mes humeurs se radicalisent ; c'est sans doute de moins en moins supportable pour les quelques personnes qui m'entourent / de leur côté comme du mien, la lutte reste égoïste quand il s'agit de se faire considérer. ils aimeraient mieux une attitude empathique et enthousiaste, et j'imagine que c'est normal, tandis que moi, je persiste à les taxer de sournoiserie. je commence à m'en vouloir, à envisager mes accusations comme déformées quand la seconde d'après, je doute et cherche par quel moyen mon interlocuteur a pu me tromper. mais comment a-t-il pu. mais comment a-t-il pu penser que je puisse croire une seule seconde que ce qu'il dit, ne m'a pas été proposé dans le but d'étouffer mes soupçons?
comment pourrais-je croire à la fiabilité d'autrui quand je me suis vue moi-même perverse, avide de la souffrance de cet autre qui a cru m'aimer? comment pourrais-je croire que ce comportement que j'ai eu et que j'accuse, a pu naître en moi sans cause? quelles sont vos preuves? qui vous a informé que vous n'y étiez pour rien? je vous vois vous délester sans remords de votre culpabilité en me reprochant la paranoïa / la terrible emprise qu'elle a sur moi. pourquoi cette résistance face à vos probables maladresses passées, lesquelles je vous suggère maintenant? pourquoi me demander d'être à l'écoute de vos ressentis, si vous-même n'êtes pas capable de mesurer l'ampleur que peuvent prendre les miens? vous n'êtes simplement pas prêt à assumer la douleur qui surgira en vous lorsque vous vous réaliserez responsable, même minime, du mal-être d'un autre.
il est hors de question d'endosser à chaque fois le rôle de la coupable / la paranoïaque / l'insatisfaite / la cyclique / la démesurée / l'accusatrice. je ne suis pas assez profondément engloutie par la chimie défectueuse de mon esprit pour croire qu'il me faut tout assumer seule. je ne peux plus vous laisser profiter de la situation.
certains, qui se sont forgés sur mes angoisses, n'auraient pas dû se surestimer. je leur confère alors le bénéfice de la naïveté, car j'y ai eu droit aussi, car ça ne les dispensera pas de vivre à leur tour l'expérience de la trahison. tout ce que je peux leur souhaiter, c'est de mieux s'en sortir que moi. autrement, il n'y a aucun désir de ma part de les voir exulter face à la formidable tournure qu'a prit leur vie, pendant que la mienne s'anéantissait. je serais, avec eux, totalement hermétique aux compromis tant qu'il n'y aura pas eu reconnaissance de culpabilité - je traîne plus avec les tortionnaires.
pour clore le récit de la mauvaise foi (la leur, la mienne) /// je suis à présent tranquillisée d'avoir écrit sous l'emprise du désespoir mélancolique et nombriliste occasionné par l'acharnement de ma mère à vouloir me faire comprendre que je suis à présent responsable de mon état mental /// on l'aura compris, je ne suis pas tout à fait d'accord.