toute ma vie.
"Tu ne peux pas t'en sortir sans moi, Neph". Me disait ma mère. "Tu as besoin de moi", "Personne d'autre que nous ne pourra t'aimer" etc.
J'ai pourtant choisi cette voie là, au contraire d'elle. Et je n'ai aucun regret. C'est une grande fierté. J'espère juste ne pas aller trop loin dans mon expérimentation.

Pour en revenir à comment je suis rentrée chez moi hé bien.... Je suis montée dans la voiture d'un inconnu.
...
Je sais, c'est irresponsable et je ne remettrai pas le couvert de ci-tôt.

J'attendais le bus qui devait me ramener à la gare d'une ville voisine, pour pouvoir prendre le RER. Le problème, c'est qu'avec mon compte en banque encore au négatif, je ne pouvais pas m'acheter de ticket. J'aurai été obligée de frauder et l'idée de ne me plaisait pas des masses. Mais quel autre choix avais-je ? Lorsque je voyais une voiture passer, je la maudissais de ne pas s'arrêter. Je pensais soudain que c'était mon jour de chance lorsqu'une voiture s'arrêta et qu'un homme dont je ne percevais pas le visage me demandait si je me rendais dans x ville. Je lui répondis "oui" et je n'hésitais pas a monter lorsqu'il me le proposa.
Après j'ai vu son visage et je me suis dit: "Merde, Neph, qu'est-ce que tu viens de faire ?"

Son regard est malsain... Gourmand. Je commence a tapoter sur les touches de mon téléphone portable pour répondre à un message de mon amie. Lorsqu'il me pose des questions, je réponds poliment quelques mensonges. Il me sort des phrases bizarres du genre: "Je t'accompagne jusqu'à ta chambre si tu veux", "tu n'as pas d'argent sur toi ? Je vais t'acheter quelque chose à manger". Je lui précise bien que je veux juste aller à la gare et il insiste pour me déposer jusque celle de ma ville, quand je lui dis que je vis à côté - énième mensonge. Le geste n'est pas désintéressé malheureusement. Il me fait bien comprendre qu'il me trouve à son goût et qu'il aimerait que je l'invite chez moi. Je trouve alors de fausses excuses en balançant que ma famille va passer me voir dans la matinée, que je discute par textos avec ma sœur. Lorsqu'il s'arrête enfin, je me presse pour descendre, pendant que je détache ma ceinture, il me tend un billet de 10€. Je le refuse avec un sourire crispé, puis il s'apprête à en sortir un autre, mais je suis déjà dehors en train de courir dans la petite ruelle qui mène à la route principale.

Plus de peur que de mal.

Suite à ça, je pense avoir chopé une belle otite.
Je crois que mes poumons n'ont pas trop aimé la fumée de cigarette de mon accompagnateur indésirable, associé au froid. J'ai marché plus d'une demie heure par -5 degrés et j'ai bien senti le manque de mes moufles et mon écharpe en laine.

Bref, la douleur est tellement forte quand je déglutie que ça me donne envie de pleurer. Le paracétamol ne fait pas grand chose. J'ai essayé des remèdes de grand-mère qui ne fonctionnent pas mieux. J'ai pas très envie d'aller voir un docteur, mais j'ai pas réellement d'autres alternatives.

Comme je m'intéresse aux causes psychologiques d'une maladie, je sors mon téléphone portable et regarde mon application Kindle pour ouvrir le fameux livre de Lise Bourbeau, "ton corps dit aime-toi".
On y trouve de nombreuses interprétations psychiques des maux physiques.

- Pour l'otite, c'est un problème d'écoute de soi-même et des autres.
- De la colère que l'on garde en soi.
- Des choses que l'on ose pas dire.
- La peur de désobéir.
- La peur du conflit, du rejet, de l'abandon, de déplaire.
- Le côté droit correspond au père, aux hommes, au domaine professionnel/scolaire et à notre capacité à se donner.

Tout cela correspond à la période que je suis en train de vivre.

Apparemment, régler une situation peut également amener le corps à "évacuer" par les maux. Donc une maladie serait plus une gratification - comme obtenir son diplôme - plutôt qu'un fardeau.

Je remercie mon corps de m'avoir donné cette douleur. Que j'ai réglé ou non la situation, cela me permet de prendre conscience que quelque chose n'allait/ne va pas et chercher des solutions, si ce doit être fait. Aussi, je me donne plus d'amour et de bienveillance.

Et je me soignerai correctement.

Je parlerai plus en détails de Lise Bourbeau dans un autre écrit, si je suis inspirée.

Prenez soin de vous par ces temps froids.
Et en tous temps.

L'estime de soi et l'écoute sincère

30 janvier 2017 à 23h07

De manière générale, qu’on soit handicapé ou pas, on fait tous face, à un moment de notre vie, à des critiques ouvertes. Que ce soit sur notre physique ou notre mental. Le harcèlement moral existe dans n’importe quel domaine de notre vie. Dans nos relations familiales, amicales, amoureuses, avec un supérieur hiérarchique. C’est parfois difficile à reconnaître, et pas vraiment plus simple d’en parler.

Mon but n’est pas de faire de la prévention contre ce genre de choses, même-ci j’aimerai bien. Je trouve juste dommage qu’en 2017, ce soit encore un sujet tabou.
On sait que l’éducation influence beaucoup le comportement d’un individu, mais ce n’est qu’un facteur, parmi tant d’autres. Pourquoi certaines personnes s’en sortent mieux que d’autres ? Pourquoi elles sont résilientes et d’autres pas ?
Est-ce que le fait d’être invalides fait de nous des personnes plus ouvertes ? Plus réceptives et tolérantes à la souffrance d’autrui et à notre propre souffrance ?

