Les Filles ne savent pas nager

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 09/10/2018.

Sommaire

Valse d' Octobre

21 avril 2006 à 18h32

Je me souviens de ces après-midi d' octobre.
On s'installait dans sa chambre. Sur son lit en veillant à ouvrir, grandes, les fenêtres.

J'avais entrepris de lire les Petits poèmes en prose de Baudelaire, ainsi que Les Fleurs du mal. Lui était fasciné par Charles Bukowski.
Nous restions là, allongés tout l'après-midi. A profiter, jusqu'aux derniers rayons de soleil.

A même pas 5 heures, il faisait déjà presque noir. Alors il refermait son livre et se levait pour mettre les Red Hot.
Puis Muse. Et, vers la fin du mois, Tchaikovsky.
L'air de rien.

Quand il revenait se blottir dans son lit, il m'enlevait parfois mon livre des mains et posait sa tête contre ma poitrine.
Et je me rappelle des mes mains dans ses cheveux, sur sa peau.

Que parfois, il relevait sa tête d'un bond pour piquer mon livre et en lire quelques pages à haute voix.

Je me rappelle aussi de cette peur terrible qui m'envahissait tout entière, car jamais auparavant je n'avais aimé autant.

Ses absences étaient mes frayeurs.
Le temps, destructeur, mon ennemi.

J'aurais voulu le posséder tout entier. Mais c'est lui qui me possédait. Est-ce qu'au moins il s'en rendait compte?

J'aurais voulu que ces instants durent toujours et n'eurent jamais existés tant j'étais à la fois heureuse et effrayée.

Je l'aimais comme on crève. Avec force et douleur.
D'ailleurs je l'aime encore. Ivre et impuissante.

...

Par marya

Silence... ça ne tourne plus!

25 avril 2006 à 10h37

Allongée sur le lit, elle se réveille lentement, tourne la tête légèrement sur le côté…

N’aperçoit qu’un vide… un manque… une douleur…

C’était l’automne… il faisait beau, un doux soleil pâle qui réchauffait les nuques.

Elle se souvient avoir marché près du lac, avoir ri comme une enfant… enfin comme une enfant, elle ne peut qu’imaginer…

La chaleur de sa main dans la sienne… la douceur de sa bouche contre son cou.

Sa voix chaude et profonde qui a toujours su la rassurer.

Son sourire franc et radieux… qui illuminait toutes ses journées trop sombres.

Elle se souvient du goût sucré de la glace chocolat-pistache qu’ils avaient partagés, elle peut encore sentir le froid de la crème dans sa bouche qui contrastait tellement avec la chaleur de ses lèvres à lui…

Elle se souvient de ses heures passées blottie dans ses bras… sans un mot, pour ne rien gâcher de cet instant…

Elle se souvient de cette tendresse qu’elle n’a pu lui donner qu’à lui… parce qu’il était lui justement…

Un éclair… un bruit immense… les ambulances… les pompiers… la police…

Elle au milieu de tous ces gens, qui ne comprend pas, qui demande juste où ils l’emmènent.

Elle suit ses gens qui la mettent dans une voiture, elle suivrait n’importe qui du moment que cette voiture l’amène à lui.

Une énorme peur l’envahit quand elle voit l’entrée de l’hôpital, si immense et elle qui se sent si petite… sans lui.

Elle longe le couloir, suit le policier devant elle, le temps semble ralenti…

Elle entre dans la pièce, le voit, s’approche lentement de lui et dépose sa main sur sa joue… le regarde longtemps sans bouger… scrute la moindre parcelle de sa peau que le drap laisse entrevoir…

Quelqu’un la tire par le bras, lui dit qu’il faut y aller… elle s’accroche à la table de toutes ses forces… l’inox est glacé sous ses doigts, ses mains glissent et elle lâche prise…

Elle sort de la pièce quand elle entend le bruit assourdissant du tiroir qu’on referme…

Que l’on referme sur lui, sur elle… sur sa vie…

Par Ninie Malko

Lettre à...

25 avril 2006 à 19h42

Mais je ne te crois pas, je ne peux pas te croire. Il y a plein de raisons
qui font que je ne veux pas te revoir.
Parce que cela me rappellerait trop de choses,
que je souhaite oublier
désormais.
La page est tournée de mon côté.

Non, je ne veux pas oublier. Mais je veux
estomper.
Et surtout
Surtout
Je voudrais que toi, toi tu avances

Que tu vives ta vie
Et que tu m’oublies à ton tour.

Je ne sais vraiment plus quoi faire. J’aimerais te
répondre une nouvelle
fois, mais j’ai peur de te blesser, et j’ai peur de
raviver la flamme.
Je ne sais pas ce que tu penses vraiment. Tu me
dis que non, mais je suis
sûre que si.
Alors, à quoi bon se faire du mal. Arrêtons là…

Pourquoi me demandes-tu encore une fois de
décider. Comme si je n’avais pas
assez pris de décisions nous concernant.
Pourquoi serait-ce encore à moi de
choisir.
Choisis toi-même.
Ou comprends tout seul.
Tu m’en demandes trop, toujours…

Je ne sais pas quoi te dire.

Par Zelda

What you know

21 mai 2006 à 9h41

Je suis rentrée à 6 heures du mat'. Les oiseaux chantaient et le soleil s'était déjà levé.

Je suis rentrée. Dans cette maison vide. Ou presque jamais personne ne m'attend.

Je me suis débarassée de mes fringues et j'ai filé sous la douche.
Impression d'avoir du sable dans les yeux. Le corps flingué. Les jambes en compote.

J'ai passée la soirée à faire je ne sais plus trop quoi finalement. Me souviens même plus où. Mais je sais que c'est K***** qui m'a raccompagné. Dans une voiture empruntée à son père.

Tout re-défile devant mes yeux. La voiture qui glisse sur la route pas éclairée. Qui avale les kilomètres.

Je nous revois.

On écoute T.I. - What you know.
Et je chante faux en me dandinant. Je chante à tue tête, la bouteille de Martini encore glacée entre mes cuisses.

Je ne chante pas vraiment. Je crie presque mais la musique est tellement forte... que je m'entend à peine.

Et puis je suis obligée de remonter les vitres parce qu'on va trop vite et que le vent me défonce le visage. On rigole et on chante tous les deux comme des malades.

On roule, roule.... Dans les ténèbres, sous les étoiles. On roule.
Et j'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais.

Je crois que je suis un peu dingue.

