ouapouap où la vie telle qu'elle est vécue

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Archive du journal au 09/10/2018.

Sommaire

LA MISERE DU RICHE

16 septembre 2008 à 9h43

Sur le boulevard de Courcelles, par un bel après-midi ensoleillé, se promène une vieille dame digne à l’allure fière et imposante. A la vue de cette dame, mon regard ne peut que succomber au charme d’une nature aussi imposante, voir impériale ! Il émane comme une auréole, un fond d’histoire au passé glorieux ou l’ordre et le désordre faisaient encore beau ménage. Fière, car son visage ne se détourne pas des autres, le regard vif et l’œil perçant, tel un corbeau régnant, du haut de son perchoir montagneux, un espace imaginaire. Elle domine le trottoir comme étant sa propriété. Impassible, je ne l’a quitte pas des yeux afin, de m’en souvenir comme d’un trophée jalousement acquis à un concours de beauté. Malgré son grand âge, son dos ne se courbe point, même si aidée d’une cane d’un bois précieux qui prend appuie sur une pointe de métal, et gare à celui ou à celle qui oserait voler son sac Hermès !

De l’autre côté du boulevard, le parc Monceau rayonne, de sa verdoyante nature, et vit aux cries des enfants sagement habillés et bien élevés, tandis que les pigeons squattent impertubablement, les arbres plus que centenaires. C’est tout un monde à part et protégé qui baigne dans une atmosphère de tranquillité, comme nul part ailleurs, dans cette capitale aux quartiers si différents. Les statuettes hétéroclites contrastent avec la bonne moralité des promeneurs embourgeoisés du parc, mais les pelouses offertes gracieusement aux parisiens, en mal de vivre, sont une aubaine pour se réconcilier avec la nature. Quant à moi, j’habite dans une modeste chambre de bonne, à l’écart des grands appartements Haussmannien, loin de ce monde, dans une sorte de tour d’ivoire, où j’aime à passer mes moments de petit vert solitaire, sans être pour autant, plongé dans une solitude pesante. Cette vieille dame semble s’oublier, et terminer ses jours dans une sorte de misère métaphysique que je ne saurais imaginer. Autour de son joli cou, scintille de tout son éclat, un collier fait de diamants et de perles, dont la valeur inestimable ferait le bonheur des voyous et des gens sans scrupules. Ce joyau pensais-je, m’interloque comme la soudaine et agressive piqûre d’une abeille égarée, éveillant en ma modeste personne, un lointain passé qui n’a plus de raison d’être. Etait-ce en 1900 ? Avant la première guerre mondiale ou après ? Un mariage fait d’or et de raison ? Un héritage ? A t-elle fait fortune dans les bas fonds d’un bordel ? Ou bien, était-ce au temps de la splendeur du colonialisme, en Indochine ou en Afrique noire ? Tout ceci m’était bien égale... Elle a certainement dû vivre dans une aisance et confort matériel inimaginable, que seul, mon arrière-grand-père, serait capable de m’en relater les origines… Et je devine que, son appartement devenu trop imposant pour son petit corps, ne ressemble désormais, à un musée des souvenirs, une nostalgie qu’elle ne peut malheureusement pas partager, parce que veuve depuis si longtemps, elle s’épuise aux tic-tac de sa montre Cartier. Seule dans sa misère de riche, abandonnée et reléguée dans les pages d’histoires, la vieille dame ne dit mot à personne, et sans que je sache le pourquoi, s’arrête brusquement comme paralysée et plongée dans des souvenirs jalousement gardés. Elle se met à contempler le ciel et sans doute, implorer le bon Dieu, de mettre fin à cette plaisanterie, d’une vie certes bien méritée, mais qui à certainement assez durée. Oui ! Je n’ai plus personne à qui me confier et, Mon Dieu ! Que le monde a changé ! . A ce moment précis, le ciel se mit à gronder comme pour répondre aux incantations de la dame, et un violent orage s’abattit sur la ville. Est-ce une misère de riche ou tout simplement, la misère du temps, à laquelle nous sommes tous confrontés ?

UNE VOISINE BIEN ENCOMBRANTE !

17 septembre 2008 à 19h42

Ce matin, elle frappe à ma porte et me demande de descendre ses poubelles…

Ne manquant pas de culot, la garce me pétrifie de honte, tandis qu’une angoisse me saisit à la gorge, l’idée d’une défénestration enflamme mon esprit, le meurtre comme ultime réaction me condamne au mutisme le plus lâche des lâches.