Je ne fréquente pas beaucoup de personnes handicapées, alors je ne saurai dire quelque chose de probant à ce sujet. Pour ma part, j’ai déjà dit que le fait d’avoir un problème de vue m’avait un peu poussé à me focaliser sur mes autres sens. Quand on ne peut pas voir, on écouter, ou on sent, ou on touche. On s’aide avec d’autres supports. Donc j’ai développé mon ouïe, parce que ça me semble être l’organe le plus fiable – même si j’arrive à avoir des hallucinations auditives incroyablement réalistes !

Les bruits me paraissent amplifiés et en période de stress, j’ai le sommeil hyper léger, à défaut de ne pas parvenir à dormir. J’ai plus peur de ce que j’entends que de ce que je vois. Un exemple bête, je suis plus sensible à entendre quelqu’un qui vomit qu’à le voir directement vomir. S’il n’y avait pas le bruit, cela ne me ferait pas grand effet. Mais c’est le bruit qui m’écœure.

Je considère que l’ouïe n’est pas qu’un sens, c’est également un outil. Pour comprendre, démasquer, faire marcher sa raison et son esprit. Ecouter le ton de voix d’une personne lorsqu’elle raconte quelque chose peut déjà donner quelques indices sur ce qu’elle est. Ça ne marche que si on prend le temps d’analyser ce qu’on entend. J’ai commencé à le faire très jeune, par contre, j’écoutais plus les autres que je ne m’écoutais moi-même.

En plus, j’étais dans le contrôle excessif. J’étais l’oreille attentive des malheureux et je tentais de résoudre leurs problèmes à leur place. Même lorsqu’ils ne me demandaient aucun conseil, fallait que je mette mon petit grain de sel. Et si la personne ne m’écoutait pas, ça me renvoyait à ma propre impuissance et j’étais frustrée de me sentir si inutile. Personne ne considérait mon avis, alors pourquoi continuer à le donner ? J’ai fait une pause « épaule réconfortante » parce que ça me bouffait de voir ça. J’ai fini par accepter que chacun est responsable de sa vie et que je n’ai pas à porter tous les malheurs du monde sur mes épaules. (Merci ma thérapie).

Dans mon cas, l’éducation a eu beaucoup d’influence sur mon comportement vis-à-vis des autres, mais je pense que j’étais déjà faite ainsi. C’est dans mon caractère d’être à l’écoute des autres et j’aime ça. Depuis toute petite c’est ainsi que j’agis et je n’ai pas envie de m’arrêter. Sinon, quel être humain je serai ? Egoïste ? Incapable d’avoir des relations sincères et saines ? Si c’est pour finir en psychopathe ou PN, non merci.

Bon, je reconnais avoir donné dans l’excès par contre, mais je me soigne.
Cela dit, j’ai encore des blocages suite à ça.
Beaucoup de blocages.
Voici une petite liste non exhaustive :

- J’ai du mal à inviter des amies à dormir chez moi. Parce que chez ma mère, je ne pouvais pas. Ma mère n’aimait pas mes amies et je me refusais à « déranger » par des demandes qui n’étaient pas des besoins vitaux.
(Rien qu’avec ce que je viens d’écrire, on peut se douter de tout le plaisir dont je me suis privée et me prive encore pour certaines choses !).

- J’ai du mal à cuisiner. Parce que chez ma mère, j’étais étroitement surveillée et ce n’était jamais assez cuit, ou ça l’était trop. Toujours un truc qui merdait. Et ma mère ne m’a pas vraiment appris à cuisiner, elle préférait que je vienne l’aider à éplucher les fruits et légumes. Parfois je restais quand même pour regarder comment elle s’y prenait, mais vue que je n’aidais pas, ça me faisait culpabiliser d’être là, en spectatrice. Et j’avoue que je n’étais pas le genre de fille à demander si ma mère avait besoin d’aide. De toute façon, dès qu’elle voulait quelque chose, elle nous aboyait dessus.

- J’ai du mal à rencontrer des gens. Parce que j’ai peur. Simplement peur de me dévoiler et d’être rejetée. Parce que quand j’ai commencé à être moi-même avec mon entourage et faire entendre ma voix, on m’a traité de folle ou on m’ignorait, tout simplement.

- J’ai du mal à me confier aux autres. Parce que j’ai peur d’être jugée sur mon passé. Parce qu’on m’a déjà pris en pitié, par rapport à mon histoire et à mon handicap. Mais ce n’est pas une généralité.

- J’ai du mal à croire et accepter les compliments. Parce que j’ai encore du mal à m’estimer comme quelqu’un d’aimable aux yeux d’autrui.

- J’ai du mal à choisir une orientation pour mon futur boulot. Parce que j’aimerai trouver quelque chose que j’aime et qui fait sens pour moi. Parce que je n’ai pas encore assez de motivation et d’envie pour sortir de mon petit cocon. Pourtant, j’ai conscience que la vie vraie vie ne se passe pas entre 4 mûrs.

Etc.

Il y a certaines choses que je dois faire parce que je n’ai pas le choix. Cuisiner, par exemple, je le fais tous les jours parce que je n’ai pas les moyens de faire autrement et aussi parce que j’en ai envie. J’apprends des nouvelles recettes et j’aime bien me sentir capable de réussir quelque chose. D’apprécier ce que je mange.

Concernant le reste, tout ce qui n’est pas vital, j’évite encore de le faire. J’ai besoin de faire les choses à mon rythme et de me préparer mentalement à sortir de ma zone de confort. Les relations sociales sont ce qui me pose le plus de problème, et c’est peut-être logique, vue mon passé. Le fait d’avoir « trop écouté » me bloque, à présent. Car si j’aime toujours autant écouter les autres, je ne veux pas être à leur disposition H24. Je veux pouvoir dire « non » parfois, parce que j’ai besoin de mon temps à moi.

Mais comme la plupart des gens sont DA et ne supportent pas qu’on les met de côté, ça risque d’être compliqué de bâtir des relations solides.

