Je me souviens de ces après-midi d' octobre.
On s'installait dans sa chambre. Sur son lit en veillant à ouvrir, grandes, les fenêtres.
J'avais entrepris de lire les Petits poèmes en prose de Baudelaire, ainsi que Les Fleurs du mal. Lui était fasciné par Charles Bukowski.
Nous restions là, allongés tout l'après-midi. A profiter, jusqu'aux derniers rayons de soleil.
A même pas 5 heures, il faisait déjà presque noir. Alors il refermait son livre et se levait pour mettre les Red Hot.
Puis Muse. Et, vers la fin du mois, Tchaikovsky.
L'air de rien.
Quand il revenait se blottir dans son lit, il m'enlevait parfois mon livre des mains et posait sa tête contre ma poitrine.
Et je me rappelle des mes mains dans ses cheveux, sur sa peau.
Que parfois, il relevait sa tête d'un bond pour piquer mon livre et en lire quelques pages à haute voix.
Je me rappelle aussi de cette peur terrible qui m'envahissait tout entière, car jamais auparavant je n'avais aimé autant.
Ses absences étaient mes frayeurs.
Le temps, destructeur, mon ennemi.
J'aurais voulu le posséder tout entier. Mais c'est lui qui me possédait. Est-ce qu'au moins il s'en rendait compte?
J'aurais voulu que ces instants durent toujours et n'eurent jamais existés tant j'étais à la fois heureuse et effrayée.
Je l'aimais comme on crève. Avec force et douleur.
D'ailleurs je l'aime encore. Ivre et impuissante.
...
Par marya