C’est ma voisine de palier ! Agée d’une dizaine d’années de plus que moi, elle sait se servir de ma personne comme d’un boy au service d’un patron sans scrupule ! Cependant, une complicité toute relative nous unis pour le meilleur et pour le pire. Une complicité, semblable à celle qui lie l’otage à son bourreau. Combien d’hommes et de femmes aiment à jouer à ces petites guerres qui vous font plier sous la torture dite psychologique… Un grand mot pour des actes aussi malsaines que des toilettes mal entretenues ! La comparaison est sans appel ! Vous jugerez selon votre humeur les lignes qui suivront. Dieu merci ! Ce ne sont que des mots, des phrases… Elle est dans la soixantaine, les cheveux roux, coupés à la garçonnière. Un âge qui fait encore sursauter comme des cabris en mal de vivre, des hommes en quête d’une proie féminine certes, mais, à la limite du tolérable, de l’acceptable. Et bien mal qui soit, notre homme y laisserait des plumes, avant même d’avoir franchit le seuil de sa porte, blindée par des circonstances obscures. Car, la belle, est aussi insaisissable qu’une étoile située à des milliards d’années lumière, voir si déconcertante à bien des égards, s’exprimant dans un comportement aussi cynique que vulgaire. Bien qu’elle soit aussi malpropre qu’un Dieu impur, elle sait me fasciner pour tromper mon attention, mais, me laisse de marbre à cause de sa vilaine désinvolture, tant elle me paraît inaccessible, voir repoussante à l’excès. Des poubelles à descendre ? Depuis que sa fille a quitté le domicile familial, fuyant l’ouragan et impétueuse mère indigne, elle me prend pour son fils ou plutôt et c’est là que la chose se complique, pour un amant infidèle et lâche comme elle aime à l’épeler en pensant aux hommes. Ah les hommes d’aujourd’hui ! Non seulement, ils ne savent même pas se servir de leur petit robinet, mais en plus, ils ne savent même pas ce qu’est un clitoris ! La cerise sur le gâteau est qu’il ressente un orgasme comme une déclaration de guerre ! Perdue dans les tranchés et les secousses d’un volcan en pleine ébullition ! Ne faudrait-il pas tous les pendre par les c… tant, ils se sont abaissés et devenus des verres de terre, passant plus de temps à fuir les responsabilités et à se vautrer dans des vantardises de mâles en déroute. Hum ! Les hommes, oui, ce sont des imbéciles heureux, crétins de surcroît, voir incapable du meilleur et souvent capable du pire ! Ce que j’entends chaque jour de sa bouche, me fait penser quelque fois à un sacrilège. Elle me donne l’impression qu’elle a été déçue des hommes depuis sa tendre enfance. D’ailleurs, même son père et son grand-père ne sont que des idiots ! Née après la seconde guerre mondiale, d’une famille du bon terroir sudiste de notre belle France, ayant une bonne position sociale et culturelle. Elle partit longtemps à l’étranger pour y découvrir d’autres odeurs, saveurs et futurs victimes masculines. Revenue dans sa patrie, et en choisissant Paris comme point d’attache, elle passa une partie de sa vie à vivre hors du temps comme si vivre à l’ordinaire, c’est-à-dire comme tout le monde, n’était qu’une perte de temps, ainsi soit-il ! Son appartement d’une centaine de m2, baigne dans un vaste mélange de scènes chaotiques où se superposent des périodes d’abnégations ou d’ouvertures au monde qui grouille au-delà de ses fenêtres. C’est que la différence entre le monde réel et son monde fantasmagorique à de quoi affoler plus d’une pendule centenaire ! Bigre ! J’en claque des dents comme une danse de claquette endiablée, sur le parvis de Notre Dame, le diable a de beaux jours devant soit ! Sauvage comme une lionne égarée dans une vaste savane, le destin de cette singulière voisine, hors du temps et bien encombrante, mais séduisante me perturbe sans relâche. Elle est chiante comme un poux et aime à se coller à ma peau comme une sangsue, dès que j’entrouvre la mienne. Aux aguets, comme une antenne ultra perfectionnée, ses oreilles en tension ne connaissent pas le repos et telle une chatte excitée par une souris malicieuse et rieuse à gogo, elle pourrait ne faire qu’une bouchée de mon embonpoint.