Si je m’écoutais vraiment, je laisserais tomber toutes les relations (ou presque) que j’ai actuellement et j’irai vers des personnes « originales », qui sortent de l’ordinaire, des personnes qui pourraient me servir de modèle pour m’assumer. En fait, je crois que je n’aime juste pas ce qui est banal. J’ai besoin de différences, de m’intéresser à autre chose qu’à des gens qui vont me dire que leur boulot les saoule, qu’ils sont fatigués, déprimés, bref qu’ils ont une vie de merde.
J’ai bien saisi le truc de s’entourer de personnes bonnes pour soi et qui nous permettent d’être nous-mêmes. Je culpabilise un peu de délaisser des personnes bien, mais qui n’ont pas les critères que je recherche pour une « bonne » relation dans laquelle je me respecte.

Je vais y réfléchir un peu plus profondément.

Pour finir, ne pense pas qu’une personne invalide soit forcément plus empathique ou qu’elle ait un sixième sens qui lui permette de vivre des choses plus intensément ou je ne sais quoi encore.

Je pense qu’on est juste des êtres humains avec une différence qui peut nous amener à plus d’introspection, de réflexion, d’ouverture d’esprit et peut-être d’acceptation de soi qu'une personne valide. Parce qu'un handicap nous renvoie a notre imperfection quotidiennement, à notre statut d'être humain, avec des défauts et des failles. Mais on essaye de ne pas trop se focaliser là-dessus, sinon on peut vite tomber en dépression.

En parlant de ça, je suis loin d'en avoir fini avec les thérapies.

J’ai l’impression d’avoir ce besoin incessant de parler de moi et mon vécu, comme si ça allait m’aider à faire le deuil de toutes ces grosses tempêtes que j’ai traversé.

Peut-être que c'est ainsi que ça doit être.
Au moins, maintenant, je m'écoute.
Cela renforce mon estime.
Et en jour, je m'en servirai dans un but moins narcissique.

Isolement social (et autres réflexions)

16 février 2017 à 8h14

Je n'avais pas écrit depuis un petit moment, à cause dequelques soucis de santé, en lien avec mon état psychique déplorable.

J'ai un peu déprimé entre la semaine dernière et cette semaine.
J'hésitais à pondre quelques textes courts, mais l'inspiration ne venait pas. J'avais également honte. A propos de quoi ? Je ne saurai l'expliquer précisément...
De souffrir ? De déprimer ? D'avancer à pas de fourmi ?

Les relations sociales me manquent, mais il est difficile d'en recréer quand on a fermé la porte à moitié et qu'on se sent encore fragile et blessé.

C'est étrange.
A des moments je me sens aimable et à d'autres non.
Alors que j'ai plutôt de la facilité à échanger avec les autres, il y a parfois cette voix auto-saboteuse qui me dit que je n'arriverai jamais à trouver de personnes partageant mes valeurs. Que je n'arriverai plus à me lier d'amitié et que j'aurai encore moins la chance de trouver l'amour. Je me suis faite à l'idée que cela risquait de prendre du temps et que je ne suis pas forcément prête à vivre une relation de couple. Pour les amitiés, c'est différent. En y réfléchissant, j'ai toujours trouvé au moins une ou deux personnes à lesquelles je parlais régulièrement et avec qui échanger sur tout et n'importe quoi.

Maintenant, elles se font rares. Peut-être que c'est mieux comme ça, pour l'instant.
Je crains de ne pas être en capacité de répondre aux attentes de la plupart des gens. J'en ai connu très peu qui n'étaient pas dans la fusion et le besoin excessif de l'autre.
On ne répond pas à un texto ? C'est qu'on vous a oublié !
On écourte un appel ? C'est qu'on a mieux à faire que de vous parler.
On préfère faire la grasse matinée le samedi matin plutôt que de prendre le petit déjeuner avec vous ? C'est que notre lit est plus appréciable que votre compagnie.

Les gens ramènent tout à eux, sans se dire que ça n'a pas forcément de rapport.
(Et je dis ça, alors que je psychote sur le regard des autres ! Ahaha, écoutez la, celle là !)
Dans cette situation précise, non. J'accepte totalement que les autres aient des attentes et désirs différents des miens. C'est juste que j'ai pris de la distance avec les relations sociales.

Cela dit, je n'ai plus trop l'occasion de rencontrer des gens, je ne sors pas beaucoup, mais ça fait quelques mois que je pense à donner de mon temps dans une association locale. Je n'ai juste jamais osé prendre mon téléphone pour appeler.

Qu'est-ce que moi, Nephtys, pourrait bien leur apporter, avec toutes mes carences affectives ? Mes blessures, mes besoins, mon imperfection ?
Mais faut-il être bien avec soi-même et heureux pour aider les autres ? Je ne pense pas. C'est là tout le paradoxe !
Il y a bien médecins malades ou des psychologues PN.

Toute a l'heure, j'étais en train de penser "Pourquoi ne reprendrais-tu pas une thérapie ?"
Parce que j'en ai très envie, mais j'ai peur de tomber sur une personne qui ne comprendrait pas ce que j'essaye de lui communiquer. Et puis, vais-je devoir mettre sur le tapis mon incapacité à évoquer mon handicap aux autres ? Avouer qu'il est difficile pour moi de vivre normalement, de trouver aide et soutien de ce côté là ?

Dans le passé, j'ai eu quelques belles amitiés, je suppose que les gens restaient avec moi pour qui j'étais, sans se préoccuper du fait que je vois mal. Mais je pense également qu'une grande part d'eux le niait.
Je veux dire, j'ai cette difficulté au quotidien, ce n'est pas comme si je pouvais me lever un matin et tout à coup voir à 100%. Donc quand je demandais une information telle que de l'aide pour voir un panneau ou lire le nom d'un menu au macdo, c'était un peu inconfortable autant pour moi que pour l'autre. Surtout quand j'allais à des rendez-vous avec des garçons ou une nouvelle bande de potes.

