Les Fées Secondaires

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 11/10/2018.

Sommaire

Bis repetita placent

19 mai 2008 à 2h10

J'ai merdé. I screwed up comme ils disent ailleurs. J'ai la chair faible, la fibre amoureuse fragile et je ne choisis jamais ceux qu'il faudrait. J'interroge mes actes manqués et mes éternels recommencements, les renoncements auxquels je ne m'accroche jamais bien longtemps. Je perds ma vie à ramasser des garçons perdus sur le bord du chemin et quand il vont mieux ils me quittent parce que ci, parce que ça, parce que plein de raisons. Après quoi il n'y a jamais personne pour me ramasser.

Ma raison, mon intime conviction m'étreignent le coeur en étau. Ca va mal se finir cette histoire. Ca va se terminer en petits éclats de chagrin bien pointus, comme des échardes à l'âme. Parce qu'elle lui dira qu'elle est désolée, qu'elle s'est trompée, qu'elle ne voulait pas vraiment le quitter que c'était juste le temps de faire le point, qu'elle l'aimait toujours, mais qu'elle avait oublié l'espace de quelques semaines et que comme de par hasard, ça lui était revenu à ce moment là, quand j'étais tout contre lui, le coeur battant la chamade, les yeux perdus dans la mer de son regard. Prête à chavirer. Alors il ira la retrouver parce que 27 jours et une demi nuit d'amour qu'est ce que ça vaut face à treize ans et deux enfants. C'est imparable comme argument.

Je lui ai dit que je ne savais pas lutter, je l'avais prévenu. Et je n'ai pas résisté. Les happy ends des uns ne font pas forcement le bonheur des autres... Oui ça va mal se finir cette histoire. Surtout pour moi. Bizarrement.

Procrastination et Dilletantisme sont dans un bateau.

30 novembre 2008 à 3h44

J'ai eu trente ans. Et rien n'a vraiment changé. C'est pas faute d'avoir essayé pensé à essayer.

Mission pour les jours à venir : faire (ou déposer) le bilan.

Un esprit sain dans un corps sain (revue de détails).

1 décembre 2008 à 8h41

J'ai pris 20 kilos en 3 ans et j'en avais déjà 20 de trop.

J'ai des gros boutons à l'intérieur des cuisses (que je perce, évidemment).

J'ai de gros seins moches qui tombent alors que je n'ai que 30 ans (et que je n'ai jamais eu d'enfant).

J'ai un ventre énorme qui tombe (lui aussi) sur mon pubis.

J'ai des cheveux clairsemés tout fins et une pilosité drue (contre laquelle il m'arrive de lutter, parfois).

J'ai des vergetures sur la quasi totalité du corps ou presque.

Et parfois, il m'arrive de m'étonner d'être célibataire.

Les histoires d'amour.

1 décembre 2008 à 18h54

Dans Les Bureaux de Dieu il y a cette scène à la fin avec Rachida Brakni et une pute bulgare. Cette pute elle a un visage dont on dirait euphémistiquement qu'il est "marqué". Par moments, selon l'angle de la caméra on se demande si c'est un homme ou une femme, avec ses cheveux blonds délavés tirés en arrière, son maquillage permanent et ses traits tellement acérés qu'il faudrait une main en kevlar pour la caresser sans se blesser.

Les Bureaux de Dieu c'est le planning familial. Et cette pute bulgare elle vient pour se faire avorter. Pour la troisième fois. Et trois fois avec le même homme. Cet homme avec lequel elle n'a fait l'amour que trois fois. Oui parce qu'avec cet homme là, elle fait l'amour. Alors elle ne met pas de capote. Et à chaque fois elle tombe enceinte.

Et Rachida Brakni, la conseillère, est aussi surprise que les spectateurs de la scène. Elle dit en substance : "Vous couchez trois fois avec le même homme et trois fois vous tombez enceinte?". Puis elle regarde la pute dont le visage de quasi zombie se transforme en celui d'une jeune fille espiègle aux yeux brillants et au sourire timide et elle lui redit, toute chamboulée : "Quand même, trois fois, c'est fou non?"
Alors la copine qui accompagne la pute bulgare nous dit : "C'est comme ça, elle l'aime". Et la pute hoche la tête en signe d'acquiescement en souriant tristement.

L'alarme à l'oeil.

3 décembre 2008 à 3h43

Je pleure beaucoup ces derniers temps. Enfin beaucoup, non, c'est faux. Disons que je pleure au moment où je m'y attends le moins. Alors que, c'est fou, j'ai même pas pleuré quand Jean-François a disparu, pouf, comme ça, cet été juste avant le 14 juillet qu'on devait, non pardon, qu'on envisageait de passer dans un hôtel de bord d'autoroute à Montpellier pour couper la poire des kilomètres en deux. Pouf, disparu, comme ça, le 13 juillet et j'ai même pas pleuré. Pas une seule fois depuis. En tout cas pas à cause de lui.

