Raconter l'histoire de ma vie de mensonge je me mets à table comme dirait l'autre, mon plus vieux souvenir j'ai 11 ans je rentre de mon opération de l'appendicite et je ne souviens de rien, ma mémoire est comme un disque vierge formaté. On me raconte des souvenirs, des violences dont je ne me souviens pas, j'aurai préféré qu'on ne me les raconte pas, que l'on se taise. Ma mère me jetant au visage que mon père ne m'aimait pas qu'il se moquait de moi. Personne ne m'aime alors.
Un flash m'est revenu cette nuit je me mens et je mens aux autres depuis quand ? Je ne suis pas mythomane parce que je sais que mes mensonges ne sont pas la vérité, je suis juste une menteuse pathologique, une inventeuse de vie. Un autre souvenir quand dans la cour de l'école on me demande ce que fait mon père je dis qu'il est sur la route. Je déteste cette école, j'aurai voulu rester près de ma grand mère et de Marielle je me sentais en sécurité mais elle a décidé que non, je n'ai pas d'amis, je me sens seule, les garçons me harcèlent et me poussent dans les escaliers. La violence est mon quotidien.
L'entrée au collège est pire je déteste ce collège en 6e j'invente une boom et des excuses imaginaires quand elle n'a pas lieu, je me réfugie dans la lecture, je voudrai quitter cette famille. Des mensonges je vais en dire toute ma scolarité sans jamais trouver ma place en me faisant harceler continuellement le collège et le lycée seront un enfer sur terre. Je m'inventerai le père que je voudrai avoir celui dont on refusera que je le rencontre, dont on refusera de me parler, je mens sur mes notes pour éviter les coups qui pleuvent, je mens sur les garçons et les copines pour ne pas dire que personne ne veut de moi que tout le monde me laisse dans le coin. Je me sens seule et je m'invente un monde ou tout va bien. Seules les années avec Isa feront que je serai moi que je n'aurai plus besoin de mentir et de tricher, Isa à qui je n'ai jamais menti qui m'a prise avec mes bosses et mes bleus. Je la quitte pour la fac.
La fac est un supplice je croyais avoir ma porte de sortie j'ai mon enfer : sexe, bar américain et rock and roll, j'apprends que je peux plaire que des hommes peuvent payer pour moi je fais mes armes de séduction dans ce cadre tu parles d'un cadre pour ça, la souffrance me rend insensible, je suis morte à l'intérieur.
B. arrive avec son charme et sa volonté de faire de moi une fille bien, empêtrée dans mes mensonges je lui mens puis avoue et il pardonne. 20 ans de vie commune s'en suivent je mens par omission pour de petites choses mais je mens toujours je ne sais pas faire autrement, je m'invente un père une histoire parce que je ne connais pas la mienne on refusera toujours de me la raconter me laissant vide sans passé.
Toulouse 2010 je vais m'inventer une autre vie une autre histoire parce que la mienne est insupportable et creuse. J'efface B pour m'inventer L. l'homme que je rêve d'avoir, la perte de mon bébé me fait couler et ne plus remonter je plonge dans cette vie inventée. 3 ans de mensonges pour mettre fin à un mariage dont je ne voulais plus.
Un amant et un désastre plus tard, des amies que mes mensonges dégoutent et qui se sentent trahies puis qui me trahissent, un futur ex mari qui fait le tour de tous mes amis en leur révélant mes turpitudes, un carnet d'adresse qui se vide, un divorce des violence et un site pour les aventures extra conjugales plus tard ma vie est en miette à reconstruire. Bruno exige la vérité mais comment lui dire que je ne la connais pas j'étouffais juste ma vie. Je l'ai sali mon comportement a été celui d'une vraie garce pour tout saccager et que ne restent que des ruines, je lui pardonne les coups et les violences.
JP arrive et je n'ai pas su lui dire la vérité pas pu lui dire que je l'appréciais qu'il était important pour moi et que je voulais être dans sa vie, je lui ai présenté deux diablesses virtuelles et notre histoire a explosé en plein vol et je suis la seule responsable de cela.
B revient et je n'ose lui dire non par culpabilité je ne l'aime plus mais que je l'aime bien comme un ami proche. J'angoisse à l'idée d'être seule, je ne veux pas être seule.
Je ne veux plus mentir désormais mais m'appréciera t on si je me montre telle que je suis. Je suis terrifiée.