Selon la personne, on me regardait soit avec pitié, soit surprise, soit incompréhension. Je n'abordais pas forcément le sujet, mais la plupart du temps, je l'annonce dès le départ. Çà évite les surprises.
Il y a des gens qui préfèrent avoir des amis "ordinaires", non dépendants physiquement. Assez drôle quand on sait que la majeure partie de la population est dépendante, de bien d'autres façons. Mais accepter une personne handicapée ? Non. Pas de ça. C'est bien trop de responsabilités !
Oui, parce que les gens se sentent responsables de vous, on ne sait trop pourquoi (devoir citoyen ou vision erronée). Vous ne leur avez rien demandé, si ce n'est une information et ils partent du principe que vous ne savez pas vous débrouiller seul et que vous allez les emmerder à chaque sortie !

Croyez-moi, si j'avais pu choisir de voir ou si ça pouvait se soigner, ma foi, j'aurai signé de suite ! Alors oui, j'ai besoin d'aide pour certaines choses, comme n'importe qui, finalement.

J'apprécie le fait d'avoir des amis valides, parce qu'ils me font réaliser que je peux vivre parmi eux, que certes, j'ai un handicap, mais qu'il ne détermine pas qui je suis, ni quel est mon entourage. Je ne vois pas l'intérêt de ne traîner qu'avec des invalides, ça peut être bien d'avoir des amitiés de ce genre, toutefois, il ne faudrait pas que ça nous enferme dans une bulle ou les valides n'auraient pas leur place. Et j'ai connu des personnes comme ça. Qui méprisaient les valides parce qu'ils représentaient ce qu'eux n'auraient jamais.

J'ignore si on peut accepter un handicap à 100%, même quand on l'a de naissance.
Peut-être, si on a un entourage bienveillant, mais il faudrait avoir reçu beaucoup d'amour et de valorisation, étant enfant. Parce que dans le monde adulte, si on a pas un minimum d'estime de soi, c'est déjà compliqué en tant que valide de s'y retrouver. Alors avec un handicap, c'est encore plus risqué.

Je pense que le plus dur, c'est d'être confronté à la solitude, de réaliser qu'on a certainement un potentiel, comme tout être humain, mais qu'on ne sait pas dans quoi le mettre. Personne ne m'a appris à aimer et apprécier mon handicap. Je suis celle qui a bossé sur cela afin de trouver des avantages. C'est ce qui me permet aujourd'hui d'apprécier plus ou moins ma vie. Peut-être que si j'étais née valide, ma vie aurait été plus simple, mais honnêtement, j'en doute.

Avec les mêmes événements et le même entourage, je doute que je sois arrivée à une conclusion différente. Etre valide n'aurait pas empêché mon père de mourir, ni ma mère de me violenter. Mon enfance n'aurait absolument pas été modifiée, peut-être que j'aurai eu de meilleures notes à l'école, que j'aurai eu mon permis de conduire, trouvé un boulot chiant, comme la plupart des gens. J'aurai une vie assez ordinaire, malgré mon début de vie souffrant. J'ai l'impression que le fait d'être handicapée donne une toute autre dimension à la vie d'une personne. On doit s'adapter et trouver des solutions encore plus que les autres. Notre égo est mis à mal bien plus facilement et durablement. Nos blessures sont peut-être plus ancrées et il y a des choses qu'on ne parviendra jamais à faire, tant que la société ne nous en donnera pas les moyens. Ou tant qu'on aura pas nous-même inventé un moyen de dépasser cela.

Il y a des parties si contradictoires chez l'être humain. Comme redouter l'inconnu, préférer notre zone de confort à la nouveauté, alors que les civilisations se construisent au travers des découvertes, des échanges et du dépassement de modèles archaïques.

Le pire, selon moi, c'est l'anticipation d'une situation à venir. On a plus tendance à voir le négatif que le positif, alors qu'ils n'existent même pas. Personne n'a la science infuse et notre esprit se fait des fausses idées en permanence sur ce que les autres pourraient penser de nous, ou encore ce qui pourrait nous arriver en accomplissant tel ou tel acte.

On dit que la peur n'empêche pas le danger, mais une peur irrationnelle comporte rarement un danger "physique" qui nous obligerait à entrer en mode survie.
C'est plutôt notre égo qui risque d'être mis à mal.

J'ai tellement d'exemples sous la main, me concernant. Aller ! Un petit pour la route.

Je devais faire une radio des pieds depuis un mois et demi, je me trouvais un tas d'excuses comme des problèmes financiers ou justifiait l'inutilité de la chose en me référant à mon passé. Sauf que dans mon passé, je n'ai jamais fait de radio. On m'a opérer deux fois complètement au pif, sans examens, juste à la vue du machin. C'est peut-être d'ailleurs ce qui a fait foiré les opérations à chaque fois. Alors que j'ai payé une blinde chez un spécialiste. En tous les cas, ce n'est pas lui que je retournerai voir !

Mes pensées étaient donc très négatives et m'empêchaient d'agir. Je procrastinais du matin au soir et finissait par culpabiliser, me sentant incapable de dépasser ces croyances invalidantes. J'avais également très peur de montrer mes pieds et d'être jugée sur mon incapacité à me prendre en mains. C'est malheureusement les reproches que me faisaient ma famille, ou encore mon médecin traitant. Je sais, aujourd'hui, que c'est totalement faux et que ces personnes essayaient juste de me culpabiliser (avec succès!) ET de se donner bonne conscience.

J'avais passé une énième nuit blanche, pas seulement à cause de cela. J'ai aussi des problèmes au niveau dentaire, mais c'est une autre histoire.
Bref, j'en pouvais plus de ne pas parvenir à dépasser ce blocage.
J'avais besoin de ressentir un minimum de motivation, de plaisir à effectuer cette action, alors je devais me donner un objectif, une récompense. C'était un genre d'échange de bon procédé envers moi-même.
Certains disent que ça peut devenir malsain à la longue, d'agir uniquement en fonction des récompenses et du plaisir, mais je ne vois pas comment faire quelque chose dont on a pas envie, sans aucun enjeu derrière. Ce n'est pas comme si j'étais accompagnée dans ma vie, sinon, j'aurai au moins le soutien d'un pair et ce serait certes moins difficile. Il n'y a personne pour me féliciter, me raisonner, ni m'écouter, à part moi.

