Un drôle de monde

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 19/12/2006.

Sommaire

4 Décembre 2006 à 23h44
Un jour comme les autres
5 Décembre 2006 à 14h06
Consommer
6 Décembre 2006 à 13h31
Il pleut dans la solitude...
7 Décembre 2006 à 18h24
Une solitude pesante
9 Décembre 2006 à 15h04
Solitude du week-end, solitude de la semaine
10 Décembre 2006 à 1h02
Ah Christine ! Je t'aimais !
12 Décembre 2006 à 19h55
Vaincre la solitude...
13 Décembre 2006 à 22h21
A quoi ça rime cette vie ?
15 Décembre 2006 à 21h28
Déprime.
17 Décembre 2006 à 21h04
On n'est pas libre

Un jour comme les autres

Lundi 4 Décembre 2006 à 23h44

Aujourd'hui c'est le 4 décembre. Le 4 décembre 2006. Qu'ai-je fait ? Rien comme d'habitude... un cours dans un institut d'urbanisme paumé... certes pas inintéressant. On a parlé de Venise... on a vu de belles photos de Barcelone...

Et puis au bout de 5 heures trente de cours on est sorti. On s'est quitté avec mes camarades. "Bonne soirée à demain." Rien de plus. Rien de moins. La même phrase tous les soirs. La même formule si froide que j'entends depuis la nuit des temps.

Mes "collègues" ou plus simplement les autres étudiants n'ont apparemment pas envie de creuser des relations d'amitié. Mais ils n'ont pas envie non plus de travailler... Les dossiers à faire ? On les rendra le plus tard possible, et on s'y mettra surtout le plus tard possible. Le moins on en parle mieux c'est.

Ils croient que je suis sérieux... ce que vous devez croire aussi. Et pourtant. Que savent-ils du reste de ma vie ? Que savent-ils de moi ? Que savez-vous de moi ? Rien ou si peu...

Je suis né il y a 22 ans et des poussières, et depuis quelques années, la solitude aidant, je ne change pas. A chaque rentrée, à chaque nouveau travail, je suis plein d'enthousiasme. Et d'un coup le sol s'échappe sous mon poids. Rien ne reste. Seulement des jours ennuyeux. Seulement des problèmes bassement matériels.

On est le 4 décembre. Le 4 décembre 2006. Ai-je travaillé ce soir ? Non... Et pourtant il est déjà 23:27. Qu'ai-je fait ? J'ai traîné sur des forums d'individualistes... sur des forums pour communiquer, pour échanger, mais sans communication, sans échange.

C'est tellement désolant. J'aimerais pouvoir parler avec les autres du fond des choses. Par exemple j'aimerais bien parler du livre que je lis Transit, les lieux et les temps de la mobilité de François Bellanger et Bruno Marlzoff. Tout n'est pas passionnant dans cet ouvrage... et pourtant il apporte quand même une idée intéressante. La ville d'aujourd'hui c'est une ville "mobile". On pourrait en discuter... Mais non... dès que je commence, les autres étudiants me fuient... Et quand c'est avec ma famille, il n'y a qu'avec mon père que ça marche. Les gènes que voulez-vous.

Je disais donc, aujourd'hui c'est le 4 décembre. Le 4 décembre 2006. J'ai vraiment l'impression d'être un personnage de La Cantatrice chauve. Comme dans cette pièce de théâtre, j'ai l'impression d'attendre... d'attendre sans rien connaître de profond chez les autres.

Par exemple saviez-vous que j'aime le théâtre ? Non évidemment on se découvre... Les Autres, de l'institut d'urbanisme, ma famille, ... , le savent-ils ? Non. Mais ils ne me l'ont jamais demandé. Et le jour où j'eus le malheur d'en parler, ce ne fut presque que silence.

Pourtant le théâtre ce n'est pas qu'un monde sérieux. C'est un monde avant tout émotionnel. Un monde comique. Un monde cocasse. Un monde tragique. Mais même dans une tragédie on peut se détendre. Je vous semble bizarre ?

En fait je crois que l'individualisme des Autres, les gens de l'institut d'urbanisme, ma famille, ... , ne s'explique que par une peur de se livrer... par une peur d'être jugé négativement.

Et pourtant dieu sait que cette peur j'ai peut-être plus de raisons de l'avoir que d'autres. Le harcèlement moral ça existe... et dès l'école primaire. Mais il n'y a que la victime qui voit le psychiatre.

