Je suis amoureuse, lui aussi. Mais je complique tout, une phrase, un mot, un geste peut me vexer à tout moment et j'envoie tout valser. Je me renferme et je deviens idiote. Il est tellement compréhensif que j'en ai mal au coeur. Il me rend bien, heureuse. Il est magique et me rend unique. Il a un regard profond, et un sourire à tomber. Vraiment. Son rire, il me donne des frissons tant ça me fait du bien de le savoir heureux. A mes côtés. Ensembles depuis peu, et pourtant...
Malheureusement, je crois que mon comportement est dû au décès de ma tendre mère en 2004. Son absence me pèse tant et encore aujourd'hui j'ai du mal à avancer. Je n'en parle jamais. Ou très peu. Je n'y arrive pas. Pourtant, j'ai tellement de choses à dire à son sujet, comme "Elle était vraiment belle lorsqu'elle souriait, lorsqu'elle devait travailler, elle n'aimait pas toujours ça mais s'efforçait d'y aller. Elle avait un fort caractère, (paraîtrait-il que nous ayons le même, selon les dires de Papa), elle était entière et droite. Il ne fallait surtout pas la prendre pour une idiote, parce que les gens s'en souvenaient. Elle est inoubliable." Et pourtant, lorsque j'y pense, cela me semble facile d'en parler. En réalité, sachez que non. Certaines personnes me diraient d'avancer et de faire avec, d'autres se diraient compréhensifs. Ce que je pense, moi, c'est n'est pas que je n'ai pas envie d'avancer mais c'est que j'ai peur de l'oublier. Ce qui me fait mal, ce qui me fait peur de l'oublier c'est que j'ai oublié son écriture, sa voix, les traits de son visage me semblent flous et... J'ai mal. J'ai honte. Il me reste juste une photo d'elle et moi dans mon portefeuille. Et tout l'amour qu'elle me portait. Je suis certaine qu'elle m'a déjà dit "Je t'aime" mais... j'ai beau essayé de m'en souvenir, le son de sa voix ne me revient pas. Et ça, ça fait mal.
Mon père, cet homme... Il est tendre, attentionné mais loin d'être expressif. Il a du caractère, un caractère que j'admire. Il ne se laisse pas marcher dessus, loin de là. Il respecte ceux qui l'entourent à condition de ne pas être pris pour un idiot. Il est juste, droit et fait ce qui lui semble bon. J'avoue que parfois ses décisions me semblent dures mais c'est son rôle de père. Surtout en étant seul. Je suis très difficile à supporter et je l'admire pour son courage et sa tenacité. Vraiment. Il fait partie de moi. A jamais.
J'ignore si un jour je lui ferais part de ce journal, j'ose l'espérer. Mais pas tout de suite. J'aimerai qu'il comprenne que malgré mon comportement de gamine gâtée. (Pas que je le sois, non, mais il a toujours fait en sorte que je ne manque de rien. Je crois que c'est un des rares pères qui fait autant attention à ses enfants.) Je crois que c'est sa façon à lui, de me dire "Je t'aime". Ses attentions me font du bien. Je ne lui dis pas, mais je le pense. Très très fort.
Elle lui manque, terriblement. Lorsque dans ma tête l'image de mon père ayant les larmes aux yeux me revient, mon coeur se brise. Il se brise parce que mon père remplit mon coeur, à 100%. Parce que finalement, son bonheur passe avant le mien. Et que malgré le fait qu'il m'arrive de lui en vouloir pour telle ou telle chose, je ferais tout pour lui. J'aimerais juste entendre de sa voix qu'il a besoin de moi. Mais j'imagine combien ce doit être dur pour lui, si ça l'est pour moi.
Je n'arrive pas à exprimer oralement ce que j'exprime ici, aujourd'hui. J'ai une carapace beaucoup trop forte et je suis tellement sensible que mes larmes auraient déjà envahies mes joues à partir de la deuxième phrase. Et les mots laisseraient place à des sanglots pour exprimer mes maux.
Des sanglots incompréhensifs.