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Archive du journal au 20/01/2018.

Sommaire

Se soigner et guérir, la différence selon Jacques Salomé

22 décembre 2017 à 18h51

« Il existe une différence fondamentale entre soigner et guérir, la même qu’entre soi-nier et gai-rire.

Soigner, c’est tenter de toucher à la cause et aux conséquences de la cause, c’est vouloir réparer, atténuer, voire supprimer le symptôme, c’est essayer d’enrayer la douleur, diminuer la souffrance, alors que guérir suppose d’accéder au sens de la maladie. De permettre à la personne malade d’entendre ce qu’elle crie (avec des maux). La guérison, au-delà des soins médicamenteux, chirurgicaux, médicaux, supposera donc des soins relationnels qui passe par une écoute de la maladie entendue comme un langage métaphorique, symbolique, avec lequel nous tentons de dire et de cacher l’indicible. Guérir suppose de permettre au malade de retrouver la blessure originelle qui s’exprime avec un mal-à-dire qu’on appelle une maladie et parfois même une affection.
Affection, terme utilisé à la fois pour dire un ensemble de sentiments envers une personne aimée, recherchée, choisie, et pour qualifier un trouble, un dysfonctionnement. Le double sens de ce mot devrait d’ailleurs nous inviter à être vigilant, pour tenter d’entendre le sens profond (lié à l’affectivité maltraitée) de certaines maladies.

Guérir au-delà des soins apportés pour réduire la souffrance ou supprimer le symptôme, atténuer le dysfonctionnement, supposerait de permettre au malade d’entendre enfin ce qu’il ne peut dire avec des mots et exprime avec des maux, en relation avec une blessure ou une violence reçue dans son enfance ou à une période cruciale de son développement.La médecine d’aujourd’hui, malgré les progrès considérables qu’elle a faits, sait soigner et parfois même avec une efficacité redoutable.
On vous enlève un kyste sans même vous ouvrir le ventre, mais on n’aura pas entendu que ce kyste, par exemple, tente de « parler » d’un enfant dont vous avez avorté et dont vous n’avez jamais parlé à personne.

La médecine devient de plus en plus opérationnelle et fonctionnelle et de moins en moins relationnelle et intimiste, c’est pour cela qu’elle a beaucoup de mal à guérir. Car guérir serait une tentative pour réconcilier un être humain avec les situations inachevées de son histoire, pour le libérer des violences engrangées autour des pertes et séparations anciennes ou récentes, pour le libérer des missions de réparation ou de fidélité qu’il a pu engranger dans son enfance, l’inviter à un lâcher-prise sur les conflits intra-personnels qu’il entretient, bref pour l’aider à ne pas cultiver en lui, dans son histoire ancienne ou récente, tout ce qui est à l’origine des somatisations ou des mises en maux. »

Interview de Jacques Salomé extraite du livre de Marie-lise Labonté : Le déclic

Première partie

22 décembre 2017 à 19h15

Pour cette année 2018, je me lance un défi. Je prends la bonne résolution de tout faire pour guérir de mes crises d’angoisses et de mes problèmes hormonaux. Ces profondes blessures, d’où qu’elles viennent, me détruisent à petit feu et m’empêchent d’avancer.

C’est douloureux… pour moi comme pour mes proches… Je ne veux plus les faire souffrir et souffrir comme j’ai tant souffert… Personne n’a tout vu mais tout le monde en a trop vu…

La pire de mes craintes, je pense, c’est de devenir seule ou dépendante de quelqu’un, de lui imposer ma faiblesse. Jusque-là, j’avais toujours réussi à me débrouiller seule, notamment en soignant le mal par le mal… J’en ai parcouru du chemin et non sans embûches, et, pourtant cette année, cela a été différent… Alors je me demande…

Quelle plus grande souffrance il y a, d’être témoin de la souffrance d’un proche, et de ne rien pouvoir faire pour l’aider. Finit-on par se sentir impuissant et se haïr ?

Quelle plus grande souffrance il y a, que d’imposer à un proche sa condition lamentable parce qu’on est devenu trop faible pour s’en sortir seule ?

Pourtant, comparé à d’autres, ce n’est rien, je n’ai rien. Je n’ai certes pas eu de chance dans la vie mais d’autres aussi… Eux sont fort, car ils avancent en silence. J’admire leur courage et leur détermination à aller de l’avant, sans se retourner.

J’ai honte de moi et suis tellement en colère, d’avoir inquiété tout le monde, de n’avoir pensé qu’à moi. Je ne suis qu’une moins rien, qu’une faible et qu’une lâche… J’ai l’impression que cette fois-ci je n’arriverais pas à surmonter tout ça et à remonter la pente… Que m’arrive-t-il ? Que s’est-il passé ? Pourquoi se revers de situation ?

Je n’ai jamais été comme cela et donc plus jamais je ne veux ressentir cela…

Je n’ai plus peur d’affronter mes peurs, je veux lutter, me battre contre ce mal qui me ronge de l’intérieur, et gagner, oui gagner plus que jamais… Je pense qu’il est temps pour moi d’allumer les lumières du passé… de mon passé… Il faut que je me souvienne… Oui, je veux me souvenir…

Alors comment dois-je m’y prendre ? Pourquoi je n’y arrive pas ?