J'ai essayé d'en parler à ma seule véritable confidente et tout ce qu'elle a trouvé à me dire c'est: "bon courage". J'ai compris que sur ce coup là, y avait que moi.

Donc, pour en revenir ma motivation, je me suis dit qu'après la radio, j'irai faire quelques courses et m'acheter des carottes.
Oui je sais, ça parait stupide, se faire plaisir avec des carottes, mais que voulez vous, parfois on a des envies bizarre.
Bon, la vérité c'est que j'adore ça.
Je n'en mangeais plus depuis des années à cause de ma colopathie, je les préférais crues que cuites, jusqu'à hier soir.
C'est juste que ceux qui m'en ont fait manger (ma mère par exemple) ne les ont jamais cuisiner comme je les aime.
Et je peux vous dire que je me suis régalée comme jamais.
J'ai redécouvert la sensation de bonheur en ingurgitant des légumes. Sincèrement, je ne pensais pas cela possible. J'avais dans l'idée que je ne serai jamais capable de me faire plaisir en mangeant des légumes, parce que je détestais cela, étant plus jeune.
Au final, je suis capable de faire de la bonne cuisine, saine et bio, au même titre que n'importe qui, ce fut une révélation, oui, oui, oui !

Revenons à la radio - je finis par me perdre en détours, moi !
J'ai donc été la faire, plutôt sereine, en me disant qu'au pire, même si j'étais critiquée ou jugée, je n'y retournerai plus ou je dirai à la personne que je ne souhaite pas discuter de ma vie avec elle.
Ça s'est très bien passé, sans réelle surprise.

La personne m'ayant fait passer les radios était une femme de couleur.
Je ne sais pas pourquoi ce détail à retenu mon attention.
Déjà, elle était très belle. Gentille et douce. Elle m'a accueillie avec bienveillance et a été très patiente pour m'expliquer les positions à tenir. Elle a même proposé de désinfecter ma plaie qui s'était rouverte en me cognant contre un petit escabeau.
Moi et ma maladresse, coucou !
En somme, j'ai eu une très bonne impression, aux antipodes de ce à quoi je m'attendais. Aucune réflexion sur moi, ni question indiscrète sur ma vie. J'étais simplement une patiente comme les autres.
Je suis sortie quelques minutes plus tard, mes résultats en main.

Plutôt que de m'auto insurger, j'ai tiré plusieurs enseignements de cette petite expérience.
> L'égo tentera toujours d'avoir le dessus sur la raison.
> Trop d'anticipation épuise la raison.
> Avoir une bonne raison pour soi-même est plus important que d'avoir une bonne raison venant d'autrui.
- La raison de mon amie était: "ça t'aideras".
- Ma raison était: "J'ai besoin d'honorer cet engagement envers moi-même". (L'engagement de prendre soin de moi et de mon corps. De guérir mes blessures physiques et psychologiques).
Dans un sens, mon amie n'avait pas tort, ça m'a aidé. Pas de la façon dont elle l'envisageait, mais quelle importance ?

Certaines choses m'ont aidé à passer à l'action.
>> Regarder des vidéos inspirantes ou lire des articles au sujet de la procrastination, de la peur, ou d'autres trucs plus philosophiques que pratiques.

En conclusion, le fait d'être seul face à ses difficultés peut entraîner un cercle déprimant, incluant procrastination, peurs et doutes sur soi. Mais il existe de nombreuses solutions en nous-mêmes pour aller de l'avant et résoudre nos problèmes. Pas besoin de 10 séances de thérapie a 50 balles - c'est nécessaire en cas de symptômes dépressifs et idées suicidaires, par contre.

La meilleure chose à faire reste de trouver ses propres raisons d'agir, si on est face à de la culpabilité, se demander d'ou nous vient cette voix accusatrice et se questionner sur sa réelle fonction.
Se répéter qu'on est nul et qu'on ne vaut rien nous a t-il déjà permis d'avancer ? De nous sentir mieux ? Non.
Essayer de trouver du positif dans sa vie, des choses motivantes et remercier pour ce qu'on a déjà peut également aider.
S'autoriser à se changer les idées malgré tout, à se donner un peu de plaisir. Parce que quand on culpabilise, on bloque souvent nos désirs. "Je ne mérite pas ceci ou cela". Mais bien sur que si, vous le méritez. On mérite tous de s'aimer et d'être aimé. De satisfaire ses désirs, tant qu'ils ne font de mal à personne. On mérite d'agir dans son propre intérêt, parce que personne ne peut le faire à notre place.
Qui mieux que nous savons ce qui est bon ou mauvais pour notre corps et notre âme ?

On arrête là les questions.
C'est sympa de se les poser.
Se poser des questions, c'est remettre en cause.
C'est réfléchir, c'est être en quête de sens.
Le sens, c'est ce qui donne une direction et du mouvement à notre vie.
Alors... Continuons à chercher.

Regard des autres, amour, optimisme (et autres réflexions)

11 mars 2017 à 2h52

Comme bon nombre d'êtres humains, j'ai des périodes ou je crains les "qu'en dira t-on".
Cela m'arrive également pour mes écrits. Ouais, c'est moche hein ?

Je n'ai pas pondu de long pavé dans mon journal depuis pas mal de temps. Ce qui est assez étrange, c'est que si ce dernier est public, c'est que j'écris pour être lu certes, mais pas forcément pour être approuvé.
On ne gagne aucun prix, aucune médaille à écrire sur JI. Ce serait pas cool. Ca voudrait dire qu'on serait jugé par une ou plusieurs personnes, sur notre vie, sur nous-même quoi. Déjà qu'IRL on est sans cesse sous pression, je n'aimerai pas que quelqu'un arrive pour me sortir: "WOUAH tu sais que tu devrais écrire un livre ? Ca vendrait bien". Euh ok.
J'ai pensé à écrire des bouquins mais certainement pas sur ma vie. Les trucs autobiographiques, c'est trop personnel, trop intime. Pour moi qui suis phobique de la proximité, ce serait très embêtant.

