C'est une réalité, le temps défile, c'en est une autre: nous sommes mortels. Réduits en années que nous avons nous-même inventées, calculées, nous défilons.
Triste cirque. Nous nous animons, c'est la parade, sombre et colorée.
Nous ne faisons que passer. Avancer, avancer, toujours et encore, malgré les bâtons dans les roues, les contraintes et ses rouages bien ficelés, nous poursuivons. Courir après le rêve, marcher et crever, un petit pavé à la gueule, un petit coin de paradis.
Nous nous efforçons, tant bien que mal peuvent se faire, à essayer de construire, toujours construire, des routes pour avancer, des maisons pour stagner, un avenir pour tout le reste; nous nous faisons.
Chemin faisant, nous rencontrons, nous échangeons à des fins scrupuleuses ou pas, autrui est-il un moyen, une fin en soi, un but ou pont vers l'ailleurs?
Suis-je le fruit d'un hasard contre lequel je me cogne, ou bien vais-je réellement quelque part?
Suis-je ou bien me fais-je, qu'entendait Sartre lorsqu'il déclarait:"l'homme sera tel qu'il se sera fait" ? Existentialisme/
Suis-je de mauvaise foi, est-ce que je me laisse bercer, inerte et passive dans ma propre vie? Ne fais-je donc rien de moi? Qu'ai-je donc à me donner... ? Serait-il égoïste de tout garder pour soi, de faire pour soi?
Se lorgner, s'engueuler, chien de faïence, j'avance et je recule, comment veux-tu que je t'embrasse? Le temps qui passe, le temps m'embrase, me brûle les yeux et j'ai 19 ans. Quelle idée d'avoir cru, enfant, qu'à cet âge-là je saurai qui je suis, que je saurai ce que je fais?
Je n'ai pas peur, je n'ai pas le temps d'angoisser, je n'ai pas le temps de vivre pourtant je vis, je n'ai pas le temps d'écrire pourtant j'écris.
Je cours, je cours, et cette chanson-là qui me revient au moment où je tape sur mon clavier "et je cours, je me raccroche à la vie, je me soule avec le bruit.." bla bla bla, c'est moi qui me soule toute seule.
Je choisis de m'emmerder avec des gens, des histoires, des ci et ça, et avec des "si" je coupe du bois et je le mets dans la cheminée censée réchauffer tout ce qu'autrui a gelé en moi.
Me voilà, me voici, je suis une.
Au fond, c'est vrai... Pourquoi est-ce qu'on se fait chier avec les autres, à leur chercher les poux, à les gratter pour faire des gerçures, des croûtes et des cicatrices? Qu'est-ce que l'expérience du mal peut vraiment nous apporter? La haine, c'est la haine, mais l'amour... ? Voilà, on cherche la finalité de l'amour, mais l'amour ce n'est pas le bonheur à moins que tu n'aies jamais fait de philo et que ton seul objectif dans la vie soit d'être aimé(e). Salopard! Autrui est donc ton moyen. Mais comment arriver à faire d'autrui une fin? On s'est servis involontairement de nos parents pour se construire, on s'est servis de nos profs pour s'instruire, on se sert d'une cuillère en bois pour faire à manger. On se sert, on se sert, on sert... mais jamais les coudes, jamais on ne rend ce qu'on emprunte, en tout cas pas consciemment ou alors si on le fait, qu'on le remarque, on le fait remarquer "hé tu as vu...?"
Non je ne vois rien je te dis, le temps me brûle les yeux, mes doigts brûlent les touches de mon ordinateur.
Haïr l'humain, à quoi bon? A quoi peut bien servir un sentiment de haine, de force brutale. La haine c'est ton instinct animal qui te dit de faire mal sans l'actionner dans la réalité, de l'enfouir en toi et de le nourrir comme un cancer du poumon avec une cigarette.
Il ne faut rien, faut rester neutre, prendre du recule. Merde, à quoi nous servent donc nos consciences? Quand nous aviseront-elles du plan foireux, de ce connard avec ses deux yeux amoureux, de cette marche que j'ai raté?
Le sentiment, putain, quel sentiment? Sentiment, mais quel mot fort, je me sens toute chose, je me sens toute faible rien que de l'écrire. Je me sens un peu Schopenhauer.
Le sentiment c'est mal, mais moi parfois j'aime bien alors au diable le pessimisme. Le problème du sentiment c'est qu'il fait croire, il fait croire que ça marche, que ça peut marcher, que ça marche déjà peut-être alors que tu marche dans la vie comme je l'ai dit avant. Et croire, croire c'est quoi? J'en appelle à Emmanuel Kant, muhaha, et dire que le bac de philo est passé... "la simple croyance est subjective ". Il ne faut pas croire, il faut savoir. Mais comment savoir ce qu'est le sentiment là qui te titille et te réveille la nuit?
Comment on fait, bordel, comment ?