Doll's life

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 27/12/2014.

Sommaire

Intro.

24 avril 2007 à 17h00

Bonjour, bienvenue dans mon petit monde.

Un journal intime ça faisait vraiment longtemps. Normalement je me contente d'une floppée de cahiers, qu'au final e relis encore et encore et je me suis rendu compte que je ne partageais ça avec personne au final.

Donc.... pourquoi pas commencer maintenant, en justement montrant ce que j'ai dedans en espérant prendre le recul nécessaire.

Que dire de plus ?
A part achever cette petite introduction pour ceux qui vont se balader ou s'ennuyer ( rayer la mention inutile ). N'hésitez pas à me laisser des messages.... tout ça. Je me sens intimidée c'est ridicule.
Alors autant commencer.

D'où je viens ( et pas que du bidon de maman )

25 avril 2007 à 1h56

BON.
Le plus dur c'est de commencer.

Bon Blackdoll, 24 ans et ( encore ) étudiante en graphisme. Je sais, à mon âge, je devrai justement en sortir de mes études mais bon, la vie c'est compliqué, et on connais bien la France pour leurs merveilleux conseillers en désorientation. En effet, c'est surtout grace a eux et a mes parents ( en fait ), qu'avant de me lancer dans une carrière artistique, j'ai fait du droit. Deux ans pour être plus précise. Du droit international. C'est pas que j'aimais pas ça, mais quand on nait dans de la peinture acrylique parceque maman a fait beaux arts en Argentine et qu'on passe TOUT son temps ( y compris en cours ) à gribouiller, au final on se dit qu'il vaut mieux foncer.

Ah oui, l'Argentine. Pays de mes origines. A moitié française néanmoins, car je suis née d'un papa français et surtout que je suis née en France pour raisons purement médicales ( bah oui, ma mère m'a eue a 42 piges, ça aide pas... et encore, j'ai un petit frère ). Bref. Dans la famille je suis la seule a être née en France : ma mère à Buenos Aires en Argentine, ma demi-soeur à Madrid en Espagne, mon frère à Bogotà en Colombie.
J'ai passé mon enfance jusque mes 7 ans en Amérique du Sud, au gré des contrats de mon père, un petit périple dont je n'ai que peu de souvenirs, mais qui m'a conduite a vivre en Argentine ( on s'en doutait ), en Urugay, Chili, Paraguay et finalement en Colombie, fin du voyage en raison des tentatives d'enlèvements et des tentatives de meurtres. Pfffffiou, vous imaginez pas des fois comment c'est bien la France.

Bref, heureusement je n'ai que peu de souvenirs de cette époque et c'est tant mieux, parceque..... il y a là-bas une pauvreté et une violence qui est difficile a encaisser pour tout être n'ayant connu que la tranquilité, même celle des mauvais quartiers.

Du coup oui, première conséquence, ma langue maternelle n'est pas le français, mais je m'en sors vraiment bien et sans accent ( sauf quand j'ai trop bu de téquila, mais c'est une autre histoire ). Après mis a part quelques expression françaises auxquelles je ne comprends vraiment rien et le fait que je sous infoutue de placer une autre ville que Paris Bordeaux et Tours sur une carte de France ( sans parler des régions.....ah si ! je sais où se trouve la Bretagne ! ), rien ne me distingue d'une française alpha.

Aujourd'hui ma famille a fait un joli retour à l'envoyeur, puisque tous les membres de ma famille sont à l'étranger : ma mère vit à Trinidad & Tobago ( des îles des Caraïbes ), mon frère en Angleterre, mon père vit quelque part à côté de chez ma grande soeur au mans ( un autre pays quoi ) et moi je suis a Tours. Nous voilà donc tous dispersés, mais réunis grace à l'omnipotent msn, et le divin bouyges telecom dont je salue ici, les saloperies de factures qui me font toujours aussi mal au c... coude ( restons courtois ).

Paradis perdus

25 avril 2007 à 3h31

Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus. (Marcel Proust)

Mon cul.

J'ai rien contre Proust, mais ce soir il va torcher mon insomnie.
Non mais c'est quoi cette phrase de directeur des travaux finis ? Forcément c'est facile de savoir ce qu'on a vécu après coup.


"Les meilleures fraises sont celles qu'on a déjà mangées".

Trop facile. Lui, un jour il a du se réveiller en se disant qu'en mélangeant de l'eau chaude avec de l'eau froide ça donnerai un truc extraordinaire.

Les paradis.....les paradis sont faits par nos rêves et nos espoirs. On les faits nous mêmes. Qu'est ce qui nous empêche de les vivre avant qu'ils ne s'achèvent ? C'est vraiment une phrase de looser.

Moi des paradis perdus ?
Paradis non, mais perdus oui bordel heureusement.

L'enfance devrait être un paradis. On est entourés de l'affection de nos parents, on est des enfants, donc on nous pardonne beaucoup de choses, et on a le droit de jouer et de dormir pendant la journée. Ca, ça devrait être un paradis. Pourtant Proust de mes deux, je l'ai jamais vécu mais je sais que s'en est un.

Tu veux savoir ce que c'est Proust un paradis perdu ? Moi je vais te l'expliquer. Et il paraît qu'on fait pas mieux que par l'exemple.

Lorsque je suis arrivée en France avec mes parents et mon petit frère d'amérique latine, j'avais 7 ans et mon frère 4. Nous avions une vie modeste, sans extravagances mais nous ne manquions jamais de rien et il y avait des jouets sous le sapin. Comme ça arrive souvent et dans beaucoup de familles, la vie de couple de mes parents s'essoufflait jusqu' à devenir un simple râle, ce qui a conduit ma mère a contacter son avocat et a se barrer de la maison ses deux gosses sous le bras avec un mec de 20 ans plus jeune qu'elle. Mais ça encore, c'est devenu banal.

Juge, rien de méchant, parents séparés, on comprenais pas grand chose mis a part qu'on avait deux maisons et que c'était plus cool parceque les parents se hurlaient plus dessus. Week end et moiié des vacances scolaires chez leur père, mon enfance s'est achevée a mes 7 ans sur le coup de marteau du juge des familles.

Mon père est un homme particulier. Dangeureux. A l'éducation étriquée et TRES stricte. Je ne me rapelle pas de comment ça a commencé. Je me rappelle juste que pour mes révisions de mes tables de 2, j'avais déjà peur. Peur de lui. Peur de mon père.

Mon père est quelqu'un de contenu. Sauf que j'ai commis une faute impardonnable : je ressemble à ma mère, comme deux photocopies, et petite, c'était encore pire. Et il avait compris qu'il pourrait enfin passer sa rage contre sa femme barrée avec un jeune : moi.

L'excuse c'était toujours la même : les devoirs. il m'installait dans la grande table de la salle a manger ( celle ou on dinait quand mamie venait pour Noël ) et me faisait travailler mes devoirs de façon stricte, en exploitant la faiblesse qui est toujours restée la même : les maths. Et à la première erreur ça tombait. Sa main énorme qui venait me frapper, si fort que je tombait de cette chaise trop grande pour moi du haut de mes 7 ans. Sa main qui me tenait par les cheveux et qui me frappait la tête contre cette table que j'ai fini par détester. Les larmes, je tremble, mon nez saigne et j'ai peur.
J'en étais a tricher dès que je pouvais pour ne plus avoir a être battue, mais quand je réussissait, mon père avait sa botte secrète : me faire avancer dans mon programme, et me faire faire des choses que j'avais jamais vues, voire de me faire faire tous les exercices du bouquin de la prof. Forcément, j'y arrivais pas, il me frappait plus fort, j'avais peur, je comprenais rien aux explications, et c'était sans fin samedi et dimanche de 9h a midi.

Connard de Proust, dans ce cas, j'aurai pu avoir un paradis. Ma mère. Ma maman que j'aime toujours et qui m'aurait protégée de mon père. Mais non. Ca se passe pas comme ça Proust. Ma mère ne m'a jamais crue. Elle en rajoutait une couche et s'ajoutaient à mes peurs du week end les bleus sur les côtes de la semaine. Malgré l'humiliation d'être traitée de menteuse, au moins chez elle, c'était pas comme ça tous les jours.

Ma mère m'a jamais crue. Elle m'envoyait des vacances entières chez lui sur des mauvaises notes en maths, des mauvais bulletins scolaires ou parcequ j'avais éteint la lumière trop tard, et là c'était la peur tous les jours, sauf que je soufflais la journée et c'était l'enfer a son retour.

Je me rappelle d'une fois où il m'avait battue pour l'avoir réveillé à cause d'un de mes cauchemars. D'une autre fois à 13 ans, j'avais eu le temps d'aller me cacher dans la salle de bain et de fermer à clef. J'y ai dormi et ai attendu qu'il s'en aille travailler pour sortir, les yeux grands ouverts dans l'obscurité.

Le paradis ça aurait pu être l'école mais personne m'a crue. Le paradis ça aurait pu être une visite d'un juge qui aurait constaté que chez papa, ma chambre se constituait d'un matelas par terre et de 5 livres posés dans un coin. Le paradis ça aurait pu être mon frère, sauf qu'il me livrait a mon père par amusement, et qu'il me jettait dans ses pattes pour en prendre moins sur sa tronche.

Et les coups, chaque années plus forts. Les peurs, de le voir surgir une fois deplus d'un angle mort du couloir, ou de prendre une droite dans le dos comme c'est si souvent arrivé.

Et encore. Ca aurait pu être vivable... S'il avait pas essayé de me tuer, l'hiver de mes 16 ans, juste pour avoir mal répondu. Il est arrivé par derrière, comme un serpent, et a posé mes mains sur ma gorge avant de serrer.

Maintenant connard de Proust, je sais que le paradis, ce sera mes enfants. J'ai rien vécu de leur vie. Et je l'ai pas encore perdue. Mais je le sais, parceque le paradis, c'est ce que l'on souhaite, pas forcément une utopie parfaite. Juste un équilibre.

Merde.

J'avais oublié que Proust est mort en 1922.

Coeur et putes.

26 avril 2007 à 14h31

Le coeur a plus de chambre qu'un hôtel de putes. (Gabriel Garcia Marquez)

Tiens. C'est incroyable de se rendre compte a quel point une simple phrase que je vais trouver osée ou juste vraie, va me lancer et m'éviter le fameux "stress de la fenêtre toute blanche". Est ce que je serai comme Proust ? Directrice des travaux finis ? C'est un peu facile de commencer à écrire juste avec les écrits des autres. Mais bon. Je me sens d'humeur très Proust aujourd'hui.

Le coeur.... vaste programme.
Entre ce qu'il contient réellement, ce qu'on voudrai y voir et ce qu'on se cache à soi-même, on est pas sortis. Mais essayons de nous plier à l'exercice.

"Un hôtel de putes".... J'ai adoré l'image...
Vous êtes déjà allés dans un hotel de putes vous ? J'avoue que moi pas....
Bref.

Dans mon coeur.... C'est en effet beaucoup de pièces. Pas vraiment comme un hôtel... Plutôt comme une grande maison. Les gens que je rencontre sont sur la route. Des fois j'ouvre la grille du jardin devant la maison. C'est là que jeles rencontre. Des fois ils s'approchent de la maison. Des fois ils entraperçoivent ce qu'il y a dans certains pièces. Des fois je leur raconte les pièces. Ils me regardent d'un air compatissant. Mais très peu de gens sont entrés dans la maison. Des fois j'en sors jamais de ma maison. Y'a tellement de pièces... je m'y perds facilement.

La pièces des échecs, avec tout ce que je n'ai pas réussi, tous ces actes manqués qui nous pourissent la vie.

Le pièce de mon père, qui me mène souvent à l'hopital, est pleine de sang, de violence, de peur, c'est une pièce qui hurle, et les murs saignent en permanence. Ca sent le sang vieux, la moisissure et la haine. J'aime pas. Partons d'ici, sinon l'odeur de la peur va inonder la maison.

La pièce de ma mère... je l'aime, mais j'y reste jamais bien longtemps. C'est rose, plein de strass... et de toiles d'araignées. Je hais les araignées, elles me révulsent. Souvent cette pièce hurle, alors je pars.

La pièce qui parle de ma santé a chier, de la peur de l'opération, la peur de ne plus pouvoir marcher, toujours là, comme une épée de damoclès au dessus de la tête, la peur du fauteuil roulant, qui est pourtant dans un coin de la pièce, non, pitié, plus jamais là dedans. Cette pièce là pue la peur.

Il y a beaucoup de pièces comme ça.

Des pièces dans le noir, des pièces que j'ai cristallisées dans du verre de peur d'en abîmer les souvenirs. Des souvenirs, bons, mauvais, mais tellement chéris.

La maison est pleine de pièces où les ampoules ont claqué, et que j'ai jamais remplacé. des pièces dans lesquelles je n'entre même plus. Je déambule ainsi, souvent dans les couloirs, j'ouvre les portes, je vois, le noir, l'obscurité, je sens les odeurs, et je reste ainsi bien souvent sur le seuil.

Le plus souvent, je reste seule. Dans une grande pièce au centre de la maison. Le plafond est haut. Il n'y a pas de lumière. Une lumière bleutée illumine souvent la pièce, comme si la seule a pouvoir entrer était la lumière de la lune. La pièce est pleine de poupées anciennes habillées de dentelles. C'est sale. Il y a des vieilles tentures qui partent des murs et rejoignent le centre du plafond. Elles devaient être belles avant, mais elles sont rongées par le temps, décolorées et pleines de toiles et de poussière.
Au centre, un grand espace vide où je me recroqueville. Face a moi une grande toile blanche.

La maison est pleine de pièces que je ne connais pas, où je refuse d'aller. Car l'odeur de la vieille peur est trop forte. Ce sont des pièces qui se déplacent comme des ombres. Je déambule, et soudain, cette odeur est là suffocante, et le couloir se remplit de portes. Ca ressemble a un cauchemar. Alors dès que je peux, je sors dehors....

Est ce que ce serait pas mieux si j'y faisais monter des putes ?