Malgré tout, j'essaye d'écrire sur des sujets que je trouve intéressants et sur lesquels j'ai des choses à partager.
De toute façon, c'est anonyme et même si j'étais reconnue, je pourrai toujours nier à ce sujet (a).
Non plus sérieusement, je crois que ce serait étrange si quelqu'un que je connais tombait sur mon journal.
Je crois qu'il se dirait que je suis un peu folle. Mais j'ai pas écrit de choses trop, trop méchantes, donc ça devrait pas poser de problèmes.

Ce que j'écris est comme le reflet de mon âme. Je considère que les gens peuvent mieux me connaître par ce qu'ils liront de moi bien plus que par ce que je pourrai leur dire.

Puisqu'on parle de mieux me connaître, passons aux événements des dernières semaines.

J'ai passé le cap de me trouver un médecin dans ma ville actuelle, après un an ! *Ouais, il était temps*
Pareil pour le dentiste, qui doit - au passage - me retirer une dent, mardi prochain.
Je suis terriblement déçue de mon ancien dentiste. Il m'a fait payé une couronne 450€ qui n'aura tenu que 2 ans et demi et il l'a refait une fois, car au bout de deux mois, elle est tombée. Mon dentiste actuel m'a dit qu'il n'avait pas fait du très bon boulot et qu'en plus, j'avais plein de caries (au moins 5) qu'il faudrait soigner au fur et à mesure. Mais le fait de l'avoir vu m'a rassuré.
Son cabinet a l'air assez high-tech et j'aime bien son assistante. Je ne sais pas, ces gens sont rassurants.

Lorsque j'ai été faire une radio des pieds - au centre de ma ville -, c'est pareil, la dame qui m'a fait faire les pauses était gentille et patiente. En fait, je m'attends toujours à tomber sur des gros connards curieux, comme dans mon ancienne ville. Mais plus je découvre cette ville et plus j'apprécie son calme et les personnes qui y vivent (ou travaillent).

Le médecin que j'ai vu cette semaine m'a fait un courrier pour l'hôpital. Je vais prendre rendez-vous pour une opération. Ca ne me motive pas plus que ça, mais il faut bien que je fasse quelque chose à ce sujet. J'anticipe déjà la douleur, j'ai des souvenirs plus que douloureux. Je suis quand même motivée par la piscine, l'été qui arrive et j'aimerai remettre des chaussures ouvertes.
Je suis certaine que ma podologue sera ravie de me revoir.

Ma coach m'a encouragé à recommencer des activités que je faisais quand j'étais plus jeune. Des activités "créatives". Je ne sais pas si jouer à Skyrim va aider ma créativité, mais ça aide mon cerveau à me détendre et à penser à autre chose que mes problèmes de santé. Et d'argent.

Ca fait un an que je patauge dans une grosse merde financière. J'ai découvert en début d'année que je pouvais obtenir plein d'aides et qu'il suffisait pour cela de remplir des formulaires. Je me suis sentie idiote deux secondes, parce que si j'avais fait tout ça plus tôt, je ne serai plus (autant) en galère. Par exemple, je viens de recevoir une réduction pour ma ligne téléphonique de 15€. Ca a l'air de rien comme ça, mais avec 15€, je peux presque faire mes courses de la semaine (l'essentiel).

J'ai aussi hâte de ne plus avoir a avancer les frais de soin avec la CMU, j'y pensais même plus à ce truc. C'est bien utile quand même. En prime, ils ajoutent une réduction d'électricité et c'est le truc qui me coûte le plus cher, même au dessus du prix des courses que je fais au mois. C'est dire !

J'espère, d'ici l'été, pouvoir souffler et faire des économies. Peut-être me payer un séjour quelque part, au bord de la mer.
C'est drôle, ça me fait penser à ce gars qui me faisait du rentre dedans et parlait avec moi d'une sortie de ce genre, seulement, deux jours après, il se trouvait une autre cible et à peine 3 semaines plus tard, il me révèle qu'il est amoureux d'elle.
Une fille qu'il n'a jamais vu. Lorsque je l'écoutais décrire ses sentiments, j'étais subjuguée, presque envieuse. Et aussi dans l'incompréhension. Enfin, je ne comprends jamais grand chose aux sentiments amoureux. J'ai l'impression d'être trop rationnelle pour ça. Etre amoureux sans avoir jamais vu, ni passé du temps avec quelqu'un et considérer qu'une relation a distance est viable ainsi, c'est juste un gros wtf. Personnellement, même si je m'attache à un mec, je n'irai pas lui proposer de venir chez moi 3 semaines après. Je préfère attendre de le voir au moins une fois en terrain neutre, voir comment il se comporte, quel mode de vie il a et si ça peut me convenir. Je ne juge pas ceux qui font autrement, chacun a son type d'attachement. Moi j'ai le type détaché, donc le mieux serait de me trouver un homme du même type, c'est la seule façon de pouvoir se comprendre et vivre plus ou moins sereinement. Puis, pour un peu, ce sera du détachement/attaché.
Ouais, tu sors encore n'importe quoi ma grande.

En écoutant le mec "amoureux", je me suis remémorée vite fait mon adolescence.
J'étais "amoureuse" de mon prof de maths (aujourd'hui, je ne vois plus du tout ça comme de l'amour, mais plutôt un espèce d'attachement admiratif. J'étais consciente qu'il ne se passerait jamais rien entre nous. Ca m'a fait énormément souffrir, mais c'était un fantasme très inspirant, parce que ça m'a permis de concevoir des personnages - dans mes histoires - bien plus sentimentaux.

