Les rêveries du mangeur solitaire

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Archive du journal au 29/02/2008.

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14 Février 2008 à 17h17
Un passé bien présent - 1 -

Un passé bien présent - 1 -

Jeudi 14 Février 2008 à 17h17

Une musique et ça y est, me voilà reparti dans le passé. Hier, chez le docteur, en deux chansons, je n'étais plus là. Mon esprit était à Lewarde et à chacune des deux chansons répond un souvenir bien précis.

La première de Keane "Everybody changing" me ramène en 2005. Je me revois partir au travail, écoutant cette musique dans ma voiture. N'imaginant pas une seconde que ma vie, cette vie à Lewarde avec G. et mon fils ne va plus durer très longtemps. Je suis dans ma petite vie pépère. Je viens de décrocher mon CDI dans ce cabinet comptable et pour moi, je suis arrivé. Et pourtant, je ne suis pas heureux. Avec G. cela fait longtemps que ça ne va plus et la naissance du petit n'a rien arrangé. Au contraire, il nous a progressivement éloigné. Au moment où je conduis ma voiture, en écoutant cette musique, je ne me doute pas que G. a d'autres projets et ne voit pas l'avenir avec moi. Elle le voit avec R, son amant. Je ne peux lui jeter la pierre car moi, j'ai mes amants virtuels. Ces garçons que je vais contempler sur quelques sites spécialisés quand elle n'est pas là. Car je suis homosexuel et à cette période, je ne l'accepte pas. Du moins, pas encore. Serais-je prêt à quitter ce quotidien rassurant mais ô combien grisant pour vivre MA vie ? Je ne le pense pas car je n'en ai pas la force. Alors, je m'enfonce... Quand je repense à cette période, j'ai une sensation de glissement. Et pourtant, je ne vois rien venir.

Deuxième chanson, deuxième flashback, "Manhattan-Kaboul" de Renaud et Axelle Red. Le souvenir me semble plus radieux puisqu'il me ramène en juillet 2002. G. et moi habitons alors notre premier appartement et dans quelques jours, je partirai pour les oraux du CAPES, oraux que je vais d'ailleurs complétement foirés. Mais là n'est pas le propos. Nous prenons le petit déjeuner, il fait beau. L'année scolaire touche à sa fin et déjà nous préparons notre retour dans notre région natale, le Nord. A la radio, il y a un sketch de Laurent Gerra. Quand on entend les premières notes de la chanson. Et là, G. et moi sommes bouleversés. Cette chanson est très belle mais surtout elle nous ramène à notre emménagement quelques mois plus tôt... le 11 septembre 2001. La date nous a marqué et, avec le recul, je me dis toujours que c'est un signe sur le devenir de notre histoire. Nous commencions à emménager dans l'Oise et ce jour-là, nous avons découvert l'horreur de l'évènement sur les télés du Conforama de Compiègne. Je me rappellerai toujours le sentiment d'effroi qui s'empara de nous à ce moment. Mais en ce matin de juillet 2002, alors que Jean-Pierre Raffarin, nouveau Premier Ministre de Jacques Chirac, fraîchement réélu Président de la République, se prépare à prononcer son discours de politique générale, je me dis qu'il serait bien d'étudier avec futurs élèves cette chanson de Renaud.