Ma meilleure copine

26 avril 2007 à 16h16

L'alcool est l'aspirine de l'âme. Louis Gauthier

C'est si bien dit.
C'est beau.
Je vais certainement pleurer.

Mais je viens de griller mon effet de surprise : en mettant "meilleure" copine" et une citation sur l'alcool, ont devine vite le lien. Bon. Sifflottons, n'ayons l'air de rien ( évitons d'avoir l'air d'un con ) et continuons.

Jusqu'à mes 20 ans, le pire de mes déboires se contentait de deux bières qui avaient vite fait de me saouler. J'ai découvert le vin, blanc d'abord ( à table ), puis... tout ce qui peut se manger en liquide : bière, alcool blanc, alcools forts, alcools bruns et tutti quanti.

Mais bon, tant que c'est de temps en temps, je vois pas le soucis : une soirée, deux ou trois verres, quelques cuites par an, rien de bien méchant pour toute adoptée française qui doit s'intégrer : il faut apprécier la dive bouteille selon nos compétences. La belle excuse, mais bon dieu, boire un vin de qualité avec une bonne bouffe et une companie correcte ( bah oui on peu rarement tout avoir ) : que demande le peuple ?!

Bordel. En me relisant, je me dis que j'ai un discours d'alcoolique.

Une nana ? Alcoolique ? Nan...

Et pourquoi ça ? On a pas le droit ? ( Y'a des mecs, un jour faudra leur expliquer que même si on est plus discètes, on pète et on chie comme eux... )

Bref, c'est en faisant une nouvelle connaissance que je me suis mise a aimer un poil trop l'alcool. Non c'est pas un mec. Quelque chose de bien meilleur, et avec plein de cerises dedans : l'amaretto. Découverte au hasard de mes pérégrinations dans la cuisine de mon ex-colocataire, j'ai réalisé une fois la bouteille vide qu'il s'agissait en réalité d'un alcool dont il se servait pourla cuisine...

Comment en cherchant un truc a grignotter je tombe sur de l'alcool ? Cherchez l'erreur. Pourtant en bonne major de promo je devrai pas être en train de travailler là ? Bah si. Mais avec mon verre alors. Puis un deuxième. Puis un troisième. Et rebelote le lendemain, toute la semaine et des mois durant.

L'alcool, je sais, c'est pas bon pour la santé, ça fait grossir, ça fait vulgaire chez les femmes, c'est le mal, une engeance du démon, tout ça. Mais tout d'un coup, on se sent comme dans du coton, et les aspérités de la vie ( comme les coins des meubles qui font mal au petit doigt de pieds quand on tape dedans ) semblent aplanies. Alors c'est sur, ça dure pas bien longtemps, mais juste un moment, c'est juste bon de plus se souvenir de rien et de rigoler juste en lisant l'annuaire.

Le plus drôle, c'était lors des vacances scolaires, chez le chéri. Bossant quand il va se coucher et au lit quand il va travailler, sauf que surprise : son bar tout entier est sur le bureau, et son contenu fait des feux de joie dans ma circulation sanguine. A grands coups de 15, 20 50 € tous les trois ou quatre jours pour reremplir le bar, mon vieux, j'ai jamais grillé autant de thune qui soit partie en fumée, ou plutôt en vapeurs.

En fait je me suis jamais vraiment arrêtée, juste que j'ai une bordel de résistance à l'alcool... Je me suis calmée quand j'ai du assumer un appartement toute seule, et que l'alcool ça coute cher... Que de grandes motivations !!

Mais je continue de dire, au grad dam de mes amis, entre deux rots de bière, que c'est bon pour la santé, parceque la bière est pleine de céréales, de houblon, que dans le houblon il y a de la vitamine B6 ( véridique ) et que c'est bon pour ma croissance.

Il parait que pour une nana qui est modèle photo c'est choquant...

Mais pourquoi ? Il faut bien qu'on se nourisse !
Mangez rapide, mangez liquide !

Tu ne tueras point

26 avril 2007 à 21h13

Comment ce soir, je vais enfin balancer un évènement de ma vie que je n'ai raconté a personne. J'ai pas envie de dire comment c'est arrivé, c'est juste....

Tranche de vie, acte 1.

La solitude

ce lit dans lequel je ne peux pas trouver le sommeil

et cet écran vide qui me nargue. avec son clavier qui permet tant d'évasions... Qui fait qu'on se sent encore plus seul des fois...

et là

ce soir, j'ai envie de me confesser. J'ai besoin de lacher.

Oui oui, ce soir je crache le morceau.

Je vais faire fonctionner dans ma tête, cette petite machine à remonter le temps qu'est ma mémoire. Je vais retrouver ces images, ces sons, ces sentiments. Ceux que j'aime le moins. Je vais ouvrir la porte. Je vais l'ouvrir en grand.

Nous sommes en avril 2004.

1 mois.

C'est pas la première fois que j'ai un mois de retard. En général mes cycles sont très irréguliers. En plus j'ai été très prudente. Il n'y a aucun espèce de doute dans mon esprit. De plus, il y a quelques semaines, à l'hopital, pour controler des douleurs abdominales, ils m'ont fait un test de grossesse. Négatif m'ont-ils dit.

Alors je ne m'en fait pas.

Je ne m'en fait pas.

Je vais au boulot. le temps de trajet est long. Très long. D'abord le bus, puis le métro, puis à nouveau le bus. 1h30 en tout. Le temps d'écouter de la musique à me rendre sourde.

Là je le sens. J'ai grossi. Ca ne m'est pas arrivé depuis des années.

Je me sens mal dans ma peau tout d'un coup. J'ai grossi.... Ca veut dire que je ne suis plus désirable ? Que je suis laide ? Que de questions futiles, mais qui restent incroyablement présentes pour la jeune fille élevée au culte de l'apparence physique que je suis.

Fin du boulot. Bus, métro, bus à nouveau. La même chose, mais dans l'autre sens. Encore le même paysage qui défile.

Je rentre.

Là, mon meilleur ami me met au pied du mur. Faire un test. On ne sait jamais. Il n'y a rien entre lui et moi. Mais il ne veut pas que j'ai des ennuis. Direction la pharmacie la plus proche à pied. Test de grossesse. Je rentre. Je suis épuisée. Il y a ce test que je pourrai faire demain. Mais j'ai l'impression qu'il m'attend. Dans son emballage bleu. Il me nargue. Il me met mal à l'aise. Je n'aime pas ça. Je le prends, et je le fais, sur le champ. C'est facile un test de grossesse. C'est ou un plus ou un moins. Passage aux toilettes. Et attente. Et là, ça devait me le faire à moi : j'ai ni un plus ni un moins, mais une barre verticale bâtarde. Merde.

Moi, je ne m'inquiète toujours pas. Je suis malchanceuse, mais jamais de façon trop gravissime. Mon meilleur ami me met à nouveau au pied du mur. Un test sanguin dit-il. Je n'ai plus un sou en poche. Et le salaire tombe dans deux semaines. Il m'avance.

Je me sens misérable en allant le lendemain matin faire mon test au laboratoire du bas de la rue, avec cet argent avancé par mon meilleur ami. J'aurais au moins voulu me le payer moi même...

Prise de sang, la tête qui tourne. Moi qui mange ou trop ou pas assez...

Retour au boulot.

Même chemin. Trois fois trop long. Même musique, trois fois trop forte. Ce boulot que je fais cette année pour me payer mes études de l'an prochain... J'en ai rêvé de ces études. J'en ai rêvé toute ma scolarité. C'est ça que je veux faire. C'est pour ça que j'ai déjà tant payé.

Rebelote. Tous les jours.

Ce quotidien lassant. Cette solitude presque palpable. Cet ennui qui ne me quitte pas. Mais j'ai ce rêve de l'an prochain qui me tient éveillée. Et bien éveillée.

Aujourd'hui, c'est le jour des résultats des tests. Mais je finis le boulot trop tard. J'envoie mon meilleur ami les chercher. A 18h, je l'appelle.

Tu as mes tests ? Oui ? Ok nickel. Bon je regarderai ça à la maison.

Et soudain.... je suis là au téléphone.... je ne dis plus rien. La panique me saisit.

Vite. Donne moi le résultat. Oui ouvre l'enveloppe. Oui, je suis sure, oui. Dépêche toi.

Le silence. L'attente.

Et là, ce que j'entends dans le combiné, je sais que c'est une deuxième mort pour moi.

Je lâche le téléphone qui tombe par terre. La batterie s'est démontée.

Moi aussi.

Je tombe à genoux, les yeux grands ouverts. Ma bouche ne parvient à formuler aucun mot ou type de son connu.

Le test est positif.

Je suis enceinte.

A ce moment là, tous les clients du magasin on entendu mon hurlement dans l'arrière boutique. Il n'y avait plus de temps. Il n'y avait plus rien. C'était blanc devant mes yeux. C'est resté blanc un certain temps. J'émerge. Des larmes sur mes joues. Je suis toujours seule dans l'arrière boutique. Mes collègues ont eu la descence de me laisser pleurer seule.

"Tu ne tueras point"

Pardonnez moi seigneur, mais il n'y a aucune espèce de choix à partir de maintenant.

Et là, à ce moment là je ne savais pas encore.

Je ne savais pas que je venais de franchir la porte des enfers.

Aujourd'hui... J'y suis toujours.

Je rentre. Tout s'enchaîne. Je dois savoir exactement à combien de semaines j'en suis. Mais l'hopital m'avait bien dit que je n'étais pas enceinte il n'ya pas un mois : je dois donc en être au début de ma grossesse. je bute encore sur le mot. J'ai du mal à réaliser. A saisir. Je dois rêver. Là commence le marathon. Le pire de ma vie. Je prends un jour de congé maladie. Je file dans le centre hospitalier le plus proche pour faire un contrôle en échographie sans rendez-vous. C'est ça d'être jeune et pauvre.

Salle d'attente. Il y a là, de tout. Dont un couple en train de lire, de la joie plein les yeux, un petit livret sur une naissance prochaine. Ma gorge se noue. Je secoue la tête. je refuse de me laisser aller.

La gynécologue. Echographie. Question fatidique : Vous allez le garder ? Non.

Fin de la conversation avec le médecin. Déshabillez vous. Table de consultation, étriers, machin qui entre en moi pour voir à quel point je me sens nulle à chier.

Je tourne la tête. Mais la gynécologue a été la plus rapide : elle avait déjà tourné l'écran. Je ne vois pas mon bébé. Je tourne plusieurs fois la tête. Est-ce que mon regard fera se tourner cet écran ? Non. Je ne mérite pas de voir mon enfant. Le silence. Je me résigne. Je baisse la tête. je retiens mes larmes et mes hurlements en moi. Et là, dans ce silence qui devait peser des tonnes, j'entends tout d'un coup un battement cardiaque qui perce ce silence tellement fort qu'il va me percer les tympans. Le médecin à fait une fausse manip avec sa machine. Ces battements, c'est les miens. C'est les miens hein ? C'est bien les miens ??

Mes yeux s'agrandissent de façon démesurée. ma bouche reste entreouverte. Dans cette pièce sombre, où je ne vois que l'ombre de mon médecin. J'entends le coeur de mon bébé qui bat.

Rhabillez vous mademoiselle, c'est terminé.

Oui, j'en ai bien peur.

Mais le pire, c'est même pas ça.

Je sors. Choquée. Avec un dossier souvenir sous le bras. Maintenant, je dois aller manger quelquechose, et regarder là dedans, non seulement pour savoir à quel point je suis nulle à chier, mais aussi pour décider de l'emploi du temps des prochaines semaines. Je dois rester lucide. Je suis à gare Saint Lazare. J'ai du mal à penser malgré mes efforts. Je me pose au quick peu convaincue devant un menu quelconque : j'ai inéxorablement faim. Maintenant je sais pourquoi. J'avale rapidement ce que j'ai devant moi. Je prends l'enveloppe bleue, cadeau souvenir de ma visite chez ctte gynéco que je ne verrai probablement plus jamais. J'ouvre. Superbe dossier blanc à mon nom. Soudain, haut le coeur. Je suis sur le point de faire une crise de nerfs.

Des photos. Moi qui n'ai pu en parler à personne, qui suis seule devant l'évidence, qui suis seule devant ça, je ne m'attendais pas à avoir un album souvenir de ma déchirure. Je déglutis. Il y a un rapport avec. Et là, c'est une sentence. Je suis enceinte depuis 10 semaines. La date légale est de 12 semaines.

Le reste de mon coeur s'évapore comme ether à l'air libre.

Mon bébé à déjà des bras, des yeux, un coeur et une bonne partie de ses organes qui commencent à prendre sens. Il est petit, mais il s'est fait une bonne place dans mon corps, et il grandit. Et là, en regardant ses bras qui font à peine 1 cm, je suis envahie par la plus grand sentiment d'amour et d'horreur que j'ai jamais connu.

Je rentre. métro. Temps de trajet à pied. J'ai l'impression d'être un robot. Je ne voit plus les gens autour de moi. Il n'y a rien autour de moi. Ni temps ni gens. je suis là, devant chez moi, la clef dans la main : mes pas m'ont menée jusque là, sans même que je sache pourquoi.

La nuit. Seule. Seule. Incroyablement seule. Sans sommeil. Sans un mot. Moi, dans ce lit, en regardant le plafond comme une possédée, les yeux vides, avec une main sur mon enfant. J'ai deux semaines devant moi.

Et le lendemain, le marathon qui reprend.

J'appelle tous les hopitaux de Paris. J'ai pas le temps. Pas le temps de réfléchir. Pas le temps d'avoir mal. Pas le temps de peser le pour et le contre. Je me fais jeter de partout. Des délais d'attente interminables. Des infirmières qui me traitent d'assassin au téléphone. D'autres qui me disent que l'avortement me rendra stérile. Pas une seule place. Nulle part. Pas même en banlieue. J'appelle le père. Il sait depuis le premier jour. Il le vit bien mieux que moi d'ailleurs. Je vais dormir chez lui. Exorciser la solitude.

