mon passage sur terre

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 13/01/2019.

Sommaire

cher dieu ...

5 décembre 2018 à 21h01

J'ai passé 2 mois à travailler cette musique et je me sentais bien avec. Hier j'ai enregistré au propre et j'ai fait tourner à mon directeur artistique. Après m'avoir aidé avec bienveillance (recommandé les labels à démarcher, la présentation etc..) il a finalement émis un avis sur la musique elle même.

L'avis était assez juste au final, mais assez radical quand même ...

Au final faudrait que je bosse encore beaucoup et cela m'a découragé. Je me suis dit que je n'avais pas de talent si ça ne venait pas tout seul.

Mais je dois être juste fatigué. J'en suis sûrement capable. C'est juste assomant de savoir qu'on est encore au début alors qu'on pensait avoir terminé.

Et puis on parle de musique ... Au bout d'un moment ça s'empêtre.

Mais au fond de moi je sais qu'il faudrait tenter cette dernière étape. En l'occurence je dois retravailler tous les rythmes.

Dieu donne moi de la force s'il te plait.

je suis un être abîmé

6 décembre 2018 à 9h29

Cela ne se voit pas trop, car j'ai bonne allure, j'ai l'air plus jeune que mes 38 ans, je suis père de famille, je gagne ma vie, j'ai certain talents, je ne suis pas trop malheureux en amour ...

Mais mes crises d'angoisses ont développé leurs racines dans un traumatisme, celui de ma naissance. Ma mère a perdu connaissance à cause de la douleur et de longueur de l'accouchement. J'ai été privé d'oxygène. Cela m'a marqué à vie car je revis le traumatisme encore et encore.

Et je m'aperçois que mes amis sont des abîmés, aussi. A.C. qui a été abusée par un cousin, ado. Elle est marquée à vie aussi et cela impacte ses relations encore aujourd'hui. E. dont la mère était alcoolique, même impacts aujourd'hui.

Nous sommes tous des abîmés. C'est la vie, aussi ...

Ainsi, j'ai sans doute plus d'empathie pour les abîmés.

Ce matin, en revenant de la crèche, je croise un groupe de 4 personnes mal habillées. Mais mal habillées d'une façon particulière : doudounes low-cost, joggings trop larges. Ils avaient l'air fatigués et d'avoir froid. Leur groupe était hétérogène : il y avait peut-être un homme et une femme qui semblaient avoir quelques origines africaines, une autre femme blonde à lunettes qui ressemblait à une ménagère autour de la cinquantaine, et le 4ème avait l'air d'un vieux type également. Ils détonaient avec le décors, à cette heure où les gens passent, sapés, pour aller au boulot, ils détonaient même avec les pauvres qui font la queue au restaurant du coeur, car ces pauvres-là ont quand même un style vestimentaire, alors que mes quatre -là, non. Ils n'avaient pas non plus l'air de simples alcooliques, ils n'étaient pas assez sales ou en lambeaux. Je les vois chuchotter entre eux, en marchant. Un peu comme des zombies. En fait, ils ont l'air d'héroïnomanes des années 80, sauf qu'on est en 2018, alors je me dis que ça doit effectivement être des camés. Que leurs profils hétéroclites se sont réunis autour d'une détresse, d'une peine à anesthésier par la drogue. Peut-être qu'ils étaient juste réunis pour aller d'un point A à un point B, peut-être avaient-ils réuni de la tune pour aller chez le dealeur. J'ai ressenti de la tendresse pour ces camés.

Macronie malade

8 décembre 2018 à 16h23

Les hélicoptères polluent l'atmosphère cette après-midi, tandis que "l'acte IV" des gilets jaunes se joue. Ils couvrent le bruit de l'hélicoptère dans mon jeu vidéo, auquel je joue sans grande conviction, mais puisqu'il faut se détendre, j'essaie ...

Faut dire que j'ai un peu abusé des anxios ces derniers jours, donc forcémment y'a une ou deux petites journées de stress quand on s'arrête.

Derrière la peur de l'avenir, il y a la tristesse de vivre les derniers jours de notre famille à 4 - notre famille qui est somme toute assez jolie et harmonieuse. Je me surprends à avoir des regrets, à me dire "peut-être que ça aurait pu marcher", peut-être que Lucie et moi aurions pu continuer à s'aimer. Faute d'être amants, on continuera à s'entraider, à s'écouter, à être amis, sans doute, grâce au fait qu'on sera toujours les deux parents de nos merveilleuses petites filles. Mais désormais les dés sont jetés, les dégâts irréparables.