Le petit homme que je suis, a peu de chance de se tirer de cette mauvaise affaire à bon compte. Cependant, comme on dit, il ne faut pas se fier aux apparences. La belle est humaine et a ses faiblesses comme tout être humain, sincère et respectueuse de sa personne ne peut éviter les aléas de la vie. Je descends ses poubelles car, en contrepartie, j’ai droit à des gâteries de toutes sortes, excepté le sexe que je refuse à tout prix, au risque d’y perdre non seulement mon latin, mais de me faire manger tout cru ou ébouillanté dans une de ses recettes favorites, la soupe aux champignons ! Cette femme est une créature du diable, un sacrilège et même si je m’amuse à tâter sa poitrine et à faire semblant de simuler un acte sexuel sur l’estrade des saltimbanques, je ne serai jamais sa victime, sa proie, son jouet, mais son indigestion, son malheur, sa punition, son virus !

IL EST MINUIT PASSE...

19 septembre 2008 à 11h22

Il est minuit passé et je ne sais pas si je dois me coucher de suite comme après avoir reçu un coup de marteau sur mon petit crâne où bien, sortir et regarder les gens se promener dans la moiteur de l’été.
Pour trouver mon sommeil, il faudrait que je fracasse ma tête contre un mur et dormir jusqu’au petit matin comme si de rien n’était ! Mais non ! Il n’y a rien qui puisse sortir de l’ordinaire et me donner l’envie d’oublier cette banale journée qui est en train de s’achever dans la plus grande des solitudes. Ainsi va la vie me dis-je et c’est de cette manière, qu’elle se construit au fil des jours ! Rien n’a ciré pour la circonstance dénuée de sens ! Je m’emmerde ! Cette vie manque de piment et de pigments multicolores. Ce visage reflète une certaine monotonie, une énorme frustration, un besoin de combler un certain vide. Cependant, les minutes m’avance inéluctablement vers un futur incertain. Elles me chatouillent dans tout le corps, dans le but de provoquer un sursaut ! Un émoi intense, prêt à me faire bondir de ma cage et d’y sortir victorieusement, en prenant mon élan vers une certaine idée de la liberté. En fait, la journée se termine dans un grand vide pour un lascar de cette caste. En bas de l’échelle comme une France d’en bas. Afin d’y faire contrepoids, je fais le poirier et de comprendre ainsi dans quel monde je suis !
Ridicule à tous les étages ! Il n’est point de salut pour celui qui retourne sa veste et ainsi de suite, la retourne à de nouveau, sans savoir le pourquoi il agit ainsi. Apprendre à faire la part des choses les plus insignifiantes, relève d’une certaine gageure et un état d’esprit à l’âme d’un guerrier ou d’un sage millénaire. Je vais m’endormir dans une chute vertigineuse et oublier d’être dans la négation.
Eh stop petit soldat ! Ne crois pas que tu puisses mettre fin à tes jours sans une dignité ! Et d’ailleurs, il est trop tôt pour se faire hara-kiri. Oui, j’aime trop la vie pour me l’enlever avant l’heure ! Trop heureux de vivre tout simplement ! Autour de moi, il y a tant de pauvreté, tant d’ignorance, tant d’incertitude dans un monde qui baigne dans un lac artificiel, dans du miel acidulé par une pollution si arrogante, voir moqueuse. Il est minuit passé et j’en ai plein la soupe de cette médiocre journée qui me colle à la peau comme cette air huileuse que le vent aime à valser dans le grand Paris. Cette air qui brûle nos narines à en perdre le souffle. Entends tu cette respiration qui a tant de mal à prendre son envol ? Elle souffre terriblement à l’écoute du sifflement de détresse qu’elle provoque à plein poumon. Tu n’aurais pas une petite pièce mon ami ? Toi l’étranger toujours pressé, qui aime à s’oublier dans les sentiers préfabriqués d’une Babylone en faillite , perdu dans les bousculades, les embouteillages, tu t’éteints comme la flamme d’une bougie depuis longtemps oubliée des anciens. Cette vie qui se moque de toi, te dit grossièrement merde à tout jamais, parce que tu es tout simplement un bon à rien, un vagabond d’un esprit en décrépitude. Il est minuit et je vais fermer l’œil pour oublier que j’ai vécu une fois sur terre. Bonne nuit braves gens !

