Quand l'oiseau déploit ses ailes....

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 11/07/2023.

Sommaire

Hommage à un mois près.

19 mai 2016 à 22h36

Cher journal,
Le papier me manque vraiment. Il va falloir que j'aille le chercher. De cette manière, ce n'est pas possible.
Je vais mieux, mais toujours autant d'images me torturent l'esprit. C'était traumatisant de voir papa ainsi. Inerte. Je n'y croyais pas, pour moi, il avait l'image du monsieur indestructible. Maintenant, il est juste deux mètres sous terre. Un jour on existe, le lendemain c'est fini. C'est fou, je n'ai jamais autant appris sur lui que lorsque je suis allée le voir une dernière fois : "Il était toujours souriant", "Jamais on l'entendait se plaindre", "Il disait toujours : tant que tu ne craches pas du sang, tu es en bonne santé", "Il était serviable, on avait besoin de quelque chose, il se proposait", "Il n'arrêtait jamais, toujours en train de faire quelque chose", "Un vrai clown", "Il voulait toujours être le premier dans tout ce con, encore aujourd'hui, il est premier à partir" les gens disaient..
Sûrement qu'on ne connaissait pas le même homme. Moi je connaissais celui qui ne montrait pas ses émotions, qui ne savait pas entretenir une conversation et celui qui ne disait jamais que j'avais fait du bon travail, j'ai connu celui qui poussait les limites à dire qu'on pouvait mieux faire. J'ai connu celui qui faisait comme si rien ne l'atteignait,mais qui avait une photo de chacun de ses enfants dans son portefeuille. J'ai connu l'homme doué, celui qui savait tout faire rien qu'en regardant faire les autres.Je connaissais celui qui, par un soir d'orage est monté dans ma chambre et m'a caressé les cheveux en me disant que tout irait bien.
Avant j'étais comme lui. Maintenant j'ai changé, car nous avons pris un chemin différent il y a longtemps.. Et aujourd'hui, il est descendu du train, me laissant continuer ma route seule.

J'étais heureuse de prendre tes qualités et d'affronter la vie sans broncher. Mais je n'ai jamais rien osé te dire. Et tu n'as jamais rien osé savoir. J'aurais aimé effleurer ta peau chaude le temps d'un instant et recevoir de ta part plus que des regards. J'aurais aimé te présenter ma famille.

Fête des regrets.

19 juin 2016 à 17h42

Première fête des pères sans toi. Et à vrai dire, c'est cruel de dire ça, mais tu vois Papa, ça ne me fait absolument rien. Que tu ne sois pas présent en ce jour ne me procure aucun sentiment desagréable. On ne va pas se mentir, j'avais oublié cette fête à ton égard. Mais cela me rassurait quelque peu d'avoir quelqu'un sur qui m'énerver en ce jour.

Et tu sais Papa, je pensais toujours à toi en fait. Je voulais te la souhaiter cette putain de fête. Chaque année. Mais bon Dieu comme c'était compliqué dans ma tête ! J'attendais que tu fasses le premier pas, et tu attendais sans doute que je fasse de même. Qu'on était cons.. Comme quoi, un jour tu es là, et le lendemain tu disparais. Mais t'inquiète Papa, ce qui est invisible aux yeux des gens pour moi n'est que foutaises. Entre toi et moi, je sais que tu demeures près de nous.

Tu n'as jamais été présent, mais la douleur dans mon cœur le soir, quand tout est noir et que je suis livrée à mes pensées, c'est toi qui me la procure. Tu n'as jamais été un père et pourtant, je suis bien obligée de reconnaître que tu m'as appris certaines choses essentielles. Mais aujourd'hui, comment je prends ma revanche ?

Dérive.

20 juin 2016 à 21h09

Envie d'écrire mais pas d'idée. Je cherche tout simplement à purger cette peine immense. Encore aujourd'hui Papa j'ai pleuré. Et cela ne m'a pas prévenue. Ce fut d'un coup, de quelques larmes versées, puis ce fut fini. C'est toujours comme cela à vrai dire. Bref, rapide. Non pas que je ne t'aime pas. Je pense que je t'ai aimé. Mais que je n'ai pas su l'exprimer quand il fallait.
Je suis aujourd'hui capable de dire ce que je ressens sur l'instant. Peut être quelques lacunes encore. Mais c'est déjà mieux que toi, qui n'a jamais rien dit. Je suis fière de ce que je suis. Si j'ai pu arriver jusque là, c'est parce que j'ai été aidée.
Tout est dur à surmonter, mais chaque obstacle franchi est une carapace créée pour l'avenir.
J'aurai aimé tenir ta main pour avancer dans la vie. Mais elle était trop inaccessible. Comme tout ce que tu étais.

