Une femme idéale

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 09/10/2018.

Sommaire

Ainsi soient-ils

19 octobre 2012 à 12h03

A tous ceux qui n’ont rien dit, rien vu, rien entendu… ou qui n’ont rien voulu voir ou savoir, qui sait ? …. Parce que c’est invisible, impensable, indicible ? Peut être oui mais pas que.

Cette expérience m’a aidée à faire le tri : « Au bout du compte, j’ai fait le compte, de ceux qui comptent pour moi ».

L’égoïsme en bandoulière et la bonne conscience sous le bras, surtout ne pas voir les gouffres tout proches. Se répétant comme un mantra, pour éloigner le mauvais sort : ça n’arrive qu’aux autres, ça n’arrive qu’aux autres, ça n’arrive qu’aux autres …

Non cela n’arrive pas qu’aux autres. Lis ceci, c’est un manuel de survie. Car maintenant, moi, je sais. Le plus dur n’est pas la chute. La chute, si elle est interminable, au moins elle est indolore. C’est l’atterrissage qui te brise les reins.

Conjuguer le verbe vivre au présent

19 octobre 2012 à 12h04

Je suis épuisée : je travaille beaucoup, j’ai des responsabilités, je rentre tard et je dois gérer totalement seule les contingences matérielles de notre vie commune. Je fais le ménage, les courses, j’organise et je paye les vacances, je dors mal, j’appelle le plombier, je m’occupe du chat, j’organise le déménagement, je repeins, je range son bordel, j’entretiens la voiture, je fais une migraine par semaine, je déclare mes impôts et les siens, je n’ai pas le temps d’aller à la piscine, j’achète des meubles que je monte seule, je m’adapte à ses lubies, je m’occupe de sa fille, j’économise de l’argent, je lave et range le linge, j’ai un lumbago par mois, je cuisine, je mets et je débarrasse la table, je reçois les amis qu’il invite sans me demander mon avis, j’ai 9 de tension… Je meurs …

Il est en pleine forme, teint de rose, œil clair et zénitude à toute épreuve : il se promène pendant ses journées de travail, va voir des matches de foot, ne m’emmène pas chez le médecin quand j’ai un lumbago, met les pieds sous la table, vole dans les boutiques à l’occasion, met du bordel, drague et baise, oublie d’aller chercher sa fille, tarde à payer sa pension alimentaire, ne se fait pas rembourser ses notes de frais, n’est jamais malade, me considère comme un meuble, ne jure que par ses potes, m’ignore lorsque je crève un pneu sur l’autoroute, snobe mes amis, jouit du chômage, perd ses tickets de péage, est en retard pour payer le loyer, surfe sur des sites porno, fait monter sa plomberie par son frère, ne salit jamais ses belles mains blanches, dépense sans compter, formate mon disque dur, soulève ses pieds pour que je puisse aspirer en dessous … Il vit …

Des soucis avec Narcisse

20 octobre 2012 à 23h03

La légende familiale veut qu’au dessus de son lit de jeune homme, un poster soit punaisé : une photo de lui. Sa majesté Modeste 1er peut donc s’admirer chaque matin lorsqu’elle s’éveille.

L'escroc était en rouge

20 octobre 2012 à 23h04

J’ai perdu une dizaine de kilos, je ne mange plus et je fume deux paquets de cigarettes par jour. J’ai appris que ma mère souffrait d’une récidive de son cancer et l’homme avec qui j’ai acheté une maison il y a un an vient de m’annoncer qu’il me quittait pour vivre avec sa maîtresse rencontrée 5 mois plus tôt. Je n’ai pas fermé l’œil depuis 36 heures et suis dans un état de délabrement psychique avancé. Il sifflote, sautille (doux jésus, il est ridicule !!) et chante : il est heureux parce que bientôt, comme un coucou, il ira parasiter un autre nid, parader devant une autre femelle. Une seule ombre au tableau pour lui tout de même. Il s’arrête brusquement, me regarde et constate d’un air très amer « Toi tu t’entends bien avec ta famille… ». Il semble totalement écœuré d’un tel scandale. Et oui, mon beau salopard, ne t’en déplaise, je suis debout, vivante malgré tous tes efforts, ma famille près de moi. Et je t’emmerde.