Vivement demain, mardi 5 décembre. 5 décembre 2006 !

Consommer

Mardi 5 Décembre 2006 à 14h06

Aujourd'hui 5 décembre 2006. Rien de nouveau sous le soleil... comme on pouvait s'y attendre.

Ah si... mon réveil qui bizarrement n'a pas voulu sonner ce matin. C'est moi qui l'ai arrêté... mais je l'ai fait en dormant. Sans doute un acte manqué. Je ne voulais pas revivre une journée comme les autres.

Alors pour fuir la banalité de la vie, le manque de rencontres, je me réfugie dans mon courrier. Vous savez... j'angoisse toujours quand j'ouvre le petit portillon de ma boîte-aux-lettres. Y aura-t-il une lettre ? Une vraie ? Depuis que je ne suis plus avec mon ex, pas de lettre... depuis qu'il y a Internet, peu de lettres. Parfois des factures... et encore elles arrivent aujourd'hui par le net...

Et pourtant à me voir ouvrir ma boîte de Pandore on croirait que j'ai un courrier de ministre.

Des magazines... enfin que dis-je... non ces feuilles de choux ne sont pas dignes du nom de magazines, ni même de celui de revues. Plusieurs fois par semaine je reçois le catalogue Carrefour, celui des marchands de pizzas, ou encore un numéro de ParuVendu, un journal d'annonces.

Aujourd'hui c'est le tour du catalogue de Carrefour. Un titre mettant en exergue l'individu moyen de notre société... l'individualiste : "J'ai rêvé de fêtes à prix cadeaux"... Il ne semble pas que les prix soient fondamentalement moins cher que d'habitude... ni plus cher. Ce catalogue me fait passer mon ennui, cinq minutes. Un catalogue refuge des individus de notre monde. Consommer pour être intégré. Et si je ne VEUX pas consommer ? Impossible. Car il y aura toujours une image subliminale qui vous attirera. Mon attention s'arrête quelques instants sur la photo relativement floue d'un paquet de papillotes "Les papillotes Revillon"... celles que l'on achète pour le moyen de gamme... celles que l'on trouve presque partout. Alors pourquoi mettre la photo de ce paquet dans une feuille de choux ? Me faire perdre mon temps... peut-être. Ou plutôt répondre au besoin pressant de mes concitoyens de se sentir importants en consommant... des papillotes que tout le monde consomme. Ils sont intégrés... mais ne communiqueront jamais leur avis sur ces papillotes qui ne sont sans doute pas les meilleures, ni les moins bonnes.

Je ferme ce catalogue. Il est 13:57 et je me demande ce que je vais faire à présent... encore des choses bassement matérielles. Manger un fruit. Puis appeler mon garage pour un crétin qui n'a pas compris que lorsque l'on conduit on n'est pas tout seul, surtout aux grands ronds-points. Puis travailler... enfin faire semblant. Je dois rendre compte d'un travail de diagnostic sur la mobilité sur les berges de la ville que j'habite. Un dossier... mais comment faire quand on est face à des individualités qui ne sont pas d'accord entre elles ? Les élus ne sont pas d'accord avec leurs techniciens, et ainsi de suite. Qui gagne ? L'échange ? la réflexion ? Non... celui qui a les cordons de la bourse : l'élu.

Mais ça c'est une autre histoire. Un jour, sans doute, je vous raconterai ce que c'est qu'un conseil municipal... et où va notre pauvre démocratie... elle devient une démagogie pour individualistes.

Il pleut dans la solitude...

Mercredi 6 Décembre 2006 à 13h31

Mercredi 6 décembre... je pourrais dire qu'il n'y a pas de grand changement par rapport aux jours précédents. Mais n'est-ce pas, ce serait assez inutile de le préciser. Pourtant... Il pleut aujourd'hui. Et j'espère même qu'il neige là haut sur la montagne. J'aime les grands espaces sauvages... même s'ils sont plus ou moins équipés. Lieux de solitude, je m'y retrouve.