Ça a commencé avec S. et ses dix ans de trop, ses 500 kilomètres de trop et ses envies d'enfant en moins. J'ai du aller m'enfermer dans les cabinets, au travail. En plus c'était au travail. Je ne me rappelle même pas qui étaient mes collègues cette nuit là. Il était 23h16, ça je me rappelle, le 27 octobre. Les dates, les heures, c'est précis. Mais les collègues, aucun souvenir. Ça n'a pas duré longtemps. J'ai eu les yeux un peu mouillés, je me suis mouchée une ou deux fois et puis ça a passé. Mais j'étais vraiment triste. Triste comme après un film triste.

Après il y a eu le 29 novembre. D'abord à 22h15 puis à 23h25. C'était aussi au travail cette fois mais là je me rappelle bien des collègues. J'ai pleuré à cause d'un patient. C'est pas vraiment sa faute si j'ai pleuré, il est psychotique (enfin moi je dirais plutôt psychopathe mais bon, je suis pas psychiatre, mais les chirurgiens et les anesthésistes non plus, donc je dirais quand même plutôt psychopathe). Il est donc psychotique-pathe. Et manipulateur. D'abord il m'a mise en colère. Je suis sortie de sa chambre en colère et une fois dans la salle de soin j'ai pleuré de colère parce que j'ai bien senti qu'il était content que je sois en colère. Ça fait beaucoup de colère en une seule phrase mais quand même, je suis retournée dans sa chambre un peu plus tard en voulant apaiser un peu le truc, enterrer la hache de guerre, lui dire aussi que bon, j'étais bien gentille mais quand même il fallait pas abuser mais gentiment, posément, dans le calme et la sérénité, sans agressivité, zen comme disent les gens super cools. Pour le coup je me suis fait hurler dessus et d'habitude je gère bien ce genre de situation, les conflits, tout ça, tout ça. C'est souvent moi qu'on appelle pour désamorcer les crises, les filles elles disent que je suis un genre de pacificateur. La classe internationale si je puis me permettre quelques fleurs. Et ben là, pour le coup disais-je, j'ai pas assuré une cahouète. Je suis sortie de la chambre pour pleurer. Et bien sur mon psychopathe il l'a vu et il en a profité un max après. Enfin c'est pas le propos. J'ai pleuré malgré un paquet d'efforts pour retenir mes larmes. C'est totalement stupide parce qu'en général, plus tu essaies de pas pleurer, plus tu pleures. Totalement stupide. Enfin brefle.

Et puis il y a eu ce soir donc. Vers 1h50 du matin parce qu'un type prénommé Paul Teurgueste. Parce qu'un type prénommé Paul Teurgueste m'a rappelé que comme lui, je n'étais qu'un fantôme, un fantôme pas tellement 'aimable' qui plus est. Et qu'à l'intérieur des fois, je me sens un peu morte. Là de grosses, très grosses larmes sont sorties de mes canaux lacrymaux. Des petites billes de plomb qui ont roulé sur mes joues. Pas longtemps, juste 2 minutes. Le temps de m'entendre dire que j'étais une petite nature. J'ai dit oui, une petite nature morte.

L'accablante apathie des dimanches à rosbif

28 décembre 2008 à 18h25

Je suis obsédée par cette chanson. Il me la faut. La science et les technologies numériques sont liguées contre moi. Il me faut cette putain de bordel de dieu de chanson. J'en peux plus de n'avoir que les 30 premières secondes à écouter, c'est un supplice. Rien a foutre de l'originale par Anna Karina dans Pierrot le fou. Ranap'ter de la version de Jeanne Moreau. Non moi je veux celle de Katerine (en duo avec la fille à la voix et l'accent étranges) sur l'album Les Créatures que j'ai eu jadis, que j'ai toujours sur un CD dans un format numérique oublié depuis longtemps donc forcément illisible sur ce putain de Vista™ de merd'à-cul. Ah la conne, la conne, la conne.

J'en perds mon sang froid.

Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours, ô mon amour

Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours
Ô mon amour
Jamais tu ne m'as promis de m'adorer
Toute la vie
Jamais nous n'avons échangé de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Jamais nous n'aurions cru être à jamais pris par l'amour nous qui étions
Si inconstants

Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Des sentiments se sont glissés entre nos corps qui se plaisaient
A se mêler puis des mots d'amour sont venus sur nos lèvres nues
Petit à p'tit
Des tas de mots d'amour se sont mêlés toutdoucement à nos baisers
Combien de mots d'amour ?

Jamais je n'aurais cru que tu me plairais toujours
Ô mon amour
Jamais nous n'aurions pensé pouvoir vivre ensemble
Sans nous lasser
Nous réveiller tous les matins aussi surpris de nous trouver si bien
Dans le même lit
De ne désirer rien de plus que ce si quotidien plaisir d'être ensemble
Aussi bien

Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Nos sentiments nous ont liés bien malgré nous sans y penser
A tout jamais
Des sentiments plus forts et plus violents que tous les mots d'amour connus
Et inconnus
Des sentiments si fous et si violents, des sentiments auxquels avant nous n'aurions
Jamais cru

Jamais, ne me dis jamais que tu m'aimeras toujours
Ô mon amour
Jamais ne me promets de m'adorer
Toute la vie
N'échangeons surtout pas de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Gardons le sentiment que notre amour au jour le jour,
Que notre amour est un amour
Sans lendemain

Paroles de Serge Revzani

A part ça, S. est vraiment un chic type.