UNE VALISE VIDE

22 septembre 2008 à 9h45

Une valise vide

L’avion venait tout juste d’atterrir sur le tarmac, que j’étais déjà sur le point à rêver, de m’évader aussitôt vers un lointain inconnu.
Que de pays parcourus en une année ! J’ai sillonné notre bonne vieille terre du nord au sud et d’est en ouest avec une appétissante rage de découverte et d’échange fraternelle. Pourtant, il n’est pas si facile d’oublier nos habitudes, nos envies, notre mentalité de petit monsieur arrogant, sachant tout, trop sûr de sa personne, javellisé à outrance, le costume impeccablement porté, la démarche calculée et tracée dans un sentier correctement balisé pour ne pas s’y perdre et d’arriver à son travail à heure fixée par un patron prêt à chronométrer les secondes des cadences routinières des tâches besogneux que vous allez accomplir avec succès ! J’en suis certain ! Eh bien non ! Stop ! Arrêtez cette foutue pendule ! Partir au loin, quitter son pays protecteur, s’enfoncer vers l’inconnue, oublier sa montre, son téléphone portable, ses crèmes solaires, son carnet d’adresses… Voilà qui est déjà une bonne initiative à la redécouverte d’un patrimoine, essentiellement composé des petites choses de la vie que nous avons du mal à percevoir, à comprendre chez l’indigène ! L’autre, cet inconnu, celui qui n’est pas comme nous et que nous découvrons dans son accoutrement le plus humainement authentique, sans artifice, il est là et nous reçoit avec dignité, simplicité et d’une gentillesse à faire pâlir de honte, nos habitudes de petites natures européennes si recroquevillés sur elles-mêmes, telles de peureux escargots, n’osons pas sortir cette petite tête craintive, de sa coquille bunkerisée, parce qu’une goutte d’eau de pluie acidulée, froisse notre petit corps si fragile. Oh là là ! Oui, d’oublier qui nous sommes et d’essayer d’aller au-delà de nos habitudes avant d’aller s’enfermer dans cet avion qui s’aura déjà nous mettre dans une transe comme, ce petit garçon surexcité, émerveillé de voir un dessin animé, défilé tant de scènes bourrées de loufoquerie durant un interminable temps d’oxygène pure d’environ 8 heures, 13 heures, 20 heures… Assis, pourtant là, dans un siège étroit, nous ne nous en plaignons guère, au passage d’une charmante hôtesse de l’air ou d’un steward talentueux aux biscotos erculien, s’adressant à vous, dans une voix à la James Bond, mon est personne, que désirez-vous ? Tout étonné et l’air idiot, vous succombez aux charmes fou de ces actrices ou acteurs d’un autre temps. Dans le ciel, il peut se passer tant de choses agréables n’est ce pas ? En bas, sur terre, que d’ignobles facettes d’une existence si fragile, si terne, si puérile et par moment si troublant que, nous ne nous en donnions même pas la peine, de nous y attarder, ne serait-ce qu’un bref instant, histoire de savoir que nous avons là aussi, une vie, un but, une affaire à régler avec nous-même. Vous vous en fichiez pas mal et vous avez raison ! Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ? Je dirai tout simplement, quelque soit l’âge, les voyages éveillent en nous le petit être que nous étions de toujours mais, que nous avons vite oubliés par les aléas d’une vie devenue trop artificielle et si magnifiquement consommatrice, l’essentielle d’une vie, tel le repos d’un guerrier, écouter battre son cœur, respirer les parfums d’un délicieux et paradisiaque jardin, entendre le souffle d’un vent siffleur, regarder les branches des arbres se balancer au rythme d’une berceuse à la Claude Debussy, s’arrêter un instant et ne plus penser à rien, s’oublier tout simplement. Voilà déjà des vacances bien méritées ! Satisfait ! Non ? Vous avez sans doute raison. Un bruit de pneu surgit de nulle part et nous entendons les puissants freins de l’avion se mettre à gronder de stupeur. Nous y sommes ! De retour chez nous, la foule en délire, applaudit pour mettre un point final à ce film dont nous garderons un excellent souvenir. Bonjour ! Le commandant vous souhaite la bienvenue au bercail ! Il va falloir reprendre ces maudites habitudes d’une vie bien réglée et profitable à son petit ego en mal de vivre. Je pense à ma valise, pleine à craquer d’objets insolites, charger d’histoires, aux senteurs exotiques qui combleront mes joies et frustrations. Des choses insignifiantes, ayant peu de valeurs marchandes, mais qui remplissent mon cœur d’émotions. L’attente à l’arrivée des bagages est décidément insupportable. Des haut-parleurs crachent leurs bla-bla… Le personnel est en grève. Retour à la réalité ! Prenons nos deux mains et fermons nos paupières un instant. Que voyons nous ? Un décor enchanteur, de vagues souvenirs de cries d’enfants joyeux, de parfums cannelles, de poussière de sable blanc, de musique aux rythmes endiablés et soudain, un bagagiste endimanché d’une veste à carreaux me glisse à l’oreille : Mr, voici votre valise ! Mais… Elle paraît si légère. Je l’ouvre et que croyez vous qu’il m’arriva ? Elle était tout simplement vide ! Merde !