Un vide vertigineux

20 octobre 2012 à 23h04

Il accumule les tocades. A chaque jour sa lubie, sa fuite en avant : la plongée, la photo, la moto, le vin, les massages, Madagascar, l’argent, les travaux, le naturisme, la médecine chinoise, la Grande Loge de France, les montres, la musique téléchargée, les bibelots, l’échec scolaire de sa fille, les cuisses de grenouille, le sabayon … J’apprends à ne plus entendre, à ne plus le soutenir à chaque nouveau caprice. Je fais le dos rond, je me fais à l’idée que ça coûte de l’argent et que c’est un gaspillage évident. En fait j’apprends à m’en foutre. Ses fulgurances retombent bien vite et son vide intérieur est toujours aussi vertigineux. La seule constante dans sa vie, le seul truc qui tienne, la seule chose qu’il n’ait jamais reniée : le sexe.

Happy Birthday

21 octobre 2012 à 21h29

Pour mon 35ème anniversaire, il me propose d’aller voir la retransmission d’un match de foot de la Coupe du Monde en plein air. Je refuse : je vais très mal, mon couple est moribond, je ne dors plus, je suis consumée, je me fous totalement de ce match, je n’aime pas ce sport et la Coupe du Monde me gonfle sérieusement. Il s’en moque éperdument et part. Je vivrai cette soirée d’anniversaire seule avec mes chats. Il passera la soirée dehors jusqu’au petit matin. Au passage, il me prendra le caméscope qu’il vient de m’offrir comme cadeau (sic) pour filmer la joie des supporters. Cette nuit là, j’ai voulu dormir dehors à la belle étoile. Cette maison devenait un sarcophage dans lequel je mourrai à petit feu.

Poupoupidou ... !

21 octobre 2012 à 21h30

Au début de notre rencontre, il est amoureux, euh, non pardon, je reprends ; il est en phase de conquête donc il mime l’attitude du type amoureux. Il croit que je suis une femme matérialiste et il me couvre de cadeaux pour un oui pour un non. Des cadeaux féminins, bien choisis et parfois de prix : bijoux, foulard, vêtements, CD, lingerie, maquillage … Las ! Cela ne me fait pas nécessairement plaisir parce qu’il y en a trop souvent, je suis comblée jusqu’à l’écœurement, or, j’ai envie d’avoir envie. De plus, la valeur que j’attache aux choses n’est pas forcément liée au prix qu’elles coûtent en espèces sonnantes et trébuchantes. Bref, la proie renâcle …Il s’inquiète de me voir ainsi blasée, il va se creuser la tête et donner le meilleur de lui-même. Il va rectifier le tir lorsqu’il comprendra que j‘attends autre chose. Il m’offrira alors sa présence, des attentions, des petits mots, des surprises, des virées en amoureux… Bingo, la morue est ferrée ! Cette fois je mors à l’hameçon et le pêcheur est content.

Un mois avant de me quitter, il m’offrira d’ailleurs une bague. N’allez pas imaginer je ne sais quoi, pour lui, passer la bague au doigt d’une femme n’a aucune signification !

Jubilé

21 octobre 2012 à 21h31

Soucieuse de lui faire plaisir, j’organise en cachette une grande fête pour célébrer ses 40 ans avec tous nos amis. Je fais les choses en grand, je loue un gîte à la campagne pour le week end, j’invite une trentaine de personnes, chacun imagine un petit spectacle et participe à la préparation de la fête. Quelqu’un lui a vendu la mèche et il n’éprouvera aucune surprise en découvrant le pot-aux-roses. Il a même préparé un petit discours pas piqué des vers … il nous raconte une fable : un voyageur croisant un sage à l’entrée d’un village lui demande de manière impolie comment sont les villageois. « Très désagréables » répond le vieil homme. Le voyageur continue sa route et rencontre un autre ermite à l’orée d’un hameau. « Comment sont les gens ici ? » lui demande t-il aimablement. Le sage lui assure que les habitants sont très sympathiques. La morale de la fable, nous dit G. c’est « qu’on a les amis que l’on mérite ». Je suis un peu estomaquée, sur l’instant, je ne comprends pas très bien. Avec le recul, j’analyse mieux : G. considère comme normal d’avoir des amis formidables puisque c’est totalement mérité… : il est tellement exceptionnel ! Il me dira à peine merci d’ailleurs, à la suite de cette fête. Vous avez raison Majesté, fêter votre jubilé est tellement naturel !