En ce moment, j'aime bien Jean-Paul Dubois.

1 janvier 2009 à 9h52

J'entretiens un drôle de rapport à la lecture. J'alterne des périodes de lecture intensive (allant de un jour à six mois, rarement plus de six mois) avec des périodes de non-lecture intensive. Je remarque qu'il n'y a jamais de phase non-lecture modérée. Au mieux, dans ses périodes là il m'arrive de feuilleter les pages d'un livre, d'en lire les premières lignes, de le reposer dans la pile des livres-commencés-qu-il-faudra-bien-lire-un-jour-plus-tard, quand j'aurai le temps l'envie. Et ça dure comme ça quelques temps jusqu'au jour où, au cours d'un feuilletage distrait je dépasse les dix premières lignes, puis d'un coup d'un seul, j'ai dépassé les 50 premières pages. Et là l'envie me revient. Brusquement. Je me remets à lire tout ce qui me passe sous la main. Je pioche dans ma pile de livres-commencés-qu-il-faudra-bien-lire-un-jour-plus-tard. Si je découvre un auteur, je lis un maximum de choses de lui. Parfois je tombe sur une pépite. Un livre tellement jubilatoire, qui t'emmène tellement loin qu'il est impossible d'entamer un nouveau voyage.

J'ai aussi une relation assez charnelle avec mes livres. J'aime bien les malmener, les tacher, les corner, casser la reliure. Ils deviennent vivants, ils sont porteurs de souvenirs et d'évocations. C'est pour ça que j'aime bien posséder mes livres. On fait pas ça avec les livres des autres. Pourtant j'adore les prêter. Surtout ceux que j'ai aimés. J'ai souvent besoin de partager mon amour d'un livre. Mais c'est prendre le risque de ne jamais les revoir. Comme Cent ans de solitude qui sent l'odeur de l'Adriatique, taché de jus de figue et contenant quelques-uns des plus beaux passages poétiques qu'il m'ait été donné de lire. En racheter un ça serait acheter un autre livre.

Tout ça pour dire qu'en ce moment j'aime bien Jean-Paul Dubois. Après Kennedy et moi et le super étrange Parfois je ris tout seul, je vais commencer Une année sous silence, conseillé par S. et pour le métro, j'ai Microfictions de Régis Jauffret, un livre assez curieux. Ca me fait le même effet que Politique. Parfois, avec certains livres, je mets du temps à savoir si j'aime ou si j'aime pas. Mais quelque chose me pousse à continuer. Souvent j'aime bien cet effet là, cet espèce de flou du jugement où les impressions contradictoires se mélangent. Il arrive que cette sensation ne prenne pas fin avec le point final du livre. Politique par exemple, j'ai fini par décider que je l'avais aimé en voyant Les chansons d'amour. Deux après l'avoir lu.

Pour Microfictions j'ai encore 800 pages pour me décider.

Procrastination : la preuve par neuf.

30 mars 2009 à 4h19

Bien sûr je n'ai toujours pas réglé et classé les affaires courantes :

1. Régler le problème de la taxe d'habitation (ce qui aurait du être fait depuis le 15 février);

2. Réveiller la GMF afin qu'ils fassent enfin les travaux dans mes WC (dossier en attente depuis le 15 octobre 2008 dont la résolution me permettrait de jouir d'un lieu d'aisance fraichement repeint plutôt que me soulager face aux stigmates muraux d'un dégât des eaux datant d'octobre, octobre 2007);

3. Signer mon renouvèlement de bail (avant le 31 mars 2009 - j'ai encore laaaaargement le temps);

4. Prendre un rendez-vous chez l'ophtalmo, le dentiste, trouver un endocrino et un dermato (note pour moi même : me rappeler que je travaille dans un grand hôpital public qui dispose de tous les services de consultations possibles et imaginables et que les employés du dit hôpital peuvent parfois bénéficier, selon l'ouverture d'esprit de la secrétaire, de petites ristournes sur les délais d'attente, à savoir 6 mois réduits à 2, ou truc de ouf');

5. Ecrire à S., Mémé, Isabelle, appeler Perrine, Myriam, Marie, Clément (m'inquiéter un peu pour Clément aussi);

6. Ouvrir mes droits au comité d'entreprise histoire d'arrêter de payer plein pot les places de concert;

7. Poser mes congés annuels (avant le 1er mars, dernier délais, sous peine de voir les souhaits de dates de vacances non satisfaits);