Pour moi, la pluie a toujours rimé avec solitude, avec monde sensible. Peut-être parce que dans mon souvenir je revois fugacement une scène d'enterrement de quelqu'un qui m'était cher, mon grand-père. C'était la première fois que j'étais confronté à la tristesse dans ma famille. La maison familiale, les endroits où vivent mes grands-parents même s'ils me faisaient et me font peur, c'étaient et ce sont les endroits où je me sentais et me sens en sécurité. En sérénité. Un jour de mars je crois, mon grand-père est décédé. Il perdait la tête, et c'était horrible parce qu'il s'en rendait compte. Mais dans notre monde on le forçait encore à courir à droite, à gauche. C'est pourquoi aujourd'hui j'analyse cette pluie comme une pluie de pleurs sur ce monde qui refuse d'accepter le couple vie/mort. Pluie sur ce monde qui nie le fait que le temps s'écoule. Pluie.

Plus tard j'ai été confronté à nouveau à la mort. Et de nouveau sous des jours de pluie. J'ai erré longtemps sur des chemins de montagne, sous cette grisaille. Sous la pluie jamais je n'étais et ne suis pressé car à chaque fois je revoyais et revois que la vie est trop courte... je pense à mon grand-père... je pense au fait qu'un jour j'ai pensé en finir avec la vie. Et je comprends soudain que c'est une erreur... mais notre monde est trop inhumain. La pluie se mue en colère du ciel... dans mon imaginaire. La pluie c'est la dénonciation du fait que l'on soit mortel, du fait surtout que l'on ne sait pas ce qu'il y a après la vie... du fait que c'est la vie présente qui compte, mais qu'on la gâche si bêtement.

Aujourd'hui, je m'en suis bien rendu compte à l'Institut d'urbanisme. Comme chaque mercredi on a eu un cours passionnant sur les doctrines de l'urbanisme. Notre professeur parlait de la force de la puissance publique, de l'efficacité qu'il y avait pour aménager comme on le voulait après la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant aujourd'hui, cette efficacité on ne l'a plus. Il suffirait de regarder dans le rétroviseur, de s'inspirer des solutions passées pour faire des aménagements efficaces, humains.

Mais non... mes camarades, mes concitoyens préfèrent juger en bloc les politiques précédentes. Certains de mes "collègues" doivent penser : "Les Grands ensembles ? Ah c'est là où les Arabes brûlent les voitures ? On n'en veut pas." Choquant. C'est nous qui rejetons les Arabes, et les gens qui vivent dans les grands ensembles. La meilleure étant cette remarque très bizarre d'un camarade sur le fait que l'on ait construit des logements pour les cheminots, juste après la Seconde Guerre mondiale : "Et pourtant ils avaient collaboré et étaient responsables de la mort de Juifs". Et le Réseau rail ? Et la difficulté du choix : Résister ou Collaborer avec Vichy ? Mais le pire n'est pas là. Ce "collègue" et beaucoup d'autres devaient penser qu'après tout fallait faire payer aux cheminots, ou aux autres "coupables". C'est bien révélateur de notre société. Et dire qu'un jour ils seront urbanistes, ou hommes politiques. Ca me fait peur. Encore si je pouvais parler avec certains "collègues" de ces phrases choquantes... Rien. Toujours le silence, et la pluie.

La pluie c'est mon refuge. Vous savez je regarde par la fenêtre. J'attends. Quoi ? Je ne sais pas. Mon heure... Que l'on vive dans un monde plus compréhensif, plus humain, que l'on vive pour l'homme et non pour des conneries bassement matérielles ou de pseudo honneur (comme condamner cinquante ans après, dans son fauteuil, le fait que l'on ait construit des logements pour des cheminots grands criminels de guerre).

Il pleut. Et je me dis que la pluie passe comme les hommes trépassent. Finalement que je sois là, à l'Institut d'urbanisme ou ailleurs, quelle importance ? Que j'y sois aujourd'hui, demain... à vrai dire même, quelle importance que je ne sois pas fait pour parler avec mes camarades... ou avec mon frère ou avec ma soeur. Quelle importance cette absence de communication face à la mort qui passe comme la pluie... Seul le couple vie/mort compte pour moi. Après tout pourquoi échanger ? Oui mais ma conscience se refuse à admettre une telle idée. Communiquer... ça nous rendrait tellement heureux... On accepterait tellement mieux l'autre... si on arrêtait de l'éviter. On pourrait réfléchir au devenir de l'humanité. On pourrait vraiment avancer sur des dossiers importants pour tous les hommes : le réchauffement climatique, la guerre, la haine, la pauvreté. Là je suis assis face à mon ordinateur... je me demande ce que je fais là, mais j'espère. J'espère qu'un jour les hommes se rendront compte qu'en devenant trop individualistes, en jugeant tout ce qui a été fait, en jugeant tout sauf eux-mêmes, ils ne peuvent vivre heureux. Ils ne peuvent lutter efficacement contre la mort.

