A chaque fois que je rêve d’elle. Je me réveille tout le temps les yeux larmoyants et la tête tellement confuse. Je me sens complètement déglingué comme si j’allais vomir toutes mes tripes. Je ne peux pas pleurer, je ne peux me laisser aller parce que c’est toujours à cette heure là que ma fille m’implore de me lever pour la conduire à l’école. C’est tellement dur et ca devient parfois invivable pour mon esprit. C’est un pétage de plomb intérieur. Dans mes yeux, y’a ce regard stoïque entièrement recouvert de noir. Mes globes oculaires sont amplement sombres et tentent désespérément d’occulter quelque chose. Pendant ces quelques instants, je ne suis plus là. Je suis face à la mer et une douce mélodie envahit mes tympans. Je cours et je plonge, je m’enfonce de plus en plus loin dans l’océan. Je ne suis plus là. Je finis par revenir à la réalité et je vais travailler comme à mon habitude. Je m’occupe de mes patients tant bien que mal et je balaye d’un revers de la main son fantôme à chaque fois que je l’aperçois comme s’il fallait que je lui dise que ce n’est pas le bon moment. Certains de mes collègues me prennent pour un fou, pour un type qui à des tics et des tocs. Si seulement, ils savaient. Ils fermeraient leurs gueules et hypocritement me plaindrait comme un petit toutou qui vient de perdre son maître. Faut que tu sois fort mon grand ! Eh ben, nan ! Merde ! Je ne suis pas fort moi. Ma journée est quasi terminée. Je démarre la voiture et regarde droit devant moi, je roule un peu vite. J’allume la radio pour me sentir un peu moins seul et la voix de Léonard Cohen me fait fondre en larmes…