8. Résilier mon abonnement chez Orange qui me pompe 20 € par mois alors que mon contrat est terminé depuis 3 mois et que je paie déjà 50 € chez Bouygues (chez qui je n'aurais jamais, mais alors jamais du m'engager...l'anecdote vaut d'être développée pour le coup : mon petit forfait Orange Pro, 3 heures à 43 € m'allait très bien jusqu'à ce que je rencontre J.F. Je ne faisais jamais de dépassement de forfait, j'avais toujours plein de temps d'avance, je n'utilise que très peu le téléphone d'ailleurs(cf. preuve n°5). Sauf que J.F. habitait l'Aveyron et la distance et le besoin de se dire des mots doux aidant j'ai claqué en rien de temps (c'est à dire une nuit) mes deux heures de téléphone mensuelles. Ajoutons à cela le fait qu'à ce moment là j'étais en panne et d'Internet et de téléphone (ce pendant plus de 2 mois, au total), le coût du dépassement a été plutôt amer. Je me suis donc ruée sur les forfaits avec du temps illimité de chez le concurrent, souscrit un abonnement à 50€ mensuels et me suis fait plaquer une semaine plus tard. Fin de l'anecdote. Affligeant.);

9. Essayer de m'épanouir à travers mes bricolages, la photo, lire plus, regarder plus de films au lieu de perdre mon temps sur des sites de rencontres iniques où je n'ai pas ma place en me berçant d'illusions (on sait jamais, dans le lot, y en aura peut-être un à qui je plairai).

Bon allez, au lit.

C'était vraiment très intéressant.

12 juillet 2009 à 4h44

Jeudi dernier j'ai acheté un Mac. Un ordinateur je veux dire. Un iMac même. Le 20 pouces (nan parce que bon hein, je suis pas Cresus, je paie comptant non plus, faut pas déconner...en 20 fois, un genre de crédit à la consommation*).
Tout ça me rend très heureuse, un peu comme si j'étais amoureuse.

(Oui, je sais, c'est passionnant)

         *C'est le mot important de ce message.

This a S.O.S

9 août 2009 à 9h09

Garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre, garder les pieds sur terre...

C'est une question de santé mentale.

Les petits cailloux.

24 septembre 2009 à 3h52

Comme dit Sylvie, j'ai un méchant syndrome Saint Bernard qui me colle aux Converse.

Le problème, c'est que ce grand blessé là, je l'aime. Je l'aime vraiment j'veux dire. Je l'aime comme on aime a 15 ans. Comme quand on remplit des feuilles A4 grands carreaux de son prénom à la pointe de son stylo Waterman encre turquoise. Comme quand on rentre dans les parfumeries pour s'asperger de son parfum et se souler en douce de son odeur en sniffant l'écharpe qu'il a portée une nuit. Comme quand on voit des signes partout, tout le temps, en continu, même en rêvant. Boris Vian, Mackintosh, du tablier de sapeur, Jacques Prévert, Bernard Yslaire, tout ces garçons qui se mettent à s'appeler Frédéric autour de moi, Napoléon Bonaparte, et puis des photos, des images, des signes, des clins d'yeux, comme quand on voit des signes, partout, tout le temps, en continu, même en rêvant.

Je l'aime comme quand on aime à 15 ans, mais le problème vraiment, c'est que je l'aime comme quand on aime le père de ses enfants, parce que c'est ça aussi. C'est aussi lui que je vois. Celui avec qui j'ai envie de devenir vieille et ridée, avec qui j'ai envie non seulement de découvrir le monde, mais aussi d'aller faire le marché le dimanche matin, de découper le poulet dominical avec une tripotée de petits enfants rigolos qui auraient ses yeux bleus, son nez, ses oreilles et son nom.

Sauf que là, je me sens fondamentalement triste. Triste comme quand on est pas vraiment aimée en retour. Non vraiment, c'est très triste, tellement triste que depuis deux semaines je me traine une bonne quinzaine de kilos cailloux dans le bide. Et merde, les cailloux, c'est pas facile à digérer.

La petite prière de la nuit d'insomnie

30 octobre 2009 à 5h58

Non vraiment

Jamais plus

Je ne veux

Tomber amoureuse

De qui que ce soit

Parce que c'est gâcher

Ce qu'en moi il y a de meilleur

Oui je sais

Cent fois déjà

Je l'ai répété

Tout cet amour maintenant

Je le garde

Ca m'épuise d'aimer

Ca m'épuise tant d'aimer dans le vide

Aimer dans le vide

Plutôt que de m'aimer moi-même

Oui je sais

C'est toujours ce qu'on dit

Ce qu'inlassablement

On se répète

Pour guérir de l'amour qu'on ne reçoit pas

Et qu'on n'a jamais reçu

Mais ça m'épuise tellement

Et puis ça use mes oreillers

De chaque nuit

Faire des trous dedans

Avec le sel de mes larmes

Je suis aigrie sans doute

Probablement

Ou alors tout simplement

Je suis fatiguée

D'aimer tant

Dans un si grand vide

De toujours, toujours

De toujours n'aimer que du vide

Oui vraiment

Jamais plus je ne veux

Tomber amoureuse

Sacrée Kübler-Ross

9 novembre 2009 à 2h17

Déni:

J'ai pas tout de suite compris. Au départ, je sais pas pourquoi, je pensais qu'il était juste pas sûr de lui, qu'il hésitait, qu'il ne savait pas si son attachement à moi, son...affection, étaient liés à sa peur, son angoisse de solitude ou s'il avait simplement besoin de temps pour savoir. Qu'il voulait prendre son temps, gérer le tumulte de ses propres émotions. J'ai pas voulu l'entendre tout de suite. Quelques jours j'ai cru que tout était encore possible, j'ai mis ça sur le compte de son trouble, de son manque d'expérience du sentiment amoureux, de sa perte de repères, de sa sensibilité. J'avais encore des nuages à mes semelles, j'étais encore heureuse de l'aimer tant, de l'aimer si fort.