Je me dis que mon dilemme est là : j'aimerais que le monde change mais je ne peux. Alors partir seul ? Loin ? Très loin ? Mourir. Ou plutôt aller vers un échange factice ? Journalisme, voyage autour du monde... Je n'ai pas la réponse.

Une solitude pesante

Jeudi 7 Décembre 2006 à 18h24

Ce soir, un coup de blues.

Comme il m'en arrive souvent. J'ai eu une grosse journée aujourd'hui : atelier d'urbanisme, cours de gestion de projet... cours d'Autocad interrompu trop tôt pour cause d'arrêt exceptionnel des serveurs informatiques... Journée commencée à neuf heures, finie à 17 h15 au lieu de 19 heures. Je suis las... rentré plus tôt, je me précipite sur le net. Un message. Un seul. D'une amie. Je l'ai relancée, il y a trois jours. Elle m'avait oubliée et ne s'était pas rendue compte que j'existais encore. Il n'y en aura pas d'autre avant quelques jours. Hélas. Pourquoi les gens m'oublient-ils ?

Je suis seul. Trop seul. Certes ce soir je vais peut-être aller voir avec d'autres le nouveau James Bond. Mais je ne sais pas. Ces autres ne sont pas vraiment des amis... seulement des camarades de l'Institut. Seulement un groupe de gens qui parlaient ciné en cette fin d'après-midi, et auxquels je me suis joint, sans y avoir été invité.

Je vais peut-être plutôt appeler mes parents... et il faudra encore que je fasse bonne figure pour les rendre heureux. "Ca n'a pas l'air d'aller. " "Si si... simplement je suis très fatigué" (à cause des cours...). Le jour où ils disparaîtront je ne sais pas ce que je ferai... j'aurai personne à qui parler. Personne sauf moi-même, sauf des murs. J'ai trop peur de perdre mes parents... c'est un des seuls liens qui me retient ici bas.

Comment lutter contre la solitude ? Ca fait des années que je cherche. J'ai essayé Internet. Ca ne m'a pas donné de résultat. J'y ai rencontré cette amie qui m'a écrit aujourd'hui... et beaucoup de gens étranges... que je n'ai pas gardés. J'ai sans doute eu tort.

Le passé est le passé. Mais force est de constater que depuis le lycée je ne connais personne sauf Charles, un ami... qui aujourd'hui ne communique plus que tous les six mois. Il est trop occupé. Aujourd'hui j'ai l'impression qu'il m'échappe. J'ai l'impression que ma solitude sera sans fin. Elle l'est. Et ce qui est terrible c'est que je sais que je ne peux qu'accepter mon triste sort. Depuis ma tentative de suicide, le courage pour en finir n'est plus. A-t-il été ?

Je dois lutter avec cette solitude tout en aimant la vie... la vie de l'échange. Mais d'échange il n'y en a plus dans ma vie. Les seuls vrais moments de bonheur, c'étaient sur une scène de théâtre et dans une radio privée en tant que "reporter". Pas grand. Mais j'ai rencontré tellement de gens intéressants en faisant ce métier.

J'en apprenais tous les jours sur les gens de notre monde... sur notre monde. Une quête infinie.

Aujourd'hui tout cela est révolu pour des raisons stupides... pour des arguments qui ne sont que le reflet de la peur. Mon père n'a jamais accepté que je tente de faire du journalisme... et comme c'est lui qui a les cordons de la bourse... j'ai atterri dans un Institut d'urbanisme... dans ce lieu où l'on découvre qu'être urbaniste c'est devoir accepter les inepties d'élus, des systèmes complexes... et au final ne pas réfléchir sur le fond lorsque l'on sera professionnel.



Aujourd'hui je me rends compte que je fais de l'urbanisme, parce qu'il faut bien faire quelque chose dans la vie. Et comme en outre je ne connais personne, je comprends que je n'ai pas ma place dans la société. Et pourtant... j'aime la vie. Je ne m'imagine pas être dans le monde des morts ce soir.