"Étrange spécimen qui s'adapte à autrui, Je suis le Darwin du pauvre sur l'échiquier de la vie"

Mélange Subtil.

22 juin 2016 à 21h19

Tout se bouscule dans ma tête. La tristesse est mêlée à la colère aujourd'hui. Non je n'ai pas envie de cet héritage. Mais oui je veux recevoir quelque chose pour être reconnue enfin comme ta fille. Deux mois aujourd'hui que tu es parti Papa. J'ai l'impression que le temps ne s'écoule que trop lentement, certainement parce que j'essaie de panser mes blessures un peu trop rapidement. Mais si tu savais comme j'en ai marre. J'ai envie de tirer un trait sur tout ce qui est paralysant pour ma vie. Tu en fais partie, j'en suis désolée. Mais comme jamais tu n'as été là, je me dois de faire comme si cela ne m'atteignait pas. On se retrouvera, peu importe où. Mais je veux un pardon. Des explications.
Enfin bref, tout cela pour rager toute seule dans mon coin. Parce que c'est ce que je suis actuellement. Seule. Devant mon ordinateur, la lumière me fait mal au yeux. Je quitte.

Raviver la mémoire.

23 juillet 2016 à 21h01

Trois mois et un jour que ton corps a quitté l'enveloppe terrestre Papa. Hier je n'ai pas eu le courage d'écrire. A propos de ça et de tout. Hier je n'ai pas arrêté de me dire qu'il y a tant de choses que tu ne savais pas sur moi. Encore plus que tu ne sauras jamais. Tu ne savais rien de moi, ta propre fille. Tu as encore moins cherché à savoir. Tant de choses sont restées secrètes pour toi car je n'ai jamais osé te les dire. Je n'ai rien d'autre à écrire. Le reste se passe dans le coeur.

L'oiseau revient.

20 août 2016 à 19h51

Bientôt quatre mois que tu es parti Papa. Je pleure moins souvent, mais toujours pour des choses stupides. Et lorsque j'écoute les chansons que tu chantonnais à tue-tête, que tu passais en boucle à fond dans la voiture, j'ai l'impression de t'avoir près de moi pour une fois. Ça me rassure, et me rend heureuse.

Un Jour, je serai cet oiseau qui volera loin et haut. Je bousillerai mes ailes par soif de liberté. Je surpasserai tellement de montagnes et d'océans. Je prouverai au monde entier qu'il est possible de faire le tour du monde tout en restant au même endroit. Je rejoindrai les miens mais aussi les autres.

11 mois.

13 mars 2017 à 23h30

Papa, voilà bientôt 11 mois que tes pieds ne foulent plus le sol. Et pourtant rien n'a changé. Moi qui pensait être enfin reconnue aux yeux du monde, cela s'avère être un échec. Toujours toutes condoléances vont à ceux et celles qui étaient les plus proches de toi. Mais ceux qui auraient voulu l'être ne reçoivent rien. Et tu sais à quel point c'est compliqué à gérer tout ça pour moi. Personne ne comprend ma douleur, et je n'en parle jamais à personne...
Papa, si tu savais comme les choses ont changé depuis que tu es parti. Déjà dans mon comportement. Je ne me comprend plus.
Une nuit j'ai rêvé de toi. À deux reprises en fait. Tu étais magnifique, j'étais heureuse de pouvoir avoir cette complicité avec toi. Merci pour ce moment

16 mois.

23 août 2017 à 22h28

Je n'ai plus eu le courage d'écrire depuis l'autre jour. Pourtant j'aurais aimé le faire pour "l'anniversaire" de ta mort. Plus le temps passe, moins la douleur est forte. Mais plus c’est le bordel dans ma vie. Tant de choses non dites, tant d'espoir gâchés se sont envolés en même temps que toi..
Tant de fois je ne me reconnais pas. Ou est donc passée la jeune fille joyeuse ? Je suis de plus en plus fragile..
Je m'étais dit que j'aurais fait mon deuil lorsque j'arriverai à écouter une musique que tu écoutais sans pleurer. Et j’y arrive désormais. Mais je n'ai aucune satisfaction à cela.

33 mois..