Pour le meilleur et pour le meilleur

21 octobre 2012 à 21h35

Avant notre rencontre, il a été marié durant 17 ans mais n’a jamais porté son alliance. Il ne voit pas l’intérêt.

Aphrodisiaque

21 octobre 2012 à 21h35

Nous sommes ensemble depuis 4 mois, nous vivons notre amour en cachette. Un jour, il me propose de l’accompagner chez lui en l’absence de sa femme. Je le suis. Il insiste pour que j’entre. Je suis mal à l’aise car je sens que je n’ai rien à faire ici. Il me fait visiter l’endroit, très fier et veut m’attirer à l’étage pour me montrer sa chambre conjugale. Je refuse par respect pour son épouse qui vit ici. Avant de partir, nous ferons l’amour dans le jardin. Je comprendrais plus tard que son but était de baiser sa maîtresse dans le lit conjugal. Il ne trompe pas seulement ses femmes pour le simple plaisir de tremper son biscuit. Ce qui l’excite, c’est le mal qu’il fait en le faisant. Chez cet homme, le mensonge et l’humiliation sont des excitants sexuels puissants.

114

22 octobre 2012 à 14h54

Commençant à mieux connaître sa faculté de se décharger sur les autres des corvées de la vie quotidienne, j’ai d’emblée refusé de me charger de son repassage dès le début de notre vie commune. Je m’occupais déjà seule de tout et je considérais que c’était bien assez. Mon ambition n’a jamais été de m’épanouir dans un rôle de bonniche. Son nouvel emploi l’obligeait à porter chaque jour une chemise et j’ai vu se profiler à l’horizon l’image d’une montagne de linge froissé : le cauchemar de mes soirées ! Il a juste haussé les épaules et m’a assuré que ce type de contingence l’ennuyait. J’étais curieuse de découvrir sa stratégie, n’imaginant pas une seconde que sa majesté Modeste 1er allait se comporter avec humilité, comme tout un chacun, face au principe de réalité. Sa tactique a consisté à acheter des chemises neuves, soit à peu près une par semaine, pour remplacer les chemises sales non repassées. Lorsque j’ai quitté la maison 5 ans après, j’ai compté ses chemises : il y en avait 114.

Pile ou face ?

22 octobre 2012 à 14h56

J’ai envisagé mille fois de me jeter sur une pile de pont. Je ne voulais pas mourir. Je voulais arrêter d’avoir si mal.

Bienheureux les innocents

22 octobre 2012 à 14h57

Le pervers narcissique n’est pas un «simple» salopard. C’est un salopard subtil et ça n’est pas écrit sur son front.

Par consentement mutuel

22 octobre 2012 à 14h58

Nous avions de temps en temps joué à prendre en photo nos ébats amoureux. Cette fantaisie me plaisait et le contexte était souvent drôle. Ce plaisir-là a duré le temps que meure ma confiance en cet homme. Un jour, j’ai décidé de détruire la moindre photo sexy de notre couple. Je n’avais nulle envie d’être exhibée sans mon consentement sur un site échangiste. Mon petit doigt m’a dit : « Tu sais ce qu’il en fait, de ton consentement ?! ».

D'abord ne pas nuire ...

22 octobre 2012 à 16h26

Ma gynécologue tente de me remonter le moral. Elle y parvient assez mal la pauvre. Elle m’explique patiemment que l’infection vénérienne qu’elle a décelée chez moi est assez banale même si elle multiplie par 5 mes risques de cancer du col. Elle argue qu’il arrive souvent que les hommes mettent « des coups de canif dans le contrat ». Ah bon, si une MST est une preuve d’amour alors tout va bien, champagne et cotillons !

