Je me lève, je m'habille tel un fantôme, je sors le chien.
Il me regarde, il me fait rire. Il ne me parle pas, ne prononce aucun mot et pourtant je ris. Serait-ce la simplicité instinctive de l'animal qui me touche ; moi qui peut être si différent d'une seconde à l'autre. On pourrait croire que je suis versatile.
Oui, je suis un inconnu en terres inconnues. Je suis le seul comme ca. Je ne peux pas l'expliquer. Ma femme habituellement sans mot, ne change pas quand il me prend le besoin d'en parler bien souvent en pleine nuit. Comment décrire ce que personne à part moi ne connaît?
J'ai même cru et je crois encore des fois que je suis une sorte de dieu. Que je me suis enfermé dans ce corps pour me protéger ayant bien pris soin d'effacer ma mémoire. Certains me croient mégalo, orgueilleux, prétentieux mais si ils savaient, s'ils pouvaient vivre ce que je vis, vivraient-ils aussi longtemps?
Je perds chaque jour le peu de volonté qu'il me reste car au bout du compte je n'aurai jamais ma réponse, mon explication.
Je ne peux même pas me raccrocher à ce sentiment si humain qu'est la paternité vu que je ne serai jamais père du moins pas avec Marie.
Je ne peux pas aller au delà de ma condition. Je suis en prison.
Dans un zoo, en cage, les singes spectateurs me lançant leur simplicité à la figure.
Vais-je devenir misanthrope?
Tout ce que je dis, tout ce que je vis n'est pas ce que je suis, du moins cette conscience de l'existence que j'appelle "moi".
C'est comme être l'unique spectateur de l'existence, contemplant seul la scène.
Une question revient sans cesse. Suis-je bon ou mauvais? Quand bien même, le bien et le mal a-t-il la moindre importance dans l'univers. Que je fasses le bien ou le mal, viendra le jour où je mourrai. J'ai donc peur de la mort et des conséquences?
Ce qui se révèle comme une tendance mégalo, n'est-il pas la déviance ou l'émergence d'une pseudo divinité unique.
Car c'est bien la, le problème, il ne peut y avoir qu'une conscience comme la mienne.
Ça prend de plus en plus d'emprise sur moi. Mon côté humain s'est affirmé, je me suis opposé à mon environnement par conviction la plupart du temps. Cette chose m'a telle rendu plus fort?
J'ai comme cessé de respirer pour réfléchir. Cette apnée prend du temps (j'en ris presque). Je remets en cause de plus en plus de chose.
Je vais reprendre les études. Devinez dans quelle disciple?
Psychologie.
Je sais pour la première fois de ma vie que cette voie ne m'apportera aucune réponse. Pourquoi je persiste à vouloir l'emprunter?
J'ai tellement remis en cause la contrainte du travail au sens actuel du terme. Quand on déduit tout ce que l'on fait de son temps, que nous reste-t-il pour nous, pour faire quelque chose de bien ou de mal, pour faire quelque chose qui compte.
Des gens me regardent, je crois les voir. S'ils savaient ce que je vis, comment me verraient-ils?
Qu'est-ce que je fais maintenant? Je continue d'écrire ou je fais autre chose?
Demain je serai peut-être mort et j'aurai perdu mon temps à écrire. Mourir au sens humain du terme est peut-être la solution.
Je ne sais pas quoi faire.
Mon éducation humaine sauvera t-elle ce plan qui applique sur moi un poids considérable?