Et là, le coup de poignard : il me demande de le garder. Mon amour, moi aussi ça me fait mal à en crever. C'est mon enfant, je l'aime à un point inimaginable, et je vais le tuer. Parceque je n'ai rien à lui offrir... à ce petit bout de rien du tout qui se bat comme un lion pour grandir dans mon corps, et que j'aime désespérément... Je m'endors. Je ne pleure toujours pas. Je me l'interdis.

Le matin. J'entends une voix. J'ouvre un oeil. Deuxième coup de poignard en plein coeur. Il est là, l'oreille contre mon ventre à parler. Et il ne me parle pas à moi. Mes yeux se crispent dans un spasme de douleur que je ressens physiquement tellement je sens que je me brise.

Je me lève comme un zombie. je suis incapable de prononcer un seul mot. Je pars rapidement. Direction le planning familial demander à l'aide au secours, quelqu'un. N'importe qui. Et là-bas, j'arrive et je prends un ticket. Comme chez le boucher. mais en plus macabre. J'attends une heure, sans dire un mot. Quand ma machoire fait l'effort de s'ouvrir pour demander à l'aide, on me donne une feuille avec une liste de médecins privés. Bonne chance mademoiselle. Apelez les tous.

Je reste là comme une idiote devant ma feuille pleine de noms avec des numéros de téléphone. Je dois dire quelque chose. Au moins "merci" ou "aurevoir". Rien ne sort. Je sens mes pas qui me mènent dehors.

Téléphone.

J'appelle comme un zombie. Je dégote rendez vous chez un médecin hors de prix dans la semaine. Je le sais. Tout mon salaire va y passer. Mais à ce moment là, il n'y a plus rien qui compte. En fait.... Il n'y a plus rien. je me balade sans but. Je ne veux pas rentrer. A travers la poche de mon manteau, ma main est sur mon ventre. Je m'assois sur un banc. Je lui parle. dans ma tête.

Je lui dis qu'il fait froid. Qu'il fait gris à Paris aujourd'hui.Toujours les mêmes choses. Je ne pleure toujours pas.

Rendez vous avec le médecin privé. Coquet cabinet qui fait 20 fois chez mon appartement boulevard Saint Germain. Consultation. Dossier. Moi, toujours à moitié muette. Je trouve encore la force de répondre aux questions. Et de supplier. De supplier qu'il me prenne dans sa clinique avant la date limite. Il me dégote un rendez-vous. Il se plaint du système qui n'aide pas assez les femmes qui doivent avorter. N'oubliez pas mon chèque mademoiselle. Bien sur docteur.

Je signe, je note le rendez-vous avec l'adresse de la clinique. Oui, à la semaine prochaine.

Retour au boulot.

Le trajet m'a paru deux fois plus long. Pas de musique. Je suis sourde de toutes façons. Je lui parle encore. Je sens que je suis sur le point de craquer. Mais je ne me l'autorise pas.

J'arrive au boulot. Je fais de mon mieux pour rester pro. Fin de la journée. Mademoiselle, plan social, vous êtes virée. Merci bien. Aurevoir. Merci à tous.

Dernier retour. Je ne parle plus à personne. Ma main s'est machinalement posée sur mon ventre.

Je rentre. Celui qui ne sera jamais papa m'attends. Je reste la semaine avec lui. C'est à en crever tellement je ressemble plus à rien. A en crever. Chérie, gardons le. Mon amour, tu as 18 ans. Dis pas de conneries.

Je hurle. Je hurle. Sans un son. Je t'en prie, pourquoi tu ne m'aides pas ? Coup de poignard. tous les matins. Le même cirque. Il lui parle en riant. Moi je ne dis rien. Les jours passent, et j'en dis de moins en moins. Pas une larme.

Les tests médicaux. Des frais. Le salaire y passe. Plus aucune importance. Qu'est ce qui a de l'importance ? Rien n'a d'importance.

Mon enfant va mourir. Il est destiné à ne jamais venir au monde. Il va mourir. Je continue de me casser.

Le jour arrive.

Départ à la clinique. RER. Encore trop long. Pas un mot. Celui qui ne sera pas papa ne dit pour une fois rien. Ma main dans la sienne. Il regarde mon regard vide. A quel point il peut se refléter dedans. Arrivée à la clinique. Papiers. Signature. Premier chèque.

Allez en salle d'attente mademoiselle. Oui, j'y vais.

Deuxième salle. Je dois me changer pour l'opération. On me donne de quoi m'assomer une première fois. Lui lit tranquillement un bouquin. Un cauchemar, mais sans réveil. L'enfer, c'est maintenant. Maintenant que l'infirmière pousse mon lit. La main est sur mon ventre. Aurevoir être aimé. Aimé par-dessus tout. Aimé plus que quiconque. Aimé plus que ma vie elle-même. On m'installe sur cette table d'opération tellement étroite que je risque de tomber. Perfusion. Douleur. Je m'en fout. Soudain je vois. Et là, c'est pire que tout. Je vois les étriers. Je vois coment il mettront mes jambes quand je serai endormie. Là je remercie Dieu de subir une anesthésie générale. Le médicament arrive dans mon corps à travers la perfusion.

Adieu.

Je me suis réveillée. Quelques heures plus tard.

Il dort à côté de moi dans cette pièce. Il dort comme un enfant. Je ne pleure pas. Je ne prononce pas un mot.

Je peux marcher dit l'infirmière. Alors je marche. Signature. Deuxième chèque. Merci bien mademoiselle. A bientôt. C'est ça.

Taxi.

Chemin du retour sans un mot.

Je n'ai pas parlé pendant quelques jours.

Je ne suis pas sortie pendant deux semaines.

Je n'ai pu en parler à quasiement personne. Seule jusqu'au bout.

Je devait prendre un médicament parceque le rhésus du bébé n'était pas compatible avec le mien, pour éviter d'avoir un caillot de sang dans le cerveau. Aujourd'hui encore, le médicament meurt de rire dans le frigo. Je devais prendre un autre rendez-vous pour vérifier que tout allait bien. Je ne l'ai jamais pris.

Je n'ai pas été suivie. Je suis restée seule.

Je suis toujours en enfer.

A me dire que je mérite d'être au même endroit que lui.

Dans une poubelle avec écrit "Bio Hazard" dessus. C'est là qu'a fini l'être que j'aimais le plus en ce monde.

Je suis toujours nulle à chier.

J'ai maigri, mais je suis toujours laide.

Je me sens toujours indésirable.

Aujourd'hui, je paye toujours ce que je dois, tellement ça m'a mis sur la paille. Mars c'est la dernière traite.

Combien le psy pour sortir de l'enfer ?

Je ris jaune.

Il me manque.

Je survis. Pas lui. Il auarit du avoir un mois.

Je survis.

Maintenant....

Je dois vivre pour deux.
Roulez jeunesse.

La théorie de Superman

26 avril 2007 à 23h11

Qui a vu Kill Bill 2 ?
Pas tous en même temps, la bonne question serait de savoir qui ne l'a pas vu plutôt.

Bon, à la fin de ce film, Bill décrit une théorie intéressante à propos des supers héros. Moi ça m'a fait tilter.

Je vais vous rafaîchir la mémoire.

Les supers héros, comme Spiderman, sont des êtres humains. Pour être Spiderman, Peter Parker doit enfiler sa tenue qui correspond a son pouvoir d'araignée. Mais quand il se lève le matin, quand il se rase, quand il se lave les dents, il est Peter Parker, le looser. C'est en enfilant son costume de Spiderman qu'il devient un super héros balaise et remarqué de tous.

Et c'est pareil pour tous les super héros ! A l'exception faite de deux, dont un qui compte pas, parceque Batman, alias Bruce Wayne n'a aucun super pouvoir, c'est juste un homme riche qui peut se payer des badgets de fous et un prof de gym privé pour soigner sa névrose.

Mais pas Superman.
Superman lui vient d'une autre planète et arrivé bébé sur la terre dans un drap qui deviendra la cape de son costume. Il est né Super, il se lève Super, et il doit se laver les dents en 2,6 secondes chrono justement, parcequ'il est super. Lui c'est le costume de Clark Kent qu'il doit mettre tous les jours pour aller travailler. Il pourrait aller travailler... je sais pas moi en volant, mais non. Il prend sa voiture, ou les transports en commun.

Le costume de Clark Kent est la façon de Superman de voir l'humanité : looser, pauvre type, boulet, faible et pleutre. Mais toujours sous son costume de Kent, il porte sa tenue de Superman comme seconde peau, toujours prêt a s'en servir et a exprimer son moi véritable.

Vous avez trouvé ça bizarre vous, même gamin, qu'on ne distingue pas Kent de Superman ? Pourtant il enlève juste ses lunettes ! Mais en y réfléchissant, les lunettes c'est l'accessoire clef de Kent. Les lunettes permettent de se cacher derrière une image d'intello premier de la classe chiant et ça prouve qu'une fois dans la masse, personne ne nous voit. D'ailleurs... Kent est le seul super héros a ne porter aucun masque quand il devient Superman !

On a tous nos masques.
Moi aussi.

J'ai l'air forte n'est ce pas ?
J'ai l'air marrante hein ?

c'est juste que j'ai une belle paire de lunettes.

L'homme ?

29 avril 2007 à 4h53

Je pense que c'est quelque chose que je dois m'avouer : je suis profondément asociale.

Hum.
Pour commencer soyons sure de nos mots.

ASOCIAL, ALE, AUX, adj. et subst.
1. En parlant d'une pers. Qui ne s'adapte pas à la vie en société, qui ne l'aime pas

source : un vrai dico en papier

Ah oui, je crois qu'on peut commencer vu qu'on s'est pas trop plantés.

Pour embrayer, et en guise de petite introduction au sujet et faire taire les langues fourchues des petits clichés dans vos cerveaux je veux dire que je suis ni grosse, ni moche, je suis goth, c'est vrai, mais j'étais asociale déjà avant (donc ça compte pas )... . C'est juste que je n'aime pas les gens.

J'ai fait des efforts pourtant pour m'intégrer : apprendre le français sans accent, être sympa, être à la mode ( à une époque, mais ça ça marche jamais ), être sympa, rendre service... Pas bonne poire mais quand même un peu, y'avait pas moyen. Bordel quand y'a du monde je m'emmerde et c'est tout.

Quelle que soit ma classe, collège, lycée, prépa et maintenant grande école... pas moyen. J'ai pas eu un seul pote, et le pire c'est que ça me va. En cours je suis pas dans mon coin vu que je participe aux discussions et que je dis bonjour le matin, mais sinon c'est tout. Les discussions prennent souvent fin avec un commentaire désobligeant que je me suis lassée de relever du style : "non mais attends, t'as vu comment tu te fringues ?" Pourtant... je veux dire, tout le monde se fait au moins quelques potes dans la vie...

Certes, je m'en suis quand même fait quelques uns. Des amis qu'il me reste de Paris. Des gens que j'aime beaucoup et qui m'aiment beaucoup aussi. Qui m'appellent de temps en temps. Une fois par mois quand y'a du forfait dans le Nokia. Moi ça me gêne plus. Mon portable, je sais que je l'ai surtout pour mes parents qui sont à l'étranger et pour appeler le médecin. Il sonne rarement. Même... quasiement plus du tout. C'est con j'aime bien la sonnerie.

Mais plus d'une fois j'ai vraiment failli y croire. Me dire que j'en avais des potes, et que j'allais revivre ça un peu.
Je suis rentrée dans une asociation étudiante bien sympa qui a tout pour changer les idées et faire la fête tous les soirs : étudiants de tous bords, amour de la bonne bouteille et de la bonne chère, et surtout des chansons paillardes, des jeunes étudiants, pendant 8 mois je m'y suis bien amusée. Il y avait même des gothiques, des artistes, plein de gens de bords tellement différents...

Juste que... a un moment...
Je me souviens qu'un soir, un peu déprimée, je suis restée assise à ma table lors d'une soirée ( qui n'était pas à l'écart ) et puis... j'ai compris le truc. Ca marchait parceque je faisais le pas depuis 8 mois, sans ça, c'était silence radio toute la soirée. Bilan de la soirée ? 5 pintes que j'ai bues en tête a tête avec mon paquet de clopes alors que nous étions 30 et que je connais tout le monde depuis 1 an. Même manège tous les soirs. Je suis saoulée et blasée déjà.

Bon.
Je vais pas faire ma Caliméro et dire que le monde est injuste.
Ni faire mon adolescente et dire que personne ne m'aime sur terre.

C'est juste qu'à force de me faire trahir voire décevoir par mes amis ( petits-copains et ex non inclus hein, c'est une autre histoire ça ), ma famille et les gens que j'estime tout court, je me suis mise à me remettre en question. Je suis restée un peu chez moi, et il faut dire que le temps que j'accorde à mes études ne me laisse pas vraiment le choix : je ne sors quasiement pas par manque de temps. Et... au final mon petit monde me plait.

Ma chtite bulle, mes pinceaux, mes vêtements cyber ou victoriens, mes dentelles, mes bouquins et mes jeux vidéos. Je suis bien là. Ma musique qui passe pas ou plus du tout à la radio.

Quand je sors, on voit mes vêtements, mon maquillage, mais à l'intérieur, c'est comme si j'étais transparente. Pourtant j'en ai des choses dedans. Plein même. Mon complexe de peter pan, mes sacs hello kitty... Du tape à l'oeil ? Oui y'a de ça je crois. Mais moi on me voit pas.

Je pleure en cours ? On me voit pas. Je m'écroule à cause de mon dos ? On me relève pas. J'existe pas.

C'est comme le personnage du mari de René Zellweger dans le film Chicago, qui chante déguisé en clown.
"Cellophane, mister cellophane, should I bend my name, mister cellophane, 'cause you can see right through me, walk down be me... and don't even know I'm there !"
Cette chanson m'avait beaucoup fait rire.

Je me souviens, quand j'étais à la fin de mon adolescence, vers mes 18-19 ans, je croyais très fort en mon coeur, et j'étais persuadée que chacun avait une sensibilité et qu'il suffisait de bien regarder pour voir que le coeur de tout un chacun était un grand jardin où l'on pouvait se promener. C'était pas complètement faux. On a tous un vécu, nos échelles de valeur, de tolérance etc.

