Solitaire

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 29/08/2013.

Sommaire

Dégoutée

25 août 2013 à 20h51

Depuis quelques jours j’ai cette obsession là : me remettre à écrire.

Après les moments chaotiques de l’année précédente, je comptais vraiment sur ces deux mois de vacances pour réfléchir à ce que je souhaite vraiment. Et me reposer, surtout.
Mais, quand je pense à ce que j’ai fait durant ces deux mois, je me dégoute.

J’enchaine les crises de boulimie. J’ai les ongles rongés. Je suis inquiète, en colère et triste. Tout le monde m’énerve. Quand on me parle je suis désagréable, je n’arrive pas à faire autrement. Et, même si je n’ai rien fait pendant ces vacances, je ne suis pas reposée. Au contraire, je suis fatiguée. A cause de l’inquiétude, je ne dors pas. Et, aussi, je suis triste, vraiment triste.

Je reprends les cours dans environ une semaine. J’angoisse.
Quand je pense aux mois que je viens de passer, je me dégoute. Et c’est tout.

Tenir un journal

26 août 2013 à 15h31

Le fauteuil de grand-mère de Charlotte Herman est un des premiers romans que j’ai lu lorsque j’étais petite.
C’est l’histoire de Sheila, une jeune fille de dix ans. Sa grande sœur reste souvent enfermée dans sa chambre à lire des livres et à écrire son journal intime, ses parents sont persuadés que plus tard elle deviendra écrivain. Mais Sheila n’est pas de cet avis. Elle lit le journal de sa grande sœur, que cette dernière cache sous son oreiller, et elle le trouve sans intérêt. Sa sœur n’a pas d’imagination. En effet son journal se contente de notes telles que :
" 13h00 Il pleut dehors.
16h00 Je viens juste de m’apercevoir que j’ai dépassé la date limite pour rendre mon livre à la bibliothèque.
21h00 Temps d’aller au lit. Bonne nuit. "
A la fin du roman, la grand-mère lègue à Sheila son vieux fauteuil en lui disant qu’il possède un merveilleux secret. La jeune fille a mis plus d’une journée pour découvrir le secret du fauteuil. En fait, les bras du fauteuil coulissent et révèlent ainsi deux cachettes. L’une est vide mais l’autre contient un cahier bleu avec sur la couverture écrit d’une main tremblante : Le journal de Sheila. Et voilà ce que dit alors la jeune fille : " Alors je pense que je vais écrire mon journal, après tout. Il sera très intime et très créatif. "

Quand j’ai commencé à lire Le fauteuil de grand-mère je trouvais que l’histoire était bien mais sans plus. Ce n’est qu’après avoir lu les dernières pages que j’ai trouvé que ce livre était, en fait, formidable.

J’ai souvent tenu un journal. Mais tous mes cahiers ont fini à la poubelle, j’avais peur qu’on les découvre et je finissais par trouver ridicule ce que j’avais écrit. Et maintenant je trouve ça dommage.
Tenir un journal peut permettre de poser ses idées aux clair, de relativiser, d’évacuer, de laisser une trace. Ecrire peut vraiment aider. Si on tient un journal sur le long terme ça peut être intéressant de voir son évolution, ce que l’on devient. Et quand on aime écrire c’est un moyen d’être créatif tout en se découvrant et en réfléchissant sur soi et à la vie.

J’aimerais bien que ce journal dure longtemps et surtout que je ne supprime pas tout sur un coup de tête comme j'ai si souvent l'habitude de le faire.

Medhi

28 août 2013 à 19h29

Début août je suis allée passer quelques jours chez mon père. Une fois arrivée je me suis retrouvée à discuter avec lui dans la cuisine. Il faisait chaud et j’étais de mauvaise humeur. Je répondais brièvement à ses questions, je n’avais pas particulièrement envie de venir chez lui donc j’étais plutôt énervée et la chaleur n’arrangeait rien. Lui était paisible et souriant, comme toujours. Puis, ma belle-mère a débarqué dans la pièce avec mon petit (demi) frère, Medhi, qui a 4 ans. Le petit s’est alors mis à crier et à taper sur la porte. J’ai soupiré et j’ai trouvé qu’il devenait de plus en plus insupportable. En plus il a 4 ans et il ne dit encore aucun mot de français, il parle un autre langage. J’ai fait savoir à mon père mon agacement. Il m’a alors regardée en souriant et il a dit : « On vient d’apprendre qu’il est autiste... » Je ne sais plus ce que j’ai répondu. Sur le moment je n’ai rien ressenti de particulier. Je me suis juste dit que ça expliquait bien son comportement : le fait qu’il ne parle pas, ses cris et ses fixations.
On est ensuite allé déjeuner sur la terrasse. A la fin du repas, pendant qu’on débarrassait la table, Medhi a attrapé une assiette et a tenté de la balancer mais sa mère l’en a empêché. Le petit a ensuite essayé d’attraper d’autres choses pour les balancer et ma belle-mère a alors fortement élevé la voix. Après s’être fait gronder, Medhi est parti dans le salon et il s’est mis à se cogner la tête contre la porte de l’armoire. Mon père a couru pour l’en empêcher.
Un peu plus tard dans la journée, on buvait du thé et mangeait quelques gâteaux quand il a encore essayé d’attraper des objets sur la table. Le problème est que dès qu’il attrape un objet il le jette ensuite violemment et n’importe où. Epuisée, sa mère s’est vraiment énervée cette fois-ci. Elle lui a dit de monter dans sa chambre. Le petit s’est calmé et il a longuement regardé sa maman, il avait les larmes aux yeux. Puis il est parti en courant monter dans sa chambre.
Ce regard qu’il a eu avant de s’enfuir… Ca m’a tuée.

En fait, il fait des fixations sur les objets. Il les prend et les balance. Parfois, on est forcément obligé de l’en empêcher, comme quand il attrape un verre ou une assiette. Dès qu’on tente de l’arrêter il se met à hurler. Dès qu’on le repousse il va tenter à tout prix de s’emparer d’un autre objet. Il n’y a rien à faire. Tant qu’il n’a pas balancé son objet il pleure et il hurle à en faire peur. Quand il n’atteint pas son objectif il va se cogner la tête contre l’armoire, ou alors il se griffe le visage, comme s’il se punissait.
Quand le petit n’en finit plus d’hurler et de pleurer, mon père le prend, il l’attache dans son siège auto et ils partent faire un tour en voiture. Parfois ils s’arrêtent pour marcher un peu dans la forêt.
Etre en voiture le calme immédiatement. Un peu avant que mon père me ramène chez ma mère Medhi était dans un état pas possible. Mon père l’a alors pris avec nous dans la voiture. Dès qu’il l'a installé à l’arrière le petit s’est transformé. Il est resté silencieux pendant tout le voyage. Il paraissait apaisé.
D’ailleurs à chaque fois que mon père propose de sortir ou de prendre la voiture Medhi court tout de suite vers la porte d’entrée avec enthousiasme.

Pendant ces quelques jours j’ai bien vu que c’était épuisant de s’occuper de lui. Mon père reste cependant souriant et détendu, ma belle-mère a tendance à perdre un peu plus vite patience, et je la comprends.

Je suis triste en pensant à Medhi, et mon cœur se serre encore plus fort quand je pense à mon père.