Marchandage¹ :

Puis j'ai commencé à négocier des choses avec moi même, à me dire qu'il fallait que je sois patiente, qu'en maintenant ce lien ténu vidé de toute substance charnelle, en continuant d'être présente, en mettant un peu de couleurs dans son quotidien, peut-être, éventuellement, sous ces conditions là, il finirait, oui peut-être par se rendre compte que j'étais faite pour lui. Car lui était fait pour moi. Si parfaitement fait pour moi que le bon Dieu, s'il existait, ne pouvait pas permettre que deux âmes aussi compatibles ne s'unissent pas à un moment ou à un autre.
Ca n'a pas duré bien longtemps...

Dépression:

Brusquement, j'ai tout pris dans la gueule, tout m'est revenu petit à petit. J'ai fini par entendre tout ce que ce que j'avais nié en bloc. Comme ça d'un coup. Je suis allée me coucher après avoir échangé quelques mots avec lui, j'ai caressé l'endroit du lit où il aurait du se trouver, j'ai cherché son odeur dans le foulard sous l'oreiller et je ne l'ai plus sentie. Alors oui comme ça, d'un coup, j'ai compris et je me suis mise à pleurer. Et depuis je ne m'endors plus sans pleurer. Et vraiment, je savais pas qu'on pouvait être aussi malheureuse, je savais pas qu'on pouvait pleurer si fort et si longtemps. Et faire autant de cauchemars dans les petits temps de répit que les larmes permettent parfois.

Colère¹ :

Et puis la colère. La bonne grosse colère purulente qui ronge. Je suis fâchée contre lui, je suis fâchée contre moi, je suis fâchée contre les hommes et la terre entière. J'en veux à son ex d'être encore partout si présente, après deux ans, dans les placards de la salle de bain, dans le tiroir à épices, dans le porte revue des chiottes. Je la déteste d'être si belle. Intérieurement j'enrage. Je serre les poings, je serre les dents, je grince du coeur et je suis amère. La vie est une chienne et j'en chie. Je déteste les gens qui s'aiment, je déteste les gens qui ne s'aiment plus. J'ai un noeud à l'estomac et je me sens acide. Amère et acide. Je me sens moche, plus moche que jamais et j'ai envie de cracher ma laideur à la face des beaux, à la face de ceux pour qui l'amour est simple, facile, qui tombent amoureux comme tombent les plumes d'un oreiller explosé au cours du bataille de polochons. C'est joli, aérien, poétique. Moi quand je tombe amoureuse c'est du plomb, c'est comme une enclume, un gros boulet bien lourd qui m'entraine vers le fond et qui m'empêche d'avancer. Non vraiment, quand je tombe amoureuse c'est laid et c'est pénible, et je lui en veux tellement de m'avoir fait ça, je lui en veux d'avoir provoqué ces trucs là en moi. Je voudrais ne l'avoir jamais connu et en même temps, la seule évocation de ne jamais le revoir me coupe les jambes et le souffle. J'angoisse dès qu'il est un peu absent ou lointain, je voudrais avoir l'initiative de la distance qui se met peu à peu entre lui et moi. Je sens la méchanceté poindre, je voudrais le punir, qu'il ne rencontre jamais personne, qu'il reste seul, qu'il n'ait que moi, qu'il s'en morde les doigts, que ça le rende malheureux de ne pas m'avoir aimée. Je le déteste autant que je l'aime et je me déteste de lui vouloir autant de mal alors que j'aurais voulu lui faire tant de bien. Je m'inflige des douleurs supplémentaires à l'imaginer déjà dans les bras d'une autre, je l'imagine à en avoir la nausée. Je suis en colère d'être en colère. Je suis en colère de ne pas pouvoir extérioriser cette colère, de l'étouffer en moi-même et de faire comme si de rien n'était, de donner le change, de mentir effrontément, ça va ? oui ça va, je fais aller, je m'occupe l'esprit et je souris en serrant les poings, en grinçant du coeur. Et toujours je continue de pleurer. J'avais vraiment oublié qu'on pouvait être aussi malheureuse.

Acceptation:

Work in process.
A quelque chose malheur est bon, avec tout ça je révise mes cours de sciences humaines. Ah ah ah.


¹En théorie, chez E. Kübler-Ross, les étapes du deuil se déroulent dans l'ordre suivant:
- Déni
- Colère
- Marchandage
- Dépression
- Acceptation.
Mais il n'est pas rare que l'ordre soit parfois modifié, voire qu'une étape passe totalement inaperçue. Néanmoins, dans chaque deuil, quelle qu'en soit la nature, les individus les traversent toutes.