Sauf qu'aujourd'hui.... j'ai souvent la sensation d'être à côté. Je regarde, je comprends souvent vite les choses et les tracas des autres sans avoir a demander. Mais je vais plus les voir. Je me sens superflue et je le prends avec un sourire.

Me sentir délicieusement anachronique en robe longue, corset et ombrelle de dentelles noirs et mon lecteur mp3 écoutant de la jpop dans le centre de Tours ou de Paris, ça me donne comme un sentiment de nostalgie. Je ressens comme une pensanteur, et là, je suis seule et je me sens bien. Je sors mon carnet de croquis dans un parc et j'y passe des heures. Ressentir de la poésie, et juste la laisser couler, tomber lentement comme de la neige. Ca me va.

Quand il y a du monde, que je sors, même avec des gens que j'arrive encore a comprendre, il y a toujours ce sentiment de pas savoir ce que je fais a cet endroit. Pas que je me sente supérieure non. Juste qu'au final, c'est comme quand je me balade seule avec mon lecteur mp3. Une bulle autour de moi. Alors autant rester chez moi. Je rentre et on me retient pas.

Mais bon. Il n'y a pas que la poésie. L'être humain est le seul organisme vivant doté d'un cerveau correct ( donc les poissons ça compte pas ) qui soit capable de tuer ses enfants. Il y a quand même une exception : certaines truies dévorent leurs petits prises d'un accès de folie. La barbarie. C'est quelque chose qui m'échappe. Et c'est typiquement humain. Le meurtre, la guerre, la violence, la liste est longue. Et quand on a expérimenté la chose, on se dit que y'a un truc dans ce monde qui tourne pas rond.

Au final, j'ai un profond mépris de la race humaine, moi y compris. C'est juste que j'ai la sensation d'être d'une autre planète. Je trouve pas ça normal de vouloir frapper quelqu'un pour se défouler, de l'insulter, surtout si on le connait pas. De tuer parcequ'on en a reçu l'ordre, d'un supérieur ou d'une religion. Je trouve ça pas normal d'être obligé de devoir faire son service militaire juste pour rentrer chez soi, comme mon ami Nahal, qui est rentré en Israël et qui est mort a 21 ans sur le front. Et il est mort pour quoi au juste ? Parceque c'est la guerre. Et il a probablement été tué par un garçon pas plus vieux que lui qui aura vu tellement de morts que tuer ne sera pour lui qu'une formalité. La guerre ma petite fille !

Mon cul.

L'homme. Grand débat philosophique depuis Platon. Je ne relancerai pas la chose, je pense qu'il a du suffisamment faire le tour de la question, vu qu'on a pas beaucoup évolué depuis la Grèce antique.

L'homme ?

L'homme est mauvais par nature.
J'avais peur de la solitude. Aujourd'hui je trouve qu'elle me va aussi bien que mes tenues de garçon en costard cravate.

Alors...
Pourquoi ça fait un gros trou à l'intérieur ?

Solitude et damoclès

30 avril 2007 à 19h17

Quand on se sent mal, angoissé, qu'une insomnie tenace nous tient, on aimerait avoir quelqu'un à qui téléphoner, à qui parler.

L'épée de damoclès, suspendue au dessus de la tête, j'aimerai qu'elle disparaisse. Surtout du dessus de la mienne.

J'ai la santé fragile.
A mes 16 ans, on m'a diagnostiqué divers problèmes au dos. Des scolioses, plutôt banal, mais aussi un problème d'origine congénital au nom barbare de spondylolisthésis. C'est l'avancée d'une vertèbre vers les organes internes. On me dit qu'on peut très bien vivre avec, et dans ma famille on se fait pas de soucis.

C'est il y a un peu plus d'un an, donc 7 ans plus tard, que j'ai commencé a avoir sincèrement mal. Mal au dos. Certains matins, j'ai commencé à ne plus pouvoir me lever. Seulement de temps en temps, puis régulièrement. Il y a 8 mois, j'ai commencé a avoir très mal. Tout le temps, et encore jusque aujourd'hui, la douleur est lancinante, encore, tous les jours. Il y a quelque temps, je suis restée paralysée chez un ami. Un jour, puis deux, puis la douleur a commencé a me faire hurler. Samu, hopital, morfine et fauteuil roulant pendant 10 jours.

Récemment, mon médecin a commandé des scanners, car mes radios récentes de mon dos, prises en urgence a l'hopital lui avaient semblées... inquiétantes. Je me rappelle la tête qu'il a fait en les voyant. Du type sourire envolé d'un seul coup. Tête qu'il a à nouveau faite en regardant mes scanners une fois faits. Il m'a regardée en disant que la seule chose qu'il pouvait faire pour moi était de m'assomer de médicaments. Pour le reste, il fallait savoir où j'allais devoir me faire opérer.

Ca a sonné drolement bizarre dans mes oreilles. Mais ce qui a sonné bizarre c'est quand mon médecin m'a expliqué pourquoi il fallait opérer. La première vertèbre tout en bas du dos avait glissé de 1 cm vers mes organes internes. De plus, elle n'a pas glissé toute droite : elle touche constamment le cocsis, pinçant les racines nerveuses en continu. Je n'ai quasiement plus de disque ni de cartilage. Et si la vertèbre glisse encore, elle risque de trancher ma moelle épinière dans sa "chute" et c'est la tétraplégie.

J'ai pas beaucoup d'argent. Alors quand j'ai su que j'allais être opérée, j'ai compris que je devrai laisser mon appartement, vu que mes parents sont à l'étranger et que.... ma famille en France n'est pas prête a me financer.

Je me suis renseignée et me suis rendue compte qu'il y a peu de médecins en France partiquant ces opérations à la colonne. Mais j'ai trouvé un médecin, et je sais comment va se dérouler la chose. Je vais finir avec une vertèbre tronquée et armée de titane et un post opératoire d'environ... 6 mois.

C'est long. C'est angoissant. Mais le pire c'est même pas ça.

Le pire, c'est d'avoir personne avec qui en parler.
C'est de me dire quand je fais des insomnies devant la télé, que j'ai personne a qui téléphoner.

How to save a life ( listen to my song )

1 mai 2007 à 1h12

How To Save A Life The Fray lyrics

Artist: The Fray
http://www.dailymotion.com/video/xw8py_how-to-save-a-life-mark-pellington
Album: How To Save A Life

Year: 2005
Title: How To Save A Life

Step one you say we need to talk
He walks you say sit down it's just a talk
He smiles politely back at you
You stare politely right on through
Some sort of window to your right
As he goes left and you stay right
Between the lines of fear and blame
And you begin to wonder why you came

Where did I go wrong, I lost a friend
Somewhere along in the bitterness
And I would have stayed up with you all night
Had I known how to save a life

Let him know that you know best
Cause after all you do know best
Try to slip past his defense
Without granting innocence
Lay down a list of what is wrong
The things you've told him all along
And pray to God he hears you
And pray to God he hears you

Where did I go wrong, I lost a friend
Somewhere along in the bitterness
And I would have stayed up with you all night
Had I known how to save a life

As he begins to raise his voice
You lower yours and grant him one last choice
Drive until you lose the road
Or break with the ones you've followed
He will do one of two things
He will admit to everything
Or he'll say he's just not the same
And you'll begin to wonder why you came

Where did I go wrong, I lost a friend
Somewhere along in the bitterness
And I would have stayed up with you all night
Had I known how to save a life

++...
The Fray.++

''Listen to the song, and tell me
Tell me when did I go wrong, I don't understand
I wish I could understand
Please tell me you know better
Did you know better ?
I pray God and had no answer
I pray and my voice resounds on the walls of my conscience
I lost more than friends
Could I save you now ?
Please tell me now... tell me everything
I want now know ... how to save your life.
''

How to save a life

1 mai 2007 à 2h20

Cette chanson m'a fait pleurer.
D'abord une sensation de boule dans la gorge, puis, les yeux brillants, mais ça se voit pas encore.
Puis une larme qui coule le long de la joue.
Le visage reste impassible, tandis que les doigts viennent la sécher.
Puis d'un seul coup, tout s'écroule. Les masques, les carcans, les mains sages viennent presser la tête et s'accrocher aux cheveux, comme pour s'accrocher à quelque chose, et la bouche s'entrouve comme pour hurler à l'aide mais sans un seul son.

Pitié à l'aide !!!!
Et on hurle, on hurle. A s'en rendre sourd, mais à l'intérieur. On crie plus fort qu'on ne le fera jamais.

"How to save a life" ?!

Comment rester là, finalement, à supplier en dedans de ne plus rester seule dans le noir. Comment supplier aux aimés de ne plus partir, de ne plus mourir ! S'il vous plait ! Ne me laissez plus derrière... prenez moi avec vous... Ne me laissez pas derrière !

Mais ça meurt. Encore.
Voir des amis enterrer leur père ou leur mère, des parents enterrer leurs enfants, des gosses qui ont pas plus de 5 ans enterrer leur papa, enterrer le grand frère de son copain devant sa femme et enfants, voir des parents qui s'écroulent, enterrer ses grand-parents, sa cousine de 9 ans, accepter la mort d'un ami, et ne pas avoir d'enterrement parcequ'il est mort sur le front en Israël. Et tenir, tenir bon quand un ami parle de suicide, tenir en pensant au mains de papa sur la nuque qui serrent si fort, tenir en pensant à toutes les fois où on a voulu quitter la route avant l'heure.

Voir ces cerceuils s'enfoncer en terre, se sentir s'écrouler en dedans, comme si on avait plus de jambes, voir les églises pleines de fleurs, et voir le visage de tous ces autres tournés vers le Christ en lui demandant pourquoi.

Se demander finalement qui sera en deuil quand on partira.

Et ça part.
Ca part les seuls amis.
Ca change, ça rencontre d'autres gens, ça évolue, et on les regarde et d'un coup ils sont hors de portée et on disparait, et on s'oublie, jusqu'au jour où on hurle de douleur devant une chanson idiote et qu'on se rende compte qu'on a plus personne.

Qu'on est comme une gosse seule dans un cagibi, on se recroqueville dans le coin de cette grande pièce sombre pleine de vieux souvenirs qu'est devenue notre vie, et on pleure, on pleure en espérant qu'on nous entendra pleurer, mais la seule chose qui vient, c'est l'écho des sanglots, qui cogne fort contre les murs. On se met en boule, et on se rend compte qu'on arrive plus a parler, plus a échanger, qu'on a oublié, qu'on sait plus discuter, qu'on a un portable qui sonne plus.

Et au final, les larmes finissent par se tarir, et on se rend compte qu'on sourit plus. Que c'est des putains de masques, et qu'on pleure en dedans, encore très longtemps.

Parcequ'on en peut plus de tout perdre, et de savoir que ces jolies chansons, comme celle là, ne chantent que des messages d'espoir qui ne s'appliquent plus a nous. Qu'on entend plus la mer quand on ferme les yeux, qu'on ne sent plus le vent d'été, qu'on entend plus le chant des étoiles de la pampa, ni les pas de danse de Buenos Aires. On ne vient plus de nulle part, et toutes les couleurs s'effacent d'un seul coup. Les pinceaux ne parlent plus et les couleurs sont toutes les mêmes.

On devient une grande pièce pleine de vieux souvenirs qu'on est le seul à encore visiter.

Jolie poupée

2 mai 2007 à 1h31

Ma grand-mère argentine m'a toujours appelée "muñequita" : petite poupée. C'est vrai qu'avec mes cheveux bouclés et mes joues rondes, je fais très poupée ( sans tomber dans l'éternel poupée gonflable, j'espère ne pas me ranger dans la catégorie poupée-pute ).

Plus agée, j'ai teint régulièrement mes cheveux en noir, et un jour j'ai coupé une frange longue sur mon front. Moi qui n'avais quasiement jamais reçu de surnom, on m'en donnait enfin un : black doll.

La jolie petite poupée !! Avec ces cheveux, sa frange et ses robes à dentelles, on dirait une poupée de porcelaine ( mais alors avec la peau légèrement plus mate hein ).

Mais j'étais contente finalement. D'avoir ce surnom. Et ensuite j'ai réalisé à quel point il me collait à la tronche. Je fais partie du décors. Petite touche de gothisme ou d'exotique. Une jolie poupée c'est sympa à regarder. Mais une belle poupée ne doit rien vouloir, rien ressentir, rien espérer.

Une poupée n'a pas de coeur que l'on puisse briser.
C'est con.
Avec moi ça a jamais marché ça.

Juste une jolie poupée qu'on prend en photo, qu'on s'amuse à habiller, à attacher, mais jamais à discuter.

Pantins de bois et jolies poupées, nous voilà tous réunis pour le bal masqué.

Couler

2 mai 2007 à 23h39

Est ce que vous vous rappelez la dernière fois que vous avez sombré dans les bras de l'être aimé ?

Quand est ce que vous avez senti, alors que votre corps et le sien n'en faisaient plus qu'un, comme quelque chose qui dépasse l'être ? Qui vous emmène dans d'autres endroits ? Quand votre corps n'existe plus, que le temps n'existe plus, que le monde n'existe plus...

Se perdre, se noyer dans les yeux de l'autre, le voir malgré le flou, et se rendre compte que ce n'est pas juste notre image qui se reflète dans ses yeux, mais une autre image de nous mêmes, vues par ses yeux, à travers eux, sublimée, mille fois embellie par une sincérité de sentiments qui nous prive de toute parole.

Quand avez vous pour la dernière fois ressenti cette confiance, cette sensation de pouvoir laisser là sa vie sans avoir rien perdu, cette chaleur moite qui colle aux doigts tandis que les mains se rejoignent dans une chambre qui n'en est plus une, mais un coeur qui bat pour deux... un coeur énorme où il y a la place pour deux.