Ma belle, c’est pas des coups de canif dans le contrat que ce type a donné, ce qu’il a fait, c’est mettre des coups de hache dans ma confiance.

J’aimerais tant être une femme-pragmatique-comme-une-gynécologue, ça doit être plus confortable à vivre…

Le dernier supplice

22 octobre 2012 à 16h27

Nous passons le week end à A. Je suis surprise de cette soudaine recrudescence de romantisme chez G. et je crois encore que je peux sauver quelque chose de ce carnage. Bien sûr, je me trompe. Il prend plaisir à se promener le long des quais et nous entrons dans le restaurant le plus glamour de la ville. Un pianiste vient s’installer et fait son show. G. chante avec lui « une super nana », sourit aux anges, semble transporté de bonheur, les yeux mouillés. Apparemment, il ne s’agit pas du bonheur d’être avec moi car il envoie frénétiquement des textos avec son portable mal dissimulé sous la table. Je suppose que son fantasme est de me gommer du décor afin de s’imaginer être en compagnie de N., sa maîtresse, destinataire des messages en cascade.

Malgré son côté fleur-bleue, G. ne perd pas son sens pratique. En effet je peux encore servir un peu avant d’être mise au rencard parce qu’il me reste un cul et un porte-monnaie : ainsi c’est moi qui paye les 20 euros de pourboire qu’il voudra laisser au pianiste enchanteur et une fois rentré à l’hôtel, nous ferons l’amour. Ce sera pour moi le dernier supplice.

Intimité

22 octobre 2012 à 16h28

Ceux qui nous font le plus mal sont ceux dont on partage l’intimité.

C’est pas de bol.

Coups et blessures

22 octobre 2012 à 16h28

Jamais de coup. Jamais : pas besoin ! « Certains mots sont plus durs que des coups » me dira la mère de G. Effectivement. Tiens, elle avait l’air d’en connaître un rayon sur le sujet la daronne… Pas surprise plus que ça par ce fiasco d’ailleurs. Cela ne l’empêchera pourtant pas de me dire que j’ai été trop indulgente avec lui. Elle sous-entend que peut être cela aurait pu se passer autrement si seulement je n’avais pas merdé un truc. J’apprécie la pirouette : confondre victime et agresseur serait-il un trait génétique distribué dans cette famille ?

Caterpillar inc.

23 octobre 2012 à 23h10

Mon cerveau conscient est têtu et refuse de voir la vérité en face. La vérité la voici : avec cet homme j’ai été pleinement heureuse 8 mois, je me suis fermement ennuyée 4 ans et j’ai été profondément malheureuse 2 ans. Ce qui m’a emprisonnée n’est pas tant l’espoir de voir l’amour renaître ni la peur d’être seule ni même l’épuisement abyssal mais le résultat du travail de sape que cet homme a entrepris à mon endroit. G. est une entreprise générale de démolition très efficace. Bien avant que je n’ai vraiment conscience du problème, mon corps avait perçu la dangerosité de cet homme. L’intimité lovée au creux de moi a fini par se transformer en citadelle inexpugnable. Pour me protéger, mon vagin s’est verrouillé et mon corps a rejeté violemment toute idée de rapprochement physique avec l’ennemi. Dans cette histoire, mon vagin a été plus intelligent que mon cortex ! Face à un homme qui pense avec son bas-ventre, une femme a raison d’écouter ses muqueuses.

