J’ai cru rencontrer le garçon parfait, celui avec qui je passerais, en tout cas, les trois prochaines années, dommage ça aura à peine durer 4 mois…Parfois, on croit trop tôt au bonheur, à la chance, et à l’amour.Je vais te raconter le moment le plus important de notre histoire, ni le début, ni le milieu, juste le moment qui nous aura été le plus bénéfique, la fin.
Lorsque je l'ai vu, assis su ce muret j'ai bien cru tout d abord que j'allais lui coller deux baffes ; l'une parce que c'est un beau salaud, l'autre parce que à ce moment précis on aurait dit un gosse sale dans des habits propres...Et que j'ai horreur de le voir comme ça, j'ai envie d'aller le consoler alors que je ne devrais pas...
Mais je me suis avancée, et lui, sans bouger m'a regardée.
Sans sourire.
Sans même rien dire.
Sale merde.
A cet instant je le haïssais plus que personne d'autre sur cette planète. Avec sa gueule d'ange, ses cheveux si blonds, en bataille, et ses lèvres qui ne bougeaient toujours pas.
C'est les miennes qui ont pris le relais.
Des mots assassins pour un meurtrier.
Et quel meurtrier, un salopard que vous aimez pourtant, avec qui vous avez tout partagé, tout fait, tout sacrifié, tout vécu. J'avais l'impression que les mots sortaient mais que ce n'est pas moi qui les prononçaient, j'avais été trop bien élevée pour oser lui balancer tout ce que je ressentais à cet instant.
Bonne nouvelle pour lui, ça lui évitait quelques désagréments.
Et moi une nouvelle thérapie.
Pourquoi j'étais là? Pourquoi étais-je au juste venue alors que je ne souhaitais qu une chose, être ailleurs?
Parce que j’étais amoureuse.
Qui a dit que l'amour était le plus beau sentiments qui soit? Non l'amour n'est pas beau, au début on imagine les petits moineaux qui chantent et un couple enlacés sous un arbre, bref une connerie de cliché...puis un gros orage éclate et les deux candides restent planqués sous ce putain de machin vert et se prennent la foudre, résultat des course ils se retrouvent aux urgences sans trop savoir comment s'en sortir...
Moche. Immonde. Vicieux. Voila de bons adjectifs pour qualifier l'amour. Après 10 bonnes minutes à ne rien dire, perdue dans mes pensées, lui et moi, moi et lui, foutaises, j’ai décidé de faire l'effort surhumain d'articuler quelques mots.
" Et t'es content maintenant je suppose? T'a eu ce que tu voulais ?", même pas osé lui balancer une insulte, histoire de le rendre un peu plus merdeux.
A croire que ce matin il avait eu la brillante idée de bouffer de la super glue qui serait restée coincée au niveau de sa bouche...toujours rien.
Pas un mot.
Juste un regard, deux yeux, une seule couleur, celle du passé. "C'est du foutage de gueule, ça te casserais vraiment le cul de me répondre?" je retenais mes larmes au possible, j'ai horreur du goût amer qu'elle dégagent, de la buée qu'elle provoquent devant mes yeux, du rouge dont elle teignent mes joues. Il s’est décidé à parler."T’aurais un briquet ?"
La plus grosse erreur que j'avais pu commettre n'était pas celle de l'avoir aimé je pense, c'était plutôt celle de l'avoir laissé me contrôler, s'emparer de mon corps et de mon âme, pour que je me retrouve dans l'incapacité de retrouver ma propre liberté. Je savais bien que ça arriverait, je me disais juste que je serais morte avant.
Je l'ai encore regardé, je pense que je n'avais jamais autant regardé quelqu’un de toute ma vie. Il fumait sa clope, sans laisser un soupçon de remords apparaître. L'heure tournait quand même, et malgré le fait que je n'étais pas pressée, j'avais bien envie d'être en retard quelque part, qu'on m'attende, comme si on avait dépendu de moi à cet instant.
Je m’étais finalement assise à côté de lui. Je me suis rapprochée, lui n'a pas bougé, j'ai pris sa main, il me l'a laissée. Et sans qu'aucun de nous ne dise quoi que ce soit je me suis mise a repenser à tout ce qu'on avait vécu, en triturant sa pauvre main, cette stupide main qui a exploré chaque recoins de mon corps, passionnément. . . .
Nos premières soirées, ses regards admiratifs envers moi, "l'accord parfait", ces mots si troublants la première fois qu'ils avaient été dits, puis si beaux une fois intégrés. Lui, moi, c'était si simple. Nos bouteilles jetées au loin à l'eau, ses mains, prêtent à défier quiconque de me découvrir, et ses rails, auxquels je me refusait obstinément de toucher, me disant qu'il me restait un certain contrôle de moi-même tant que je leurs résistais.
Bonheur illusoire, juste un moyen de se rassurer, de se dire qu'au moins, on était pas seule. Après ça, je m’étais mise a parler à moi même, et lui s'était mis à m'écouter.
"J'aimerais te dire tellement de choses, mais je ne le ferais pas. Tu me traiterais de névrosée, petit connard. Je t'aime, et je ne le fait pas exprès, mais voila pendant un instant j'avais failli oublier quel personne dégueulasse tu es, et je me suis ramassée, normal. Et j'en ai marre de la normalité, c'est que des conneries. Tu m'aimes aussi, seulement tu as un ego gros comme les mensonges que tu débites à la seconde et une fierté si imposante que tu n'as même plus assez de couilles pour le reconnaître. Va te taper toutes les putes que tu veux au Pussycat, injecte toi ce que tu veux dans les veines, histoire de te calmer, seulement rappelle toi à quel point je t'aimais, et à quel point tu as été assez con pour perdre à ton propre jeu."
J'ai vu ses yeux, ils avaient subitement changé. Ils ne regardaient plus le sol , ni la clope, ni les passants, ils me regardaient moi. Et moi je décidai de m'en aller. Parce qu'il faisait de plus en plus froid, et que j'avais besoin de quelque chose de chaud à me mettre sous la dent. Pauvre besoin primaire qui vous sauve de bien des situations... J'ai fait quelques pas à reculons, tentant de trouver un moyen de lui dire au revoir, puis je me suis retournée en sentant mes larmes couler, en silence. Impitoyable torture pour quelqu'un comme moi.
Et je me dégoûte à présent d'avoir à me dire que l'amour et si dangereux, si coûteux et facile à pervertir...
Nous ne resterons pas amis.
Maigre consolation...