Marya

Bulle

21 mai 2006 à 11h34

Je suis une chauve-souris et je me réveille tous les jours ou presque à 18 heures.

Je me lève et attrape mes grandes lunettes aviator et fumées avant de tirer les rideaux de ma chambre. La lumière du jour me fait mal aux yeux.

Je tourne en rond. Me pose mille questions et finis par me décider pour la salle de bain.

Je me fais donc couler un grand bain. J'attend. Trempe mon pied dans l'eau presque brûlante et m'installe parmi les bulles.
Je pense. Je me demande, je me torture à coups de qu'est que je fais ce soir? putain qu'est que j'fais?

Alors je plonge. Je reste une, deux minutes sous l'eau et je remonte. J'attend.

Je recommence. Encore. Jusqu'à avoir le bout des doigts fripés et les yeux qui brûlent. C'est à ces conditions seules que je sors de l'eau.

Dans ma chambre, je m'habille.

Et puis j'ouvre, grand, la baie vitrée et je sors sur la terrasse.
Contemplant les derniers rayons du soleil, je n'ai pas mal aux yeux à cause de la lumière. Alors je me dis que la vie est bien mieux sous verres fumés.

Le soleil s'est noyé dans l'horizon alors je rentre.

J'allume une clope et j'allume la chaîne aussi. Je tape au hasard, album 8 titre 1, et je m'affale sur mon lit. J'attend.
Une guitare qui grince envahit la chambre. Je reconnais Saez - Jeune et con.

Des souvenirs qui remontent. Mes fantômes.
Je ferme les yeux.
Une douleur lascinante, presque oubliée, me revient comme boomerang. Me tord le coeur.
J'ai presque envie de pleurer. Presque.
....

Je vais à la fenêtre. Je regarde.
Tire sur ma clope, expire. Et je reste là. Dans le vague.

Puisqu'on est jeune et con.

J'ai la tête à l'envers.

Marya

Vas et vis

21 mai 2006 à 17h43

La journée était chaude.
Le soleil était au plus haut dans le ciel, et un vent léger venait caresser l'herbe parsemée de fleurs sauvages.
Il n'y avait rien à perte de vue.
Comme un océan de verdure. Une campagne resplendissante bercée par le souffle régulier du vent.
Au loin se détachait une silouette.
Un point lumineux et éclatant par sa blancheur.
Une pureté magnifique émanait de ce corps habillé de sa simple nudité.
Elle portait l'attrait le plus beau que lui ai donné la nature.
Ses longs cheveux noirs étaient détachés et s'agitaient sur ses épaules au rythme doux et impérieux de sa marche silencieuse.
Elle avançait sans but, sans réfléchir, se laissant imprégner par tout ce qu'il y avait de naturel autour d'elle.
Une joie simple l'envahissait peu à peu, celle de se sentir vivante.
Elle respirait pleinement ce parfum de liberté.
Animée d'un souffle nouveau, elle se sentait comblée, prête à s'abandonner.

Mais quand elle se réveilla, elle ne put bouger, et se rappela qu'elle était toujours prisonnière de ce corps et que seul son esprit pouvait s'évader.

Par Douille

Ma parfaite

7 juin 2006 à 1h06

C'est rouler dans une Nash noire sous un ciel tellement nuagueux qu'il en est blanc. Un ciel électrique. Une tempête qui se trame, se prépare. Mais la pluie qui refuse de tomber. Un ciel nerveux. Comme un toxico en manque depuis 2 jours.
Rouler dans une Nash noire, sous un ciel blanc avec en plus du brouillard.
Le Blanc. Et le vert. Trop vert des grands pins qui surgissent parfois, de part et d'autre de la route.

C'est une maison sinistre. Où les marches des escaliers font le bruit de tambours quand on grimpe dessus.
Et le parquet qui fait smock smock quand on marche le matin.

C'est la forêt violette. A 3 heures du mat' en été.
Et les grandes plaines bleues. A 4 heures de l'après midi en hiver.
Et croire que l'herbe frissonne doucement quand je lui marche dessus. Entendre les arbres murmurer. Prendre le bruit du vent furieux pour un chant céleste.

C'est mon père et moi, dehors. Lui qui me parle en montrant du doigt un point au loin, sur une montagne. Et j'entend rien à ce qu'il dit parce que y' a trop de vent. Et je ne vois rien, toute façon. Mais je regarde quand même.

Cest ma voix rauque et incertaine. Qui tremble comme les cordes d'un vieux violon. Ma voix rauque et caverneuse qui surgit comme après un long sommeil.
Ma voix rauque juste parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé.
Et je suis completement à la ramasse.

Ce sont les parkas lisses et glaciales. Qui raclent la peau en faisant un petit bruit aigu zip zip.
C'est comme vivre à Minneapolis. Dans le nord.
Les rues désertes. Paumées le soir.
Parler à 1.5 à l'heure. 2 d' tension. Les phrases de 3 mots qui durent 10 minutes.
C'est de ne plus savoir mon /nom.

C'est le canapé lisse et froid comme une couleuvre.
Et la bouteille de Jack's, couleur cuivre, qui trone sur la petite table basse, juste à côté de l'échiquier en chantier.

C'est le parquet qui fait ssshhh ssshhh sous les pas, quand je rentre tard et bien crevée.
C'est lire "A une heure du matin" de Baudelaire. "Le double assassinat de la rue morgue" ou "Morella" d'Edgar Allan Poe. La nuit.
C'est la voix dark, lancinante et envoutante de Tricky, dans la tête. En permanence. La chanson Hell is around the corner.

C'est le matin, glacé et ma joue gelée. C'est le soleil qui se réveille doucement et les oiseaux qui chantent pas.

Et je passe la journée, entre salon et cuisine. Un gros plaid sur le dos et d'énormes Uggs very old-fashioned aux pieds, je me traîne. Salon cuisine. Des Allers et retours pour remplir ma tasse, de thé bûlant. A l'arrache, à l'ouest comme quand t'as rhume qui te déchire.

C'est moi et ma vie de rêve. De palace.
C'est ma maison sinistre.
Que j'aime.

Sans avoir rien pris. Rien bu, rien sniffé.
Je suis bien.

par marya

When I was yesterday

7 août 2006 à 23h05

Nous avions passé toute la journée, ou presque, entre filles. Juste Helen, Carla et moi. Je commençais à m'emmerder grave. Vers 15h, Carla proposa de sortir. Une promenade. Histoire de prendre
un peu l'air. Helen était depuis des heures scotchée sur GTA Vice city. Au volant d'une Cuban Hermes, elle avait maintenant pour mission de récupérer une certaine Candy Suxx dans Little Havana. Pour elle donc, c'était impossible de bouger. No way.

