Chronique d'une Gitane

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 09/12/2014.

Sommaire

Pour bien commencer...

19 novembre 2014 à 18h50

... parce qu'il faut bien commencer quelque part, pas vrai ?

Alors voilà.
Moi, c'est Céline.

Je suis née un beau jour de Novembre, comme ça, alors qu'on ne s'y attendait pas.
Quand je dis on, bien sûr, je parle de mes parents...
Enfin... j'y reviendrai.
Je suis donc arrivée un beau matin, enfin plutôt... un beau midi.
Manque de pot, à l'heure de l'apéro.
7 semaines plus tôt que la date prévue.
Le cadeau de Noël est arrivé un peu plus tôt, cette année là...
37 cm pour 1kg200 de pur Bonheur.
Mon père arrivait en catastrophe, pendant que ma mère s'endormait, fatiguée.
Demi tour pour Papa, qui filait me voir à la couveuse.
Je crois qu'il a transpiré des yeux, en me voyant.
Et je crois que moi, j'ouvrais les miens, pour voir celui qui était et sera toujours le seul, et l'unique...

L'Homme de ma Vie.

Lui, c'est Bernard.
Petit fils de Gitan, né en France...
Brun aux yeux marrons verts, changeants de couleur au fil du temps...

Ma mère, c'est Patricia.
Plus Française, tu meures.
Blonde aux yeux bleus...

Petits, tous les deux.

Et eux ensemble... ça a donné ça.
Une rencontre brève, puis, sur un pari, lui dire qu'il est amoureux.
Se rendre compte quelques jours plus tard que ce n'est pas qu'un pari...
Se revoir, une fois puis deux... puis trois, et cetera.
Puis décider de faire leur Vie ensemble, comme ça.
Vouloir faire un enfant... puis...
Voir un ventre s'arrondir pendant 7 mois...
Pour enfin voir sa frimousse, juste là.
Et ce bébé...
C'était moi.

Le Bonheur à trois... qui ne durera pas.

J'ai grandi durant 9 mois, heureuse comme ce n'était pas permis.
Accro à mon père comme lui l'était de moi.
Et ma mère, elle, était fière.
[...]
Et là, tout a merdé.

A 9 mois, tout mon petit Paradis s'écroulait.
Tout ça pour une connerie...
J'ai été placée.

Je ne reverrai pas mes parents avant l'âge de 19 ans.

La Vie n'est pas un long fleuve tranquille...

19 novembre 2014 à 19h11

J'ai l'impression d'avoir été ballotté comme un sac de jouet, qui, quand il est un peu trop traîné par terre, s'use, et laisse des objets divers tomber sur son chemin...
Comme j'y ai laissé mon enfance.

Tout d'abord, 5 ans en famille d’accueil...

Et puis ensuite, des gens ont voulu m'adopter.
"Ils veulent une petite fille."
Ah.
Et pourquoi moi plutôt qu'une autre ?
Ça, je ne savais pas.

Ce que je sais, c'est que jamais je n'adopterai d'enfant.
Je ne veux pas refaire cette erreur.

Certes, il y a eu des moments de Bonheur.
Vraiment.
Mais pour une enfant comme moi, qui ne cherchait qu'une famille stable, des parents aimants, en bonne santé... ce n'était pas du tout ce qu'il me fallait.
Alors oui peut être, j'ai eu des grands frères géniaux, mais pour le reste, je suis restée là, les bras ballants, le sourire inexistant, le regard vide, les yeux emplis de larmes, et le cœur brisé de tant de haine que la Vie me donnait chaque jour.
L'enfant que j'étais n'a jamais réellement grandi.
J'étais plus ou moins un fantôme, qui n'existait que pour ceux qui le voulaient, quand ils voulaient.
Je n'étais plus moi.
Jusqu'à me voler mon identité.

Cet enfant est resté là bas, dans cette maison chaleureuse où passaient tous les soirs le marchand de sable, avant que je n'aille me coucher.

Après, j'étais adulte.
Je le devais, sinon j'allais y rester.

Ma mère adoptive nous a quittés un jour d'Avril.
Après ça, je savais ce que ça faisait d'avoir froid.
Je savais ce que c'était d'être seule.
Aimée un jour, puis méprisée le lendemain.
Sans trop savoir pourquoi.
[...]
Je subissais, sans comprendre, sans savoir.
Je grandissais enfin, et ma haine aussi.
J'ai tant de fois voulu voir le sang couler, mais je n'ai vu que mes larmes.

Durant tant d'années, tant de larmes ont coulées, que désormais...
Elles ne veulent plus tomber.
Et moi non plus.
Je ne veux plus laisser tomber.
Alors, depuis, j'écris.

Je veux en faire un métier, je veux en faire ma Vie.
Je veux simplement réussir celle que m'ont donné mes parents, et que je ne laisserai détruire par personne.

Ma Vie.