Quand avez vous voulu avaler le souffle de l'autre, tandis que son corps chante une chanson qui dure des heures, quand avez vous voulu boire l'eau coulant de ses yeux, tout prendre et tout donner, qu'il reste tout et rien, aller plus loin, fermer les yeux, et sentir cette prontière ténue qui sépare la vie de la mort et ne pas être effrayé.

De savoir que tout à déjà été dit, et que maintenant, il n'y a plus rien a ajouter, parceque ce que l'on ressent se lit dans tous les pleins et les déliés de notre corps.

Avoir la sensation de ne plus être seul jamais, et de couler, couler dans l'océan, enlacés.

Moi je m'en rappelle.

Et toi ?

Quand les mots manquent

6 mai 2007 à 4h30

J'avais réellement envie d'écrire. Envie de faire sortir l'angoisse, la peur, la douleur. Mais rien ne vient. Les mots restent figés en moi, comme gelés quelque part sur le chemin qui va de mon coeur à mes doigts puis au clavier.

J'aimerai parler de tant de choses.

De la douleur, celle de mes vertèbres, qui me clouent au lit des jours entiers sans pouvoirs me lever. Seule, sans pouvoir marcher, dépendante d'une présence pour au moins manger quelque chose. Ce n'est pas une douleur qui me permet de pouvoir m'asseoir pour regarder la télé, ou de me balader chez moi au chaud dans une couette. C'est une douleur qui fait que je ne peux plus bouger.

De l'angoisse.
Cette peut toujours là de ne plus pouvoir me servir de mes jambes, de l'opération, de la chaise roulante, de la rééducation, des 6 mois de récupération.

De tous ces souvenirs de merde, ces hantises, ces phobies, ces frustrations, et ces doutes amers.

J'aimerai écrire légèrement, mettre quelques métaphores filées, des remarques cyniques bien placées, raconter quelque chose, mais je tance juste mon insomnie une fois de plus.

Grand frère

14 mai 2007 à 2h01

Aujourd'hui, les années ont passé. Et depuis ce jour où j'ai toujours voulu t'écrire, et dans mon coeur, je l'ai souvent fait. Je vais te laisser cette lettre ici grand frère.

Tu n'es pas mon frère de sang. Je n'ai même pas eu le temps de réellement te connaître, ou te parler. Ton histoire, qui tu étais, je l'ai entendue, de la bouche de ta femme, de la bouche de tes parents, de la bouche de tes enfants, de celle de ton petit frère ( de sang celui-ci ).

Et c'est ainsi que j'ai connu tellement de choses de toi. Ton visage quand tu étais enfant, ton histoire, ta passion pour la musique, ta passion pour le moto cross, la chorale dans laquelle tu as chanté, la maison dans laquelle tu as grandi. J'ai entendu bien des anecdotes dont tu étais le personnage principal. J'ai toujours pensé à toi en souriant.

J'ai su les circonstances de ta naissance, comment tu as 11 ans de différence avec ton petit frère, que tu es devenu son parrain, j'ai vu les jouets qui t'ont appartenu, j'ai vu et touché tes affaires, j'ai vu tellement de photos de toi.

Je pourrai raconter des moments de ta vie, j'ai vu les photos de ton marriage, je pourrai dire comment tu étais habillé, la couleur de ta voiture et bien des anecdotes de la fête qui en a suivi. Je connais ta femme, tes enfants. Je sais que tu étais brun, cheveux bruns, que tu étais sacrément canon avec tes 1m75 pour assez de kilos pour te faire une belle carrure mais une taille de guêpe. J'ai appris à te connaître...

Mais la vérité est là.

Je t'ai abordé la première fois lorsque ton frère m'a dit qu'il avait un grand frère. Il m'a dit ce jour là qu'il voulait que nous nous rencontrions toi et moi. Et aussi que tu étais très malade et encore allité dans un hopital. Et je voulais m'excuser depuis longtemps grand frère. Parceque je suis arrivée trop tard.

Je t'ai recontré trois jours trop tard, juste après Noël. Je serrai la main de ton petit frère, je serrai la main de ta mère, parceque, même si ton corps était là, recouvert de fleurs blanches, toi tu étais déjà parti loin.

J'ai découvers ton visage si jeune mais tellement fatigué. Fatigué d'avoir lutté et épuisé avant d'accepter que tu ne gagnerai pas cette fois ci. La leucémie qui t'a dévoré pendant 15 ans avait creusé tes joues, marqué ton front. Tu avais l'air si faible grand frère.
Ce jour là, avec ta famille, ta femme et tes enfants, encore si jeunes aujourd'hui, nous t'avons accompagné, ils t'ont tous témoigné leur amour, leur tristesse, tous leurs sentiments une dernière fois. J'ai effacé les larmes sur leurs visages, et j'ai ravalé les miennes.

J'avoue que j'ai beaucoup pleuré grand frère. Une fois seule, j'ai énormément pleuré. Mais petit a petit, j'ai mis par dessus cette image tellement épuisée de toi, toutes ces photos de toi vivant ( même encore malade ), toutes ces histoires de toi, je remarque à chaque fois à quel point ton premier fils est à 5 ans ton portrait craché.

Et aujourd'hui, lorsque nous sommes allés te voir avec ton petit frère, j'ai vu sur ta tombe, ce dessin que j'ai fait pour toi sur la demande de tes parents gravé sur la stèle.

"Aurevoir Grand frère" sont les mots que j'ai prononcés, tout doucement, juste pour toi et moi, lorsqu'ils ont descendu ton cercueuil sous 2 mètres de terre. Je les ais murmurés, dans un souffle en te souriant doucement. Sans penser ni réfléchir, ces mots sont venus du plus profond de moi.

Et il s'est passé quelque chose qui m'a marquée aujourd'hui. Ton petit frère et moi étions là pour ses 25 ans. Devant cette photo de toi incrustée dans ce marbre qui repose par-dessus ton corps. Nous ne disions pas un mot. Et j'ai senti. Senti que ton petit frère avait quelque chose à te dire. Au bout de 5 minutes il s'est retourné en souriant et m'a dit :

"On peut y aller. C'est bon. J'ai entendu ce que David avait à me dire."

"Il m'a souhaité un bon anniversaire"

I'm back folkes

8 août 2007 à 17h16

Suite a un commentaire élogieux et tellement touchant, je me suis dit que j'allais me remettre à tapoter ... sur mon clavier ( à quoi avez vous pensé bande de gros dégoutants ? ).

Bref, ce commentaire m'a donné envie de m'y remettre.

Mais enfin, pourquoi est ce que je me suis arrêtée d'écrire en tout premier lieu ?

Déjà j'étais persuadée que j'avais pas écrit depuis un an quelque chose comme ça. Dans ma tête je m'étais fait tout un petit film type peplum romain dans le style du retour d'Ulysse après la traversée de la méditerrannée, mais en fait, j'ai raté mon effet tragique en constatant que j'avais juste fait une pause de 3 mois dans mon processus d'écriture... Bordel... J'ai toujours su qu'il y avait quelquechose de ridicule dans les petits films qu'on se fait et dont on est le héros perpétuel.

Bon. J'ai toujours pas répondu à ma propre question.

La réponse est simple : un proche s'amusait à lire mon journal et à commenter chaque mot de chaque phrase, il a imprimé certains écrits et me les ramenait corrigés de leurs fautes de frappes. Pire, il a récupéré le mot de passe de mon compte pour contrôler les messages d'entrée et de sortie et tutti quanti.

Au final, ce qui devait arriver arriva ( eh non, je ne l'ai pas tué à coup de pelle ), je me suis simplement dégoutée et lassée d'écrire ici. Du coup je n'ai plus eu envie d'écrire du tout, et je me suis blasée comme une vieille aigrie en me disant "pfff... whatever".

Et finalement, un ami m'a dit de passer ici voir le message que j'avais dans mon forum, et puis je me suis dit que finalement j'étais pas si blasée que ça.

Donc, je vais reprendre encore une fois ce journal retraçant moi, ma vie, mon poisson rouge mort, mes névroses et surtout, toutes les conneries qui me passent ( très souvent ) par la tête, en espérant que mes réflexions ne perdent pas de leur piment.

Bien à vous, Blackdoll.

PS : Merci Coeurdelune.

De l'auto-critique

10 août 2007 à 21h59

Vaste sujet que celui-ci.

Mais il est des choses dans la vie qu'il vaut mieux accepter, et ne pas foncer dans le mur tête baissée, même si on à l'impression que ce qui se cache derrière à l'air merveilleux.

Je pense souvent à ça pour ne pas envenimer des situations avec des proches souvent hystériques ( comme ma mère ), et du coup, je passe mon temps à faire de la diplomatie.

Voyons une discussion type :

Môman : "Tiens regarde ce petit haut, c'est super discret pour sortir !"

  • Voix intérieure : ce truc immonde est tellement rempli de strass, c'est sur que là, c'est la discretion assurée ! Idéal pour les diners chics de l'embassadeur...*

Voix extérieure : "Ah wai ! C'est très classe !"

C'est comme passer une après-midi avec une grand-mère vieux jeu et lui dire "oui-oui" alors qu'on pense tout le contraire pour avoir la paix.

Vaste programme.

Ce genre de conciliation, le fait de caresser dans le sens du poil, j'étais dans mon fort intérieur, persuadée que c'était de la manipulation pure et simple : je dis blanc, mais je pense noir. En gros, je dis aux autres ce qu'ils veulent entendre en échange d'une paix relative. Et longtemps, j'ai cru que je les menait comme ça par le bout du nez. Mais j'ai réalisé qu'il y avait quelque chose de faux dans ce raisonnement, car en fait, ce que je pensais être manipulation subtile n'est que simple hypocrisie.

Voilà ma carrière politique définitivement rompue et mes rêves brisés.

Parcequ'au final, à force d'hypocrisie, je passe mon temps à courber l'échine tel Iznogood en attendant une heure qui ne viendra jamais, puisque tout ce que j'obtiens en échange c'est une paix relative, alors que ce que j'attends moi cc'est..... C'est...

...

... Quelque chose de sincère et franc, comme par exemple une réelle reconnaissance ( de ma mère surtout ).

Au final, à force de vouloir maîtriser, je maîtrise rien du tout puisque je me plie au désirs de mon entourage, et je ne suis plus moi-même. Comment en portant un tel masque puis-je attendre une quelconque reconnaissance ?

Bordel. Je voudrai que juste une fois, ma mère me croie quand je lui dit que j'ai mal au dos, au lieu qu'elle me balance un de ses : "Mais il est psychologique ton problème !", alors que je viens de me faire opérer de la colonne vertébrale.

Misère de misère.

Donne moi cette perceuse, je vais t'en faire un moi, de monde meilleur.

Salop de Socrate.

Encore un directeur des travaux finis celui-là, avec ses "Connais-toi toi-même" ( en le disant avec une grosse voix c'est encore plus drôle ).

Et on fait ça comment monsieur hein ? Quoi ? Avec de l'expérience et du temps ? En gros, le temps de se connaître, on est vieux, aigri, et on fait chier les nurses qui changent nos couches parcequ'on a passé tellement de temps en introspection qu'on a oublié que bah si, le reste du monde existe.

Eh bah mon vieux.

Voilà qui rallonge encore un peu la liste des philosophes que je trouve à la fois risibles et incroablement irritants.

Mais je perds le fil.

Oui.

Donc.

La conclusion de tout ça reste la même : je fais des efforts à porter des masques qui ne me conviennent pas, tout ça pour obtenir quelque chose qui m'indiffère relativement.

Ma pauvre cocotte, mais t'es perdante sur tous les tableaux là.

Bigre.

Que voilà un constat alarmant.

Mais bon.

Comme le dit l'autre, la réalité nous entoure de toutes parts. Il y a en aura donc fatalament une a qui on tourne le dos.

Tout ça juste pour me rendre compte que je dois changer de technique avec les gens ?

Mais bon. Qui a dit qu'on apprenait quelque chose de nos réussites ?

La Loi de Murphy

10 août 2007 à 22h35

Dite, la loi de l'emmerdement maximum.

J'ai dit dans ce journal que j'allais parler de moi. Mais je ne peux pas continuer sans parler de cette poisse qui me colle toujours à la peau, et dont j'ai enfin trouvé une explication scientifique, en la loi de Murphy.

Le jour où je suis née, la bonne fée qui s'est penchée sur mon berceau c'est pétée la gueule, et j'ai du me prendre sa baguette en pleine poire. Résultat, me voilà née sous le signe de la loi de Murphy.

Pour les petits curieux, je vais ré-expliquer la Loi de Murphy en quelques mots.

La loi de Murphy est un principe empirique énonçant que s'il existe une possiblilité de mauvaise manipulation d'un produit ou d'une méthode, quelqu'un fera un jour cette erreur d'utilisation. Par jeu, on évoque souvent la "loi" de Murphy pour expliquer mauvais résultats ou mauvaises conditions dont les causes n'ont rien à voir avec la manipulation.

Ca vous semble compliqué ? Laissez moi illustrer cette loi par une application très simple :

Les chances que votre tartine tombe sur le sol côté confiture sont inversement proportionnelles au prix du tapis.

En bref : plus le tapis est cher, plus vous avez de chances que la tartine tombe côté confiture dessus.

Vous voyez ce que je veux dire ?

Et bien voilà un des principes qui gouvernent ma vie. Croyez moi, s'il y a une crotte de chien au milieu des champs élysées, je la raterai pas, et surtout si je porte mes chaussures préférées.

Je vous vois sourire, mais je sais que vous aussi vous êtes concernés par cette loi odieuse. Je vous énonce donc ici quelques principes fondamentaux de cette loi, afin que je me sente moins seule à avoir eu une bonne fée bourrée.

- Tout ce qui a commencé bien finira mal

- Tout ce qui a commencé mal finira pire

- Tout corps immergé dans un liquide reçoit un coup de téléphone

- Tout pied déchaussé se verra assailli par les coins de meubles

- Tout cheval sur lequel on aura parié sera le plus lent

- Tout objet recherché se trouvera dans la dernière poche du pantalon

- Si on prend une file, elle sera forcément la plus longue.

- Si on change de file, alors la loi précédente s'applique aussi avec la rage de voir que notre file précédente devient soudainement la plus rapide.