A l'exception de ces instants d'hyper concentration, Helen était une fille super sympa. Un peu space et super sympa. Elle avait des cheveux roux et très frisés qu'elle n'attachait presque jamais. Elle se contentait d'y tracer une courte raie, juste au milieu. Ca lui donnait à plein temps un air complètement déluré, et dans les moments de grandes envolées lyriques, celui d'avoir des flammes sur la tête.
Elle avait de jolies taches de rousseur sur les pommettes.
Et elle prenait un certain plaisir à s'exprimer dans un anglais relaché et hyper nasillard peuplé de gonna, gotta et de wanna. Elle ne disait pas you ni your mais ya. Elle ne disait pas yeah! mais fuck yeah!. Je crois que c'est parce qu'elle trouvait ça... heum ... cool. Peut être.

-"Should we take the car?" me demanda Carla.
J'ai répondu oui un peu au hasard. Ou peut être etait ce l'envie d'aller très loin. On s'est donc embarqué dans sa voiture, une Eagle Premier de 1992, avec Mercury le labrador de Thomas. Et on a roulé pendant peut être un quart d'heure.
Le soleil ne tapait plus très fort. Ca sentait bon la fin de l'été.
Carla portait de petites bottes noires, une robe avec fleurs et un cardigan couleur macarat qu'elle avait attaché par-dessus. Elle portait ses grandes lunettes dont la monture noire et carrée me rappelait celle de Zia McCabe des Dandy Warhols. Je la trouvais cool, malgré son air un peu paumé.
Et puis Carla a arrêté la voiture près d'un champs de tournesols. On est descendu et on s'y est promené. Un peu. C'était vraiment beau. Mercury n'arrêtait pas de bondir comme un fou et de courir partout sans que Carla et moi, n'eûmes a aucun instant peur de le perdre. C'était très reposant. On a parlé de J***, la petite amie de Carla qui avait déménagé mais qu'elle pouvait voir plus souvent depuis qu'elle avait son permis et sa voiture . C'était un sujet de conversation assez réurrent. C'était J*** ou le roleplaying.
Je n'aimais pas beaucoup le roleplaying. Avoir des informations précises, que l'on impose les caractérisques des personnages que je devais faire vivre me déroutait souvent. Il me fallait que les personnages puissent être inspirés de moi, de ceux que j'ai connu ou que je côtoie encore. Il me fallait une base connue. Une accroche, même infime.
Je n'aimais donc pas le roleplaying. Mais je n'osais jamais le dire à Carla. Pus tard, elle le compris toute seule. Je crois.
Le vent se levait.
Carla et moi prîmes la décision de rentrer.

D'un coup, l'après-midi s'était fait brumeux. Les garçons étaient revenus de la plage. J'allai les rejoindre au salon. Ju*** dormait sur le canapé. Thomas se trouvait, assis, devant la chaîne hifi, en train de trier des Cds. Il m'expliqua que Ju*** avait refusé de mettre un pied dans l'eau. Qu'il était resté sur le sable avec un type, un autre surfeur, à fumer de l'herbe.

Ju*** avait l'air gelé. Ses lèvres étaient violettes et il était très pale. Je crois que c'est à cet instant que je me suis rendue compte que c'était peut être lui le plus flippé d'entre nous.

Flippé. Encore. Toujours. Rien n'avait changé.
Je me suis sentie mal. De ne rien comprendre.
Ce qui était en train de le ronger de l'intérieur m'échappait totalement. Je pouvais voir qu'il allait mal, mais je ne savais pas pourquoi.

The devil may care (Mom and dad don't) chantaient les Brian Jonestown Massacre.
Je crois bien.

Marya

David Bowie I love you (since I was six)

25 septembre 2007 à 23h17

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Le week-end dernier avec J. on a fait un gâteau au chocolat et à la noix de coco. Enfin c'est surtout lui qui l'a fait. Du moins, il a essayé. Tout le temps de la préparation, je suis restée assise au bar à boire de la San Pellegrino dans un verre à vin et à raconter absolument tout ce qui me passait par la tête. J'insiste, ça n'était rien d'autre que du babillage, une suite de mots au hasard, les phrases n'ayant parfois aucun lien entre elles.
Une conversation délirante qu'il a pourant eu la politesse de soutenir et même de relancer. Même si quelques fois il a eu un peu de mal.
N'empêche, on s'est bien marré.

Tout de même, ce qui s'est averé vraiment, vraiment drôle c'est quand quelques secondes après avoir versé la pâte, égalisant la surface avec le dos de sa spatule, la contemplant fièrement, J. s'est rendu compte qu'il avait oublié de mettre la farine.
Il est resté muet un instant. Puis d'un air hébêté et malheureux, il m' avoué: "Putain j'ai oublié d'mettre de la farine". J'avoue c'est moche, mais dès lors que ces mots lui sont sortis de la bouche, je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire. Bon en fait, je n'ai même pas essayé de me contenir.

Je précise qu'il a alors essayé d'ajouter la farine. À même le moule.
J'ai dû l'en empêcher en essayant d'attraper le paquet de farine de ses mains. Sachant qu'il mesure près de 15cm de plus que moi et que toute la durée de la mini-bataille il n'a cessé de hurler, c'était chaud.
Finalement on a mis le gâteau, comme ça, dans le four. À un moment, ça a fait des bulles. C'était trop space. Puis la pâte s'est figée, et on a obtenu une espèce de truc étrange qui ressemblait vaguement à un flan, qui en avait la consistance mais absolument pas le goût.

Bon sang.... Ce que j'aurais voulu le prendre dans mes bras, et que tout soit effacé. Pourtant je ne suis pas amoureuse de lui. Je ne pourrais plus jamais l'être. C'est comme si une partie de mon coeur avait gelé, emprisonnant ainsi cet amour que j'ai nourris pour lui pendant trois ans de pure folie, interdisant toute possibilité à un quelconque autre de s'y installer. De s'y épanouir.

Que reste-t-il de nous? Plus que ces jeux futiles de gamins stupides que nous ne sommes pas, ces tickets de cinéma froissés, à l'encre presque effacée et qui trainent dans un coin, ce bout de muscle bleuté au creux de ma poitrine, chansons désormais trop douloureuses à écouter, cadavre de souvenirs. Cadavre de nous.
Parfois je ne peux faire autrement que de lui offrir de tristes sourires.
Il s'en va dans deux semaines.

