Ayant vécu des histoires traumatisantes, j’avais toujours eu peur de me dévoiler. Je déteste me voir dans le miroir ou faire face à moi-même. J’ai essayé maintes et maintes fois d’écrire un journal intime, au moins pour m’aider à évacuer ce traumatisme. Mais, j’efface tout à la seconde ligne. Je me suis dit que je n’avais pas le droit de pleurnicher sur mon sort, car après tout un journal intime, cela servira à quoi ? Peut-être à laisser une trace de son histoire sur terre, mais si l’on utilise un pseudo, je ne voyais pas trop l’intérêt. Enfin, je refusais de voir que je souffrais, et le fait d’étaler tout cela, ne fera qu’aggraver la situation. Sauf qu’en même temps j’ai aussi besoin d’évacuer, car dernière chaque sourire se trouve souvent des larmes.
J’ai essayé de garder tout pour moi et je me suis convaincu que le temps peut faire son œuvre, mais quand je fais face à moi-même, je vois une fille à problème qui a peur d’imaginer l’avenir par peur d’être déçue, encore et encore. Et j’ai peur de cette déception, car je suis en mille morceaux et je n’aurais pas la force d’affronter d’autres problèmes.
Ce qui m’a surtout poussé à créer le journal, c’est que j’ai besoin d’évacuer tout cela, de m’autoriser à pleurer, à me plaindre sans qu’on me traite de folle, ou de cinglée. Car dans mon entourage, t’as beau avoir mal, personne ne s’en soucient vraiment, tu prends sur toi et tu passes à autre chose.