Je ne me souviens plus totalement de l'ordre dans lequel a eu lieu, ce que j'appellerais plus tard "la soirée de trop", je me la rappelle juste par bribes.
Je revois ma mère ivre face à mes grands parents se demandant ce qui lui arrivait de se mettre dans cet état, aussi lamentable qu'était son état ce soir là, je la revois avec son portable, et sans doute avec le message de rupture de l'autre homme, je la revois dire ces mots définitifs à mes grands parents, elle aime un autre homme, et mon père est dans la cuisine, elle aime un autre homme et mon grand père ne comprend rien, il lui demande trois fois de répéter, ce qui a causé un fou rire général, nerveux, sans doute, face au ridicule de la situation.
Elle aime un autre homme et nous rigolons face à mon père qui demande ce qu'il se passe, et jamais je ne pardonnerais cette soirée là, d'avoir eu la faiblesse de rire, face aux incompréhensions, de rire, parce que je reste humaine, et que la situation était risible tellement elle semblait irréelle, dans une autre vie.
Elle aime un autre homme, mais elle n'en a plus reparlé de la soirée, elle ne le pouvait pas, mon père était là, et ma grand mère avait cet air, qu'elle a parfois, comme si son visage ne suffisait pas à exprimer tout le malheur que lui fait subir sa fille, parce que je ne m'y trompais pas, je tenais mon égocentrisme de maman, qui tenait le sien de ma grand mère, je pouvais voir en elles aussi facilement que si j'avais décidé une bonne fois pour toutes de voir en moi.
Et, ce que je voyais en ma grand mère, ce n'était pas les dommages causés à ma famille, à mon père, à l'équilibre des enfants, mais ses dommages à elle, comment elle pourrait tirer le pire de la situation pour se faire plaindre, elle.
Contrairement à maman, son égocentrisme à elle, était très nuancé, par l'amour, par la maturité, beaucoup plus facilement que moi, elle arrivait à se mettre entre parenthèse, du moins tant que nous serions présent, pour penser à ses enfants, elle arrivait à se sacrifier, et je n'ai pas de mots pour peser la souffrance qu'elle devait s'infliger, je décidais que peu importait qu'elle se fasse plaindre devant d'autres personnes, elle le méritait bien, puisqu'elle pouvait se donner totalement à ses enfants, ainsi je l'admirais profondément, si j'avais pu, j'en aurais voulu à ma mère de lui causer encore du soucis, mais comme toujours, dans le soucis de me calmer, face à moi, elle aurait tempéré, en insistant sur le fait que ma mère a été une enfant et une adolescente modèle, elle avait bien le droit de se rebeller un peu adulte.
Pour moi, ce qui importait à ce moment là, et sans doute pour toujours (avec quelques nuances) c'était que face à moi, il était rare que ma grand mère s'accable sur elle même.
Nous partions, le lendemain, avec mon frère et ma soeur, chez mes grands parents, il m'était impossible de partir, sans parler à ma mère, de sa révélation choc de la veille à mes grands parents, elle s'en voulait, beaucoup, horriblement, et bang, elle me confia la tâche de leurs assurer que tout était faux, elle me confia la tâche de mentir encore pour elle, puisque cette histoire était finit, on devait rattraper le coup, disait-elle.
C'est ce qu'elle fit, elle "avoua" à mes grands parents que c'était une vielle histoire, un peu inventé d'ailleurs, faute à l'alcool, oui, elle était désolée d'avoir dit tout ça, d'avoir dormi par terre dans le jardin, et n'en parlons plus, "ok ?"
Sauf que mes grands parents qui n'étaient pas dupes, n'étaient pas "ok" du tout, mais, encore une fois, ils firent mines d'acquiescer, puisque de toute évidence j'allais être disponible toutes les vacances pour plus d'informations.
Je devais dire adieu au grand bol d'air sans maman dont j'avais rêvé, puisque même à 500km elle serait là, menace au dessus de ma tête si je disais quoique ce soit, oh, ce n'était pas de grosses menaces, l'avenir me prouverait que ma soeur, plus forte que moi, saurait faire face à ce genre de menaces, mais moi, je ne pouvais survivre à l'idée de décevoir ma mère, à l'idée qu'on finisse par s'éloigner.
Je le voulais sans le vouloir, ou sans être capable de le vouloir pleinement, c'était une partie de moi tenace, je ne pouvais pas mettre de la distance, nos sentiments se confondaient.
Rien était clair dans ma tête, je faisais des liste "ça tu peux le dire, ça non, et ça ? comment réagirait-elle si tu disais ça ?"
Sans compter sur le fait, que bien des personnes dans ma famille étaient au courant de son état, bien qu'elle ignorait, et ils trouveraient dans le fait que je sois sans elle, une aubaine pour en savoir plus, devaient-ils ou non s'inquiéter?
J'avais des nouvelles de B, mon ex amour, j'étais trop fatiguée pour ne renoncer à la tentation de lui répondre, du sexe, et plus de pensées, il ne m'aimait plus, je ne l'avais jamais aimé, ce que je cherchais ? Sans doute, ma part d'égoïsme qui voulait le faire souffrir en lui démontrant cent fois à quel point je pouvais me séparer de lui, lui reprochant de n'avoir pas répondu à mes vieux textos de supplications, et voir, voir son hypocrisie pour ne pas voir la mienne, jusqu'ou pourrait-il allait pour que je couche avec lui, qu'est ce qu'il pourrait me faire croire juste pour avoir mon corps...
De toute évidence, il était prêt à tout, je m'en moquais, je prenais l'énergie de façon indigne, là ou je le pouvais, il me restait beaucoup à affronter, et le sexe, même vite fait, mal fait, à toujours eu des vertus à me détendre.