Listen to : Le Lien - Grégory Lemarchal
Pfff .... Je déteste le mois de mars. Je déteste ma vie tout court mais durant ce troisième mois de l'année, je sais que tout va arriver. Quand je dis "tout", c'est évidemment dans le sens négatif. Sinon ce serait trop beau et je ne serais pas obligée de me plaindre. Nous sommes le 12 et je suis plus malheureuse que jamais. Il y a des périodes mais je crois que je n'ai jamais été aussi bas de toute ma vie.
Lundi, j'ai pleuré. Rien d'extraordinaire en soi, tous les êtres humains pleurent un jour ou l'autre mais là, c'était une véritable crise de larmes qui a duré une demi-heure où j'ai eu l'impression que tout le poids de ma vie venait de s'écraser sur moi. Et quand j'ai appelé L., sa colocataire m'a dit qu'elle "dormait". Là, j'ai touché presque le fond et je me suis sentie plus seule que jamais, comme abandonnée dans ma douleur et ma peine. C'était horrible, je me sentais presque mourir. Quant à ma tête, j'étais rouge et boursouflée, mon eye liner avait coulé et je n'étais pas glamour comme ces actrices de ciné. Moi, je ne ressemblais à rien et de toutes façons, quand on est seule, on a pas besoin d'être belle ... Non mais ça ne m'étais jamais arrivée, je n'avais jamais eu de crise de ce genre. Je suis du genre à tout garder quand ça veut sortir ou alors pleurer une larme ou deux. Pas plus. Mais là, c'était tellement différent. Je me suis enfin vue faible. Je ne maîtrise pas ma vie, je laisse tout échapper et ça me tue à petit feu.
Mais pourquoi cette crise ? Le résultat d'une vie et d'une très mauvaise journée. Levée à 4h30 pour aller faire un inventaire pour gagner un peu d'argent après 2h environ de sommeil. Puis une santé qui va pas super. Et un râteau sur mon lieu de travail par un mec superbe mais casé (comme la plupart des mecs superbes). Mais le pire, c'est L. Elle est mon amie, une célibataire un peu désespérée comme moi, enfin elle ne l'est plus, elle a trouvé un mec et n'arrête pas d'en parler. Je ne dis rien, je devrais être heureuse pour elle. D'un côté je le suis mais de l'autre, ça m'enfonce un peu plus dans ma solitude. La plupart de mes amies sont casées et si ça continue comme ça, je vais être seule contre toutes. Alors à la fin de la journée, j'ai craqué. Une crise de conscience sur le fait que dimanche j'aurais 21 ans et que ma vie est à chier.
Et aujourd'hui, rebelotte. J'ai accompagné L. à un entretien pour son stage de fin d'année. Son futur copain et son rendez vous de ce soir ont été abordé 20 fois en quelques heures. Je n'ai rien dit, je répondais vaguement, même à la fin j'étais blasée, enervée et triste en même temps. Je ne veux pas gâcher son bonheur, je ne veux pas faire croire non plus que je suis jalouse. Ok, je le suis un peu mais ce n'est pas de sa faute, c'est moi qui débloque totalement. Alors je préfère m'enfermer et ne rien lui dire, je ne veux pas perdre une amie même si celle ci va s'éloigner à cause de son copain. Si elle ne le fait pas, je le ferais car je ne supporte pas les filles en début de relation qui commence 99% de leur phrase par "mon copain et moi ..." . Casée, ok mais respect pour les célibataires qui craquent pour des cons, s'inventent un peu des vies mais surtout qui attend un fantôme qui n'arrivera jamais.
Là, j'ai mal, j'ai envie de pleurer, de hurler, de montrer ma colère et ma tristesse au monde entier. Mais non, je ne veux pas que ma mère sache ni que mon entourage me prenne en pitié. Je suis juste une fille qui ne va pas bien depuis des années, qui comble ses brêches par des petits bonheurs mais au fil des années, les cicatrices sont plus nombreuses et ne guérissent presque plus. Alors ça déborde, l'hémorragie émotive. C'est la ma vie ...