Dans deux semaines, tout ira mieux.

Marya

Au garçon à lunettes

30 septembre 2007 à 2h04

Charlie ne s'appelle pas vraiment Charlie. Mais ça n'a pas grande importance puisque depuis qu'il est partit tout me semble un peu confus. Je ne sais pas qui, de lui ou de moi, a abandonné l'autre.
Peut être faudrait il que j'arrête simplement d'y penser. Les questions ont-elles pour autre but que celui de nous torturer?
Et puis ce n'est pas comme si j'en avais eu le souffle coupé, que j'avais fondu en larmes sans pouvoir m'arrêter, et lui aussi. Pour que ce soit moins douloureux, ou pour justifier la peine sensée nous envahir à cet instant, Charlie et moi avons passé les trois semaines précédant son départ collés l'un à l'autre, tels des sangsues.

Charlie est mon meilleur ami. L'unique à vrai dire. Puisque le seul n'ayant jamais dissimulé, sous le masque de l'amitié, ni amour physique brûlant, ni phantasmes pervers.
Sans lui mes années de lycée n'auraient été rien d'autres que trois années d'errance, de frustation, d'intenses moments de désespoir. Château de cartes qu'on essayerait de construire en pleine tempête.
Son instance d'abord, puis son cynisme et son immoralisme m'ont évité une terrible solitude. Au milieu des autres.

Au détour d'une phrase hasardeuse, j'ai avoué à Charlie, bien malgré moi, que j'étais amoureuse de **. Il a eu un sourire jusqu'aux oreilles. Et tandis que j'essayais, tant bien que mal, de réparer mon erreur, cet instant d'égarement, il s'écriait par dessus mes bafouillements, que c'était trop tard, pas la peine de tenter de me rattraper, que j'étais amoureuse, que je l'avais dit, que c'était génial et qu'il fallait qu'on en discute.
C'est vrai que malgré ces longues années d'amitié, il sait très peu de choses de moi. "C'est parce qu'il n'y a rien à dire" je lui ai à plusieurs reprises assuré.
C'est vrai après tout.

Charlie était mort de rire au portrait que je lui ai fait de **, aka le type au regard de glace. Il n'a pas eu cette réaction d'effroi, ni même de dégout total que les autres ont tous manifesté avant lui.
Il pense que je devrais me le faire. Qu'il n'y a certes aucun doute sur le fait que c'est un vrai connard égocentrique et hyper prétentieux parce que blindé de thunes, mais puisque je suis amoureuse de lui....

En fait, à la fin, il a suggéré que je devrais me lancer. Ne pas entamer une relation juste basée sur le cul. Que j'en valais vraiment le coup. Et que je pouvais très bien le mater. *sourire*

Moi aussi, c'est ce que je croyais. Ou j'en suis encore persuadée. Je ne sais pas encore. La partie n'est pas finie.

Marya

Ailleurs

25 janvier 2008 à 11h07

Écriture:

Les Chroniques de Valentin: À la lumière d'un réverbère, un garçon plein d'esprit à la plume ennivrante.
Xaphan' Starfish Hotel Trilogy "...je vis ma vie comme un film. Dans mon esprit, les femmes se balladent dans des calèches laquées, vêtues de Lanvin et de Chanel vintage, ont les smoky eyes le week-end et les yeux de biche sixty le reste de la semaine. Les hommes, sortes de dandys funèbres, boivent du cappuccino dans des gobelets en plastique et fréquentent le Dead Horse les soirs de pleine lune. Point. Ma conception de la vie, certes assez complexe, devra être developpée ultérieurement."

Photos:

The Hooligan: Petites sublimations.

Koen Demuynck: La grosse claque.

Alessandro Zuek Simonetti Ici. Ailleurs. Et nul part.

Et autre part:

Postsecret: Sunday, SecretsDay.

Pour participer

25 janvier 2008 à 16h31

... à ce journal, c'est là: lesfillesnesaventpasnager[arobase]gmail[point]com

[Image] http://emilyinwonderland.blogspirit.com/photos/medium_Hedi%20Slimane.D.037.jpg

Le projet?

25 janvier 2008 à 17h06

Un journal de filles. De femmes. Uniquement.

Un journal qui aborderait tous les sujets possibles. Aussi bien l'amour, que la destruction. L'ennui que l'envie. Le bonheur comme les idées noires.

Un journal intime où chacun aura le libre choix quant au moyen d'expression qu'il souhaite utiliser: l' écriture (bien sur), mais aussi les photos et les dessins...

Un journal à publication modérée où les écrits seraient jugés non pas sur leur fond mais sur leur forme. Simplement pour éviter fautes d'orthographes hallucinantes ou éventuel langage sms.

Un défouloir, un radeau auquel se raccrocher, où se poser.

Ecrire tout simplement.
[Image] https://public.journalintime.comimage:[wonderland1.jpg]

SI J'ÉTAIS ELLE

8 février 2008 à 23h21

Si j’étais elle, j’écrirais en cursive, avec des petits cœurs sur les i.

Si j’étais elle, je me serais maquillée en voiture, juste pour pouvoir conduire avec les coudes.

Si j’étais elle, j’aurais eu plein de parfums aux fruits « Yves Rochers », à la framboise pour le lundi, à la pomme pour le mardi.

Si j’étais elle, j’aurais eu des jouets polly pocket à dix sept ans, et l’idole de ma vie aurait été Barbie, mais sans ken.

Si j’étais elle, je n’aurais jamais fait la vaisselle pour préserver ma french manucure –et puis, maman est là pour ça-.

Si j’étais elle, j’aurais fait des french kisses à tous les garçons, sauf aux moches.

Si j’étais elle, je me serais faite faire une frange, pour être trop fashion.

Si j’étais elle, je glousserais, je ricanerais à chaque fois que je verrais une grosse.

Si j’étais elle, je glousserais, je ricanerais à chaque fois que je verrais une « grosse » (mais ce n’est pas la même, je vous rassure).

Si j’étais elle, je serais vierge tous les jours, jusqu’à mes quarante ans.

Si j’étais elle, j’aurais eu du botox dans le front, de la silicone dans les seins, et du collagène dans le cul –faut rien qui tombe, ce n’est pas tendance, oh !-

Si j’étais elle, j’aurais eu le nom d’une grande ville : London, Paris, ou alors Luxembourg. Trop classe !