Semaine empilée

15 décembre 2018 à 22h47

La mélancolie s'est éloignée cette semaine; un lâché prise caractérisé par une activité professionelle ralentie, une conso de bière augmentée et globalement, de la détente. En isolement semi-vacancier, je me calcine les rétines sur les écrans, entre développement de mon jeu video, composition de musique et divertissements en tout genre. Et si ça me fait du bien, c'est que c'est pas si malsain.

J'essaie de me tenir à distance des actualités - l'enfumade du président de lundi m'a dégoûté pour de bon. La lutte des classes s'est parfaitement officiliasée dans ma tête, et alors en lisant pour la première fois un résumé de l'oeuvre de Karl Marx, je me suis aperçu que ses idées décrivent parfaitement ce que je perçois de notre société. Si tristement actuel ...

Je reste positif à l'échelle personnelle - je fais sans doute partie de cette frange basse de la bourgeoisie, qui tend vers la défense du prolétariat - mais je n'ai aucun espoir en l'avenir. Les avancées sociales reculent et je pense que tout le monde a compris qu'on allait vers quelque chose de sombre, que ça soit économiquement, de fait politiquement, ou ecologiquement, notre population va subir une grande régulation naturelle. Mais d'une certaine manière j'accepte que c'est ce qu'il va falloir que j'enseigne à mes filles.

Pour prendre les choses du bon côté, nous gardons cette faculté de croire que les choses pourraient être un peu meilleures que le pire. Ah, j'ai vraiment souffert de devenir (doublement) père, autant par culpabilité de légueur un monde aussi merdique à mes filles, que par pur égoïsme, de ne plus avoir le temps de mijoter pleinement dans mes névroses personnelles. Encore un grand service qu'elles me rendent, en m'obligeant à changer. Elles sont adorables. Vives. Surprenantes. C'est simple, ce sont des génies, à la fois d'intelligence, autant que de beauté. Même pas trois ans. Moi, gaga ?

Couloir etroit

17 décembre 2018 à 12h55

Nouveau passage difficile. C'est parti d'une broutille, tout allait bien, mais les filles se sont mises à se battre à coups de griffe sur le visage juste avant le repas. J'ai hurlé pour les stopper, alors que j'avais les mains pleines de plats. Ca a réveillé la daronne, qui a commencé à commenter sur "le gros con qui hurle". Il n'en a pas fallu davantage pour que je l'insulte à mon tour.

La passive-agressivité fait le reste, depuis. Subitement, je suis redevenu l'homme sale, bête, vulgaire, militaire, machiste, beauf, violent, fermé, celui qu'on quitte (de préférence pour un homme noble et ouvert aux pseudo-sciences).

Dans toute histoire, il faut un méchant. J'en ai marre de débattre, j'ai ma confiance en moi, et je décide de finalement accepter ce rôle pour le temps qu'il nous reste.

Au dessus de moi, il y a les Macron. Et s'ils essayaient réellement de bien faire, mais qu'ils étaient juste incompétents ? Ou pire, si c'était juste inévitable d'être détesté quand on prend des décisions collectives ?

Je déconne. Il n'y a pas grand chose de mystérieux dans tout ça : chacun voit midi à sa porte.

Deux mois à tenir, encore. Mais le grand intérêt d'être en guerre, c'est que cela éloigne les regrets, et finalement la colère c'est toujours plus energisant que la tristesse, même si je sais que tout ça n'est qu'une oscillation entre les deux.

en route vers la fin

7 janvier 2019 à 22h30

23h : J'ai commencé à m'épandre en dessins plutôt qu'en confidences ou en écrits; mais bon, ce soir, j'ai trop bu pour dessiner convenablement.

J'ai de l’énergie, c'est déjà ça. Je vais me faire beau pour nos funérailles.

(...)