14 janvier 2019 à 5h12

Cher Papa,
33 mois se sont écoulés depuis ton départ. Et aujourd’hui je vais mieux que jamais. J’ai trouvé des raisons pour lesquelles je me dois d’être forte. Pour lui premièrement. Lui qui m’a aidé, m’a soutenu et m’a rendu la joie de vivre à laquelle j’aspirais.
Tu sais papa, c’est quelqu’un de bien. Quelqu’un qui te ressemble dans un sens. Toujours à vouloir rendre service, jamais ne se plaignant de rien.
Et puis aussi pour notre fille, le fruit de notre amour. Elle qui a désormais un peu plus de 4 mois. Tu l’aurais tellement aimée..
Mais au final, je suis contente que tu ne sois plus là pour la voir. Elle a trouvé un papi parfait pour remplir ton rôle qui de toute manière, n’aurait pas été rempli par toi. Tout ce que tu aurais fait, c’est foutre le bordel dans nos vies comme d’habitude. Tu y serais entré pour en ressortir aussi vite, puis tu aurais réapparu comme bon de semble.
On croyait que la seule personne que tu aimais c’était toi puisque jamais tu ne faisais part de tes sentiments.

48 mois ou presque

2 avril 2020 à 21h01

Cher Papa,
Tout bientôt 4 ans que tu n’es plus là. Ce soir je repensais à toi, et puis j’ai eu envie d’écrire.
Tu sais, il m’est encore très difficile de ne plus pleurer.
L’homme que j’aime m’a demandé en mariage. Et mon rêve de te voir m’accompagner le jour J n’existe pas. Il n’a jamais existé.
Toute l’histoire est maintenant terminée, j’ai reçu ton putain d’héritage. Elle est bel et bien terminée, mais je ne peux fermer le livre .. j’ai envie de croire qu’il y aura une suite un jour, car la fin n’était pas celle à quoi je m’attendais.
Parfois j’aurais bien besoin de sentir ta présence. Parfois j’aimerais bien dire « mon père » dans les conversations sans sentir une once de colère monter en moi. Ou sans te traiter de Connard fini.
L’autre jour, je suis passée au cimetière, et puis je ne suis même pas allée jusqu’à ta tombe tellement je n’avais pas envie en fait.
Tu me manques papa. Je t’aime.

74 mois

20 juin 2022 à 21h21

74 mois, ça représente 6 ans et deux mois. Six années de ma vie sans toi.
Il y a tellement de choses que j’aimerais encore te dire, tellement de choses que j’aimerais que tu voies.. J’ai reçu un des plus beaux cadeaux il y a peu. Une moitié de ton sang m’a montré que j’étais peut être importante à ses yeux.
Mais ça ne comble toujours pas le vide que tu as créé.
J’ai tant de choses à dire, mais la peine que je ressens m’empêche de m’étaler ..

79 mois

1 décembre 2022 à 20h53

Papa, c'est quoi la perfection ? Tu m'as toujours fait comprendre qu'il fallait que je sois parfaite à tes yeux, mais rien n'allait jamais. Je n'étais pas assez forte, je n'étais pas assez gentille, je n'étais pas assez sage, je n'avais pas assez de bonnes notes.
Je te redemande aujourd'hui, c'est quoi la perfection ? Tu sais, j'ai longtemps essayé d'atteindre ce stade ultime, cet idéal que tu as toujours essayé de façonner. Ai-je au moins eu grâce à tes yeux un seul moment de ma vie ?
Aujourd'hui encore, j'ai cette impression que je n'ai pas le droit de craquer, qu'il faut que je garde cette énorme carapace sur le dos et que je continue d'encaisser. Mais aujourd'hui, cette carapace de vingt-cinq années d'existence, elle commence à être fragilisée.
Je comprends petit à petit, peut-être en prenant de l'âge, que la perfection, c'est être à son image. Et aujourd'hui, "je tiens à mon imperfection comme à ma raison d'être".

Il est temps de reprendre le contrôle de ma vie, d'arrêter de voir les barrières morales que tu as placées sur mon chemin.
Tu sais, j'adorais écrire avant que tu partes. C'était ma bouffée d'oxygène, mon pilier dans ma vie. J'aurais pu y passer mes journées, j'aurais pu écrire à m'en tordre la main. J'adorais le sens de mes mots qui prenaient vie sur page blanche. J'adorais l'odeur du stylo fraichement imprégnée sur le papier.
On dit que la meilleure inspiration nous vient de la tristesse, cette émotion forte. Tu es devenu ma sombre muse.
Allez promis demain je ris. Promis, demain j'écrirai la douceur des mots avec la force de l'écriture.

Je ne t'aime plus et en même temps je t'aime à en crever. Je ne veux entendre parler de toi, mais tu obsèdes toutes mes pensées.

