Certainement suis-je à nouveau stupide d'écrire mes sentiments sur cette page, mais j'en ai terriblement besoin. J'ai besoin d'exprimer le poids et l'angoisse qui m'étreignent le ventre depuis au moins deux heures. Seule l'écriture m'a toujours un peu soulagée des pensées que j'avais en tête.
Tout va très bien en ce moment. Même trop bien, je dirais. C'est pourquoi j'attends depuis une semaine ou deux que l'équilibre se fasse et qu'enfin le mauvais côté des choses apparaisse. Je crois que ce soir, cela vient d'être fait, d'une manière qui me tord le ventre, que je ne veux pas.
Pendant des années j'ai vécu en essayant de ne pas m'attacher aux autres (tout en m'y attachant malgré moi car je suis humaine) par crainte d'être non pas abandonnée, mais déçue. Que les autres m'apprécient et me demandent à être avec eux, je trouve déjà ça formidable. Genre "ils me supportent, comment font-ils ?"... Puis j'ai évolué en bien, je crois, j'ai changé, j'ai compris que je ne pouvais rien avoir sans rien, alors je me suis lancée dans la vie en y croyant, en pensant en positif, en imaginant la lumière dans le coeur des hommes. En faisant en sorte que ça en vaille la peine. Et cela a marché, car ce sont ces derniers temps de ma vie qui ont été les plus heureux. J'ai retrouvé ou rencontré des gens que j'adore, des amis dont je ne peux plus me passer.
Et pourtant la même hantise me revient certaines nuits, cette peur quand je me rends compte à quel point une amie en particulier me connaît si bien, est capable de m'analyser mieux que moi-même, de deviner mes pensées. Nous sommes sur la même longueur d'onde. Plus que je ne l'ai jamais été avec quiconque. Quand je la regarde, c'est moi que je vois. Moi dans le passé. D'ailleurs, elle m'a clairement dit que j'étais son modèle.
Cela fait deux jours que je lui ai clairement exprimé ma hantise, celle que les gens partent de ma vie sans me dire au revoir. Malgré moi, je crois qu'il y a toujours une part en moi qui se dit "les gens peuvent partir comme ils veulent de ma vie. Je ne suis pas le centre de leur monde, c'est déjà assez bien qu'ils m'acceptent un temps. Tant qu'ils me disent au revoir, je ne les harcèlerai pas pour qu'ils reviennent. Ils ont le droit de choisir de ne plus faire partie de ma vie." Et pourtant je crois être un brin possessive envers certaines personnes que j'aime particulièrement. Evidemment, cet aspect de ma personnalité, cette hantise, elle m'a dit la partager aussi.
Et ma hantise se réalise ce soir. Deux heures que j'ai cette angoisse au ventre, parce que mon amie m'a dit qu'elle s'éloignait pendant quelques temps. Je ne sais pas encore pourquoi, même si je lui ai dit que je serais là si elle avait besoin. Je ne peux plus voir ma vie sans elle. Combien de fois j'ai imaginé son départ, à cause de ma hantise persistante, et combien l'image du vide, de l'absence, de la solitude, m'est venue. Je ne le supporterai pas, je crois. Je n'en supporte pas l'idée et l'imaginer me met terriblement mal, me donne envie de pleurer, me fiche un coup de cafard horrible. D'y penser me met les larmes aux yeux et me fait encore plus mal. Et si je passe outre au bout d'un moment, je ne me vois plus...je ne me vois pas avancer autrement qu'en étant une ombre, ou en tout cas moins souriante, moins enjouée, moins rêveuse, moins positive. Comme si on m'arrachait une part de moi-même. J'ai peur que ce soit quelque chose dont je ne pourrai jamais guérir.
L'image du vide que ce serait sans elle me terrifie. Je n'en veux pas. Et j'imagine ça alors que peut-être simplement elle a besoin de se retrouver un peu, toute seule, d'être éloignée en général de tout le monde.
L'idée de ne plus lui parler, de ne plus la voir, me fait terriblement peur et mal. Depuis deux heures je suis incapable de me concentrer sur mon travail, je m'inquiète pour elle. Et ma peur revient. Pourvu que son absence ne dure pas. Combien elle me manque déjà quand on ne se parle pas pendant trois ou quatre jours. Je ne sais pas quoi faire pour cesser de penser à cela, de resourire un peu, j'ai du travail pour demain et je suis incapable de le faire, et demain j'ai aussi des choses à présenter devant des gens. Infoutue de me concentrer.
Comme si une boule d'angoisse m'étreignait et refusait de me lâcher. Je me sens terriblement mal. Et pourtant je me répète qu'elle a le droit de s'éloigner, que ce n'est pas forcément pour une raison grave, et pourtant j'en ai peur. Si elle a besoin de moi, je suis là, elle le sait. Un message de sa part me soulagerait, quel qu'il soit. Mais je dois me contenter d'attendre.
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