C'est fichu. On va passer de l'alerte orange à l'alerte rouge, et pour la première fois de ma vie je hais le mauvais temps. Demain j'avais une visite chez l'ophtalmolo pour enfin me débarrasser de ces lunettes aux verres abîmés.
Ce matin, je me suis réveillée ( tard il faut le préciser, je me suis enfin rendu compte que nous étions en vacances, des vacances qui allaient se terminer bientôt) avec une odeur de boue mélangée aux défections des chèvres dégueulasses. Il avait plu, mais pas comme si nous étions en vigilance orange. C'est ce que j'aime pas avec la météo: il vous dise qu'il va pleuvoir des cordes alors que vous vous retrouvez avec un gros soleil pour pouvoir bronzer.
Bref, je m'étais tranquillement installée dans ma chambre pour pouvoir narrer une vie, ma vie, la fenêtre ouverte avec l'odeur de "campagne" infâme, quand j'ai entendu les crépitements d'un feu. C'était surement l’œuvre de mon père. Et grâce à lui j'ai du fermer ma fenêtre pour pouvoir ne pas respirer les fumées toxiques. Je ne sais pas pour vous, mais si j'avais été la voisine de personnes qui n'arrêtaient pas de brûler un tas truc, j'aurais déjà appelé la gendarmerie. Mais bon en Guadeloupe vu que tout le monde fait des boucans (c'est comme ça qu'on les appelle ici)...
Une fois un feu à mal tourné. Ça s'est passé il y a quelque temps ( je ne suis pas douée pour ce qui est de la mesure du temps). C'était près de chez moi. J'étais sortit sur la galerie à faire je-ne-me-souviens-plus-quoi, quand j'ai constaté qu'il y avait plein de trucs noirs qui flottaient dans l'air. Des petits bouts de papiers cendrés. J'en ai pris un, je l'ai frotté entre mes deux doigts qui sont devenus tout noir. Rapidement, il y en eu plein partout. J'ai appelé ma mère. On se demanda de un, qui avait fait ce boucan , et de deux, d'où il venait. De la gauche ou de la droite. De la gauche. En fait, si on avait cru que le feu était tout près, il n'était pas si près que cela. Au bout d'une dizaine de minutes ( alors que ma mère se plaignait avec les autres voisins de l'origine du feu) on vit passer un camion de pompier. Un incendie... créer par un feu que le vent avait propagé. Il faut faire attention avec ces choses là, heureusement qu'il n'y a eu aucun blessé ni aucun mort. La maison du type quant à elle a été emportée par les flammes...
J'en ai plus que marre que les membres de ma famille se croient permis "d'entrer" sans prévenir dans ma chambre. Parfois j'ai l'impression d'être plus civilisé qu'eux et de devoir les apprendre les bonnes manières. Depuis un certain temps, étant donné que la poignée de la porte de ma chambre avait un problème ( la porte se bloquait et je pouvais rester coincée) j'ai du enlever l'enlever, me privant de toute intimité. En attendant d'acheter une nouvelle porte, je dois supporter mon frère qui ouvre la porte avec fracas pour se vautrer sur mon lit que je venais de faire et me dire: "J'attends l'ordinateur", rien que cela...
Pour vu que j'ai un ordinateur pour moi toute seule. J'en ai marre de partager. De plus, avec des gens voraces et égoïstes. On ne peut pas être gentille avec des gens qui profitent de vous. Ici, même si je grossis un peu, c'est une guerre permanente. Bon, passons...
Ce n'est pas la première fois que j'écris un journal. Je ne serais compter le nombre de fois que j'ai tenté cela sur papier. Une dizaine tout au plus. C'est amusant de relire ce qu'on écrivait lorsqu'on était gosse, on se rend compte que nos soucis était bien insignifiant comparé à ceux qu'on a maintenant.
Entre Elle ou moi, qui suis-je? Hier avant de plonger dans le sommeil et après avoir englouti mon cinquième biscuit, je me suis promise d'être Elle, la fille que je rêve d'être.
Elle m'est parvenu quand j'ai entamé à écrire des lettres ( soi-disant anonymes) à mon ancien prof de français. J'ai toujours pensé, et pense toujours, que c'est lui qui m'a poussé vers la voie de l'écriture. Lui qui m'a encouragé... Lui.
Je l'avais eu pendant deux ans, de la cinquième à la quatrième. J'étais obnubilée ( et suis peut-être toujours, d'une façon moins forte) par lui. A chaque fois que je le croisais dans les couloirs du collège, je baissais les yeux. J'étais dans ce stéréotype de l'adolescente éprise par son prof. Même si je ne voulais pas me l'avouer à moi-même.
Lorsque j'ai appris que je ne l'aurais pas en troisième, je me suis dit que c'était finit. Je n'avais pas pu lui dire combien il avait contribué à la formation de mon Moi.
La prof de français que j'ai eu cette année était bien, mais M.B me manquait. Il était tellement dynamique pendant ces cours, tellement souriant, tellement comique...
Vers la fin de l'année ( il y a à peine trois mois), j'ai eu une l'idée la plus idiote de toute ma vie: lui écrire une lettre. Une lettre qui sous-entendait que je le remerciais pour ces deux années merveilleuses. Je voulais que cette lettre soit anonyme, donc j'ai signé "Elle", avec une petite définition pour dire ce que "Elle" représentait pour moi. "Elle" représentait une fille plus audacieuse, ai-je avoué dans ma troisième lettre.
J'avais dans l'espoir qu'il reconnaisse que j'étais l'auteur de cette première lettre. Mais je n'ai eu aucune réponse alors, la semaine d'après, je lui ai envoyé une seconde lettre.
C'est alors que ma prof d'histoire m'a posé la question, celle que j'attendais que M.B me pose: " Est-ce que c'est toi qui a écrit ces lettres?" Il lui avait confié tout, lui avait même montré mes lettres..
J'ai nié mais j'ai su plus tard qu'elle ne m'avait pas cru et que elle et M. B pensait que c'était moi. Alors pourquoi n'était-il pas venu me le demander directement? Ma prof d'histoire m'a dit, pas de manière directe, "de ne pas troubler vos professeur".
Malgré cela, la semaine d'après, j'ai mis dans son casier une troisième et dernière lettre. Une lettre d'excuse, signé "Elle".
Depuis ce personnage que je me suis inventée de la fille parfaite, Elle, me hante. Spécialement hier, lorsque je me suis rendue compte que je touchais le fond en ce qui concerne la nourriture. C'est pour ça qu'aujourd'hui je commence une nouvelle vie, du moins une nouvelle façon de vivre, celle d'une fille épanouie, belle et mince.
Elle