Rebecca

12 novembre 2009 à 1h54

Cent ans de solitude est mon livre préféré du monde entier. Je le sais parce que je l'ai lu au moins 50 fois dans son intégralité. Je l'ai perdu, racheté, prêté, jamais récupéré, racheté à nouveau, reperdu, reprêté, racheté, à chaque fois lu, relu et rerelu. Parce qu'à chaque fois il me fallait refaire les petites notes sur mes passages préférés. On m'a souvent demandé quel plaisir on pouvait avoir à lire tant de fois un livre ou des passages d'un livre, j'ai souvent répondu le même plaisir que celui qu'on éprouve à écouter une chanson plusieurs fois par jour.

"Les après-midi où il pleuvait, tandis qu'elle brodait en compagnie d'un groupe d'amies sous la véranda fleurie de bégonias, il lui arrivait de perdre le fil de la conversation et une larme de nostalgie roulait jusqu'à lui saler le plais, à la vue des couches veinelées de terre humide et des monticules de boue qu'édifiaient les vers du jardin. Ces goûts cachés, vaincus en d'autres temps par le mélange d'oranges et de rhubarbe, rallumèrent un appétit impossible à contenir lorsqu'elle se mit à pleurer. Elle remangea de la terre. La première fois ce fut presque par curiosité qu'elle s'y remit, persuadée que le dégoût qu'elle éprouverait serait le meilleur remède contre la tentation. Et, de fait, elle ne put supporter de garder la terre dans sa bouche. Mais elle insista, vaincue par un désir croissant, et peu à peu retrouva l'appétit ancestral, le goût des minéraux primaires, cette satisfaction sans failles que procurait l'aliment originel. Elle glissait des poignées de terre dans ses poches et les mangeait par petits grains sans se faire remarquer, remplie de bonheur et de rage à la fois, tandis qu'elle enseignait à ses amies les points de broderie les plus difficiles et parlait des autres hommes qui ne méritaient pas qu'on poussât le sacrifice jusqu'à avaler pour eux la chaux des murs. Les poignées de terre rendaient moins lointain et plus réel le seul homme qui méritait pareil avilissement, comme si cette terre qu'il foulait de ses fines bottes vernies en quelque autre endroit du monde transmettait jusqu'à elle la densité et la chaleur de son sang, par cette saveur minérale qui lui laissait un goût de cendre dans la bouche et déposait un sédiment de paix au fond de son coeur."

Gabriel Garcia Marquez. Cent ans de solitude

Bon par contre, c'est décidé, demain, je commence Belle du Seigneur.

To Do List

12 novembre 2009 à 2h09

A propos de livres, je me rends compte que je possède assez peu de livres (seulement 6 cases de romans et recueils de poésie, et trois cases d'essais et autres écrits dans mon étagère Lack de chez Ikea, sans compter la pile sur la table basse et celle au pied du lit). J'ai été, des années durant usagère régulière de la bibliothèque municipale des différentes villes ou quartiers dans lesquels j'ai vécu, on m'a prêté beaucoup de livres, j'en ai prêté un grand nombre qui ont aujourd'hui disparu. Je suis loin de me rappeler de tous. Et plus le temps passe moins je m'en souviens. Il faut que je commence une liste, qui je le crains, risque de manquer d'exhaustivité. Je me surprends à n'en avoir jamais eu l'idée malgré ma passion pour les listes et divers inventaires sans intérêt.

Qu'un beau cambrioleur...

17 novembre 2009 à 8h42

Encore une nuit blanche, une nuit sans lui. Je me résous à sortir du lit parce que c'est du temps perdu que de tourner en rond, retaper les oreillers, secouer la couette, essayer le côté droit, puis le dos, puis le côté gauche, se mettre sur le ventre, le nez dans le foulard, cette saloperie de foulard que je n'arrive pas à mettre au sale et sortir de sous mon oreiller la journée, cette putain de saloperie de foulard qui ne sent plus rien mais sur lequel il doit bien rester encore quelques particules de son ADN.
Et puis 14 jours sans nouvelles, sans texto, rien. Juste un petit message "hors ligne" pour me dire combien il était occupé, qu'il m'embrassait très fort. Un dernier tout petit message le 11 novembre où j'étais encore "sa", où il m'appelait "ma". Et plus rien. Plus rien, plus rien du tout. J'ai beau savoir qu'au fond c'est ce qu'il y a de mieux pour moi, prendre de la distance, mettre de la distance, ne plus faire de ce garçon le pivot de ma vie, ne plus guider mes faits, mes gestes, mes pensées en fonction de ses faits, de ses gestes et de ses potentielles pensées. Bordel qu'est-ce que ça me rend triste cette absence. Et au fond de moi, en essayant de me garder de toute paranoïa, je sais bien, je me doute bien qu'il n'est pas si occupé que ça, qu'il s'éloigne petit à petit parce que l'idée de me blesser l'ennuie, que l'idée de me savoir si amoureuse l'ennuie et l'empêche probablement d'en rencontrer une qu'il aimera pas juste très fort, mais tout court. Ou parce que simplement je l'ennuie. Parce que ma guérison prend du temps et que je commence gentiment à lui courir sur la prostate. Parce qu'au fond il n'est pas si gentil, si sensible qu'il le prétend, parce qu'au fond il est peut-être un peu lâche, qu'il se sent un peu le salaud de l'histoire, ou parce que ma tristesse que j'essaie pourtant tant bien que mal de lui cacher le rend triste lui aussi. Tout ce que je vois, c'est qu'il s'en va. Et qu'il n'a pas l'air d'avoir envie que je le rejoigne. Et ça me rend putain de triste.

