En équilibre sur un fil

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Archive du journal au 18/08/2007.

Sommaire

16 Avril 2007 à 2h18
Histoire de la folie ordinaire

Histoire de la folie ordinaire

Lundi 16 Avril 2007 à 2h18

Pour commencer mon journal je vous fais part d'un texte que j'avais écrit sur un autre blog.
J'avais d'abord commencé à écrire un article ici mais manque de change j'ai soudain perdu ma page et donc tout mon travail. :-( Et je n'ai pas le courage de recommencer. Je vous fais donc part de ce texte histoire d'avoir au moins un article écrit pour l'ouverture de ce nouveau blog
.

ça commence par une arrivée aux urgences suite à gros pétage de plomb. Pas de bol, pas de psychiatre sur place (en congé et ça coûte trop cher pour payer un remplaçant. En attendant tu peux continuer à sombrer c'est pas grave....enfin bref...)
"Bon on va appeler la clinique », dit-on.
Pas de bol non plus => complet
Donc, ce sera l'HP.
On débarque en ambulance. Une charmante aide soignante nous accueille. (Les infirmières sont trop occupées à boire leur énième café autour des derniers potins)
puis direct le psy qui vous regarde de haut en bas comme un rat de laboratoire.
Et après au lit. Le petit médoc du soir pour dormir (j'ai pourtant dit que je n'avais pas de problème pour dormir mais bon...) et op dodo.
Et bien non impossible de dormir parce qu’un malade bien bien atteint se met à crier dans la nuit à vous glacer le sang. Ça commence bien mais au moins ça le mérite de bien vous rappeler où vous avez atterri. 1 heure plus tard le médecin de garde sort de son lourd sommeil (c'est à se demander si il prend pas les même médocs pour dormir) et décide d'agir. Plus de cris. Piqûre ? Coup de boule ? Mystère.

Le lendemain :

petit dej. On sait que je suis nouvelle mais il n' y a pas une infirmière qui a la délicatesse de m'expliquer le fonctionnement de l'établissement. Médocs.
Et puis après ? Rien.
Désespérément rien.
La psy n'est pas encore là.
Bon alors on retourne se coucher alors.
Et ben non on peut pas parce que les femmes de ménage doivent passer et on ferme le couloir des chambres. « C'est pour pas que vous confondiez le jour avec la nuit" dit l'infirmière.
Bon et bien on fait quoi ? On attend.
On est enfermé dans une pièce de 30 m2. Devant, le couloir des chambres fermé. À droite des tables pour manger. À gauche le salon fumeurs. Derrière une porte...fermée.
Mais elle mène où cette porte ?
À la cafétéria.
Comment on y va ? Faut l'autorisation de la psy.
Elle est où la psy ?
Bonne question
alors on attend encore, encore et encore.
À la fin de la matinée on n’a toujours pas vu la psy.
"Vous la verrez cette après-midi » dit l'infirmière.
À midi moins 10 il y a déjà tout le monde qui s'agglutine vers les tables à manger. Alors qu'on ne mange pas avant dix minutes.
Faut dire qu'ici les repas sont les seuls évènements de la journée alors c'est sacré.
Midi : on mange. Quoi ? Bonne question. Une espèce de truc bizarre que même mon chien ne boufferait pas.
Fini de manger, médocs, et c'est parti pour la deuxième et dernière occupation de la journée. Attendre.
On en profite pour faire connaissance des patients.
Alors :
- deux anorexiques qui feront passer des Somaliennes pour des gros boudins.
- deux trois alcoolos qui bien qui n’ont pas bu une seule goutte d'alcool depuis des semaines semblent encore être complètement bourré.
- un type échoué par terre au beau milieu du couloir et qui pousse quelque grognement entre deux marmonnements incompréhensifs (apparemment notre crieur de la nuit)
- quelqu'un qui parle tout seul (de quoi ? on aimerait bien savoir) - une dépressive toute timide qui a encore un peu de lucidité pour se demander ce qu’elle peut bien foutre là.
- un personnage particulièrement agaçant qui parle fort, se fait remarquer, pose des questions l'air méfiant, fait la police à la place des infirmières, râle à propos de son banquier (qu'est-ce qu'il vient foutre ici celui-là) et bien sur est là parce qu'il est victime un affreux complot machiavélique et que de toute façon on viendra le chercher pour le libérer (mais qui c'est ce "on ?)
- et une fille un peu neuneu super contente d'être là. ("Je trouve qu'ici les murs sont plus jolis qu'à la clinique”. C'est sûr que des murs elle va en bouffer)
Et puis on attend à nouveau. Et puis on se pose des questions. Est ce que tous ces gens sont là
parce qu'ils sont dans cet état-là ou est ce qu'ils sont dans cet état-là parce qu'il sont là.
Et tout de suite cet étrange sentiment d’être encore plus atteint qu’à son arrivée. Et ce n'est que le premier jour !!!
Puis finalement, on finit par la voir la psy. Et aussi bien qu’on a crié la veille "laissez-moi entrer, je suis extrêmement mal” on fini par crier "laisser moi sortir je suis encore plus mal !!!"
La psy vous laisse partir "vous n'avez pas vraiment votre place ici".
Et voilà. Un ami vient vous chercher. On rigole un peu pour décompresser surtout qu’après avoir vécu ÇA on peut se soulager en se disant que sa vie aurait pu être pire.