Je retourne et retourne cette question, là, présentement : comment sortir du cercle de la solitude. Comment retrouver un espace de liberté ? Faute d'argent et de temps j'ai arrêté de passer mon brevet de pilote d'ULM pendulaire. C'est vrai on va m'offrir des skis à Noël. Et ça ça signifie évasion, fuite de la solitude... mais ça ne durera peut-être qu'un temps. Et la solitude reviendra en force cet été.

Je ne sais pas quoi faire. Si... retomber dans le délire matérialiste de nos petites vies... me faire à manger. Mais j'ai une idée plus grande, plus belle : j'aimerai donner quelque chose à la société, aux gens. Je ne sais pas quoi, mais je voudrais qu'ils comprennent le couple vie/mort. Qu'ils comprennent que l'on ne peut pas faire n'importe quoi de sa vie, des autres gens, parce que l'on n'a qu'une chance... car l'on est mortel.

A bas la solitude !

Solitude du week-end, solitude de la semaine

Samedi 9 Décembre 2006 à 15h04

Un peu de calme aujourd'hui... Il faut dire que la semaine a été chargée... tendue... Jeudi soir j'ai téléphoné à mes parents... mais je n'avais rien à leur dire... et eux n'avaient rien à me raconter. Un coup de fil pour rien. Ou presque. Ca me dégoûte presque.

Ah ! Echanger... pas si facile avec ma famille... Mes parents je les adore mais je ne sais jamais sur quel pied danser avec eux. Je voudrais leur faire plaisir en sentant que ce que je raconte les intéresse. Ce n'est pas le cas. Non...non...

Alors je me dis que jeudi soir j'aurais dû aller au cinéma... voir le nouveau James Bond. J'aurais peut-être pu me joindre aux collègues de l'Institut d'urbanisme qui y sont allé. Vendredi ils ont échangé sur ce qu'ils ont vu. Mais vu que je ne connais rien aux acteurs, metteurs en scène actuels, je n'avais rien à dire. Alors j'étais en dehors du groupe... à côté, mais pas dans le cercle.

Mes collègues devaient se dire "Tiens ? Mais pourquoi Eric ne dit rien ?" Ou pire ne pas faire attention au fait que je sois là... comme si je n'existais pas.

Finalement, cette semaine il n'y a pas grand-chose à en retirer. Si... une réunion à l'Institut d'urbanisme, mercredi soir jusqu'à point d'heure... 21 h 30... pour nous dire que nous trouverons du travail... en créant notre entreprise. Il y a on ne peut plus facile, surtout quand on n'y connaît rien... et surtout quand personne n'échange avec personne.

Il y a bien Sylvain avec qui j'ai pu parler de cette soirée. Il veut créer son entreprise... mais le fera sans doute avec des amis à lui à Nancy. Chacun a déjà un cercle d'amis. C'est là qu'est mon problème. Je n'ai qu'un ami, qui se prénomme Charles... comme je vous l'ai déjà dit. Il fait des études d'informatique... mais plutôt portées sur les réseaux. Il m'a initié à l'art de la programmation. Alors certes je programme, mais plutôt des petites applications 3D, ou dont l'essentiel réside dans l'aspect visuel. Mais vu que l'on n'échange que tous les six mois... voire seulement une fois par an...

Je devrais bien arriver à m'intégrer dans un groupe pourtant... Jeudi j'ai travaillé en groupe avec Sylvain et François. Un vrai travail de groupe. Mais ça s'arrête là. Dans un an que restera-t-il de ces "échanges" ? Rien. Ca n'ira pas au-delà du mémoire à faire en commun, des cours ou fiches de lecture à échanger. L'année prochaine si tout se passe bien, je serai en stage en alternance, et Sylvain et François aussi. On s'oubliera.

Et de toute façon, déjà là ce n'est pas glorieux : dans les autres groupes dont je fais partie, cette semaine, j'ai eu l'impression d'être une chose à qui on demande de fermer sa gueule... Il n'y a pas à dire... je ne suis pas intégré.

Alors ouf ! Aujourd'hui c'est enfin samedi... seul dans mon studio... seul à essayer de travailler. Seul à me dire "Chic il a neigé sur les montagnes... " Seul à programmer une représentation 3D de ma chambre en OpenGl (on pourra se promener virtuellement dans mon appartement, et peut-être dans une partie de mon immeuble). Seul à lire des inepties... Seul quoi.

