Et voilà... Je me lance.
Je ne me suis plus lancée dans ce style d'exercice depuis mon adolescence, à une époque où un journal intime, c'était un agenda de collégienne.
Adolescente, cela fait bien longtemps que je ne le suis plus.
A présent, c'est une femme qui écrit.
Je suppose que je devrais me présenter, mais je me dis aussi que cela peut venir plus tard.
Je débute, ici, sur la toile virtuelle et c'est un peu comme un dépucelage scriptural.
Par quoi commencer ?
Je me retrouve devant la fameuse page blanche.
La mère des vieilles angoisses des écrivains.
Pourtant, je suis là pour une raison, pour un besoin : celui de remplir ce vide par ce que je ressens de plus profond et d'intime en moi.
Les bonnes chose, les moins bonnes et une envie d'avoir un ami intime, le journal en lui-même, qui écoute, juste, et jamais ne juge.
Une oreille sans bouche, un compagnon silencieux, à qui ont peut tout raconter, sans honte, sans rougir, sans peur au ventre.
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Je vais commencer par ce titre qui résume une partie de la vie que je mène.
Je pense, à l'heure actuelle, être une guerrière de la vie.
A mon niveau, bien entendu. Je sais pertinemment qu'il y a des situations plus tragiques, mais, au fond de moi, je crois que la souffrance ne se mesure pas sur une échelle du pire que soi.
Souffrir, d'une situation, physiquement, dans son mental, cela reste une plaie béante qu'on essaye de refermer avec ses propres moyens.
Parfois, on arrive à cacher la misère, comme on dit, et puis parfois, ça reste à saigner et on est démunis, paralysé et on ne sait plus quoi faire pour arrêter hémorragie.
Ma plaie à moi, elle est née en même temps que moi et elle porte un nom pas très romantique : bipolarité !
Pour résumer, être bipolaire, c'est cheminer sa vie sur la plus grande montagne russe du monde.
Un coup on se retrouve au sommet, et c'est vraiment grisant, puis, en une seconde, on glisse dans la fosse, et là, c'est vraiment le gouffre.
Alors, je sais que ça a l'air pas si grave que ça vu comme ça, mais en réalité, c'est une vie épuisante, loin de l'équilibre et qui mène, très souvent, le malade au suicide.
Finalement, la bipolarité, et bien oui, c'est mortel.
Alors, bien sur, au début, personne ne comprend.
Moi, durant des années, j'ai vécu derrière un masque.
Un masque parce que j'étais rongée par la peur, celle de se sentir différente, pas à ma place, dans un univers où un mal être terrible me rongeait quand plus aucun regard ne me torturait.
Pendant tout ce temps, j'ignorais qu'il y avait un nom à poser sur le mal dont je souffrais.
Et puis un jour, après une énième tentative pour arrêter définitivement la souffrance, un psychiatre, enfin, m'a donné une réponse, un coupable, une raison :
- Mais, Madame, vous avez tous les symptômes de la bipolarité. On aurait du le voir de suite chez vous.
Sauf que les autres psychiatres, et bien, ils n'avaient rien vu.
Après ça, je me suis sentie comme un cobaye, juste bonne à remplir les poches de professionnels incompétents.
Une part de moi est très en colère à cause de ça parce que, si un seul de ces spécialistes avaient fais correctement son boulot, j'aurais pu enfin savoir ce qui n'allait pas chez moi et enfin agir sur ce mal là.
J'ai donc perdu un temps précieux sur mon traitement et, au final, cela a eu des répercutions sur ma vie et sur celle de mes proches pas très jolies.
J'en viens donc au pire sentiment que j'ai le plus de mal à gérer : la culpabilité.
Je ne compte plus, maintenant, les moments où je me sens coupable.
En premier, face à mon entourage, quand la maladie me rend imbuvable ou retranchée dans une bulle digne d'une autiste.
En second, face à la société où je suis un poids dans la balance des assistés, parce que voilà, j'appartiens à la catégorie handicapée, mais que bon, j'ai pas un membre coupé.
Et en dernier, face à moi-même quand je suis dans une crise et que je fais des choses incontrôlables ou alors complètement folles.
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