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Ton infinie tendresse et ton infini respect tu peux te les fouttre au c...(titre provisoire)

20 novembre 2009 à 23h56

ponts coupés amarres larguées tangente derniers mots ce soir après dernier mot trop dur parce qu'une autre est entrée par la grande porte non pas savoir parce que trop mal trop dur trop difficile trop chienne de vie et les oreilles qui bourdonnent les larmes qui ne s'arrêtent plus parce que son fantôme partout tout le temps autour de moi parce que lui et cette autre trop douloureux lui et cette autre dans ses bras ses bras qui me serraient si fort avant qui maintenant la serrent elle ses bras si doux si tendres ses bras sa peau son coeur qui bat qui ne bat pas pour moi son coeur sous ma main qui papoum papoum sous ma main ses cheveux sous ma main sa peau sous ma main sa tendresse disparue finie plus pour moi plus jamais parce que mes larmes acides brulantes dévorant mes joues ma gorge et ratatinant mon coeur comme un raisin sec mon coeur tout sec d'amour inconditionnel d'amour plus qu'imparfait tu comprends des comme toi on en aime qu'une fois dans sa vie on se dit et on y croit qu'on en aime qu'une fois une seule toujours à jamais oui prendre le large tu sais parce que je t'aime tant je t'aime tant parce que j'ai beau compter je ne compte pas et je ne t'ai pas tout dit j'en ai gardé beaucoup sur le petit raisin sec dans ma poitrine trop de kleenex humides de larmes et de morve NaCl à 0,9% de mes yeux fou comme ça ne s'arrête pas un corps un coeur même en raisin sec comme encore ça fabrique de l'eau salée qui brûle et puis c'est dégueulasse t'es d'accord oui là dessus on est raccord la vie c'est dégueulasse tais toi me dis pas que je mérite ça je veux pas l'entendre de ta bouche ô ta bouche ma main sur ta bouche mes lèvres les effleurant pas ces mots dans ta bouche ils puent quand tu les prononces ils sentent le coeur en putréfaction stupeur devant les mots en fait j'ai rencontré quelqu'un stupeur choc vide bourdonnement bouche ouverte yeux ouverts et stupeur pourtant je le savais je le disais d'ailleurs à l'instant où je l'ai su au moment même certitude à l'exactitude même du moment où parce que quinze jours bordel je le savais et ne me dis plus jamais ma je ne suis pas ta je ne serai jamais ta tu mens tu mens tu te mens et me mens je ne t'ai rien apporté c'est du mensonge pour ne pas avoir l'air du salaud non ne dis pas que je mérite c'est méchant ça fait mal c'est laid dans ta si jolie bouche c'est laid ça mange ton sourire si tellement tu ne supportes pas parce que tu ne veux pas être un salaud parce que c'est pas bon pour ton image et pourtant je t'aime inconditionnellement même tout ça j'aime même que tu sois encore bon pour moi je ne veux pas l'entendre parce que c'est plus facile de faire disparaitre les salauds i fell in love with a bad bad man every since i met him i've been sad sad sad et tu vas tant me manquer pourtant j'ai dit quand je serais guérie je reviendrai tu as pleuré de me rendre si malade mais range tes larmes de crocodile et croque odile et le bonheur que je ne mérite pas avec toi mettre le foulard au sale le respirer une dernière fois puis le laver de toi oh non le respirer encore parce qu'il sent encore un tout petit peu le respirer encore un peu un tout petit peu juste une dernière nuit avec le foulard pleurer le nez dedans and i'm going out sleepwalking where mute memories start talking la toute dernière nuit et puis fini t'oublier t'oublier pour toujours oublier comme je t'aime même si je sais que jamais parce que jamais aimé comme ça même à quinze ans jamais les larmes comme ça et les oreilles qui bourdonnent et le coeur en raisin sec jamais avant t'oublier un peu un temps un moment arrêter de gratter les croutes et faire gonfler le raisin sec dans un peu de rhum chaud un peu de temps en temps guérir doucement

7561

21 décembre 2010 à 2h47

C'est loin l'Ouzbékistan non ?

Ben disons, c'est pas comme si tu allais à Cahors...

Comment on peut aimer quelqu'un qu'on a jamais vu ?

Parce que c'est comme ça, c'est la modernité petite madame.

Ouais, mais moi je suis vieille France je crois, le progrès, parfois, ça me dépasse.

Il me dit qu'il m'aime, mais je crois pas qu'il s'imagine...

Qu'il s'imagine quoi ?

Ben de quoi j'ai l'air...