En clair, je hais le week-end parce que je ne vois personne, sauf ma famille souvent par obligation... Mais en même temps j'adore ces deux jours de fin de semaine car je ne croise presque personne... Et je me dis ainsi que ma solitude se justifie : "Si je n'ai croisé personne, c'est logique que je me sente seul..."

Or dans la semaine, je croise une foule de gens... tout en ayant le sentiment de rester fort seul... et ça c'est encore plus terrible.

Ah Christine ! Je t'aimais !

Dimanche 10 Décembre 2006 à 1h02

Ce soir... je repense à Christine. La première véritable rencontre pour moi... qui eut lieu en 2004... je repense à toi. Je t'aimais. Mais notre histoire était trop compliquée. Tu ne savais pas pourquoi on se voyait si souvent chaque semaine. Ou plutôt tu ne voulais pas savoir que c'était de l'amour... de l'amour-lutte contre la solitude. C'était amusant de nous voir si seuls, nous, deux journalistes, rencontrant tant de monde. Alors on se voyait pour combler la solitude. Pour parler de nos écrits. Pour parler du métier de journaliste. C'était profond. Très profond.

Je ne savais pas alors que je ne pourrais continuer ce fabuleux métier. Je ne savais pas alors que mes rêves de construire une webradio professionnelle s'effondrerait. Je ne pouvais pas le prévoir.

Comme je ne pouvais prévoir que tu me quitterais par peur de mettre fin à ta relation de couple... qui hélas était déjà sur sa fin.

Je repense à tout cela... à toi. A celle qui t'a remplacée dans ce rôle d'amante, il y a quelques mois. Elle aussi elle m'a quitté. Mais c'est moi qui en ai décidé ainsi. On n'était pas fait pour vivre ensemble à long terme. Il n'y avait peut-être pas d'échange profond entre nous. Je ne sais plus... je ne veux plus savoir si c'était une erreur ou non de te quitter, toi, Elodie.

Alors voilà... ce soir... ce samedi soir... banal à mourir comme les autres, je suis seul. Pas un film sur DVD... pas envie d'écouter de musique. Rien à faire sauf surfer sur le net, surfer sur les podcasts grâce à iTunes...

Et retomber sur le mal du XXIè siècle, l'individualisme, et par conséquent la solitude croissante. Un reportage de M6, son fameux "Six minutes". Un reportage daté du 6 décembre. En voici le lien : http://www.m6.fr/html/m6_infos/lesix.php?cp=92000&id=061206_1900_92000_m6info Les jeunes se sentent seuls et du coup seraient dépressifs. Je ne suis pas sûr que l'on mette le bon terme derrière dépressif. Je l'ai été un temps, et du coup je ne suis pas sûr que des moments de solitude passagers, de mal du "pays" - du cocon familial devrais-je dire - caractérisent à eux seuls ce qu'est une dépression, ou un état dépressif. Mais ça ne change pas grand-chose au fait que les jeunes se sentent seuls. Il y a bien un problème dans notre société. Et il n'est pas près de se résoudre...

Je n'aurais pas dû surfer sur Internet... ça m'aurait éviter de reprendre dans la figure ce vent de la solitude.

Il est 23:55... et je ne sais pas quoi faire. Dormir ? je n'ai pas encore sommeil... ou plutôt j'ai trop peur de ressasser toutes mes sombres idées. Jouer ? A quoi ? Ou alors surfer pour trouver encore d'autres articles pour un dossier déjà bien avancé dans ma tête ? Je ne sais...

Vaincre la solitude...

Mardi 12 Décembre 2006 à 19h55

Aujourd'hui un petit sourire s'est dessiné à nouveau sur mon visage triste depuis trop longtemps. Sourire. La vie. Un sourire qui disait "Ouf..." Je suis enfin parvenu à sortir d'un problème d'argent à la noix... j'ai réussi à vendre ma moto... banal... mais ça va m'aider à résoudre un problème de solitude. J'ai souri, car ce sont les premiers euros que je mets de côté pour mon tour du monde.

Un tour du monde ? Oui j'y pense... Ma vie est trop seule... Ma vie a trop perdu son idéal, de recherche humaine. Alors autant partir faire un tour du monde... Je sais que les hommes du reste du monde sont bien pareils que les Français... mais au moins je pourrai échanger avec eux sur leur culture, sur leur façon de voir le monde...

