Confessions et banale existence d'une adolescente anorexique-boulimique

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Archive du journal au 09/10/2018.

Sommaire

brève approche

29 juin 2010 à 23h39

17 ans,

appartenant à une jeunesse naive,
ouvrant les yeux sur le monde,
découvrant l'absurdité de l'existence...

Encore et toujours perdue dans l'enfer de l'anorexie puis la boulimie.. dans l'impossibilité de décrocher d'un passé douloureux et d'un présent complexe et instable...
Confession de cette enfant déclarée "enfant précoce" qui cherche sa place et la raison d'une existence, la quête d'un sens, d'un signe.. Le combat contre une maladie paradoxale, et la vie en communauté dans le monde de l'ado où jouent l'image et la performance, et où le moindre détail compte dans les critiques de la masse..
La lassitude de l'acceptation d'une société tombant dans l'extrême du superficiel, de la consommaiton , du ridicule.. dans laquelle le savoir est théorisée mais en aucun cas appronfondi.. la fin de tout déterminisme social repose sur l'utopie...
Ainsi, journal d'une adolescente profondement anti-leibnitzienne, car non messieurs, ne vivez pas dans l'illusion naîve où "de tout mal émane un bien".
Je crois à la relativité en toute circonstance, et en tout temps.. Je cherche à comprendre,.. je ne cherche qu' à comprendre..

Qui, quand, comment...ou même pourquoi...

29 juin 2010 à 23h54

  • Quels mots seraient assez saisissant pour initier un nouveau journal ? Quelles phrases auraient le mérite suffisant pour symboliser une nouvelle ouverture d'esprit, un nouveau livre qui s'ouvre pour faire aux confessions d'une adolescente .. qui bien au delà de retracer son banal quotidien, cherche à retracer son parcours, sa maladie, ses choix et ses réels désirs. Ce journal symboliserait ainsi tout ce que je représente la phase de l'adolescence.

La quête d'un soi , d'une existence dans un monde absurde et hyprocrite, d'une définion du "moi" et du "toi". Témoigner d'une maladie complexe et paradoxale, et tellement mal comprise ( car extrêment difficile à cerner).
Ainsi, le journal d'un parcours.. un parcours poursuivie par celle qui vous pourrez appeler Anna. Un parcours que je souhaiterai abordé par plusieurs phases, pour pouvoir entrer en détails, sur des sujets me tenant particulièrement à coeur.
Pour un logique et initial retour aux sources, zoom sur la question familiale qui reste complexe et tombe même souvent dans le burlesque dans mon cas personnelle.
Par la suite, la question de mon idéal, qui fait certainement de moi l'individu que je semble constituer. Cette dernière se liant directement avec la question de la maladie, qui prends malheureusement un statut majeure dans ma courte existence.Jusqu'à tomber dans le thème du suicide, qui s'inscrit dans ma vie à la date du 22 février 2010...
Viendrait ensuite la question de la marginalité, s'inscrivant à travers la notion "d'enfant précoce" dans mon cas.
Et enfin, pour une touche plus positiviste.. le fil qui me relie à la vie en dépis de tout, l'éternelle et l'immuable, l'amour.