Le pire, c'est la façon dont j'ai été sous le charme.
(C'est une histoire étrange, attention).
Cette année là, j'avais commencé à regarder un anime dans lequel l'amie de l'héroïne était amoureuse de son professeur principal. Je me suis dit: "Mais comment on peut être amoureuse de son prof ? Ca craint, ils sont vieux et moches" lol. Oui j'étais jeune et naïve.

Je me suis mise en tête de comprendre (pour ne pas changer), alors j'ai regardé autour de moi et demandé à mes amies si elles étaient déjà tombées amoureuses d'un prof. Certaines m'ont répondues que oui, d'autres non, mais que l'amie d'une amie...
Et j'ai observé mes profs avec plus d'attention.

Il y avait mon prof de maths (prof principal en plus) qui était jeune et avait un certain charisme, mais pas plus que ça, au début. Je le trouvais juste doux et gentil, il m'intimidait un peu, par son regard sombre et perçant, mais je ne l'avais pas bien regardé les premiers jours. Plus l'année avançait et plus il prenait de place dans mes pensées. A un moment, il s'est même un peu intéressé à moi et à ma famille. Je crois que ça a été l'élément qui m'a fait sombrer... C'était une torture d'aimer un homme qui ne me rendrait jamais mes sentiments (j'étais pas si naïve ahah)

Ce prof a hanté mes pensées durant des jours et des nuits et ceci, pendant 5 ans. Cela n'a pas empêché que je m'intéresse à d'autres garçons de mon âge, mais ils ne me remarquaient pas. Je suis restée dans mes fantasmes toute ma scolarité et jamais un garçon du collège ou du lycée n'a voulu de moi. Si ce fut le cas, il ne me l'on ni jamais dit, ni fait comprendre. Je me souviens même d'un type, dans la cours du lycée, qui disait à son copain: "Ah regarde c'est elle" en me désignant (et oui je suis sure que c'était moi) et son copain lui a fait: "AAHH! Mais elle est moche!" J'étais à côté.
Le premier type lui a dit de baisser d'un ton, en haussant les épaules, puis je me suis sentie tellement mal, que j'en avais les larmes aux yeux. J'ai complexé pas mal de temps à cause de ça. Mais, une fois adulte, j'ai pris ma revanche, en quelques sortes.
C'est plutôt que je savais plus me mettre en valeur et j'avais de l'argent pour m'acheter de vrais vêtements. Pas ces choses hideuses que ma mère me faisait porter, juste histoire d'avoir un truc sur le dos.

Ah oui, à cette période, j'ai aussi connu une fille sur internet, qui se faisait passer pour un mec. J'avais jamais connu ça avant et comme j'étais jeune et naïve (lol?), je pensais pas du tout tomber là dessus. Moi j'ai toujours été honnête avec tout le monde, donc je ne pensais pas qu'on pouvait mentir de cette façon. Surtout qu'elle s'est carrément inventé une vie, elle a changé de sexe etc... Elle me disait "je t'aime" tous les jours et discutait avec moi, comme si j'étais son amoureuse. Le jour ou j'allais lui avouer mes "sentiments", le masque est tombé. Elle a mis sa webcam sur msn (skype c'était caca a l'époque) et a pleuré comme un bébé. Puis, elle m'a jeté. "Restons amies" ? Oui, je suis restée amie, mais pas elle. Elle m'évitait et s'est même mise en couple avec une autre nana qu'elle avait rencontré sur mon forum (moi et les rpg, une grande histoire).

Comme si ça ne suffisait pas, je suis, en prime, tombée sur un PN. Alors, faut dire que je l'ai un peu "cherché" celui là. Dans le sens ou il ne s'intéressait pas du tout à moi, en dehors du jeu sur lequel on était. Puis, j'ai titillé son attention, lorsque j'ai accepté d'échanger sur facebook, puis sur msn. Je ne vais pas rentrer dans les détails, car cet écrit est déjà interminable. En gros, ça a été l'enfer pendant 2 ans et demi. Je me suis beaucoup attachée à lui et toutes les histoires rocambolesques qu'il me racontait. C'est le plus gros menteur que j'ai jamais eu l'occasion de côtoyer et j'en ai côtoyé quelques uns à qui on pourrait offrir la palme des mensonges. Le pire c'est que ces mensonges étaient cramés. Je passais ma vie à me poser des questions sur lui. Et il était infect parfois. Cherchait le conflit quand il n'y en avait pas (avec tout le monde), il m'a insulter comme c'est pas permis quand je n'allais pas dans son sens. Un malade quoi.

Heureusement, j'avais commencé à voir une psy. Elle m'a fait prendre conscience que je rejouais un scénario avec ma mère PN. Je voulais sauver ce pauvre type, puisque je n'avais pas réussi a guérir, ni sauver ma génitrice. C'était dur à avaler, mais j'ai fini par lâcher l'affaire, après avoir épuisée toutes mes ressources - comme avec ma mère.

J'étais sous antidépresseurs, d'ailleurs. Si malheureuse, en manque d'estime, de reconnaissance, d'amour... Encore à pleurer mon père, à supporter ma mère. La même qui m'a dit par lettre que c'était normal d'avoir des idées noires, qu'il ne fallait pas dramatiser. Oui bien sur maman, penser au suicide tous les soirs, angoisser à sortir dehors, ne plus manger, ni dormir. C'est tellement normal. Tout le monde est comme ça, n'est-ce pas ? Ahaha, celle là. Et dire qu'elle revient frapper à ma porte, en espérant "savoir si tu vas bien".
Oui, tant que tu es loin de moi, tout va bien, merci.
Elle est vraiment folle. Faut que je me fasse une raison. Ma coach fait que de me dire d'arrêter de nourrir de l'espoir, qu'elle ne changera pas et s'intéresse plus à moi en tant qu'objet qu'en tant que sujet. Et c'est encore difficile à accepter pour moi. Donc j'ai fait un truc: Mis tout ça en post-it.