Vaincre la solitude c'est tellement important pour moi. Alors mine de rien j'étais content de vendre ma moto... c'est étrange car j'adore la moto... et j'aimais beaucoup ma YBR 125... mais j'étais content... heureux de pouvoir parler avec des gens sensés, de comprendre que je ne suis pas qu'une chose dans la vie. Heureux de me dire qu'enfin j'allais pouvoir économiser quelques euros chaque mois. Et pourtant je ne suis pas forcément pour l'existence d'un quelconque système économique. Tous les hommes sur Terre devraient pouvoir faire ce que je fais là : surfer sur le net... écrire leurs pensées intimes... tout le monde devrait pouvoir un jour monter dans un avion et apprendre à le piloter... Tout le monde devrait un jour pouvoir monter sur une moto... Beaucoup en rêvent . Peu le réalisent... faute d'argent.

Et pourtant dans nos systèmes c'est possible. D'où ma décision il y a un mois de me lancer dans un tour du monde le plus long possible dans quelques années.

Je suis trop seul. Aujourd'hui je l'ai bien vu à l'Institut d'urbanisme... mes "collègues" ne savent pas qui je suis... peut-être parce que je n'ose pas leur parler... souvent je me dis que je suis en dehors de la société parce que je n'ose pas franchir le pas par peur d'être rejeté... mais je me dis aussi que je suis tellement bizarre. Aujourd'hui ce matin je n'ai croisé personne à la pause... si Sylvain et une autre personne dont je ne connais même pas le prénom. C'est dingue ! Elle m'a parlé de ses problèmes de train à cause de la grève... et puis après j'ai pu me joindre à son groupe de "travail" pour un projet que l'on doit réaliser. Comme quoi le cercle d'amis nourrit le cercle d'amis... Comme quoi le cercle de la solitude s'auto-alimente... Ce soir on n'a pas eu cours... en plus j'étais arrivé en retard. J'ai pu parler un peu avec Claire, Sarah et Jean-François... mais je me suis rendu compte qu'ils ne me connaissent pas du tout. J'ai l'impression qu'ils croient que je ne pense qu'au boulot... Et quand je leur ai dit que je venais de vendre ma moto, Jean-François a eu l'air très surpris. Quoi ? Eric le sérieux, habillé bon chic, bon genre, il fait de la moto ? PAS POSSSSSIBLE.

Et pourtant si. Pourquoi ai-je cet habit-là depuis des années ? Hein pourquoi ? Mon sourire s'estompe. Je redeviens triste. Je sens la déprime revenir depuis ce soir... la fatigue aidant. Alors j'ai réallumé ma radio, ce que je n'avais pas fait depuis longtemps. Ca met au moins un peu d'ambiance dans mon studio. Morne. Trop morne. On fait comment pour rendre son lieu de vie chaleureux ? Je ne sais... je suis un être froid... trop froid... mais pour les autres dans la vie de tous les jours. Je ne fascine que lorsque je fais une présentation orale... que lorsque je parle en public... à la radio. Je fascine. C'est un pouvoir. mais je ne me sens pas à ma place. J'aurais dû opter pour des filières de ce genre de communicants : ou dans le commerce - car je m'adapte assez bien à mon "client" potentiel - ou animateur de radio... ou mieux de télévision. Journaliste-animateur. C'est trop tard. Hélas.

A quoi ça rime cette vie ?

Mercredi 13 Décembre 2006 à 22h21

Je voulais te dire... je ne sais pas à qui.

Je n'ose plus écrire à mon frère... à ma soeur ça fait longtemps que j'ai coupé toute discussion sérieuse. Je me demande à quoi ça rime tout ça. Cette vie. De nos amours. Cette vie si inepte. Cette course.

Je n'ai pas ma place dans ce monde que je juge négativement. Je ne suis pas fait pour ce genre de vie. La solitude m'a rongé jusqu'au bout. Je viens de me rendre compte ce soir que je connais personne... absolument personne. Les seuls contacts que j'ai sont toujours "codés" et froids. Je cherche de la chaleur humaine. mais c'est pas demain qu'elle atterrira dans mon champ.

Je me demande à quoi ça rime de vouloir un jour faire du théâtre... puis d'avoir dû laisser tomber cela à cause d'une peur et de mes parents. Je me demande à quoi ça rime de faire un travail de journaliste local... tout en suivant des études que j'aime de moins en moins.