Pour le pire et pour le pire

23 octobre 2012 à 23h11

J’ai connu de nombreuses femmes très enthousiastes à l’idée de côtoyer des hommes se comportant comme des petits garçons capricieux. Cela ne m’a jamais transportée personnellement. Je trouve ça lourd moi, de vivre avec un quadra ayant la maturité psychique d’un môme de 5 ans. Durant toutes ces années, G. passera le plus clair de son temps à satisfaire son plaisir, partout, à chaque seconde, n’importe comment. Une orgie à jet continu … C’est très étonnant à constater et surtout, c’est tout à fait invivable dans le cadre d’une vie commune. Le principe de réalité lui échappe complètement. Il ne tolère aucune contrainte hiérarchique ou administrative. Un jour, je lui signale que sa déclaration d’impôts doit comporter des charges déductibles calculées sur une base annuelle et non mensuelle, il me rétorque sèchement qu’ « ils n’ont qu’à faire le calcul eux même ». C’est stupide car ce laxisme va contre ses propres intérêts. Ce désir forcené de faire uniquement ce qui lui plait est totalement puéril. Lors de la liquidation des biens au moment de notre séparation, il souhaitera vendre à perte la maison que nous venions d’acheter, pourvu qu’elle se vende vite. Il partira sans laisser d’adresse en m’abandonnant la charge de faire face à nos créanciers et à nos dettes.

Félin

23 octobre 2012 à 23h12

Bogart exhibe fièrement son beau pelage tigré roux et blanc. Il est haut sur pattes et gros, une carrure impressionnante. Je veux un chat et, comme j’ai grand cœur, je veux absolument adopter un chat abandonné auprès d’une association de protection des animaux. J’ai vu ses yeux dorés et je me suis mise immédiatement à l’aimer. Bogart est farouche et met du temps à s’habituer à l’espèce humaine mais une fois castré, il se sociabilise. Un jour, je lui présente G. un représentant de l’espèce humaine qui va peu à peu lui apprendre à renouer avec son agressivité initiale. Ce chat acceptera tout de lui. G. le manipule sans arrêt, le prend, le lâche, le prend, le lâche, le met dans des positions ridicules, le stresse par tous moyens. Bogart crache, mord, feule, griffe, se débat, se cache… Rien n’y fait. Il n’a jamais la paix. La persécution atteint son paroxysme lorsque, la bouche pleine de poils, il me montre en riant comment il mord le chat. Il MORD le chat … Ce jour là, quelque chose en moi murmure que ce type est dingue. Mon chat m’a aidé à comprendre que cracher, mordre, feuler, griffer, se débattre et se cacher ne servent à rien. Quand tu ne peux rien y changer, il faut partir.

X

23 octobre 2012 à 23h12

L’ordinateur familial du salon est pourri de fenêtres « pop-up » émanant de sites de pornographie. Ces encarts surgissent n’importe quand et je trouve désagréable qu’on m’impose des sollicitations sexuelles intempestives et trash lorsque je lis tranquillement mes mails. Je m’inquiète aussi pour l’équilibre mental de la fille de G. Elle a 13 ans et se passionne pour les images de Didl qu’elle est autorisée à aller copier à partir d’internet. Elle me semble un peu jeune pour être initiée aux mystères de la double pénétration par l’entremise de son papounet... J’en parle donc à son père. Sa réaction est troublante : aucun malaise, aucun scrupule, un demi-sourire … J’ai fini par faire moi même le ménage sur le PC. Avec en prime un étrange sentiment de gêne, un comble ! …

L'ordre des choses

23 octobre 2012 à 23h13

Petits sobriquets d’amour. Il m’appelle « Souris », je l’appelle « Loup ». Dans le règne animal, les loups mangent les souris. Pas l’inverse.

A sang froid

23 octobre 2012 à 23h14

Cet homme est un bloc de violence comprimée, d’une cruauté doucereuse, un arc tendu à se rompre. Un animal à sang froid à la démarche élastique, aux aguets. Calculateur, calme et patient : merde, y’a un alligator dans mon lit…

Prise de sang

23 octobre 2012 à 23h15

Anti Hc
Anti HIV1/2
TPHA
VDRL
Anti HBS
SGOT
SGPT

Quand ton mec saute des pouffes tous azimuts sans mettre de capote, c’est à ça que ressemble ton ordonnance. En gros, c’est pour qu’on vérifie s’il t’a filé le SIDA, l’hépatite C, l’hépatite B ou la syphilis. J’ai du mal à en croire mes oreilles, je croyais que la syphilis n’existait plus depuis Baudelaire. A l’accueil du labo, l’hôtesse a du rouge aux ongles et la voix désagréable. Elle insiste pour que je vienne à jeun. Ca tombe bien, j’ai envie de vomir.