Nouveau départ

2 décembre 2022 à 11h29

C’est aujourd’hui qu’il faut changer, aujourd’hui que je ris.
Je ressens ce changement invisible, cette décision qui va me donner de la force.

Par où commencer quand on s’est oublié bien trop longtemps ? C’est quoi la première étape ?
Il faut que je me fixe des objectifs. Je vais commencer par un changement physique.
« Prendre soin de son corps, c’est donner envie à son âme d’y rester »
Premier objectif donc : je vais prendre plus de temps pour soigner mon apparence.

***
J’ai donc pris rendez vous chez le coiffeur, chose que je ne fais pas assez souvent. Et comme le destin est bien fait, j’ai eu un rendez vous dans le quart d’heure qui a suivi. Il a suffit d’un peu de coups de ciseaux et le résultat est plutôt pas mal.
Prochaines étapes : boire plus d’eau, arrêter de me ronger les ongles, et apprendre à me maquiller. Le temps risque de me manquer …

Arc-en-ciel

18 décembre 2022 à 18h59

Ne serait-ce pas le bon moment, en ce dernier jour de l'année, de dresser le bilan des 365 jours qui viennent de s'écouler ? J'ai pensé le faire à ma manière, comme d'habitude. J'ai tout de suite pensé à un arc-en-ciel pour décrire tout ce qui m'a traversé.

Rouge (amour) : Nous avons fêté notre première année de mariage. J’ai souvent eu l’impression que nous nous éloignions alors qu’en fait, nous sommes juste proches à notre manière. Cette pudicité dans notre couple me pèse toujours, mais j’ai fini par m’y habituer et à vivre avec. Je me suis souvent demandé pourquoi je n’étais pas avec quelqu’un de plus démonstratif. Pour tout avouer, j’ai trouvé une part de tranquillité dans ce manque d’attention. J'ai toujours pensé que j'essaye sans arrêt d'attirer son regard, mais qu'il ne me voit jamais. J’ai compris que chez nous, l’amour ce n’était pas se focaliser sur l’autre mais laisser l'autre se focaliser sur lui-même d’abord.
Je me souviens d'une phrase que j'ai lue alors que je n'étais qu'au collège : "il est plus facile d'écrire sur l'amour sans l'avoir connu, car dans nos mots transpire l'innocence d'un idéal jamais perdu". Cette phrase m'a suivie jusqu'à maintenant, et je m'aperçois qu'elle est véritable.
Mon mari déroge à tous mes rêves d'adolescente en matière d'homme. Mais dans cette imperfection, il est parfait. Cette année à venir, j'espère avoir le temps d'être plus avec lui.

Orange (amitié) : Je me suis toujours demandé ce que je valais comme amie. Si j'étais à la hauteur de ce qu'on appelle une vraie amitié. Est-ce que vaux la peine d'être connue ? Est-ce que j'arrive à redonner le sourire quand la personne en face ne voit pas le bout du tunnel ?
Je n’ai jamais été très douée pour aller vers les autres. Je me souviens encore de l'époque où j'arrivais à lancer une discussion avec n'importe qui et ce, n'importe quand. Quand est-elle arrivée, cette timidité ? (ou est-ce du repli sur soi?). Comme rien n'arrive par hasard, et j'en suis convaincue, certaines personnes ont fait irruption dans ma vie aussi vite qu'une brise d'été.
Quoi qu'il en soit, H., (si tu passes par là) je suis reconnaissante envers la vie de t'avoir mis sur mon chemin. J'avais besoin de quelqu'un sur qui compter, et j'ai toujours rêvé d'avoir un ami avec qui on serait "comme les doigts de la main". Sache que mes amis sont peu nombreux, que le temps n'a pas d'emprise et ne dégrade pas mes sentiments. Comme j'aime les citations, je t'en dédie une : "L'amitié est beaucoup plus tragique que l'amour. Elle dure plus longtemps". Le temps passe et je finirais presque par avouer qu'on peut finir par Aimer un ami. Peu importe le regard que tu as sur cette situation, je suis désolée si mes pensées vont plus loin que les tiennes, je ne l’ai pas fait exprès.
Cette année à venir, je veux que toutes les personnes à qui j'ai pensé en écrivant ce texte restent dans mon entourage, qu'elles soient heureuses et qu'on continue de garder contact.