Si j’étais elle, j’aurais eu plein de meilleures amies, comme Lorie, et j’aurais raconté tous leurs petits secrets à mes autres meilleures amies, -de toute façon, les filles c’est toutes des garces, et elle m’aime parce que je suis trop belle !-.

Si j’étais elle, j’aurais couché dans les toilettes, mais alors sans sucer, ça fait pute.

Si j’étais elle, j’aurais épousé un vieux, atteint d’un cancer en phase terminale, pour pouvoir être une riche héritière.

Si j’étais elle, je aurais été rousse, blonde, ou brune, peu importe, Ricardo, mon coiffeur gay, aurait été mon vrai meilleur ami.
Si j’étais elle, mon meilleur diplôme aurait été une american gold visa.

Si j’étais elle, le slim c’est trop mode ! Non mais !

Si j’étais elle, il aurait eu une grosse voiture, un gros compte en banque, et une grosse zigounette.

Si j’étais elle, j’aurais surtout pris du plaisir à lui briser les coucougnettes.

Et puis, c’est tellement bien d’être niaise. N’est ce pas?


Dee Soul

Si j'étais lui

8 février 2008 à 23h22

Grand, mais pas trop.
Fesses dans un jean taille basse...
Accoudé à la fenêtre de ma chambre, je fume.
Un air à la James Dean, en moins papier glacé.
La glace, c'est mon regard. Bleu comme l'acier. Quand je te regarde, tu
tombes.
Jamais une parole de trop, les miennes sont trop précieuses pour être
gaspillées.
Je fuis les filles qui me suivent.
Je fais semblant d'être un bon copain pour les mecs.
Mais moi, je suis égoïste.
Et je m'en fiche.
Je suis prétentieux aussi.
Mais je suis magnétique, et attirant. Tellement beau.
Et je le sais.
C'est ce qui fait ma force, je sais ce que je provoque... toutes les mêmes!
Je ne peux exister que dans ton souvenir, car mon présent est
solitaire.
Mon air moqueur me rend détestable,
Et fascinant.
Je suis secret.
Je suis ton secret.
Je ne te ferai jamais l'honneur de me connaître en profondeur.
Je vous capture, poupées, chiffons.

Victor

Oui. Si j'étais un garçon, je serais celui-là, et je vous mépriserais toutes.

Zelda

Si j'étais une fille...

8 février 2008 à 23h23


… j’aurais été de celles qui disent tout le temps « oui », de peur qu’on leur réponde « non ».

Timide, introvertie offrant pour ne pas être oubliée : monnayage de la mémoire pour quelques moments d’amitié. Des lèvres sur ma joue, des bras autour de mon cou, un corps à étreindre, une main à tenir, des sentiments pour me retenir. Et le respect?

Un peu moins de poils ici, un peu plus de cheveux là. Tenue correcte et langage chatié. J’aurais aimé être de celles dont on rêve et non avec qui il vit. Pas une fleur dans un pot, pas plus carnivore, qu’orchidée. Que seul le jardinier connaisse ma splendeur m’importerait peu. De mémoire de rose, il n'y a qu'un jardinier au monde. Mais de mémoire de jardinier, combien de roses heureuses ?

Il parait qu’une fille ça ne pète pas, pas même ne transpire, ni ne ronfle et encore moins ne pue. Me connaissant, j’aurais été un bien piètre exemple de ces adages. Une fille, ce n’est donc pas simplement moi avec des cheveux longs.

Assumer ce rôle de double vie : femme active et femme d’intérieur, est-ce plus enviable que le mensonge de « l’homme fort et protecteur » ?

Mais moi, qui demande ma route, moi qui pleure comme une fontaine, écoute plus qu’il ne dit, ne suis-je pas aussi féminin ?

Si j’avais été une fille je n’aurais pas refait le monde, j’aurais exigé qu’il change pour moi, mais je suis un homme, alors j’attendrai qu’il change avec moi, ensemble, une bière à la main.

Si j’étais une fille, ce texte aurait commencé par « Si j’étais un garçon … » et ce serait terminé sur ces quelques mots :
La vie n’a pas de sexe … comme beaucoup trop de choses.

B.

Celui que je serais

8 février 2008 à 23h24

Bright Lights. Big City...

Pourtant l'oiseau de nuit que je suis restera enfermé ce soir. Lucky Strike fumante entre les doigts, je tente vainement de rattraper tout mon boulot en retard. J'imagine que ça n'arriverait pas si je me décidais enfin à devenir un homme, un vrai. Mais tant pis, rien à foutre, je préfère encore supporter ces longues et pénibles heures de bachotage stupide plutôt que d'être. Un homme. Ça ne m'intéresse pas, ça ne m'a jamais intéressé. J'ai cru, un temps, que je finirais par céder aux exigences de mon père. "Sois un homme mon fils". Par céder,du moins, à son chantage financier. "Sois un homme, mon fils... ou je te coupe les vivres". Heureusement, j'ai compris qu'il ne m'aurait pas à l'usure. J'ai la tête dure et le coeur vide. Alors je ferais seulement semblant d'être un homme.

Il pleut ce soir. Ça me fait penser qu'ils ont annoncé un sale temps, beaucoup de vent, pour demain à la météo. Je nous vois déjà, la bande et moi, à affronter les vagues monstrueuses et le vent furieux. J'essayerais de partir très tôt. Il y aura peut être du brouillard comme j'aime bien, un de ceux tellement épais qu'on jurerait être en plein rêve éveillé, avant que le vent ne se lève. J'apporterais quelques bouteilles, histoire qu'on ai de quoi se réchauffer, mais je repartirais assez tôt, avant que ça ne dégénère.

Je sais déjà. J'irais la retrouver. Elle. Ma perle du paradis. Celle qui lit Burroughs en buvant du thé à la rose. Enveloppée d'un plaid, elle m'ouvrira la porte avec un air suspect. "Qu'est-ce que tu fous là?" Je lui répondrais que j'ai séché la fac, tant pis, rien à foutre. Puis je la prendrais dans mes bras, m'enivrerais d'elle de longues heures durant. Je ne lui dis jamais que je l'aime. Ou seulement quand je la sais distraite, qu'elle est trop occupée pour m'entendre, ou trop énervée après moi pour me prendre au sérieux. Je m'arrange pour que ce soit souvent le cas. Je l'énerve, je gâche tout, vite, pour ne pas lui laisser le temps d'espérer. Et je reconstruit, tout, aussi vite, pour qu'elle continue à m'aimer.