Dernière heure du 2 Juillet 2010

2 juillet 2010 à 23h14

Comment parvenir à définir réellement un trouble du comportement quel qu'il soit ?
Sur quels critères devraient reposer tout jugement émi par quelqun d'externe. Pour le cas des TCA, les explications peuvent être nombreuses et variables. Trop stéréotypées, je dirais plutot qu'il n'existe pas "une"anorexie, mais des anorexies.. et en effet, le souvenir de mon médecin à l'hôpital me revient à l'esprit. Elle me disait qu'elle avait intégré le service d'ado en 1990, et que depuis, elle n'avait jamais rencontré un cas similaire d'anorexie ou boulimie, bien qu elle en est rencontrée des centaines.
Je ne sais pas vous, mais j'ai l impression d être envahie par un flux, une vague croissante d'anorexique... chaque jour j ai l impression d en croiser de plus en plus dans la rue... je dois vous avouer qu'avec mon nouveau poids plus que raisonnable, j'epprouve une jalousie faramineuse à leur égard ! Je prendrai le temps de me présenter en détail plus tard, bien que logiquement j aurais du le faire en premier lieu, mais bon , c est les vacances , un peu de laxisme ne tuera personne !
Peu importe, je m'égard...
Je veux en venir, au fait que cette maladie, on ne peut plus complexe et paradoxale est aujourd'hui encore tellement malinterprêté dans les mileux médicaux et familiaux !
Les parents ne savent jamais comment réagir, et c'est parfaitement compréhensible, mais la plupart du temps, ils finissent tout simplement par empirer le cas de leur enfant.....
Non le système de deal, punission et récompense ne guérira jamais une anorexique ! L'anorexie n'est pas un simple caprice, un désir éperdu de minceur vaine et superficielle , c'est un cri et un art en même temps...
Une nouvelle façon d'exister pour soi, tout en ayant la délicieuse sensation de disparaitre lentement , à l'insu de son entourage. C'est une décision personnelle, que toutes ces personnes qui nous font souffrir ne pourront jamais atteindre. Un chemin vers une idéalisation utopique, où l'individu ne dépend que de soi. Ni la nature ni l'autre ne font de l'individu ce qu'elle est. C'est elle seule, qui traçant son propre chemin définie sa quête utopique, vers l'euphorie et le béatitude qui l'éloigne d'un monde ridicul et superficiel, complètement perdu dans une absurdité dont les "Grands" tire les ficelles.
pour ce soir c'est tout ce que j ai à dire... je me donne encore deux jours de vacances, et lundi j'attaque mes révisions , c'est parti, sciences po dans un an , je t'aurai !

Samedi 03 Juillet

3 juillet 2010 à 20h06

Une journée qui commençait bien... des réfléxes qui semblent revenir et qui recommencent à marcher... " non merci maman j'ai petit déjeuner il y a une heure.." "oh j'ai pas très faim tu sais j ai pris une collation toute à l'heure" ... des phrases banales mais qui me rappellent tellement de moments de bonheur... En effet, bien au delà du simple mensonge c'est le sentiment de controle de la situation, de garder son secret qui est absolument euphorisant...
A chaque instant, mes amis, ma famille, au courant de ma maladie , prennent part à mes décisions, à travers jugements et critiques... j'avais perdu MON secret, ce qui était à moi et que personne ne pourrait toucher, ce qui toutes les misères du monde ne pourraient atteindre... cette chose qui me faisait exister pour moi et pour rien d'autre...
Combien ce sentiment éphémère va-t-il encore durer ? aucune idée... bien sur la journée ne pouvait se maintenir sur cette agréable dynamique.. heure du diner devant une mère qui n'oublie pas.. qui a pris goût à stéréotyper sa fille... jusqu'à la rendre la cause de soucis de quelconques natures...
Un peu de nourriture mexicaine, une bouchée de cet affreux... affreux gateau d'anniversaire au chocolat (écoeurant !) et un grand et merveilleux sourire apparaissait sur ses lèvres...
10 minutes plus tard je l'avais mis devant un film pendant que je faisais ma virée aux WC... douce sensation de bien être... une peur , une angoisse qui s'efface.. Vais je un jour arriver à regarder un aliment sans me dire : pour 100g ,66 kcal, ou dans ce cas ci pour 100g plus de 800 kcal ! non , cette horreur ne pouvait pas rester en moi, plutot mourir !

... et me voilà encore avec ma superficialité ridicule et paradoxale... oui.. au quotidien je la critique cette supercialité.. je la dénonce, j'en plaisante.. et pourtant, elle est le centre de mon egocentricité....
rage.. haine... supplice.. incompréhension...
Bien évidemment, cette supercialité va bien au delà du simple aspect visuel.. elle est le symbole de mes réussites et mes échecs... de mon emprise sur un destin et une vie hors de controle que je semble supporter avec beaucoup de difficultés malgrès moi...

Je ne me prends par pour une victime de ma situation.. plutot pour quelqun d'incapable de gérer une situation complexe... un père idéalisé et absent... une mère à deux faces, qui se montre de plus en plus violente... une soeur capricieuse pour qui je me suis toujours battue sans qu elle s'en aperçoive... un beau père.. une belle mère... bon voilà une situation... et moi au milieu de tout ça , la gamine malade, celle qui apporte les problèmes, celle qui en fait toujours trop.. mais qui n'est pourtant jamais assez bien... moi, celle qui depuis 4 ans, voire plus en réalité, ne cherche qu'à disparaitre...

description du réveil... haine de la réalité

3 juillet 2010 à 20h21

Un rayon de soleil enfin... voilà des heures que j'attend que le soleil se lève.. tout en croyant au fond de moi.. que dans un futur proche, ce soleil ne se lèvera plus pour moi, et qu il me laissera m'éloigner d'une réalité que j'appréhende à chaque instant...

