J'aurais voulu être fabuleuse.

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J'aurais voulu être fabuleuse.

7 juillet 2015 à 20h06

Parfois, je mens juste comme ça.
En fait, non pas "juste" comme ça.
Je mens parce-que je suis déçue de moi-même.

J'ai toujours pensé que un jour je serais l'exception. Qu'un jour je serais exceptionnelle et que tout le monde pourrai le voir et m'admirer et vouloir être prés de moi et de mon "exeptionalisme".
Mais la vérité, c'est que je suis banal. Je suis une banale rêveuse qui lit un milliard de romans, qui regarde un milliard de comédies romantiques et grignotte n'importe quoi devant un milliard de séries.

Je n'ai rien d'indispensable. Rien de formidable.

Par exemple, il y'a de là une semaine (un peu plus) j’étais à un mariage. Et tout le monde posait la question, que tout le monde pose fin juin. « Alors, les examens ? ».

"Alors les examens" c’est que j’ai 5 putains examens de passages. Voilà les examens. "Alors les examens" c’est que j’ai dit à tout le monde que j’en n’avais que deux. (Sauf à Luna parce-que on est dans la même merde.)

Je n’avais pas envie de regarder tous ces gens dans les yeux et leur dire : "Je m’appelle Marie, je ne suis ni exceptionnelle, ni fabuleuse. Et vous ? ».
Voilà ce que je suis devenue, quelqu'un de pas fabuleux, de pas brillant, de pas particulièrement jolie, ni sportive, ni rien d’ailleurs.

Et même avec ces deux examens de passages, les gens me regardent et me disent "deux, pas de soucis ça va aller, hein?! », « Pas de soucis j'en connais qui en ont 4, 5, 6! Haha! » (ah, vous pouvez me croire, moi aussi j'en connais), "Pas de soucis, jusqu’à quatre y'a moyen".
Ensuite alors, ils se tournent vers Bernadette, Sandra ou Olivier et ils leurs demandent "et vous?" et tout fièrement (on ne peut pas leurs en vouloir) ils répondent : on a tout réussi! Les yeux qui brillant de leurs propres exploits.
Et ils deviennent formidables, brillants. Alors que moi… Je ne serais qu’une prof de langue ratée et moyenne.

Je me suis toujours imaginée écrivaine, ou journaliste, ou scénariste. En tout cas, quelque chose de grand, de pas banal, d’exotique, de bizarre, de palpitant. Et au final, je suis là plus morne d'entre tous. Même pas fabuleusement médiocre, juste mortellement banal. C'est triste.

Je hais tous ceux qui me pose la question "alors réussi?" parce-que c'est forcément ceux qui ont réussi qui s’y frotte car les autres ratés de service comme moi nous redoutons l’impitoyable « et toi ? ». Alors que les brillants eux, du haut de la voie lactée s’en débarrassent d’une pichenette. Avec brio, évidemment. Comme toujours.
Parfois, franchement, je hais les gens brillants.

Et parfois je me dis que c'est moi que je devrais haïr. Je ne suis rien de ce que je me suis imaginé être quand j'vais 12 ans. Je pensais que je serais une fille athlétique, drôle, formidablement intelligente avec une conversation passionnante, avec un premier bouquin en route (et même pourquoi pas un deuxième). Je pensais que j'e serais dans les meilleures de mon auditoire. Je prenais Hermione Granger pour model et je me disais, un jour j'étudierais à Oxford et tous mes potes de Mons m'envieraient et se diraient "Marie? On étais dans le même groupe d’amis, c’est fou! J’ai toujours su que c’était une femme brillante. D'ailleurs j'avais le béguin pour elle en secondaire!"

Je pensais que je serais déjà tombée au moins une fois follement amoureuse, et que j'aurais eu au moins une fois l'occasion de faire une déclaration d'amour dramatique et passionnée à quelqu'un. Sous la pluie. Ou dans un endroit, ou un moment encore plus inconvenant et insolites.

Honnêtement j'ai au moins le mérite d'être une formidable et pathétique rêveuse.

Et je déteste ce que je suis en train de faire. Me morfondre, m'apitoyer sur moi-même, tout ça. Je pense que je ne me déteste jamais plus que lorsque je fais ça. (Au moins là je l’écris).

Donc c'est fini.

Et je sais, je sais, je sais. Que je l'ai déjà dis, un millier de fois. Trois milliers de fois, voir, quatre milliers de fois.
Et que je ne vais jamais, jamais, jamais jusqu’au bout de quoi que ce soit. Mais cette fois-ci ça sera la bonne. Il faut que ce soit la bonne. Il faut.

Peut-être, effectivement que je fais encore ma rêveuse, et que au final, peut-être qu'il nous est impossible à nous, humains de changer ce que l’on est. Peut-être qu’on est comme ça et c’est tout ? Pour le meilleur, pour le pire... Mais J’avoue que je ne peux m’y résoudre.
Comment le savoir sans avoir essayer? Essayer de toutes ses forces d'être quelqu'un de meilleur? D’être l’exception ?
C'est vrai que j'ai déjà essayé un milliard de fois. Mais je pense que je n'ai jamais été aussi désespérée, autant dans le besoin d'être plus qu'à présent.
Je pense que mon plus gros problème, c'est de ne jamais finir ce que je commence. Alors dans un premier temps, je vais tacher de terminer tout ce que j'ai abandonné.

Je croise les doigts (même si je sais qu’il faudra faire bien plus que croiser les doigts pour y arriver).
Bientôt mienne je l'espère.
Moi.