Et tout prendra fin bientôt. Le jour se lèvera tandis que je quitterais mon bureau, la tête encore engourdie de biens immeubles, d'obligation de moyens, principe d'annualité et autres clauses abusives. Je ne suis pas naïf. Je ne me jurerais pas que plus jamais, plus jamais je ne prendrais autant de retard. Que dès aujourd'hui je commence à travailler régulièrement!
J'avalerais simplement deux ou trois tasses de café serré avant de sortir ma planche sur ma terrasse. Je commencerais à la polir patiemment en espérant que bordel ils ne se sont pas gourrés avec leur histoire de mauvais temps.

Marya

Si j'étais...

8 février 2008 à 23h25

Je me lèverais tous les matins en traînant des pieds. Le miroir de la
salle de bain m'offrirait ma première crise de la journée. Il me
crierait des insultes. Il me ferait peur. La douche comme réconfort.
Les cheveux attachés, j'augmenterais la température jusqu'à ce qu'elle
devienne à la limite du supportable. Puis je sortirais. Je pesterais
contre mes vêtements. Aucun ne veux bien m'aller. La plupart des jours
ils me feraient la gueule, eux aussi. Puis dans la rue les étrangers me
colleraient des post-it sur le front, avec écrit au marqueur que je ne
suis pas à leur goût.

Ouais, merci, je sais bien.

Alors je pleurerais. Dans mon lit, serrant mon oreiller dans mes bras.

Quand je serais petite les enfants seront méchants avec moi. Ils ne
savent faire que ça. Ils se moquent des autres. Ceux qui sont
différents. Ils sont cruels. Je voudrais qu'ils disparaissent, tous.
Ceux qui me montrent du doigt, celles qui rient de moi, et la maîtresse
qui ne fait pas de buit. Les pas des enfants dans le couloir, les
enfants qui sortent de l'école. Et moi qui pleure derrière la porte. Et
les cris quand j'apparais. Les insultes. Ils hurlent que je ne suis pas
à leur goût.

Ouais, merci, je sais bien.

Alors je pleurerais. Dans la voiture, en regardant les maisons qui
s'éloignent pendant que maman conduit.

Je donnerais mon coeur aux garçons qui veulent bien de moi. Ceux qui
sont désespérés, ceux qui ne me prennent pas au sérieux, où ceux qui
sont peut-être sincères. Et ils en feront de la charpie. Ils le
tortureront dans tous les sens, le presseront jusqu'à ce que plus rien
n'en sorte. Et puis il se remplira et ça recommencera. Ils feraient
comme si j'étais quelque chose d'inférieur. Ils m'ignoreraient
peut-être. Ils abuseraient de moi, de ma gentillesse, de mes rêves. Et
ils me jetteraient, me chuchotant, désolés, que je ne suis pas à leur
goût.

Ouais, merci, je sais bien.

Alors je pleurerais. Sur les marches d'un immeuble où je ne reviendrais
plus, serrant contre moi le vide béant qu'ils ont laissé.

Une vie de violence, de solitude, de déception. Oui, mais une vie de
joie, de désirs, de souvenirs, de douceur. Une vie difficile. Oui, mais
une vie de fille. Et pour rien au monde je n'aurais échangé ma place
avec quelqu'un d'autre.

Valentin

Si j'étais toi

8 février 2008 à 23h26

Est-ce que je poserais mes yeux sur ce corps de petite fille..?
Est-ce que je remarquerais la douleur, la tristesse, derrières tes silences, derrières tes sourires?
Est-ce je voudrais être celui qui ne te fera plus souffrir?
Je crois que j'essaierais de t'aimer, en tout cas. Follement. Avec passion.
Je t'emmènerais chaque jour autre part pour t'arracher à tout ça.
On s'assiérait là, face au soleil qui se couche, et je t'offrirais mes genoux pour que tu y poses ta tête.
Je te lirais les poèmes de mon pays, te parlerais de là bas.
J'essaierais de te décrire les odeurs, les parfums. Les gens qui s'agittent, et la chaleur au dessus, toujours, écrasante.
Je te dirais qu'un jour, on ira.
Et puis je te couvrirais de baisers. Je t'enlasserais de mes bras. J'essayerais tout, pour juste entendre ton rire et me dire, que je te suis utile, à cette place là.
Te surprendre, t'étonner. Te montrer que tout n'est pas écrit. Destiné, condamné.
Redonner de sa valeur à l'inconnu, l'imprévisible.
Des voyages, et des lectures pour s'échapper de tout ce noir.


Je crois que je ne comprendrais pas pourquoi tu sembles encore si triste. Je t'en voudrais de ne pas parvenir à te rendre heureuse. Je crois que je baisserais les bras sans soupconner que pourtant tu m'appartiens, que tu m'aimes déjà si fort.
Tu resterais cette énigme. Cet échec de ma vie. Le signe visible de mon incapacité à combler quelqu'un.


Si j'étais toi.. mais ce conditionnel n'existe pas.

Tu me regardes et tu ne vois rien que ces cheveux blonds qui se taisent. Ces seins qui s'offrent un peu trop vite, et sûrement la bétise qui se cache derrière mes silences.
Et tu joues. Et tu me tues.

Varana

All things great & small. Le cinéma

8 mars 2008 à 17h25

Les lumières s'allument, puis s'éteignent. Alors je plonge ma main dans la tienne, et pose ma tête sur ton épaule. Je ferme les yeux. Parfois. En attendant que ça commence. Puisque dans la lueur sombre de la salle, je sais que tu ne me vois pas.

J'avoue aussi que je fais exprès. De ne pas entendre. De ne pas comprendre ce que tu chuchotes. Juste pour que t'approches encore, encore, et que ton souffle, tes murmures tels des centaines de papillons. Violets, roses, rouges, bleus et oranges me chatouillent le cou. Et tes doigts, ombres chinoises, s'agitent devant l'écran. Parce que tu ne peux pas t'empêcher de parler avec les mains. Je ne trouve pas ça agaçant. Même que je t'embrasse et je ferme les yeux. Parfois. Sur tout ça, mon acharnement à faire comme si je ne t'aimais pas. Je cesse de me débattre.

Tandis que des images de fiction racontent l'histoire d'un monde merveilleux sur l'écran. Moi je cesse de me débattre, et je t'embrasse.