Jaune (famille) : L'éloignement familial est difficile voire même douloureux. Ce n'est que depuis quatre ans à peu près que j'ai cette tendance au sens de la famille. Cette année, j'ai appelé ma mère quasi tous les jours. Qui aurait cru que j'en arriverai là ?
En parlant de maternité, j'espère être une aussi bonne maman que possible, mais je sais que parfois ce n'est pas évident. Il faut garder patience, apprendre les bonnes choses à nos filles. Quand on a vécu une enfance douloureuse, on se dit qu'on ne fera jamais vivre tout ça à nos enfants. Je me mets beaucoup trop la pression je crois, mais j'ai vraiment envie de les protéger, de préserver ces sourires. J'ai toujours rêvé d'avoir une famille unie, soudée. Je me rends compte que la vie, c'est beaucoup plus difficile que ce que j'imaginais, et qu'il faut de la persévérance pour arriver au but qu'on s'est fixé.
Cette année à venir, je veux rendre mes bébés fières et leur réserver un bel avenir.

Vert (travail) : Je pars pour ma dernière année d'études. Une nostalgie commence à m'envahir à l'instant où j'écris ces mots. Je voudrais me dire que je suis fière de moi, de ce que j'ai accompli jusqu'à maintenant. Choisir une voie d'études n'a pas été chose facile. Après le bac, j'ai commencé une formation qui ne m'a menée nulle part. J'ai ensuite commencé à apprendre mon futur métier. Quand je suis rentrée en première année d'école d'infirmière, je n'avais aucune connaissance de ce domaine. Et puis j'ai découvert la relation avec l'autre, cette humilité qu'il fallait avoir. J'ai rencontré des personnes avec des parcours de vie chaotiques et des personnes qui avaient réussi leur vie. J'ai rencontré des humains avant tout. Je remercie la vie de m'offrir la possibilité de travailler au plus près de l'humanité. Cette année, je suis rentrée dans ma dernière année de formation, et le regard qu'on me portait a soudainement changé. Je me suis retrouvée à gérer la douleur, la peur, les pleurs, la mort. On a soudainement estimé que j'étais capable de porter sur mes épaules le poids du métier.
Cette année à venir, je souhaite être digne de la confiance qu'on m'accorde, et je souhaite respecter au plus près toutes ces personnes qui ont besoin d'aide.

Bleu (Temps pour soi) : Quand on est étudiant et en plus parent, on se rend surtout compte du temps qu'il nous manque. Je ne peux m'occuper de moi comme je le souhaiterais. Est-ce aussi un manque de motivation ? J'ai besoin de retrouver la femme pétillante et pleine de joie, la femme dynamique. Je vais me booster et reprendre le dessus.
Cette année à venir, j'aimerais reprendre la musique, la lecture, le yoga. J'aimerais reprendre l'écriture et enfin m'inscrire au club d'écriture qui me guette depuis longtemps.. J'aimerais aussi me faire des sorties cinéma et des concerts, même seule.

Indigo (Papa) : Le 22 décembre, c'était ton anniversaire. J'aurais presque honte d'avouer que je ne sais même pas quel âge tu aurais si tu étais toujours là.. Je me demande souvent si j'ai fait mon deuil, ou si je suis toujours bloquée à un stade. Si je suis bloquée, à quel stade serait-ce ? J'hésite entre la colère et la dépression.
J'aimerais dire que je suis arrivée au stade acceptation.
Cette année à venir, je souhaite pouvoir retrouver des photos de toi, et me remémorer qu'il pouvait y avoir de bons moments. Je souhaite arrêter de t'en vouloir, et pouvoir me recueillir sur ta tombe en toute tranquillité.

Violet (Ma soeur) : Elle est réapparue dans ma vie cette année. Je m'en souviens encore comme si c'était hier. Un message passant presque inaperçu sur un réseau social. Quand je l'ai vu, j'ai pleuré, j'ai tellement paniqué que je m'en suis rendue malade. Cette dose de stress que je refoulais depuis bien longtemps au plus profond de moi est remontée d'un coup et a tout détruit sur son passage comme un raz-de-marrée. Cette ado qui m'a oubliée quand elle avait 16 ans en avait désormais 21. Et qu'est-ce que j'en fais de cette soeur qui a disparu de ma vie et qui y revient subitement ? J'ai essayé de reprendre contact, mais les mots ne sont jamais venus.
Cette année à venir, je souhaite la revoir et apprendre à avoir une vraie soeur. J'en ai toujours rêvé, mais il était trop tôt pour mon petit coeur pour recevoir tant d'émotions d'un coup.

La nouvelle année s'annonce chargée...

Moitié moitié

17 janvier 2023 à 15h29

J'aime beaucoup voir les choses du bon côté, et j’aime me dire que je décide de voir le verre à moitié plein. Nous prenons trop de temps à penser qu'il est à moitié vide, et cela n'arrange pas notre humeur.