- Toute cravate propre attire inévitablement les aliments

- Toute bonne bouffe fait forcément grossir

- Tout ressort de grille-pain à une force inversement proportionnelle à la taille de la cuisine

- Tout prend plus de temps que vous ne le pensez

- Si quelque chose peut aller de travers, le phénomène se produira, en particulier au cours d'une démonstration

- Et si c'est trop beau pour être vrai, alors c'est que ça l'est probablement

Si vous aussi, vous avez de nouvelles lois de Murphy à ajouter à cette petite liste non exhaustive, envoyez les moi vite via message privé.... !

Je m'empresserai de la rajouter à cette sublime liste de lois qui dirigent ma vie depuis bientôt 25 ans.

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Coeurdelune envoie :

"Tout non fumeur dans un lieu fermé attire la fumée de cigarette"

"Toute journée de travail après une nuit courte sera particulièrement chargée"

Elpha envoie :

Tout panneau trainant sur la chaussée arrivera forcément sur mon nez

Tout refu de priorité sera forcément pour toi

Tout feux rouge bien évidemment ne sera que pour toi :d

Toutes les pannes de réveille te seront destinées afin d'avoir une journée des plus pourries

ET tant d'autres que je pourrais t'écrire...

Anxiété du coucher

11 août 2007 à 22h41

Beaucoup de gens disent : "la nuit porte conseil", et avant d'aller vous coucher, tout proche un tant soit peu civilisé vous souhaitera bonne nuit ( même moi ).

Scientifiquement parlant, le sommeil est indispensable au repos du corps tout entier, du cerveau ; on se repose dans un lit bien douillet, au chaud, confortable, et on se laisse envahir par cette douce sensationqu'est celle de tomber dans les bras de la bien nommée Morphée.

J'ai bon ?

Génial.

Parceque moi j'aime pas dormir.

Pas que je sois juste insomniaque ( je le suis oui, mais beaucoup moins qu'avant ), mais c'est juste que je trouve que le sommeil est une pure perte de temps. Et je n'aime vraiment pas ça. Mais du tout. Pourtant... une fois endormie, rien ne me réveille : pas même les tremblements de terre lorsque je vivais en Colombie, ou les ronflements de tractopelle que produisait mon colocataire chaque nuit.

Pourquoi je n'aime pas dormir ? La première raison est : les cauchemars. Avant c'était toutes le nuits, Là ça c'est un peu calmé. Le problème, c'est que je réveille toute la maisonée, car je hurle et je pleure dans mon sommeil.

Des fois les rêves sont juste tristes. Des fois ce sont des boucheries faisant passer "La nuit des morts-vivants" pour un remake de Dora l'Exploratrice. Je ne fais presque plus de jolis rêves, comme ceux de mon enfance. A une époque, je me saoulait avant d'aller me coucher pour ne pas rêver. Finalement et malgré l'alcool, les rêves bouchers se sont repointés comme si de rien n'était et j'ai ralenti la boisson.

Vous voulez savoir un de mes cauchemars ?

Je sens que vous êtes en manque de sensationnel là.

Allez vous acheter un Paris Match et foutez moi la paix... Bon ok, lisez la suite.

C'est un cauchemar qui m'a beaucoup marquée, et qui est un des plus courts.

- Je marche dans la forêt. C'est l'hiver, les arbres sont tous morts autour de moi, et il y a de la neige partout. C'est noir, blanc et froid. Le ciel est gris, sans nuages. Soudain je lève les yeux et je les vois, très haut : des enfants, partout, pendus aux branches, leurs visages déformés par la strangulation -

Heureux ?

Je déteste dormir, et bizarrement, le fait de me dire "maintenant je vais me coucher et dormir" provoque en moi un mal être profond, voire de l'anxiété. Surtout si je suis seule. Je pense que ça doit être la solitude avant de trouver le sommeil, d'être dans ses draps avec son doudou et les yeux grands ouverts à fixer le plafond et à se demander si on va finir par dormir ou quoi ?

Ce n'est pas la peur du noir. C'est l'anxiété du coucher.

Disco fever

19 août 2007 à 21h34

Je ne sais pas par où commencer. Mon esprit est comme une immense pelote où chaque pensée serait un fil et tout reste emmêlé. Pourtant cette pelote est immense, et là... je peux pas dormir, pas penser pas pleurer, il faut juste remettre de l'ordre dans tout cet enchevêtrement de fils par l'écrit. Parceque ici... je n'ai plus personne à qui parler.

Je sais que je ne devrais pas me plaindre. J'ai tellement de chance d'être ici. Depuis que ma mère vit ici, à Trinidad & Tobago ( une île au large du Vénézuela ) avec son mec, elle vit dans une villa énorme, avec cette grande piscine, et après mon opération, j'avais envie de revoir ma mère. Comme je l'avais juste vue 2 semaines à Noël et les 10 jours de mon hospitalisation, j'étais ravie qu'elle m'invite à venir passer ici le mois d'Août. Voir ma mère 3 fois par an c'est peu, alors j'ai sauté sur l'occasion.

Je savais que la vie ici allait être différente, mais pas différente comme ça.
C'est la première fois depuis des années que je vis avec ma mère et mon petit frère. Et surtout sur cette île, je n'aurai jamais imaginé que ça puisse se passer ainsi.

Bah mon vieux, j'ai pas été déçue du voyage.

Ils font tout pour me changer.

Me transformer.

Ils enfoncent ma petite bulle de protection, de poésie, tout mon petit monde intérieur à la hache.

Et là, ce soir, je me raccorche à ces mots afin de trouver un quelconque sens à ce qui se passe ici.

Ils sortent toutes les nuits. En boîte, ou dans des bars, puis ils vont de boîte en boîte. Mon frère et ses amis français, et ils m'emmènent. Au début, je me suis dit que ce serait sympa de passer du temps avec mon frère.

Mais à mon grand étonnement, avant de sortir, ma mère et lui rentrent dans ma chambre et me font changer de vêtements ; ils me font porter des choses qui ne me ressemblent pas. Ma mère m'emmène dans sa chambre et elle me maquille. Ils font de moi leur petite poupée barbie, tout ça parcequ'ils ont peur de leur fille gothique et de ce que diront les amis de mon frère de moi. Ils s'inquiètent pas de ce que je ressens.

Et une fois que c'est fini, ils me sortent. Un bar, puis un autre, puis une boîte, puis une autre, puis encore une autre. Et il boivent. Tous. Trop. Ils me forcent la main quand je dis non au nom de la convivialité de je sais pas quoi d'ailleurs, vu que je passe mes soirées seule au bar, et que personne me parle, surtout pas mon frère. Et ils sont saouls à ne plus tenir debout. Et moi j'ai mal, mal au dos ( mon opération ne remonte qu'à deux mois, et il m'en faut 4 pour pouvoir vivre normalement ).

Et ils me laissent ainsi seule. Ils parlent boulot, mon frère reste avec son amour de vacances d'ici, il ne me présente à personne. Il prend des photos, de ses potes, de sa copine : me cherchez pas je suis sur aucune d'entre elles. Je suis un joli pot de fleurs qui parle déguisé en fashion victim. Un des amis de mon frère passe son temps à me traiter de "pute" ou de "conne" car constamment sous les effets de l'alcool : tout le monde se marre et je ris relativement jaune. J'essaie de me donner une consistance, de danser, mais je finis toujours par me demander : "qu'est ce que je fous ici ?". Je reste là. En les regardant. Et j'attends. J'attends que mon frère ivre mort veuille bien me ramener chez nous.

Et quand mon frère a assez bu, il prend la voiture et nous rentre avec sa copine à la maison. Il conduit vite. Très vite. Il crève des pneus à force de se prendre des trottoirs. Il conduit TROP vite. Sa copine ivre se marre et moi j'ai tellement mal au dos à cause de sa façon de conduire que je me mets à pleurer sans bruit dans la voiture.

On rentre, ils vont se coucher. Mon frère saute sa copine dans la pièce d'à côté, et je me dis que jamais j'ai pu inviter à dormir un de mes copains, même de longue date. Ma mère dit en souriant que des aventures sont bonnes pour son fils de 21 ans. Mais pas pour sa fille de 25 ans qui ne doit surtout rencontrer personne.

Je reste seule. Et une fois dans mon lit, je me sens aussi seule que je me sentais seule en boîte juste avant.

Et le lendemain rebelote.

Ils m'habillent, me maquillent.... Je n'ai pas pu mettre la moitié de ce que j'ai dans ma valise. Je suis leur petite poupée.

Le soir, je sais même pas à qui téléphoner. Et je rumine ma solitude avec mes mots.

Lumières étoilées

22 août 2007 à 22h19

Il y a quelquechose dont j'aimerai parler ici : c'est une fascination que j'ai depuis toute petite.

Je me souviens, quand je vivais en Colombie, j'avais 4 ans, je me levais de mon lit le soir : mais pas pour aller quémander mes parents, aller aux toilettes ou encore jouer avec mes poupées dans l'obscurité. Non. J'allais doucement à la fenêtre, j'écartais le rideau. Nous n'avions pas de volets ( pas en Amérique du Sud ), et je restais là, à regarder les lumières de la ville. Longtemps. Sans bouger.

Et aujourd'hui, cette espèce de fascination pour les lumières artificielles n'a pas changé.

Quand je vivais à Paris, j'habitais au 7ème étage d'un immeuble, sous les toits, dans une toute petite chambre.

Et il y avait un seul avantage a vivre là : il y avait dans le couloir menant à ma chambre, une fenêtre donnant directement sur les lumières de La Défense.

La nuit, ça avait quelquechose de magique. Je prenais une chaise, et je me posais là, devant cette fenêtre, et je pouvais rester des heures à observer en silence.

Voir les lumières des buildings, l'arche de la défense toute illuminée, entendre au loin les klaxons des voitures.

Je me sens alors... comme coupée du temps, coupée du monde. Comme si le temps s'arrêtait quelque part. J'ai alors l'impression que si je descendais dans la rue, toute forme de vie serait comme un film où on aurait mis arrêt sur image. Que je pourrais me faufiler entre les gens, entre les voitures, et que les lumières et la nuit ne s'arrêteraient jamais. Qu'il y aura juste moi, et la nuit et le silence.

Je n'ai jamais compris qu'est ce qui pouvait exercer cette transe chez moi dans une simple lumière de nuit. Qu'est ce qui chez elles me rend soudainement si silencieuse, si observatrice.

Je me suis déjà échappée une nuit de chez moi adolescente. Pas pour faire le mur comme beaucoup de jeunes non. Les lumières que je vois dans les immeubles ou dans des discothèques ne provoquent chez moi qu'un sentiment d'artificiel, voire de vide. Mais simplement pour me balader, sentir au plus profond de moi les odeurs de la nuits, les sons, et voir... voir les lumières.

J'ai aussi une fascination incroyable pour les étoiles. Autres lumières de la nuit, devant lesquelles je pourrai rester silencieuse des heures durant, à me sentir toute petite devant cette incroyable voûte éthérée. Je ne pense pas à une autre forme de vie dans l'univers, ni à des considérations astrologiques, ni même astronomiques. Je suis là, et je regarde ces étoiles au language silencieux.

A ce moment là, je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ça, mais on ne se sent ni triste, ni heureux, ni seul non plus. Le temps n'existe plus, et des fois, si on s'allonge dans l'herbe face au ciel, on a l'impression qu'on s'envole un peu. On sent le vent. On sent l'odeur de l'herbe, l'odeur de la nuit, on voit les étoiles, mais on ne sent plus son propre corps : juste quelque chose d'à la fois très lourd et incroyablement inexistant.

Et il n'y a plus rien : ni nous, ni le monde, la terre ne tourne plus. Il n'y a que nous, nous et l'immensité étoilée.

Je voudrai vivre ça toutes les nuits, et que le jour ne soit jamais.

Instants D'éternité

23 août 2007 à 21h29

J'aimerai aujourd'hui mettre ici un texte que j'ai reçu suite à mon article qui est posté juste avant, intitulé "Lumières étoilées". C'est un texte qui m'a touchée, parceque c'est une expérience que j'ai souvent vécue, et que j'ai décidé de faire partager.

Je remercie donc Coeurdelune pour cet article très touchant et criant de vérité. N'hésitez pas à lui laisser vos impressions sur mon forum.

Je lui laisse la parole.

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Instants d'éternité

Il y a une évidente contradiction (ou opposition) dans cette expression : l’instant, par définition éphémère, face à l’éternité, qui ne cesse jamais (oui elle déchire ma démonstration), ne souffrant d’aucune altération, et échappe en quelque sorte à l’usure du temps… Une simple expression pour dire, tout simplement, que le temps peut s’arrêter sur un instant, ou du moins que cette instant nous procure ce sentiment.

Il y a des instants d’éternité partout, souvent, pour tout le monde, suivant notre sensibilité, nos affinités : rester blotti dans les bras de l’être aimé, ou assis au bord d’un lac, ou encore admirer une œuvre d’art… Il y a une infinité d’exemples, le seul critère est le sentiment, et la capacité à le ressentir : la sensibilité… Autrement dit cette petite chose fragile au fond de nous que les gens érodent en nous blessant, que le monde du travail considère comme une faiblesse, que l’on tente sans arrêt de dissimuler, bref, qui nous donne (enfin à moi en tous cas) l’impression de vivre dans un monde où les valeurs sont inversées…

Bon là je suis passé du début de développement intellectuellement masturbatoire au coup de gueule déguisé, revenons au sujet. Donc, et j’insiste, le temps s’arrête sur un instant, du moins c’est le sentiment que nous procure ce fameux instant d’éternité. Oui, en vérité le temps ne s’arrête pas, ou alors si vous le pensez je vous invite fortement à arrêter de regarder « Heroes » le samedi soir.

La plupart des gens ne prennent pas le temps de vivre ces instants, ils en oublient finalement que rien n’est insignifiant, que ce sont les petites choses qui dégagent le plus de lumière. En ce qui me concerne je les vis quelquefois, j’ai appris à les reconnaitre, à les cultiver. Il y en a un qui m’a particulièrement marqué, ça remonte à un peu plus de 10 ans.