Arrête de suspensionner, dis les choses.

C'est dur. Et les silences ça dit des choses non ?

Non mais là, tu suspensionnes, tu dis pas ce qui te brûle la gorge.

Non, j'le dis pas. Non, j'ai les j'tons.

Tu lui as dit que tu l'aimais ?

Non, je lui ai dit que j'étais amoureuse, cépapareil.

Et lui, il sait que tu es...enfin...

Que je suis quoi ?

Ben ce que tu crois là.

Tu vois toi aussi tu suspensionnes.

Je suspensionne parce que tu ne me dis pas les choses.

Il m'a dit qu'il était amoureux. Mais seulement parce que je lui ai tiré les vers du nez.

Ah ben quand même, ça, c'est une première non ?

Oui ! Mais...

Mais ?

Ben je suis, je suis...

Tu es ?

Je suis...moche.

Il a vu ta tête ?

Oui.

Ben alors. Il est quand même amoureux non ?

Oui. Mais...

Mais ?

Mais il a pas vu le reste.

Ah.

Ouais.

Et ? Il le sait ?

Oui, je lui ai dit.

Et ? Il est amoureux quand même ?

Oui.

Ben alors ?

Ben alors, je crois...je veux dire...je pense que heu...

Cesse de suspensionner, dis le enfin !

Je crois qu'il m'imagine mieux que je suis.

Mieux comment ?

Je l'impressionne, je l'intimide, je suis palpitante et subjugante, il dit presque que je suis trop bien pour lui. Il dit des choses folles qui me rendent folles, qui me rendent belle et séduisante.

Ah ! Tu vois ?

Mais non, je vois pas. C'est lui qui est trop bien pour moi.

Tsss.

Je vais me briser le coeur.

Comme d'hab' non ?

Ouais, comme d'hab'. C'est pas possible d'être aussi nulle.

Ah ça oui, tu le fais exprès. L'Ouzbékistan quand même. Sur ce coup, tu fais fort.

Je sais...

Tu l'aimes ?

Grave.

Même si toi aussi tu as juste vu sa tête ?

Grave.

Malgré son caractère de merde ?

Surtout grâce à son caractère de merde.

Ben voyons.

Ben ses défauts c'est aussi le mystère tu vois ?

Non j'vois pas...le mystère, j'vois pas non.

Ben il est entier, presque violent dans ses réactions, mais il dit pardon, je suis désolé. Et moi ça me fait du bien parce que j'ose lui dire t'es rien qu'un con. Enfin non, j'ose pas encore, mais je crois que j'oserai lui dire quand ça me va pas. J'ai déjà osé. Un peu. Et puis j'aime bien son autorité.

Son autorité, la pauvrette, elle cherche un papa !

Non ! tu comprends pas...Il m'aide à remettre de l'ordre dans ma vie si dissolue diluée. Je me mets à avoir des heures, à agir, oui agir, ne pas laisser les choses glisser sur moi. Il me cadre, il me drive, il ne me laisse pas me laisser aller.

Ta phrase est laide.

Je m'en fous.

Tu sauras t'affronter à lui ? Te confronter à lui ? Ne pas être cette petite chose molle et sans volonté que tu deviens quand tu aimes ?

Oui !!

A d'autres...

Si ! J'ai envie de me bagarrer avec lui.

Nous v'la bien.

Oui...

Misère.

Ben j'aime bien l'impressionner, l'intimider, j'aime bien me sentir haut de gamme, il me fait sentir super haut de gamme. Je suis haut de gamme non ?

Alors ça !!

Ouais, je suis haut de gamme, un truc de fou. Je me trouve plutôt pas mal en ce moment, glam' sexy jolie même. Alors que j'étais devenue tellement moche après l'autre.

L'autre, nous y voilà.

Ben oui quand même. Cépapareil.

C'est facile, l'autre, il t'a jamais dit qu'il était amoureux. Alors, garde les pieds sur terre Nenette, jouis des palpitations de ton coeur quand tu lis des je t'ai attendu toute la journée, mais ne décolle pas trop haut, gaffe à ton coeur rafistolé.

C'est naze de dire ça, c'est naze, parce que, c'est toi qui me le répète tout le temps, c'est naze parce qu'anticiper la merde, c'est le meilleur moyen de la faire venir, c'est naze parce que la peur elle empêche tout. C'est naze parce que 7561 km et bien, ça m'a même pas fait peur. Ca aurait du, mais non, que dalle, je suis allée droit dedans, tête baissée. Alors maintenant, tant pis. C'est trop tard pour m'empêcher d'avoir le coeur brisé. Je l'ai déjà eu tant et tant de fois en miettes, une fois de plus ou de moins hein ? J'ai tellement cru que je m'en remettrai jamais, j'ai tellement dit, après l'autre que c'était fini et regarde où j'en suis maintenant ? Tête la première. Sans les mains. Les yeux grands ouverts face au danger. Et si je me plante ? Si je me plante tant pis. Je suis le Sisyphe de l'amour, l'Ivan Denissovitch de la passion. Ouais m'dame.

Hin hin, t'es trop conne.