A cause d'elle et sa vision pessimiste sur tout, je ne voyais que la cale du bateau, celle ou les prisonniers travaillent d'arrache pied pour avoir une minuscule miche de pain.
Je ne sortais que rarement sur le pont, là ou le vent souffle, ou la mer s'étend à perte de vue, ou les créatures marines nous accompagnent. Ou l'équipage peut boire, manger et rire ensembles.
Aujourd'hui, je revois un peu de ces bons côtés, en tant qu'observatrice avisée.
Je pourrai prendre part aux festivités, mais ce n'est pas le moment. Là, j'apprends, en compagnie du capitaine de ce navire, qui n'est autre que moi-même.

Je vis bien mieux mes émotions.
Même quand je devrais peut-être avoir l'air plus concernée.

Deux personnes m'ont fait faux bon cette semaine.
La première est cette amie de longue date qui m'a proposé de se voir mercredi ou jeudi, mais ne s'est même pas donné la peine de me prévenir qu'elle ne pouvait pas. Pourtant, c'est elle qui propose. Ca ne m'a pas plus étonné que ça et je n'ai pas essayé de savoir ou ça en était. Elle va surement me dire qu'elle travaillait trop, qu'elle était fatiguée ou qu'elle avait oublié. S'il s'était passé un truc grave, elle m'aurait prévenu. Tant mieux, j'avais décidé de ne plus trop m'investir dans cette relation, après tout. Après plus d'un mois de silence, j'avoue que je m'attendais à ce qu'elle soit plus déterminée.

La seconde personne, c'est moins important ? Elle m'a laissé en plan pour jouer avec ses potes - avec qui elle parle bien plus qu'avec moi, apparemment - pourtant, dès qu'elle a un problème, ou qu'elle veut parler d'un truc, j'essaye de me rendre disponible le plus vite que je peux. Mais là, c'est fini. Après avoir passé sa soirée à jouer avec la bande, elle m'a refait coucou. Je lui ai dit qu'on parlerait un autre fois, quand elle serait disponible. Mais j'en ai plus envie, actuellement.
Ca j'aurai pu lui dire, mais c'est une personne qui culpabilise rapidement. Elle est hypersensible et je ne veux pas lui faire porter mes propres émotions. Ma colère m'appartient. Il n'empêche que je me dis souvent: "finalement Nephtys, tu vaux quoi pour ces gens ?"

J'ai pas l'impression d'avoir grande valeur pour quiconque, mais j'en ai assez envers moi-même pour que ça me permette de tenir debout et de garder les épaules hautes. En plus, je n'ai aucune idée de ce qui se passe dans leur tête, donc je ne vais pas commencer à leur en vouloir pour des choses qu'elles ne pensent probablement pas.
Elles ont de très bonnes raisons d'avoir agit comme elles l'ont fait et ce n'était certainement pas contre moi, mais plutôt pour elles, donc je comprends.
Mais qu'elles ne soient juste pas capable de l'avouer, c'est ça qui m'attriste. Plutôt que de trouver des excuses bidons, pourquoi ne pas juste dire la vérité ? Ou ne rien dire ? Elles n'ont aucun compte à me rendre. Mais si elles veulent le faire, qu'elles le fassent correctement.

En plus elles savent que je suis le genre de fille compréhensive.
C'est peut-être pour ça qu'elles prennent plus le temps de me prévenir, parce que je ne leur râle pas après, je dis: "c'est pas grave", même si ça me fait chier. Donc, moi non plus, je ne suis pas très honnête.

Je passe donc la plupart de mes journées en solitaire.
Ça me plait de faire ce que j'aime, mais on ne peut pas dire que j'aime ma vie.

Certains philosophes prétendent que les choses sont très bien telles qu'elles sont, mais je pense qu'être épicurien dans notre société matérialiste est peut-être un doux rêve. Sans argent, on ne vit pas. Sans travail, on peut survivre avec les aides de l'état, mais en dehors de ça, on est rien pour la société. Les sans emplois sont comme les SDF: marginalisés, déconsidérés, culpabilisés. Si tu n'as pas d'argent, c'est que tu n'en veux pas, selon certains. Si tu n'as pas de toit sur la tête, c'est que tu ne fais pas assez d'efforts.
Tant de jugement, de la part de ceux qui n'ont peut-être pas connus les mêmes difficultés, voire pas du tout.
Quand on est né avec une cuillère en or dans la bouche par exemple.
Ou qu'on a eut le soutien de papa, maman.
Quand on a pas subi la misère et la pauvreté de sa famille, ou de son pays.
Qu'on a été aimé, choyé, ou du moins désiré.
Qu'on a un/une conjoint(e) qui nous aime, des enfants en bonne santé...

Je suis d'accord qu'on doive se battre pour notre bien être, mais si on s'est toujours retrouvé face au noir, sans aucune lumière d'espoir pour nous éclairer, alors comment trouver le chemin de la sortie ? Avant de penser à franchir les portes, il faut en connaître la direction. Peu importe la destination, tant qu'on sait qu'il y a une porte, une chance pour que ça marche, on essaye. Mais si personne ne nous a jamais dit que cette porte existait, ma foi, ça risque d'être difficile de la trouver. Et puis, il ne faut pas seulement dire, les gens attendent des preuves. Plutôt que de parler sur la porte, on peut la montrer.

C'est si facile de donner des leçons. Puis quand on s'intéresse à la personne qui les faits, on réalise qu'elle n'est pas plus heureuse que nous, qu'elle se donne juste l'importance qu'elle n'a pas et que sa propre vie est un fatras de problèmes qu'elle ne parvient même pas à résoudre.

Donc juste ta gueule.
Voilà, je crois en avoir fini avec mes réflexions.
Cela n'a pas libéré une seule de mes émotions, surement parce que je me suis retenue de trop en dire.

Bonne nuit.