J’étais en vacance en Haute Savoie (montagne donc), pendant quelques semaines au mois d’août, avec des amis. Nous étions tout un groupe un soir, au bord du lac, à discuter, rigoler, fumer pour certains, boire pour d’autres… J’ai préféré m’asseoir plus loin, à l’écart, sur les rochers. J’avais beau apprécier mon entourage, pour une raison qui m’échappait je ne me sentais pas à ma place, je n’arrivais pas à m’intégrer à un quelconque sujet de discussion, et personne ne me parlait. Personne ne me remarquait pour ainsi dire. Déjà à cette époque je commençais à me détacher de toute notion de « groupe », et je souffrais de ce sentiment d’invisibilité, mon caractère timide et introverti n’aidant pas, mais bon peu importe. Je me suis simplement assis à l’écart, et mes yeux ont lentement dérivé vers le ciel.

Vous avez déjà vu un ciel étoilé à la montagne ? Pour moi c’était la première fois et je ne sais pas exactement combien de temps je suis resté assis à admirer ce spectacle qui me transportait. Je ne sais pas si c’était parce que je me sentais proche du ciel ou loin des autres, mais tout s’est arrêté. Il n’y avait plus de discussions, de rires, plus personne autour de moi, ni même les maisons ou les voitures garées quelques dizaines de mètres plus loin… Il n’y avait que ce sol rocailleux sur lequel j’étais assis, et le ciel, dégagé, profond, tapissé d’étoiles qui ne brillaient pas toutes de la même façon ; les constellations s’alignaient devant moi, dans un balet hypnotique et pourtant immobile. Je ne savais plus si elles descendaient ou si moi je m’élevais, et je me souviens qu’il a fallu que je me reprenne pour me dire qu’elles étaient juste là haut, et moi au sol. Je me sentais toujours aussi invisible par rapport aux autres, mais à ce moment là ce genre de considération m’indifférait totalement. Il y avait juste moi, le ciel, les étoiles, si lointaines et si proches à la fois. Face à une telle immensité on se sent vraiment tout petit.

Bien sur il ne s’agit que d’un exemple, mais avec les années, de plus en plus, je me rends compte de l’importance de ces instants d’éternité, ces petits trésors, et de plus en plus je m’aperçois que le monde, les gens, tout est mal fichu… Tout nous encourage à perdre notre capacité à être surpris, à nous émerveiller.

Coeur de Lune

Anti-raison

25 août 2007 à 21h33

Comme je l'ai écrit précédemment, je ne vis plus chez mes parents depuis 6 ans.

Non ?

En fait, je ne l'ai peut-être pas écrit. Bon, en tous cas maintenant c'est chose faite.

Parenthèse fermée, reprenons s'il vous plait : silence plateau, ça tourne. Donc, je ne vis plus chez mes parents depuis 6 ans, et depuis j'ai bien appris à gérer ma vie, et surtout, à vivre dans un calme extraordinaire comparé à ce que j'appelle : des périodes d'accalmies parentales.

Quand je suis chez moi, personne ne hurle. Quand on veut me dire ou me demander quelque chose, on vient me le dire, on accompagne ça d'un "steuplé" et c'est incroyablement reposant et en plus ça passe tout seul. Chez moi, personne ne s'énerve : quand on perd son sang froid, des fois on pleure, des fois on hausse le ton, mais on essaie toujours de discuter pour trouver une solution. Chez moi, on fini toujours par se réconcilier. Chez moi, personne n'a peur de personne.

Chez mon père, je ne connais pas. Je n'y ai jamais mis les pieds. Je sais juste le nom de la ville. Il ne m'a jamais invitée. Je sais juste que en sa présence, j'ai peur, et mes bras se lèvent souvent involontairement devant mon visage. Mouvement purement défensif et pavlovien.

Génial, j'ai l'impression d'être un chien...

Chez ma mère, c'est encore autre chose : ça hurle à tout va.

Autre personne, autre concept. Et ça hurle et ça hurle. Ca hurle mon prénom à l'autre bout de la maison pour me demander de me limer les ongles, ça hurle pour exiger que je mette la table, ça hurle pour tout sur un ton aigu insupportable, comme si elle m'avait surprise en train de commettre un acte irréparable.

Je sais qu'avec ma mère, toute discussion est impossible, mais comme c'est ma mère, j'ai fini par me dire qu'elle devait beaucoup s'ennuyer pour crier comme ça.

.. Les deux premières semaines, j'ai laissé coulé. Mais là, ça commence à me taper sur le système nerveux. Mais de façon intensive.

Déjà, j'ai pas l'habitude qu'on me crie dessus, elle encore moins et surtout pour des broutilles, mais m'insulter en plus ?

Quand notre maman nous dit qu'elle a envie de se suicider à cause de nous, qu'on ne sert à rien, qu'on est une inutile, qu'on est de la confiture aux cochons, et en plus de ça qu'on est qu'une salope.

A ce moment là on se dit : attends là, stop, y'a quelque chose qui tourne plus rond là. Qu'est ce qui vient de se passer à l'instant ?

Au final on sait plus si c'est nous qui tournons plus rond, si c'est les autres. On se perd dans nos raisonnements, à finir sur le débat de la bouteille à moitié vide ou a moitié pleine.

C'est elle qui est grave où c'est moi la fille indigne ? Elle est trop méchante ou je suis trop sensible ? Doit-elle avoir raison parceque c'est ma mère où est ce que j'ai droit à de la dignité ? Est-ce que la demande de dignité est en contradiction avec le respect qu'on m'a inculqué à donner à ma mère ? Les respect, c'est pour moi, pour elle, pour qui au juste ? On sait plus, et là, nos réflexions deviennent un bois profond où l'on fini par se perdre et dans lequel il n'y a aucun chemin.

Parceque la raison de ma maman pour m'avoir dit toutes ces choses, de m'avoir insultée et de lui donner envie de se suicider, c'est que j'ai refusé de me limer les ongles et oublié de lui vider le lave-vaisselle.

Un rêve épuisant

28 août 2007 à 18h15

Normalement, dans ce journal, j'évite de raconter bêtement mes journées, mais j'essaie surtout de partager mes points de vues sur des sujets plus ou moins sensibles, mais qui me touchent de près ou de loin, ou de développer une réflexion autour d'un fait ou d'une phrase / citation qui m'a fait réagir.

Mais là, le fait est qu'en y réfléchissant bien, c'est toute ma drôle de journée d'hier qui me remue les tripes encore aujourd'hui, et je vais l'écrire ici. Afin de garder une trace, de cristalliser ce souvenir, qu'il soit conservé, comme si je le plongeais dans la glace.

Tout à commencé avec ce drôle de rêve. Un rêve tellement, tellement triste...

J'ai rêvé que moi, et tout un groupe de personnes que je ne connais pas, mais dont j'étais proche dans mon rêve, allions partir quelques jours en voyage, rendre un hommage à la mort de David. J'ai rêvé que nous partions tous en bateau à voile, sans motorisation, chacun dans un petit bateau, au départ à Tours, sur la Loire. Avant de partir, ma grande-soeur nous rejoint sur le départ. Elle se met alors devant un banc, s'agenouille, pose les coudes sur l'assise du banc, comme si elle priait, sauf qu'elle fond en larmes, et nous restons là autour d'elle, la laissant inconsolable. Je me souviens aussi que nous campions en forêt, et qu'il y avait une brume et une pluie fine qui nous suivait durant tout notre voyage qui devait durer 3 jours. Et nous disons tous : David sait que nous allons le voir, c'est lui qui nous envoie la pluie grace à laquelle nous n'allons pas travailler.

Et il n'y avait dans mon coeur que le souvenir de mon tout petit bateau qui avançait sans bruit sur l'eau et l'image de la tombe de David dans ma tête.

Un rêve si triste... des larmes coulaient de mes yeux à mon réveil. Un rêve qui m'a épuisée : je me suis réveillée à 15h30. Trop tard pour déjeuner ou petit déjeuner, et .... je n'avais pas faim du tout.

Vers 18h, j'accompagne ma mère faire quelques courses, et je me rends alors compte que j'ai jeûné toute la journée. Ma mère me demande ce que j'ai déjeuné... "Rien, je crois que j'ai oublié de manger..."

Et là, la réponse que ma mère va me faire, non seulement je ne m'y attends pas du tout, mais en plus elle va conditionner toute ma journée :

"Tu as jeûné, c'est bien ça, tu as grossi, c'est bon pour ta ligne"

J'aimerai trouver un smiley sceptique et surpris juste pour montrer la tête que j'ai fait dans la voiture.

Du coup, et pour être sure que j'allais pas rentrer manger, ma mère m'a embarquée en voiture pendant un long, long... LONG moment. En voiture, elle parlait de tout : de sa maison, de la vue sur la mer, du fait que personne ne remarque qu'elle fasse tellement d'efforts pour décorer joliement la baraque... Moi je restais là, à l'écouter, mais pendant que je hochais la tête en faisant semblant de l'approuver, j'ai commencé à penser à bien des choses.

Mes premières pensées furent pour mon rêve.

Un voyage en bateau à voile pour commémorer la mort de David... C'est à la fois très poétique et très triste... Je me suis rappelée que dans ma série culte des livres de Tolkien, lorsqu'arrive l'ère des hommes, les elfes quittent la terre.... en bateau, vers l'océan...

Puis... je me suis demandée si j'étais si grosse que ça... Je sais que ça peut sembler puéril et superficiel et qu'il y a plus important comme considération existencielle, mais... Quand quelqu'un qui vous aime ( genre votre mère ) vous dit à tout bout de champ que vous êtes gros, donc moche, ... vous pouvez développer tous les trésors d'imagination que vous voulez, fatalement, à un moment ou à un autre, l'image de vous-même dans la glace finira par refléter ce que vous dit cette personne : votre regard sur vous-même va se déformer, et vous vous verrez REELEMENT gros.

( Théorie modulable pour toute autre partie du corps, exemple : si on vous dit souvent que vous avez un gros nez, au prochain regard dans la glace, vous aller vous poser des question )

Bref, j'ai commencé à me poser beaucoup de questions sur moi-même, et j'ai commencé à me sentir fatiguée.

Très fatiguée.

Tellement fatiguée, que j'ai senti mes yeux se fermer et ma tête se poser contre la vitre de la voiture. Je ne me suis pas endormie, mais impossible pour mon corps de bouger d'avantage.... J'étais tellement épuisée...

Mes yeux étaient remplis d'image de bateau et de moi, avec un ventre faisant des kilomètes de diamètre, et je me sentais pas bien.

A notre retour, j'ai enfin pu diner, mais je me suis posée beaucoup de questions.

Est-ce-que la beauté de quelqu'un est uniquement en fonction de son poids ? N'y a-t-il pas tellement de choses qui nous définissent, autres qu'un brushing et un petit cul moulé dans un Levis 501 ? Je sais bien que la réponse est non, mais alors pourquoi est-ce que je me regarde ainsi dans le miroir ?

Pourquoi est ce que soudainement, tout aliment me fait penser à ce que je vais avoir sur les hanches ?

Aujourd'hui je le sais : je ne vais pas pouvoir manger.

Ivresse

1 septembre 2007 à 1h49

J'ai un jour écrit un poéme.

Il rime pas.
Il est complètement irrégulier.
Il est complètement imparfait.

Mais il est définitivement fini.

J'ai choisi chaque mot.
Je vous le fait partager.

IVRESSE

Ce soir, même les étoiles s'endorment avant nous
Et la lune nous borde depuis sa voûte éthérée
Je me gave de nos excès d'ivresse
Entre les draps et ton corps
Tu m'as réservé un emplacement de choix
Avec vue sur ton coeur

La lune se fait la malle et je me ris de cette belle
C'est pas tous les jours qu'elle voit le soleil
Mais mon sourire s'envole avec elle
Sentant la rosée tomber, perles sur mes joues
Et voyant les couleurs du matin tacher l'horizon

J'ai beau congédier l'astre diurne à peine naissant
Il devient damoclès dans ces cieux azurés
Sous lesquels nous n'existons pas
Les perles et les coeurs volent alors en éclats
Et les rayons purs nous ôtent l'ivresse
Bientôt nous n'existerons plus

Les draps sont déjà froids
Et ton corps, une fois lavé de l'ivresse
Ira se parer des odeurs étrangères
Nous nous séparons alors mon amour
Avec nos plus belles parures de cicatrices
Comme autant de miroirs menteurs

Et j'attends toujours que la ronde sotte
Dans ses beaux habits d'argent
Revienne de son orbe monotone
Constater que nous sommes encore éveillés

Cette fois, pleurons ensemble la mort de la nuit
Et la beauté des couleurs impressionnistes tachant le ciel du matin
Tant que le soleil ne se pare pas d'outremer
Il ne saura rien de nos cicatrices
Dormons le temps du règne de cet inconscient
Et attendons encore la nuit
Pour goûter du bout des draps

... De cette même ivresse...

Rebelote

15 septembre 2007 à 4h12

Me revoilà, ce soir, enfin seule devant mon clavier, à me demander par quel bout commencer. Dans ma tête se bousculent une énorme masse de sentiments et de mots, et comme souvent, je ne sais pas par où commencer...

Je voulais parler de tellement de choses.... Je voulais depuis longtemps parler de ma famille, et d'évènements récents, et je voulais aussi parler d'un de mes cauchemars d'il y a quelques jours, car sa violence m'avais beaucoup choquée. Par où commencer ?

Je pense que je vais commencer par le plus court. Oui, j'avoue que c'est aussi le bas de la liste que je viens de dresser, mais je suis perdue avec mes sentiments, la violence qu'il y a constamment dans mon coeur, et qui hurle dans mes rêves. Je commencerai avec mon cauchemar.

__La violence sucrée de l'imaginaire console tant bien que mal de la violence amère du réel.

	Roland Topor__

Je reste sans voix devant l'évidence de la citation de cet homme qui doit être remarquable mais dont je ne sais strictement rien. Et à quel point sa citation sonne familièrement dans ma tête.