Stabat mater dolorosa

24 octobre 2012 à 22h50

Je n’entends que la moitié de la conversation téléphonique mais je comprends assez vite qu’elle tente maladroitement de se défendre, genre « Non, je ne suis pas une mauvaise mère ». G., lui, monte le ton. Apparemment, vaincue, elle dépose les armes et pleure. Il lui raccroche au nez et me déclare que ça fait du bien de se défouler, avec un profond soupir d’aise.

Contrefaçon

24 octobre 2012 à 22h51

Il triche systématiquement lorsqu’il joue à un jeu de société. Il a falsifié des attestations pour obtenir un diplôme équivalent au bac. Il s’est fabriqué un faux diplôme en adéquation avec son faux CV. Je regrette de ne pas voir regardé de près s’il avait une vraie bite.

Tête en l'air

24 octobre 2012 à 22h52

Lorsqu’il fait chaud, il ne porte pas de slip. Une petite habitude qu’il tient de son père, m’a t-on dit. Parfois, aussi, il oublie de refermer la braguette de son pantalon. Un truc de « tête en l’air ». A force d’avoir chaud et d’être distrait, il peut faire les deux en même temps. Pas de slip ET braguette ouverte. De préférence en public.

Etre fier de sa queue à ce point c’est quand même incroyable.

Juste quelqu'un de bien ...

24 octobre 2012 à 22h53

Il m’a annoncé il y a dix jours qu’il me quittait. Nous nous parlons calmement. Emu au fond des tripes par sa propre grandeur d’âme, il me confie, tout gauche de pudeur, avoir donné un billet de dix euros à un SDF l’ayant interpellé dans la rue. Et ce n’est pas tout : c’est à un enfant la veille, qu’il a offert un coca-cola au Mac Do, comblant ainsi ce môme alors que sa mère s’y refusait. Je ris de bon cœur devant tant d’absurdité. Je découvrirais aussi quelques jours plus tard qu’il vient de s’engager auprès de l’association Action Contre la Faim à lui verser un don substantiel chaque mois. Je me demande à quoi est due cette soudaine poussée d’altruisme… Ce déferlement de générosité envers des inconnus sert-il à réparer inconsciemment le mal causé à des proches ? Mais je me trompe lourdement car pour cela il lui faudrait une conscience et, partant, une capacité à ressentir la culpabilité. Et il n’a ni l’une ni l’autre.

Non, c’est juste pour faire croire que c’est un type bien.

Echographie d'une arnaque

24 octobre 2012 à 22h55

G. m’explique en peu de mots qu’il souffre d’azoospermie. Enfin « souffrir » est un terme mal choisi car lui n’a mal nulle part manifestement. Il n’aime pas les enfants point barre. Pour lui, un enfant rend mère une femme, lui ôtant du même coup toute possibilité érotique et ce, définitivement. Il a déjà fabriqué une fille, à son corps défendant soit disant, à une femme qu’il dit n’avoir jamais aimée, juste avant de devenir opportunément infertile, ayant ainsi une bonne raison pour refuser de se reproduire à nouveau. Soit. Il n’est pas « un père de proximité » me confie t-il, ce qui signifie en pratique, je le comprendrai plus tard, qu’il s’occupe peu de cette fillette. S’occuper d’un enfant est une affaire de femelle. Lui, il baise, ce qui est affaire de mâle. Soit.

Quelques mois après notre séparation, il mettra sa compagne enceinte. Soit.

G. est le seul homme stérile que je connaisse qui parvient à fabriquer deux enfants comme pour rire. Enfin, je parle des enfants qu’il a reconnus, je ne parle pas des autres, ceux qu’il a dû semer aux quatre vents dans toutes les parties de jambes-en-l’air-sans-condom qui ont rythmé sa vie.

En fait, cet homme féconde des ovules quand ça sert sa stratégie du moment. Or, stratégiquement, j’étais destinée à être son objet sexuel donc j’ai été privée d’enfant. Soit.

Aujourd’hui, je ne peux que m’en féliciter. A bien y réfléchir, j’aime autant ne pas avoir contribué à la réplication des chromosomes d’un tel individu. Amen.