J'ai eu l'occasion de voir une vidéo tout a l'heure, qui disait que "c'est le sourire qui apporte la joie et non la joie qui amène le sourire" comme on pourrait le croire.
La conclusion était que le bonheur arrive donc en souriant et ça tombe bien, je le fais très souvent.
Il parait aussi qu’écrire des choses positives amène au positif.

J’ai aussi appris le sens du mot holistique . Un mot signifiant « ramener la connaissance de l’individuel à l’ensemble dans lequel il s’inscrit ». Je peux ainsi dire que j’aime certaines personnes de manière holistique, dans leur entièreté. On n’aime pas les gens juste pour leur sourire ou pour leur humour, on les aime pleinement.

Je me suis mise à avoir besoin d’écrire pour vider mon esprit et mes doigts ont bougé tous seuls. Je n’ai pas perdu cette faculté d’écrire pour me détacher, et d’écrire pour ranger des choses à ne jamais oublier. Le pansement que représentent les lettres associées les unes aux autres et formant une mélodie que les yeux peuvent entendre me fascinera toujours.

Voir le verre à moitié plein est une doctrine chez moi, peut-être un peu une stratégie d’adaptation à ce monde de fou.

Besoin de solitude

20 janvier 2023 à 11h22

Je me sens vivante plus que jamais en ce moment. C'est agréable ce léger flottement qui traine en permanence.. C'est à se demander s'il y a une limite de temps, des conditions. Quand le ciel va-t-il encore me tomber sur la tête ? Quelle est la prochaine épreuve ?
J'ai dit que je ne parlerai plus de négatif, je vais donc m'arrêter là. Mais quand on enlève le négatif, on n'a plus rien à dire.

La vérité est que j'ai pris mon ordinateur et j'ai commencé à taper. Je me suis retrouvée sur cette page sans y avoir pensé. J'ai toujours coutume de me dire que les choses sont bien faites, et par conséquent, ce n'est pas un hasard d'être ici en ce moment. Qu'ai-je besoin d'écrire ?

Jour ensoleillé, la caféine coule dans mes veines. J'ai besoin d'énergie, la fatigue s'accumule.
J'ai besoin d'une petite virgule dans mon quotidien. En ce moment, je n'ai jamais l'occasion de me retrouver seule. Je suis toujours entourée et ça crée des failles dans ma personnalité solitaire. J'aime être seule, me retrouver face à moi, mes pensées. J'aime mettre les écouteur et faire exploser la musique dans les oreilles.
Le temps me manque pour retrouver toutes ces sensations, et je pense que le jour où j'exploserai intérieurement, je partirai une journée entière marcher en musique. Puisse ce moment arriver vite..

83 mois

2 mars 2023 à 17h43

Salut Papa,
J’ai vraiment besoin de t’écrire pour te dire que je pense à toi, aujourd’hui plus qu’à l’accoutumée. Ça va bientôt faire sept ans que tu es parti. Sept années de ma vie que j’ai passé à regretter plein de choses. Sept années durant lesquelles j’ai essayé de devenir une meilleure personne.
Je me suis perdue et retrouvée.. et je me perds de nouveau. Je suis fatiguée.

Dans ma tête c’est le bordel tout le temps, je n’arrive pas à mettre de l’ordre. Et toi, as-tu jamais réussi ? Tu pensais à moi parfois ?

Tu sais je me demande souvent si je suis faite pour faire ce que je fais. Si je fais bien d’être comme je suis. Je prends la charge mentale des gens à longueur de journée. J’accueille les soucis des autres comme si c’était les miens.
Mais je suis qui pour donner des conseils ? Ça me fait rire de penser que les autres puissent me faire confiance et se livrer à moi, alors que tout ce que je sais faire de mon côté c’est écrire mes problèmes dans un journal.
J’ai pas grandi mentalement depuis que j’ai 12 ans. Et ça m’énerve.

Inconscient

19 mars 2023 à 21h22

« L’inconscient est notre destin. C’est une poussée irrésistible qui semble d’abord aveugle à l’esprit. »
C’est ce qui contrôle nos comportements, nos choix, nos émotions, nos décisions.
C’est le vouloir-vivre le plus profond.
L’inconscient, ce sont les pulsions. Faut-il vivre sa vie sans réfléchir pour la vivre pleinement ?