Je me demande pourquoi en fin de compte la liberté n'est pas de ce monde. Partir loin. Je voudrais... mais je n'ai pas l'argent. Attendre ? Je ne sais plus s'il faut ou non. Je fais des études qui ne me plaisent pas vraiment. Un des cours intéressant - celui d'Autocad et de SketchUp - s'est terminé aujourd'hui. J'aurais à la rigueur pu faire de l'informatique mon métier... mais je n'étais pas assez bon en maths... et n'est-ce pas vu le monde de codes dans lequel on vit, il fallait que je fasse prépa.

Alors voilà... j'ai fait prépa... littéraire. Qu'est-ce que ça m'a apporté ? J'ai pu faire du journalisme... mais à part ça rien. Ma vie je n'en vois pas de suite. Je vois juste que je vais devoir me battre, me fatiguer pour continuer à avancer sur la voie de l'urbanisme, et que ce sera pareil quand je serai urbaniste. Un travail alimentaire. Hélas les hommes n'ont vraiment aucun idéal.

Dois-je retourner voir mon psy à la clinique ? Je ne sais pas. Le mode pause n'existe hélas pas dans la vie.

Déprime.

Vendredi 15 Décembre 2006 à 21h28

Hélas même ici la participation est des plus moindres.

La solitude me tue. Je participe à des groupes dans mon institut de merde. Je leur semble sympathique, mais je n'arrive pas aller dans une relation au-delà.

Alors je ne sais plus. Je n'ai plus envie de parler, de raconter pour la énième fois ma vie sans importance. Je n'ai plus envie de parler à ma famille qui se fout de ce que je fais... mais serait la première à pleurer à chaudes larmes sur ma mort.

Dans ma chambre d'étudiant de 4m sur 4 qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?

Trop de questions.

On n'est pas libre

Dimanche 17 Décembre 2006 à 21h04

C'est la fin.

pas de participation ici, comme ailleurs. Des mails qui disent la vérité dans ma boîte. La froideur de ma soeur. Mon frère me disant ce qui est : accepter le fait que je ne fasse pas de la radio, ni tout cela... que je fasse de l'urbanisme tout ça parce qu'un jour de juillet, mon père n'a pas voulu payer 3000 euros pour une école de journalisme. Tout cela parce que mon père ne voulait aps que je fasse de journbalisme. Il n'y a pas de solution. je le sais. Et mon frère n'a que le courage de me répéter cela. Accepter et attendre l'opportunité. Vous y croyez à ça vous ? Aux opportunités qui tombent toute seule dans son escarcelle ? Moi pas. Je suis dégoûté, détruit. Sans but dans ma vie. Seul. Mes "collègues" de l'institut me trouvent sympathiques... parce que je bosse. Mais je n'arrive pas à tisser de lien plus profond.

Alors qu'est-ce qui va se passer. Déjà finir monb dossier de projet urbain... une compilation d'articles sur les moyens de la concertation. Une dissert sur le séminaire à relire. Et voilà. On sera en vacances. moi toujours vivant, ressassant toujours la même question, attendant l'opportunité. Et voilà. Encore une année de gâchée. Encore le vide qui tombe dans ma vie de merde. mais de merde. Je hais ce que je fais. Je hais mon chez-moi. Non vous ne pouvez pas comprendre si vous n'avez jamais ressenti cela. Ressenti. pas vécu. Ressenti. Mais l'on vit dans ce que vous voulez sauf dans un monde sensibme. j'ai le malheur d'avoir hérité de deux qualités qui font fuir tout le monde parce qu'elles leur font peur : la sensibilité et le charisme. J'aurais pu être... Mais le passé est le passé. Et l'avenir est vide. Mais personne ne veut le comprendre. Personne pour m'aider. Sauf des psy à la con qui ne comprennent pas de quoi je me plains vu que j'aurai le CDI et 1500 euros par mois... dans un boulot au coeur de la politique "urbaniste". C'est tellement du pipo. Je le savais avant de faire ces études. mais je n'ai pas eu le choix.

La plus grosse connerie que l'on m'a apprise à l'école c'est que l'homme est libre. C'est faux. Même si l'on tient compte du fait que notre liberté s'arrête où commence celle des autres. On n'est pas libre de réaliser des rêves même quand on est sur le point de les atteindre. Et voilà trente ans de gâché. Opportunité ou pas.

La vie est mal foutu. Et ça ne tiendrait qu'à quelques égoïstes de changer cela.