Marya

Journal d'un oiseau de nuit. The Cold mornings

14 mars 2008 à 23h11

Ses cheveux emmêlés dans les miens, son torse contre mon dos, et sa main

sur

mon

Ventre. Il arrive souvent que je me réveille vers 3 ou 4 heures du matin. Le cerveau ailleurs. Mon corps engourdi par l'alcool, la drogue, et l'amour. Il paraît.

Même si je sais. Le garçon de papier me tient la main.
Je sais.
J'émerge au rythme de son souffle, tandis que la pénombre se fait moins lourde, et que la chambre m'apparaît par contours. Je me lève. Je m'habille. Lui fait semblant de dormir, et moi semblant d'y croire. Jusqu'à ce qu'il se décide à demander (enfin?): Où-tu vas?.

Il faut que je rentre. Alors j'ouvre la fenêtre, puisque je ne sais jamais quand ses parents sont là, ou pas là. Et l'être méprisable que je suis traverse le jardin, la porte digicode. Comme une voleuse, petite tepu de 14 ans que je ne suis pourtant pas.

Seule. Les bras autour de la taille. Je marche contre le vent. Plus il fait froid, et plus vite je marche. Même que parfois, j'arrive chez moi avant l'aube.

Tout ça n'est donc pas entièrement de sa faute.
Je sais. Je suis une égoïste.

I just don't want to swim.

Marya

Journal d'un oiseau de nuit. Frottements sur peaux moites

11 avril 2008 à 22h07

Le soleil. Gros jaune d'œuf cru se couche en tremblotant. Et j'observe. Avec lui les peaux déjà mortes de la journée. Le garçon au sourire d'ange boude. Déçu et peiné. À cause de l'autre soir et du garçon de papier. Comme si c'était une raison... N'importe quoi. Il a soupiré que j'aurais pu, que j'aurais dû lui dire.
Soit. Moi je veux bien dire. Quelque chose, de signifiant, qui a de l'importance, des causes et des conséquences. Je ne peux pas faire l'aveu du rien. Et cette relation n'est rien. D'autre que. Surface. Frottements corporels. Frottements sur peaux moites. Le non-chemin parcouru est un tour de manège sans manège, je tourne sur moi-même.
Ma vie, un courant d'air.

Les verres se cognent parfois par accident, et on n'en fait pas toute une histoire.
Ce n'est pas lui mais moi, qui me fissure. Un peu. Beaucoup.

En fait, je trouve absurde et toujours surprenante cette faculté qu'ont les autres à ressentir à notre place. Ces émotions, trop honteuses, trop douloureuses, qu'on se force à ignorer.
Elles sont enfouies sous des couches de fausse indifférence et de fatalité à demi-assumée.

Marya

All things great & small. Chlorophylle

12 avril 2008 à 10h25

J'aime cette couleur qui naît seulement après de longues heures de pluie. Un bleu serein, limpide presque liquide qui habille le ciel.
Et la terre. Gélatineuse. Mes semelles se posent, s'enfoncent puis se décollent dans un léger bruit de succion. Il annonce la douceur du matin.

J'aime l'agitation croissante, décroissante. Anarchique. De la matinée qui retombe brusquement.
J'aime le silence d'une cuisine, d'une terrasse à midi. Les phrases chuchotées sous les tintements des couverts. La vapeur d'eau s'échappe, réchauffe son visage. Mais ses yeux restent clos. Il balance la tête. Avant, arrière , puis la prend entre ses mains. Rien à faire. Il soupire "Non vraiment il me faudrait de la vodka, pour ma gueule de bois". J'aime ses mauvaises habitudes de garçon Pas réveillé. À manipuler avec précaution. N'émerge pas totalement avant 13h.

J'aime la pénombre d'une chambre à midi. Les froissements des draps, et les corps lourds et fainéants qui s'y blottissent.

J'aime le petit vent froid crépusculaire. Les derniers frémissements de la nuit, les frottements de peaux et les derniers fous rires avant le lever du soleil. On se dit mille fois "au revoir" avant de se lever pour de bon. Grandes embrassades et câlins dans le dos. Petite bise timide. Ou simple au revoir de la main (généralement de la part de ceux que l'alcool a quasiment achevé. Le moindre mouvement brusque pourrait conduire à la catastrophe.) Mais la soirée était "bien quand même". On s'en souvient plus trop mais c'était bien. On était tous réunis alors c'est ça qui compte.

Ce sont ces petites choses là, les miennes, parmi d'autres, qui comptent encore.

Marya

Contact

2 mai 2008 à 0h30

Les ombres sont difformes. Ton index touche puis s'enfonce dans ma peau, espérant buter contre un quelconque organe interne, ou un os peut être, jusqu'à ce que ma peau se tende à l'extrême.

Je. Te. Touche.

Tes doigts sont ronds et transparents, et ils ont toujours cette odeur de nicotine froide et de menthe qui ne me dégoute même pas. Ils mènent à tes bras, tes épaules. Tes soupirs. Ta peau lisse, parsemées d'adorables grains de beauté, glisse sous mes mains et ma langue.

Il se trouve que tu adores tes amis et que parmi eux il y a toujours une pétasse pour se ramener avec des talons hauts ou un demeuré avec des chaussures crades, sur mon parquet. Mais "ça n'est pas grave". Nous sortons rapidement. Les trottoirs accueillent nos pas sans destination précise. Nos fous rires se mèlent à ceux des autres. La musique est trop forte. Il y a trop d'alcool et comme je m'ennuie je bois. Je tord de petits mouchoirs en papier et les passe entre mes doigts. Puis je m'ennuie alors je bois. Trop.

Même s'il me suffit de te regarder pour m'enivrer de toi, je regrette nos soirées à nous. Celles qui s'éteignent sous le piano de Duke Ellington, ou la voix d'Erykah Badu. J'ai besoin de te toucher. Et je ne peux pas le faire ici dans cet espèce de club, chaos chronique de sons, de parfums, d'ombres.

Les ombres sont difformes. Venues de nulle part. Autour de nous, je crois voir les gens me pointant du doigt, le visage déformé par le rire. Ils se moquent de moi. Naïve de croire en toi et moi,

Mais c'est une impression variable, tout comme le volume de leurs rires dans ma tête. J'essaye alors de couvrir le silence, de noyer les voix en me racontant des histoires, j'attend que ça passe alors

Touche. Moi.

Marya

Recherche...

5 mai 2008 à 3h43

personne maîtrisant le maniement oh combien ardu du crayon, du stylo, des feutres, des touches d'un clavier d'ordinateur, du bouton clic! magique d'un appareil photo, et qui souhaiterait, ici, insuffler un air nouveau: le sien.