Telle est la question du jour. Hier quand j’ai pris mon téléphone et que, sans me demander ce que ça impliquerait, j’ai envoyé un message, je n’attendais rien de particulier en retour.
Et puis j’ai obtenu une réponse positive et les questions ont fusé dans mon crâne. A vitesse grand V.
Je ne me sens pas à la hauteur de tout ce que ça signifie. Mais pourquoi pas y aller tête baissée et réfléchir après ?

Je ne suis pas de bonne humeur aujourd’hui. Rien ne s’enchaîne comme je le souhaiterais. Et je n’ai pas le goût à la vie.

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Quand j’ai écrit ce matin, je n’étais pas dans mon assiette. La journée fut longue. Je ne sais pas à quoi je m’attendais, le dimanche est une journée éprouvante parce qu’il y a tout le monde à la maison et qu’on se marche tous dessus.
J’ai pris le temps de me couper du reste et de partir souffler un peu le temps d’une petite heure.
Je crois bien que ce qui me déprime le plus, c’est qu’aujourd’hui plus que les autres jours, j’avais besoin d’amour et d’attention. Mais comme tous les jours, je me contente de ce qu’on me donne.
Comment se faire remarquer ? J’ai passé ma journée à attendre qu’on me regarde.
Tout ira mieux demain

??

2 avril 2023 à 22h55

Papa,
Je n’ai pas trouvé de titre qui correspondrait à cet article. J’ai la tête pleine en ce moment. Je n’ai pas le temps de ne pas penser, je manque de sommeil. Et le stress des jours qui arrivent ne fait qu’empirer les choses.
Je vais revoir ma sœur. Et je vais revoir ta tombe. Je ne sais même pas depuis combien d’années je n’y suis pas allée. Apparement, ton ancienne femme la laisse à l’abandon.. ça ne m’étonne même pas.
Je suis censée amener des fleurs ? Je suis censée rester longtemps ?
Je suis censée venir tout court ? Toi t’as jamais pris le temps de venir me voir, c’est pas parce que t’es mort que je dois faire exception .. bref on verra.

Tête pleine

5 avril 2023 à 13h22

Mon cerveau ne se met jamais au repos en ce moment. Je n'arrive pas à le désactiver pour trouver l'apaisement nécessaire à quelques heures de sommeil.
Sommeil qui me serait plutôt bénéfique pourtant en ce moment puisque je commence à ne plus savoir parler correctement. J'oublie des mots, je bégaye.
Quand je rentre le soir, j'ai juste envie d'aller me coucher mais Morphée ne semble jamais vouloir me prendre dans ses bras.

Le temps défile à toute allure. Je vais bientôt entamer mon dernier stage, je vais finir mon mémoire et ensuite je serai professionnelle. Je ne comprends pas encore quel sera le déclic pour que je me considère comme telle dans mes gestes et ma posture. Je n'arrive pas à savoir si j'ai hâte ou si j'ai peur. Je laisse le temps au temps et puis je verrai bien.

J'ai quand même bien envie d'un bon bol d'air frais, d'un petit truc qui me reboosterait et me donnerait la force de finir ce putain de travail de fin d'étude. C'est comme si j'avais le syndrome de la page blanche, je ne sais pas où je vais, d'autant que c'est en groupe et qu'il n'y a pas un autre membre plus motivé que les autres pour ce travail. Et je pense que j'ai besoin de pouvoir me reposer sur les épaules de quelqu'un dans ce domaine, je n'ai pas assez confiance en moi.

Je m'imagine déjà le dernier jour et fière de moi, mais le chemin est encore long et sinueux..

Auprès de toi.

9 avril 2023 à 17h26

Papa,
A l’instant où j’écris, je suis près de toi.
J’aimerais te dire tant de choses, mais la boule au ventre, je me tais.
J’aimerais pouvoir dire que je viens me recueillir en paix, mais ça me déchire le coeur de te savoir là, juste en dessous de moi.
Tu aurais dû être ailleurs. Tu aurais dû fêter Pâques avec ta famille.

Une photo est affichée sur ta tombe, j’avais presque oublié ton visage ..