Sortie du lit, je tourne la tête.. mon reflet ce projète sur le miroir... et là c'est l'horreur.. les souvenirs qui reviennent, la douleur qui réapparait... celle qui est devenue une monstre colossal voit en elle le symbole de son échec personnel, de l'influence de cette famille incompréhensible... la fin de tout espoir concernant l'existence réel de sa famille, d'un milieu, d'un groupe auquel elle appartienne vraiment...

autant en famille, qu en amitié.. superficiellement... je vogue de personne en personne le sourire aux lèvres.. dans l'envie de pouvoir leur apporter quelque chose en tant qu être humain... découvrir leur nature profonde, trouver des raisons de croire en l homme à nouveau, se forger sa propre philosophie... mener... une grande étude anthropologique... j'observe, j'imite, j'analyse...
Mais il semblerait qu en fin de compte, la petite antropologue n'appartienne à aucun groupe, n'adhère à aucun système...
depuis qu elle est tombée amoureuse elle a la chance de sentir qu elle parvient à créer un nouveau milieu qui lui soit propre, un moule adapté qui lui rende sa propre nature humaine... mais la peur, et l'incertitude subsistent toujours...


Corps de femme, corps d'enfant, corps de femme...
les adultes sont souvent stupides et ridicules.. inconscient de l'absurdité qu'ils diffusent et vivent au quotidien.... or si ma jeunesse me permet d'être consciente de cette absurdité, ne serait il pas mieux de rester jeune à jamais ?
non je veux pas rentrer dans ces stéréotypes.. dans ces carapaces d'adultes, dans ces portraits tous semblables qui finissent par proner des systèmes sans queue ni tête où le plus fort l'emporte !
Je ne veux pas devenir parents, parce que je ne voudrais jamais ressembler à mes parents !
Les jeunes critiquent les plus anciens, les plus anciens se moquent de la jeunesse.. c est un cercle vicieux...
et certe, il y a aujourd hui une jeunesse inconsciente... mais la population adulte ne semble pas s en porter mieux.. Sans vouloir être ellitiste, il semblerait tout de même qu'une rare partie de la population aient une véritable conscience d'état... cela se traduit par les systèmes absurdes qui tiennent le monde...

à la MDA

15 juillet 2010 à 15h07

Bon, voilà quatre jours que je suis arrivée à la Maison Solenn... je commence à peine à prendre mes repères... il y a plein de monde de tout type... anorexique, boulimique, toxico, obèse...

Le comble du tout c est que je partage ma chambre avec une fille qui est là pour obésité ! Une façon de me faire relativiser ? eh bien c est raté !

J ai énormément de mal à manger quoi que ce soit sans dégout, en sachant qu à aucun moment je ne pourrais le purger.. Aujourd"hui je me suis fait littérallement remonter les bretelles par la diet qui m'accuse d'être sous la barre dangereuse des 200kcal par jour... au risque de finir sous perf ou sonde... Peut m'importe, j en ai marre de souffrir à cause de la nourriture, je ne me forcerai plus hypocritement...

Monsieur D., jeune homme avec qui je partage ma vie et mes secrets depuis un an et demi, me manque teriblement, plus queje n aurais jamais pu l imaginer...

Côté médoc eh bien c est anxiolitiques le matin , anti dépresseurs le midi, et rien le soir pour le moment...

Et mon grand vide toujours là; encore là; sans cesse là .. Que dois je attendre de cette quatrième hospitalisation ? je me repose la question en regrettant... les journées sont lentes, le moral est bas... Monsieur D. est loin.. et j ai eu la stupide idée de lui dire que je ne le contacterai pas pendant toute l hospi....

Enfin, est surgie une douloureuse constatation... je n'eprouve plus le moindre plaisir, la moindre envie réelle, de me lancer pour sciences po.. triste déception.. perdition même.. je ne sais plus quoi faire de ma vie.. je me sens si bonne à rien..
Une idée à creuser me vient pourtant... toujours dans les relations internationales... l'armée et sa rigueur qui iraient bien avec ma personnalité.. après j'en perderai le lyrisme du lien humain... mais bon.. côté job, c est l'assurance et la sécurité... à creuser...

Nous verrons où j arrive, ce n est que le début, un début plus difficile que je n aurais pu l imaginer ... Je tenterai de vous tenir au courant de ce qui se passe.. dès que j'obtiens une permission pour accéder la médiathèque.