G.L.F

24 octobre 2012 à 22h56

G. est franc-maçon.

Respect !

J’ai compris que ça permettait d’obtenir des places VIP en loge d’honneur au stade …

Victor Hugo vs Marquis de Sade

24 octobre 2012 à 22h58

Pourquoi m’avoir choisi moi ? Pourquoi n’avoir pas choisi d’emblée une femme libertine ? Ou soumise ?

Un des amis de G. vit sous le même toit avec son épouse et sa maîtresse. L’une et l’autre sont fascinées par cet homme et acceptent qu’il leur impose tous ses désirs (ménage à trois, parties fines, club échangiste…), elles sont ses esclaves et ne vivent qu’à travers lui. G. admire cet ami et j’imagine qu’il lui envie profondément ces preuves éclatantes de son pouvoir d’étalon. Alors pourquoi ne pas trouver une femme semblable, tout serait plus simple, elle plierait facilement, se soumettrait à tous ses caprices et probablement avec plaisir … Des femmes comme ça, y’en a plein partout.

J’ai beaucoup réfléchi et aujourd’hui, je suis convaincue que le but de la manœuvre est justement de pervertir c'est-à-dire étymologiquement « convertir au vice ». Il est vital pour G. de salir, de détruire, d’abimer, de piétiner ce qui est beau, propre, moral et droit.

J’ai mis du temps à comprendre. En même temps, moi j’ai fabriqué ma culture amoureuse à 12 ans avec les livres de Victor Hugo, pas avec ceux du Marquis de Sade … On a les références qu’on peut.

Serment d'amitié

24 octobre 2012 à 22h59

D., le gérant du camping lui a proposé cette embauche pour gagner un peu de fric de manière à mettre du beurre dans les épinards des Assedic. « Je suis payé au black pour tenir la caisse du snack, me dit G., alors je me sers au passage, discrètement, 20 euros par ci, 20 euros par là, personne ne peut voir ». Je revois la caisse enregistreuse et j’entends encore son tintement lorsqu’elle s’ouvre. Ca tinte sans discontinuer. Etonnant ce que ça bouffe comme pizzas un juillettiste en camping à Fréjus.

D. et lui se connaissent depuis toujours, ils ont grandi ensemble dans le même quartier. Dans mon monde à moi, D. serait ce qu’on appelle un ami d’enfance. Mais nous n’avons pas les mêmes valeurs : je ne fauche pas d’argent à mes amis.

Coquillage et crustacés

24 octobre 2012 à 23h01

Le temps est magnifique sur Fréjus. L’impatience de revoir G. après un mois de sevrage me fait trembler de tout mon corps. Tout alcoolique chronique sait ce tremblement du manque mais, moi, j’ignore encore que je suis toxicomane. Dans mon monde à moi, on appelle ça de l’amour, pas de la dépendance. A ma descente du train, mon sixième sens comprend très vite pourquoi il a du mal à soutenir mon regard. Elle a des seins (et un cul) magnifiques. Elle a vingt ans. Blonde, bronzée, hollandaise, désinhibée … la totale. Je la regarde faire des efforts assez laborieux pour n’avoir l’air de rien et pour me trouver formidable. Je suis cocue mais cela ne m’empêche pas d’être une femme formidable, c’est déjà ça. Elle a bien appris sa leçon, G. a dû mettre de l’énergie pour la briefer.

J’ignore comment tu jouis, ma jolie, sous les coups de boutoir de mon mec, en revanche, je connais la marque de ton papilloma virus. Dank u ! L’Europe, c’est aussi la libre circulation des maladies sexuellement transmissibles…

Il neige sur la ville

25 octobre 2012 à 19h17

Il neige tellement ce jour là que la ville est totalement bloquée par des bouchons monstrueux. D., ma meilleure amie, fait partie de ces automobilistes en perdition pataugeant dans une boue hostile. Je lui propose de passer la nuit à la maison. A l’étage, je lui prépare un lit tandis que D. fait la vaisselle. J’apprendrais des années plus tard que D. a terminé sa tâche dans la plus grande confusion : les images pornographiques qu’elle apercevait sur l’écran de l’ordinateur lui faisaient perdre son sang-froid. Ce soir là, c’est vrai que G. était particulièrement silencieux.