Deuxième partie

28 décembre 2017 à 18h34

Autrefois, je me sentais vivante, libre, comme si rien n’avait d’importance, comme si rien ne pouvait m’arrêter ni m’atteindre. J’étais si forte et tellement fière de mon parcours atypique si je puis dire… mais depuis cet accident en 2006, j’ai l’impression de vivre avec un compte à rebours sur ma tête, près à sonner le glas ultime, et pourtant, cela n’en finit pas… Cela recommence s’en cesse, et rien ni personne ne l’arrête… en vain…

Puis il y a cet air dans ma tête, qui me nargue :
Je le vis au quotidien ;
Et personne ne remarque rien ;
Le seul remède ;
C’est de vivre avec ses douleurs et de fermer sa gueule !

Et ses images dans ma tête, qui se bousculent :
Je vois une jeune fille courir vers les escaliers. Elle s’élance, se penche, et glisse sur la rambarde ;
Un sourire se dessine sur les lèvres, elle a l’air libre, heureuse et épanouie ;
Soudain… elle bascule, s’accroche à la rambarde de sa petite main, puis tombe ;
Je la regarde tomber, sans bouger comme si j’étais pétrifiée, c’est trop tard, je ne peux pas l’aider…

Pendant longtemps, j’ai cru qu’il s’agissais d’une sorte de souvenir de mon accident, mais ce n’est pas moi qui vis l’action, et, en y repensant, je suis tout bonnement incapable de dire quel jour nous étions ce jour-là, ni même le mois. Je ne sais pas comment j’étais habillée, ce que je faisais avant de tomber, à quoi je pensais pendant mon choc émotionnel et qui était à la maison hormis maman qui m’a trouvé.

Quand j’ai repris connaissance, et que je me suis levée, je me souviens d’avoir eu mal, tellement mal. C’était horrible, mais à cet instant, j’avais pensé qu’il valait mieux ne rien lui dire, pour ne pas l’inquiéter, et, le fait de savoir que j’allais bien, l’avait rassurée.

Cette douleur en moi, m’a fait prendre conscience de l’erreur que j’avais commise. Il était évident que j’allais souffrir, et ce, toute ma vie, mais c’était de ma faute et uniquement de ma faute. J’étais prête à relever la tête dignement et recevoir la punition que je méritais, celle de la souffrance sans jamais oser me plaindre.

Ce jour-là, j’ai perdu une partie de moi, de mon identité. J’ai ressenti et je ressens toujours un grand vide en moi. J’ai le sentiment qu’il me manque quelque chose d’essentiel pour continuer et j’ai perdu confiance, mais en contrepartie, j’ai gagné rapidement en maturité, pour faire face à ce qui m’attendais.

Troisième partie

13 janvier 2018 à 21h16

Cette année-là, on venait d’emménager dans un nouveau village et j’allais faire ma rentrée en Cm2, dans une toute nouvelle école. J’avais déjà du mal à m’intégrer parmi mes camarades de classe, et cet accident n’a rien arranger. J’allais à l’école à reculons, j’avais mal mais je ne pouvais rien dire ni me confier, et puis j’ai commencé à me tordre de douleur. Je n’arrivais plus à retenir mes pleurs.

Quand certains avaient de la compassion et me demandaient si j’allais bien, d’autres me surnommait Quasimodo.

Voulant me protéger ou éviter que ma santé ne s’aggrave, mes professeurs, m’interdisaient d’aller jouer avec les autres enfants, je devais passer mes récréations assises sur un banc. Se posant des questions me concernant, ils ont décidé de parler de mon état de santé à mes parents.

C’est ainsi, qu'après plusieurs examens, on m’a diagnostiqué une grosse hernie discale en L4-L5. Je n’avais que 10 ans et j’avais des problèmes de grand, qu’aucun enfant n’aurait jamais dû connaître, et cela a duré un an.

Au cours de cette année, j’ai rencontré un médecin à Rennes, et cette rencontre allait changer ma vie. Le 07 Juin 2007, à partir de 8h00, ce chirurgien au grand cœur, m’a donné une seconde chance en m’opérant. Je me souviens d’avoir eu peur, tellement peur au point de cacher mon doudou sous mon oreiller. Je ne voulais pas aller au bloc opératoire seule. Je me souviens de la vétédine, d’avoir lutter en vain contre le sévoflurane dans le masque anesthésiant qui a eu raison de mon endormissement, et de la morphine..

Plusieurs heures après l'intervention, je me suis réveillée dans une pièce blanche, seul les aiguille de l'horloge en face de moi était noire. Je ne me souviens de rien le trou noir. J'avais la tête qui tourne, puis, je me suis souvenue de mon doudou que j'avais caché sous l'oreiller.. Alors j'ai regardé en-dessous, mais il n'y était plus, j'étais prise de panique. Finalement j'avais subi cette intervention seule comme une grande... Des médecins m'ont rejoint et m'ont ramené à ma chambre. En entrant dans ma chambre, je me suis mise à sourire, quel soulagement ! Mon doudou, m'attendais sagement sur la commode !

L'opération avait visiblement été un succès... Et j'allais devoir travailler dur, très dur, pour espérer retrouver ma vie d'avant...