Sept ans

22 avril 2023 à 11h34

C’était un 22 avril. J’étais seule parce que ma mère était partie en vacances, il était huit heures du soir.
J’ai reçu un coup de téléphone du portable de ma soeur, adolescente à l'époque. Vu que mon père m'appelait par ce biais, je n'ai pas répondu, trop absorbée par mon envie de l'envoyer balader. Mon téléphone a sonné de nouveau, j'ai pris une grande inspiration pour décrocher en disant pour la première fois "je n'ai pas envie de te parler" à mon père. J'étais déterminée.
J'ai appuyé sur le bouton vert de mon écran, et j'ai rapproché le téléphone de mon oreille. J'allais enfin dire tout ce que j'avais sur le coeur quand la personne au bout du fil n'était pas celle à laquelle je m'attendais.
C'était le plus jeune fils de ma belle-mère qui m'a dit "Allo Margaux?". J'ai tout de suite compris que quelque chose clochait. Par politesse, j'ai quand même dit : "Ah salut B., tu vas bien ?".
-"Non écoute, c'est ton père, il est mort."
D'une voie tremblante et presque en criant, j'ai dit "Quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé?".
Il m'a tout raconté. Que mon père tondait la pelouse, qu'il s'était effondré derrière la cabane de jardin. Que ma belle-mère au bout d'un moment est allée voir où il était. Elle l'a vu, et paniquée, a appelé à l'aide dans la maison. Son fils avait fait un massage cardiaque, puis les secours sont arrivés et c'était trop tard. Il m'a dit qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait, mais que ça n'avait pas suffit, avec une voix que je ne lui avait jamais entendue : triste mais pleine de responsabilités.

Quand j'ai appris cela, j'étais seule. J'ai pris mes clés de voiture, et suis partie vers la seule personne en qui j'avais confiance à l'époque : mon copain.
Dehors de gros flocons de neige tombaient. Je ne sais toujours pas si c'est parce qu'il faisait noir, si c'était à cause de la neige et de la chaussée glissante ou à cause des larmes qui brouillaient ma vue, mais j'ai bien cru ne jamais arriver indemne.
Une fois chez lui, je suis montée directement à l'étage en courant, sa porte de chambre était fermée, il regardait un film. J'ai tapé du poing contre la porte en lui hurlant de m'ouvrir, ce qu'il a fait. Il m'a assise sur le lit, je lui ai raconté mon histoire avec toute la peine du monde. On est descendus dans le restaurant de ses parents, qui ont tout de suite compris la nécessité pour moi d'être là si tard. Son père m'a pris dans ses bras, sa mère a fait de même. Nous sommes remontés dans sa chambre ensuite et tout ce qu'il a dit c'est "Ça te dérange si on regarde la fin du film ? Il ne reste plus longtemps.." Je suis restée à côté de lui pendant qu'il regardait l'écran, sans dire un mot, et suis partie au petit matin pour la semaine de funérailles la plus longue de ma vie.

C'était il y a sept ans jour pour jour. J'avais 18 ans. J'avais plein d'espoir.

Acceptation.

14 mai 2023 à 21h18

Quelques semaines se sont écoulées depuis que je me suis recueillie sur ta tombe. Pour la première fois, papa, je suis sereine. Pour la première fois en sept ans, je peux dire « j’ai fait mon deuil » et qu’est ce que ça fait du bien !
J’avais peut-être simplement besoin de me recueillir vraiment, de prendre un instant pour souffler. J’avais besoin de pleurer, de vider mon sac. J’étais silencieuse, et je ne savais pas trop ce que j’étais censée faire alors je me suis assise, et j’ai écrit comme d’habitude.
Il y avait du soleil et une légère brise qui passait entre mes cheveux.
Je suis restée longtemps à contempler ta photo, à essayer de trouver n’importe quel trait familier qu’on aurait en commun sur nos visages.
J’avais besoin de me remémorer la chaleur de ta main que j’ai côtoyée une fois.
J’ai essayé de me souvenir de ta voix, des polos que tu mettais tout le temps et de ton penchant pour les films de Bruce Lee. Je me suis souvenue que j’étais ta première fille et que tu m’as forcément aimée.

Il y a peu, j’ai retracé mon histoire, mon enfance. J’ai vu de quoi je suis partie, j’arrive à voir là où je veux aller. Je suis fière de moi, et je sais que c’est suffisant. Je ne chercherai plus à me demander si toi tu aurais été fier, parce que je sais que je n’aurais pas été à la hauteur de tes espérances. Mais je ne changerais rien, pour rien au monde.

J’ai laissé dans une boîte toute cette amertume que tu as laissé, j’ai pris la décision de prendre mon envol pour de bon.

Papa, aujourd’hui j’ai compris : l’oiseau déploie ses ailes. J’ai nommé mon journal ainsi il y a sept ans sans trop savoir pourquoi. J’ai chéri cette image de liberté dans un coin de ma tête, inconsciemment peut être en attendant ce jour.
Et aujourd’hui enfin, j’ai fait mon deuil.

« Les larmes les plus amères qu’on laisse sur une tombe sont celles des mots qu'on n’a pas dit et des choses qu'on n’a pas faites.. »