Mon rêve ne se passait pas à notre époque, mais il y a environ 50 ans. J'étais dans la maison de mon père. C'était bien sur une maison imaginaire puisque je n'ai jamais mis les pieds dans la véritable maison de mon père. Il y avait ma grande soeur avec moi dans la maison, et au lieu d'avoir un petit frère, j'avais une petite soeur qui devait avoir 8 ou 9 ans maximum. Je vois ma soeur entrer dans la maison de mon père avec ses cheveux bouclés. Je me souviens surtout de ses cheveux blonds-roux, bouclés, et courts comme dans mon enfance quand elle s'occupait de moi.

Je la vois entrer dans cette maison. Je sais que ma toute petite soeur est déjà dedans, surement en train de jouer sagement avec un de ses jouets.

Et là je sais.

J'entends les hurlements familiers. Puis d'autres plus aigus. Je ne me rappelle pas les détails. Je me souviens juste de la chevelure bouclée et courte sur le sol. Je me rend alors à l'évidence : je n'ai plus de soeur. Plus aucune soeur. Mon père s'est déjà occupé de raccourcir leurs existences. D'un coup, je suis à l'intérieur de la maison, et j'ai à nouveau 7 ans. Je vois mon père dans l'encadrement de la porte qui soit être celle du salon, les cheveux en bataille, l'oeil fou, dans un état que je connais aussi : incontrôlable. En fond, mes deux soeurs allongées sur le sol sur le ventre. Inertes... Mortes.

Il tombe soudainement sur le sol, assis. Il est sur une térasse. Je m'approche, il hurle. Ses yeux bleus sont devenus presque blancs. Il me hurle de ne pas m'approcher de lui. Il ramasse une branche démesurément longue et cassée qui était sur le sol de la térasse dans laquelle il vient de se prendre les pieds. Il sort un couteau de sa poche, et coupe les petites branches, et se sert de cette branche unique comme d'un fouet. Et la nouvelle cible, c'est moi.

Je suis de plus en plus petite, mon père devient de plus en plus grand. Il n'y a plus de portes à cette térasse, plus aucun échappatoire, plus d'endroits où fuir, aucun meuble pour me cacher, me protéger. Mon dos est lacéré, et je hurle de peur. Je recule pour éviter le fouet. Et mon père avance. Avance, avance. Il me tuera. Et je hurle moi aussi maintenant. Comme mes soeurs. "Je t'en prie !! Ne me tue pas ! A l'aide !!"

Dans mon lit, j'ai été réveillée par mes propres hurlements, et des larmes coulaient encore sur mes joues. J'avais mal des blessures infligées dans mon rêve.

Mon père à détruit pendant 10 ans mon enfance et mon adolescence. Ajourd'hui encore, à cause de sa lacheté, il tue aussi mes putains de rêves.

Des jours comme ça

17 septembre 2007 à 23h45

Il y en a des jours, où rien ne vient. On a envie d'écrire, on a envie de partager, ou tout bonnement de réfléchir.

Mais je suis juste épuisée.

Assez épuisée pour ne plus arriver à penser.

Je ne sais plus quand j'ai pu dormir plus de 5 heures d'affilée : quand les cours et mon travail ne tronquent pas mes nuits, mes cauchemars s'en occupent.

Autre chose

24 septembre 2007 à 0h23

J'ai vécu ma première semaine de cours.

Il s'est passé des choses... plutôt inattendues. Non, non, je ne me suis pas trouvée des milliers de copines, j'imagine déjà le petit sourire narquois sur vos lèvres, pensant déjà que j'avais mal jugé ma situation, en faisant la caliméro type "oh personne ne m'aime".

Disons que moi qui pensais me faire huer à mon retour, je me suis heurtée à une petite politesse teintée d'une indifférence rassurante. Au début, je me suis dit que l'indifférence me ferait d bien, et que je ne fais pas mes études pour me faire des amis, mais pour apprendre.

Mais des fois.... je sens comme un grand vide. Du coup, je redouble d'efforts en cours pour travailler, m'occuper l'esprit. Mais quand j'ai besoin de prendre quelques minutes parceque j'ai mal au dos, ou que j'ai les yeux usés et qu'il faut que je me détende, je déhambule dans notre classe de 38 personnes, et je me rend compte que j'ai rien à dire à personne. Ma seule chance de briller : être la mailleure, et là, après avoir raté mon dernier trimestre l'an passé pour mon opération et mes problèmes de santé, je dois avouer que je fais déjà en sorte juste de me remettre en jambe, et au niveau.

Alors des fois... je reste juste là, assise, et j'observe. Des fois je voudrai boucher mes oreilles pour ne pas les entendre. Les entendre discuter, rire, partager. Je me demande alors ce que j'ai de moins qu'eux, ou en quoi je suis si différente. Pourquoi est-ce que je fais peur, pourquoi on s'éloigne de moi, comme si je sentais mauvais.

Pour vous expliquer un peu mieux, je vais vous compter mon emploi du temps.

Ma journée ressemble à ça : je prends le bus, je mets 25 minutes ne moyenne pour arriver en cours. Je suis toujours en avance, mais comme je ne connais personne, le matin, j'attends le dernier moment pour entrer en cours et je passe le temps au jardin de Strasbourg, un parc pour enfants en face de l'école privée, à lire un bouquin. En ce moment, c'est la vie de Ramsès II.

En cours, nos places sont assignées. J'ai été casée en bout de classe, avec 2 voisines : deux filles très timides qui ne parlent jamais. Du coup, je reste très discrète. Autant dire qu'à part bonjour de loin, c'est tout pour la matinée. Au déjeuner, quand je n'ai pas prévu mon repas par avance, je marche jusqu'à ATAC, et je vais m'acheter un sandwich club et.... je vais le manger ... dans le parc de Strasbourg ( encore ), seule, face à l'école, durant 1h15. L'après-midi ressemble au matin, et ensuite je rentre chez moi.

Je sais que des fois, quand je déjeune seule, je peux goûter à ds moments agréables, quand il fait beau, les arbres sont encors verts, et je reste en tête à tête avec Ramsès II. Je sens alors en moi une grande mélancolie. Une pesanteur dans mon coeur, qui me suis tout l'après-midi. Je me sens alors bien, et je me dit que je voudrai dormir, et que le temps ne reprenne jamais son cours. Je voudrai faire une sieste et qu'elle dure pour toujours.

En rentrant en cours, je me dis que je me sens tellement seule... tellement seule... Que je me repens des fois de dire que je révendique ma solitude et qu'elle me convient. En fait, j'attend que la journée se finisse. J'ingurgite mes cours et je tache de travailler.

Mais souvent, je pleure dans mon lit la nuit. Je me dis alors que beaucoup de gens passent leur vie à rechercher l'amour.

Moi je cherche autre chose.

Quelque chose de franc et de sincère. Je l'ai heureusement trouvé chez quelques personnes auxquelle je tiens énormément. Mais ici, à 300 km d'eux....

C'est devenu beaucoup plus dur...

Je Suis Un Homme

24 septembre 2007 à 1h26

Je mets ici les paroles d'une chanson qui m'a.... confortée dans mes idées.

Sur l'homme.

http://fr.youtube.com/watch?v=DcBIX6ptLmY

Je suis un Homme

Je suis un homme de Cro-Magnon
Je suis un singe ou un poisson
Sur la Terre en toute saison
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.

Je suis un seul puis des millions
Je suis un homme au coeur de lion
A la guerre en toute saison
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.

Je suis un homme plein d'ambition
Belle voiture et belle maison
Dans la chambre ou dans le salon
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.

Je fais l'amour et la révolution
Je fais le tour de la question
J'avance, avance à reculons
Et je tourne en rond, je tourne en rond.

Tu vois, j'suis pas un homme,
Je suis le roi de l'illusion
Au fond, qu'on me pardonne
Je suis le roi, le roi des cons.

Je fais le monde à ma façon
Coulé dans l'or et le béton
Corps en cage, jeté en prison
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.

Assis devant ma télévision
Je suis de l'homme, la négation
Pur produit de consommation
Oui, mon compte est bon
Mon compte est bon.

Tu vois, j' suis pas un homme,
Je suis le roi de l'illusion
Au fond, qu'on me pardonne
Je suis le roi, le roi des cons.

C'est moi, le maître du feu,
Le maître du jeu, le maître du monde
Et vois ce que j'en ai fait,
Une Terre glacée, une Terre brûlée,
La Terre des hommes que les hommes abandonnent.

Je suis un homme au pied du mur
Comme une erreur de la nature
Sur la Terre sans d'autres raisons
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.

Je suis un homme et je mesure
Toute l'horreur de ma nature
Pour ma peine, ma punition,
Moi je tourne en rond, je tourne en rond

Je suis un homme et je mesure
Toute l'horreur de ma nature
Pour ma peine, ma punition,
Moi je tourne en rond, je tourne en rond

Moi je tourne en rond, je tourne en rond

Un Monde.... blanc

7 mars 2008 à 5h06

J'ai été absente. Longtemps. Je n'ai pas écrit depuis Septembre ... pour une raison qui m'est inconnue de moi même. Il s'est passé beaucoup de choses. Pour une fois... je ne sais pas par où commencer.

D'habitude, quand j'écris, j'essaie de trouver un fil conducteur. Retrouver mes idées, faire le vide, faire le tri, remettre de l'ordre là dedans. Mais finalement, l'introspection s'avère plus compliquée que prévu. Ca a toujours l'air si facile quand ils en parlent à la télé...

Depuis septembre... ma santé s'est plutôt détériorée. Malgré mon opération de cet été, au mois de Novembre, j'ai commencé à avoir très mal. Je sentais les plaques et les vis dans mon dos craquer et claquer. Le fait de marcher à commencé à m'arracher des hurlements.
Alors j'ai du reposer mes fesses dans un fauteuil roulant pendant 2 mois. Déjà, l'humiliation de devoir me remettre dedans était forte. Le fait de n'avoir que la pitié des gens, leur fausse gentillesse et leur hypocrisie... C'était pire...
"Les toilettes ? au fond du restaurant à droite"
"Vous voulez dire, en bas de l'escalier ?"

Je sais que je n'a pas à me plaindre : je marche moi au moins. Mais.... j'ai été très triste, à la fois en prenant à nouveau conscience de la difficulté pour les personnes handicapées moteur, mais aussi d'avoir le sentiment de ne pas avancer.
Le pire, ça a été lorsque mon école m'a refusé l'entrée de leurs portes parceque j'étais en fauteuil. Il n'y a pourtant aucune marche dans cet établissement. Ca faisait tache... hein... Une jeune fille en fauteuil roulant dans leur bel établissement....

Après, les béquilles. Je suis toujours dedans.

En cours, j'ai commencé à m'épuiser. Je m'endormais inexorablement avant 21h, parceque mon corps ne suivait pas le rythme. Du coup, tout travail personnel devenait impossible. Mais je me suis accrochée. Toute seule, avec 3 sacs sur le dos ( moi qui suis sensée ne rien porter ), en béquilles, pour aller en cours. Les ampoules sur les mains. Les profs qui ne se déplacent pas pour m'aider. Ceux qui me disent qu'ils me croyaient partie en vacances. Ceux qui m'ignorent. Et même celle qui fait de moi la fautive perpétuelle et qui me fout dehors pour n'importe quel motif.

J'ai commencé à m'épuiser. De plus ne plus. Et puis, les ennuis ont commencé avec la direction. J'ai été trop absente. On ne me rend plus mes travaux. On ne m'envoie plus mon bulletin scolaire. On me demande des justificatifs à tout bout de champ.

C'est devenu angoissant. Tellement que j'en ai perdu le sommeil. Tellement que moi qui adorait aller en cours, je n'y suis pas allée depuis 2 mois. ... A mon age.... J'ai vraiment honte de moi...

Je suis dans un monde flottant....

... vide...

... et tout blanc...

On m'a demandé....

22 décembre 2008 à 8h50

On m'a demandé d'écrire encore. Sur le forum de ce modeste journal, mais pas que.

Et... je dois avouer que j'en ressens le besoin.

Donc...

Je vais me remettre à écrire. Doucement. Surement. De moi. De ma petite vie au milieu de toutes les autres en espérant.... en espérant je ne sais pas quoi exactement.

Comme dit l'autre, l'avenir nous le dira.

Je remercie en tous cas, tous ceux qui m'ont lue, qui m'ont encouragée à continuer à écrire, continuer à avancer, continuer à vivre.

Je recommence.

7 janvier 2009 à 3h02

Il est dangereux de se laisser aller à la volupté des larmes ; elle ôte le courage et même la volonté de guérir.

Henri-Frédéric Amiel

Je dois avouer que j'ai eu des réticences à écrire à nouveau. Tant de choses sont arrivées et qui ont radicalement changé ma vie, que j'ai vraiment du mal à réfléchir à ce que j'allais bien pouvoir écrire, par quel bout commencer et comment, sans cracher un pavé compact et incompréhensible.

J'ai donc tenté de diviser ça en divers chapitres ( mon dieu, que ce nom est pompeux... ), dont voici la seule ligne directive qui fut la mienne : je faisais mes études et vivais à Tours. Aujourd'hui, je vis et travaille à Paris.

Comment passer de l'un à l'autre, sorte de voyage initiatique, mais pas vraiment du type des héros de contes de fées. Ou l'art de tout perdre et tenter de tout reconstruire avec ce qui reste encore de moi. Pour me prouver...
Me prouver quoi ? Que j'existe je pense.

Pour ne pas mourir.

Comme toujours dans ces cas de chute, tout va très vite. Si vite qu'on ne comprend pas ce qui nous arrive. On à a peine le temps de s'arrêter qu'on est déjà sous l'eau. On relève la tête pour respirer et voilà qu'on a tout perdu.

Alors pour ne pas donner raison au distingué auteur que j'ai cité plus haut, je vais avancer, sécher ces larmes qui semblent être inépuisables et écrire pour raconter. Tenter de guérir.