Fils unique, son père est mort quand il n'avait que 7 ans... il ne s'en remettra jamais.
Elevé par sa mère et ses deux grands-mères, il a toujours eu ce qu'il désirait, car si l'une disait non, une autre acceptait...
A ses yeux, sa mère est la fautive pour tout, et surtout d'avoir eu une relation cachée avec un militaire quelques années après le décès de son père. Il ne lui a jamais pardonné de ne pas lui en avoir parlé et qu'il l'ait découvert tout seul... Encore une fois il gagnera, sa mère ne se remariera pas...
Il cherche à vite quitter les jupons de sa mère insupportable et file sous ceux de ma mère...
Il l'aimera sincèrement et profondément, mais n'arrivera pas à se fixer normalement.
Il alterna les périodes de sorties toute la nuit en dépensant tout l'argent qu'il n'avait pas et les périodes de déprime profonde à ne rien faire devant la télé. Bi-polaire, il semblerait, mais aucun diagnostique ne posé, vu qu'il n'a jamais accepté de se faire soigner/aider...
Un an après mon départ de la maison, c'est l'hécatombe, il décide de ne plus retourner à son travail, sans les prévenir, sans rien faire... Il lâche tout, continue ses sorties de folie et à "vivre" avec ma mère.
A nouveau période TV, mais toujours pas de retour au boulot, il n'y retournera jamais, il finira par être licencié pour abandon de poste.
Et puis ma mère tombe des nues, un huissier passe pour des impayés... Elle fouille dans ses affaires et découvre tout ce qu'il doit payer... et qu'elle paiera bien sûr, elle a trop peur de perdre la maison (qu'elle a payée seule mais ils sont tous les deux propriétaires) mais ma grand-mère la remboursera.
Suite à cela j'interviens auprès de mon père pour qu'il cède sa part de la maison à maman, pour qu'elle soit en sécurité, il fini par accepter.
Et puis voilà, une fois toutes les dette "envolées" il recommence ses conneries... Achète un 4x4 pour remplacer sa mercedes, mais là ma mère n'en peut plus et lui ordonne de partir... il retourne donc chez sa mère, sans la prévenir, qui a peur de lui, ne veut plus de lui chez elle...
Il fini par partir, dormir dans sa voiture, allant manger au resto du coeur et trouvant un hébergement grâce au secours catholique.
Il passera Noël tout seul, ainsi que le Nouvel An...
Il cherchera du boulot, n'en trouvera pas vraiment, il pensait que ça serait aussi facile qu'à ses 20 ans...
De fil en aiguille, j'en viens à aller faire une main courante à la gendarmerie avec ma grand-mère, expliquant qu'il est dangereux, qu'il a deux fusils, qu'il est bi-polaire, que ça pourrait finir en carnage...
Puis un soir il bouscule ma grand-mère qui ne veut pas lui donner de l'argent, elle tombe et m'appelle en larmes, j'appelle les gendarmes qui y vont et calment les choses, mais ils ne peuvent rien faire...
Mon père fait une croix sur moi à partir de ce moment là, et puis une nuit, j'ai écrit ceci...
19h25 un numéro privé m’appelle et demande après B. A l’autre bout du fil, S. passant par les renseignements. Elle lui parle 5 minutes, je me doute du pire… J’attends ce coup de téléphone depuis si longtemps maintenant… B. raccroche, s’assied et me regarde en me disant que quelque chose de grave est arrivé… Tu es mort cet après-midi. Tu t’es suicidé avec ton fusil dans la cuisine de la grand-mère. Il aura fallu que tu fasses ça chez elle, la mère de tous tes maux à tes yeux… Et pourtant celle dont tu cherchais désespérément l’amour et l’approbation… Tout fini là où tout a commencé… Tu as choisi la finalité qui correspondait à ta vie, celle que tes proches attendaient et redoutaient à la fois. Tu es mort comme tu as vécu, seul et abandonné de tous. Je ne réalise pas encore que tu es mort, je ne sais pas si je réaliserai un jour. Je sais à quel point tu as pu être triste dans ta vie, mais je sais aussi à quel point tu avais une vision des choses erronées… Tu n’as jamais accepté ta maladie, tu n’as jamais voulu te faire soigner. Tu avais tant besoin d’aide mais tu voulais que ce soit moi qui prenne soin de toi. J’ai essayé de t’aider, j’ai vraiment essayé, jusqu’à m’épuiser, me vider, me détruire… Mais ce n’était jamais assez, ce n’était pas ce que tu voulais, tu me trouvais ingrate… Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir grâce à tes yeux… Et je resterai à tout jamais sur ce sentiment à présent. Tu n’as aussi jamais vu à quel point tu pouvais faire souffrir les autres, tu ne voyais que ton malheur, et te fichais bien de celui de ton entourage… Ce n’est pas sans raison si tu as fini seul… Tu devais quand même avoir vraiment touché le fond pour ne pas te rater cette fois… Je ne saurai jamais ce qui aura été la goutte de trop… Je ne saurai pas non plus ce qu’aura vraiment été ta vie ces derniers mois, on ne savait jamais où était le vrai du faux… Si simplement au lieu de t’inventer une vie tu avais appris à exprimer tes sentiments… Je m’en veux déjà, de ne pas avoir essayer plus, de ne pas avoir repris contact… La dernière fois que je t’ai vu, je t’ai à peine adressé la parole… La dernière fois que je t’ai eu au téléphone, c’était pour t’entendre à nouveau m’engueuler de ne pas hospitaliser la grand-mère… Tu m’avais aussi dit que tu ne m’appellerais plus jamais… Et pourtant, plusieurs jours après tu essayais à nouveau de m’avoir au téléphone, mais j’ai fait la sourde oreille et ne t’ai plus jamais parlé… Et puis le x/y, tu m’as envoyé un sms depuis le téléphone d’un autre, pour me souhaiter un bon et heureux anniversaire… C’est la dernière trace de toi qu’il me restera à jamais… J’espère sincèrement qu’où que tu sois, tu as enfin trouvé la paix que tu cherchais désespérément sur Terre… Et que tu es enfin heureux. Malgré toute la souffrance que tu as pu me donner, sache que je t’ai toujours aimé… Même si je ne te l’ai jamais dit… Même si je ne te l’ai jamais montré… Même si tu ne l’as jamais compris… Tout ce que j’ai dit ou fait l’était par amour, je n’ai jamais rien voulu d’autre que ton bonheur… Puisses-tu l’avoir trouvé par ce geste désespéré… Je t’aime quand même.