Laissez-moi un message sur le forum, ou à cette adresse:

lesfillesnesaventpasnager(arobase)gmail.com

Mon petit vieux

25 mai 2008 à 0h51

&nbsp
Un vendredi soir, sous les ritournelles.
&nbsp

[Image] http://www.photoservice.com/phsv5_volume/volume20080520/20008937_3033325/m_67896219_0.jpg
&nbsp

« Mais il me touche, mon petit vieux
C’est beau ses rides, autour des yeux
On dirait, l’ombre des arbres sur le ciel bleu... bleu... bleu... »

(Camille)
&nbsp

Lune

Last visions of her

30 mai 2008 à 3h51

J'étais stone quand j'ai écrit ce livre. C'était l'hiver, je me rappelle des arbres maigrichons, du silence et de l'odeur de mort qui flottait dans le loft. Un bordel magistral s'était emparé de chaque mètre carré. Des cannettes de bières jonchaient le parquet, bouteilles vides d'alcools, pipe à crack, bris de verres et quelques gouttes de sang, par ci par là. Des corps, qui avaient l'air tout à fait décédés, s'empilaient sur les canapés. Il y en avait par terre aussi et je devais les enjamber, histoire de ne pas me prendre les pieds dedans.

Brouillard.
Je me suis écroulée dans un couloir. Par chance il me restait deux air jordan au fond d'une poche. Je les ai fait descendre avec le reste d'une bouteille de Cristal Roederer qui trainait là. D'un coup. C'est comme ça que tout m'est apparu, une espèce d'illumination mystique, une énergie créatrice. J'ai compris qu'il fallait que je la sorte de ma tête et de mon corps. Alors j'ai raconté cet après-midi d'été, cette boule dans mon ventre la première fois que je l'ai vue. Les premiers mots échangés, cette façon élégante qu'elle avait de simplement battre des sourcils, l'attente puis l'espoir, les amis que l'on ne voit presque plus, son odeur, mes mains sur son ventre et son souffle dans mon cou. Son nom était une sorte d'incantation magique que je répétais cent fois par jour. Le monde portait son visage mais son regard demeurait fuyant.
De longs mois de symbiose et d'illusions avant que je comprenne qu'elle n'était qu'une ombre que je ne parviendrais jamais à saisir.

Ignorant la douleur, le jour qui se levait, mes muscles endoloris et les crampes, j'ai tout écrit d'une traite. J'ai secoué l'espace et le temps, j'ai transformé ma douleur en mots, en phrases et points d'exclamations, en un instant j'ai changé le triste matin d'hiver sans elle en triste matin d'hiver. Point final.
En regagnant la porte, j'ai appelé Michael, mon agent, pour lui donner l'adresse, histoire qu'il retrouve le mur sur lequel je venais de cracher une partie de ma vie.

Je suis sortie. La lumière du jour était aveuglante.

Marya

Journal d'un oiseau de nuit- Pilule rouge, pilule bleue

9 juin 2008 à 20h52

L'édition n°14 de Monocle traine encore sur ma table de nuit. Untouched. Il est la dernière personne à l'avoir feuilleté. C'est comme si je ne voulais pas briser l'équilibre. Je me contente de regarder le magazine en soupirant.
Il y a cette soirée demain soir où D. veux que je vienne absolument, tu peux pas manquer ça, ce sera LA soirée!. Moi, je suis pourtant sure d'y être déjà allée. La semaine dernière, ou il y a six mois peut être. Les chinos Acne et les robes Raasta en moins.
Ça reste une de ces it party pleine de it gens. Nous serons là à bouger nos corps sur la dernière mixtape trop hype, sensass, cool de machintruc, à beugler des futilités et assommer nos esprits avec tout un tas de mélanges illicites.
Je croyais naïvement que tout ça n'était que des tentatives. Que c'était notre façon d'essayer de vivre. Alors qu' en fait nous nous débattons. Nous luttons pour ne pas exister.

Ce n'est pas la vie ni la mort. Mais plutôt un état qui se rapproche du coma. Un coma chimiquement assisté surtout.

Tout de même, il ne faut pas perdre espoir. Les substances illégales ont du soucis à se faire. Certains panneaux publicitaires promettent déjà des Fuel for life. La résistance est en marche.

La grosse claque

18 juillet 2008 à 22h16

http://www.koendemuynck.com/

J'ai encore un peu de mal à prononcer son nom. And his work leaves me breathless.

Louis

19 septembre 2008 à 21h14

Le milieu urbain

1 novembre 2008 à 0h30

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Le rock agressif des Kills fait écho au vacarme de la ville, au grondement des énormes poids lourds qui transpercent le paysage à vive allure, et le toussotement des mobylettes, la poussière se soulève et les gens se pressent, craignent l'asphyxie. Dans les berlines, les familiales, les 600SL les conducteurs seuls se bercent d'un monde silencieux et climatisé.
Tout a l'air tellement irréel.

Nous voyageons au gré de nos pulsions. Le restaurant japonais est notre QG du moment. Le saké est excellent. Mais je peine à suivre les tournées, véritable compétitions entre Maxime et John. Alors je finis grise, puis franchement ivre très rapidement. Mais jamais suffisamment pour frapper du poing et brailler.

"Saké, saké, saké!"

Comme un vieux yakusa le ferait. Je l'observe de longs moments. Maxi a cette fureur de vivre. Maximum a ce sourire de dégénéré, dangereux psychopathe, que je n'oublie pas. Sa mèche ébène constamment collée à son front moite. D'aventure. Et ses avant bras puissants décorés de multiples bracelets de cuir au vécu mystique.

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Il se définit lui même comme un guerrier des ''temps actuels''. Et moi j'aime l'éphémère. J'aime le chaos.
Nous rentrons au rythme de la bossa nova de chanteurs d'Amérique latine que je ne connais pas.
La chaleur des après-midi d'octobre est étouffante et humide. Mais c'est seulement la chaleur de la ville. Rapidement l'air se rafraîchit, devient presque froid, à mesure des montagnes, des clairières, des grands espaces vides et verts.

Je crois que je n'oublierais jamais cette bâtisse centenaire au creux des montagnes. Les bibelots, les vieux objets chargés d'histoire. La grande bibliothèque et les vielles étagères en mahogany.
Et, surtout, la terrasse et sa vue à 180 degrés sur le brouillard citadin. C'est là que je me sens.

Être.

Ici décembre qui vous parle

23 novembre 2008 à 23h53