Sois-sage, ô ma douleur, et tient toi plus tranquille

25 octobre 2012 à 19h19

A bout de cocufiage, ne supportant plus sa présence, j’ai voulu qu’il parte afin de me laisser souffler. J’ai préparé ses valises. Je ne verrai pas vraiment la différence de toute façon puisqu’il n’était jamais là, toujours fourré en Bretagne. Offensée, sa majesté a royalement refusé de quitter la maison. C’est donc moi qui suis partie, avec mes deux chats. Sa nouvelle compagne me remplacera le week end suivant. Pour marquer son territoire, elle prend soin de déposer son blouson sur le porte- manteau, de laisser son gel douche Bourgeois « Déshabillez-moi » dans la salle de bain et sa chemise de nuit sur le lit… Une impressionnante envie de vomir me saisit lorsque que je me rends compte qu’ils n’ont même pas changé les draps de ce qui fut il y a quelques jours encore mon lit conjugal …

L'éducation sentimentale

25 octobre 2012 à 19h19

Un jour comme les autres, l’air sombre, il me dit brusquement :
- « Il faudra que je dise à ma fille que les hommes sont tous des salauds ». Abasourdie, j’entends en silence, sans vouloir comprendre.

Une chaudière au fioul

27 octobre 2012 à 13h58

Dans un bureau lugubre, la greffière vient de confirmer que notre PACS est officiellement rompu un an après avoir été conclu. J’ai quitté la maison depuis plusieurs mois, G. y vit seul. Enfin, officiellement il est censé y vivre seul, mais sa compagne vient le rejoindre occasionnellement et il prend soin de son chien. Nous sommes en novembre, il fait froid. Je suis au chômage, je n’ai pas de revenus durant le délai de carence, je suis hébergée chez une amie. Ma situation financière est catastrophique et mon avenir ressemble à un marécage. G. me demande de participer pour moitié aux frais de chauffage parce que « c’est dans mon intérêt » selon lui.

?

Mes pensées se brouillent, mon cortex est momentanément court-circuité, mon cerveau reptilien prend le relais et ma bouche parvient à murmurer « Hors de question » mais l’émotion qui me secoue alors reste bloquée dans ma gorge. Ce n’est qu’une fois sur l’autoroute, dans le cocon de ma voiture, que ma colère explose. Il est HORS DE QUESTION QUE JE PAYE LE FIOUL POUR CHAUFFER TON CUL, LE CUL DE TA POUFFE ET LE CUL DE SON CLEBART !!!

Rank Xerox

27 octobre 2012 à 13h59

G. ne s’identifie pas, il se « photocopie ». La duplication s’opère à partir de tout support jugé valable à ses yeux. L., possédant socialement le statut de « meilleur ami » achète un jour une montre. Quelques jours après, G. achète une montre strictement identique. Il utilisera aussi le même téléphone mobile. Ils font ensemble la même reconversion professionnelle : la même année la formation conduisant au même diplôme dans le but d’exercer un métier identique. Dans cette fusion, ce délire à deux, leader et suiveur eux mêmes ne retrouvent pas leur place ; les frontières du réel ondulent : « Mais non, rappelle-toi, c’est moi qui aie voulu en premier… ».

Une pomme véreuse

27 octobre 2012 à 14h00

Au tout début de notre rencontre, alors que nous venons de faire l’amour, nous sommes étendus, nus, dans le silence :
- « Tu es égoïste », lâche-t-il.
Cette flèche m’atteint en plein cœur. Je daterai de cette minute le début de ma lune de fiel. Définitivement, le vers était dans le fruit.

Citation

27 octobre 2012 à 14h01

« Comprends que je ne puisse plus donner du cœur ».

DIAM’S

Citation

27 octobre 2012 à 14h02

C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l'important, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

Hubert Koundé, La Haine (1995), écrit par Mathieu Kassovitz

Dédicace

27 octobre 2012 à 14h03

A ma mère
20 février 1954 - 26 décembre 2008