Edit de 6h du matin : Je ne me suis pas rendormi depuis que je me suis réveillé à 3H car les filles faisaient un cirque, mais je ne suis pas descendu de ma tour d'ivoire de peur de me confronter avec Lucie. Elle a recommencé à m'empoisonner de petites remarques au quotidien, c'est mon miroir dévalorisant (la réciproque est sûrement vraie aussi), on ne se supporte plus. Il y a peu encore, c'était entrecoupé de petits mots de soutien, d'empathie, de collaboration, mais ils ont disparu maintenant. Et vu que tout le monde aura passé une nuit de merde, ça promet pour tout à l'heure (d'ailleurs, elle va sûrement me reprocher de ne pas être intervenu lors de la crise de cette nuit) mais je vais tâcher de garder le calme et l'altitude du bouddha qui démoule sur le trône. Et je le prouve en m'abstenant de balancer la merde que j'aurais envie de jeter sur elle.

Ceci pour encore un mois et demi à tenir. Nous n'avons ni l'un ni l'autre pas encore trouvé de logement, on est dans les coups de fils et visite et compagnie.

La belle Anne m'avait proposé un week-end de câlins "à la mer, en toute simplicité, avant de se dire à la prochaine" mais j'ai décliné. Pourtant, je l'aime beaucoup, nous avons cette admiration mutuelle, se voir présage toujours du plaisir et du baume au coeur ... Alors pourquoi ne pas la voir ? Et bien, d'abord Lucie va me mettre des batons dans les roues (...) . Deuxio, je redoute d'avoir des sentiments pour Anne, et mon indépendance est la priorité. Je lui ai écrit pour m'excuser, bien sûr elle comprend, vu ma situation, et mentionne "ce n'est pas le moment, et peut-être que ça ne le sera jamais". Triste mais réaliste ... Bien que je reste persuadé que malgré les nombreux obstacles nous avons encore à faire ensemble.

Je vais chez le coiffeur.

Vendredi

11 janvier 2019 à 23h57

J'ai détruit mon écrit rageux d'hier, évacuer la haine, ça fait du bien, mais c'est comme tout, faut savoir tirer la chasse ensuite.

Comme on se sépare, nous cherchions deux appartements, c'est toujours un stress - les dossiers, la compétition - mais a priori nous avons trouvé. Enfin, pour Lucie, c'est sûr - un truc pratique via une agence - et pour ma part, un "plan en or" - via ami d'amie de Lucie - pas encore verrouillé mais après avoir eu le proprio au téléphone - un idéaliste au grand coeur qui a même baissé le loyer pour moi- il semblerait que j'ai effectivement une chance d'enfer. D'autant plus frappante que je n'y croyais plus du tout après 3 jours sans réponse à ma prise de contact...

Ce poids ôté, j'avoue que je me suis calmé, et j'ai invité Lucie aussi restau - manière de se réconcilier tacitement et aussi de la remercier. Et ça fait juste du bien quand on ne se fait pas la guerre.

Après j'ai été dépenser de l'argent, en trucs pratiques et moins pratiques.

Sinon, Anne m'a (encore) écrit. Des trucs touchants. Elle me manque, ça y est. C'est pas évident.

C'est à dire que même si je me déleste des considérations personnelles vis-à-vis du couple, j'ai beau retourner Mappy dans tous les sens, la distance risque de rester un obstacle fatal. Cons de français qui ont fait un réseau ferroviaire en étoile au lieu d'en faire un quadrillé, comme les allemands. Du coup on se demande : est-ce qu'on est pas en train de se torturer à maintenir un lien, est-ce qu'on ferait pas mieux de s'oublier ? Anne ne peut pas quitter son boulot, qui lui va d'ailleurs tellement bien (entourée de livres), et moi même je ne peux pas quitter la ville à cause des enfants. Et se voir une fois tous les deux mois ... A quoi ça rime. Même si c'est ce qu'on fait actuellement.

Alors ...On repousse le problème, toujours. Ca c'est la merde quand même ! Surtout que j'avais un peu fait le deuil. Mais elle s'accroche la bougresse, et oui, j'suis vraiment à deux doigts d'être amoureux. Elle est géniale, c'est pas la question ... C'est juste pas possible ! Voilà, c'est ce qu'elle dit, et ça la fait pleurer chez son psy. Et si je me laissais aller, moi aussi je chialerais.

Alors des fois, comme pour la chasser de mon esprit - et comme j'ai fait pour chasser Lucie - je pense à Amélie - sa pire ennemie, qui fut ma maîtresse d'une nuit (bien avant que je ne rencontre Anne), mais qui, au fil des coïncidences, tient ce rôle de "grande fouteuse de merde" dans mes histoires d'amour ...