Mon histoire commencera donc aujourd'hui. Pourquoi pas après tout ? Pourquoi ne pas commencer aujourd'hui, plutôt qu'hier ou le jour de ma naissance ? Non, après tout, mon histoire va commencer un mercredi, le 8 juillet 2009, jour parmi tant d'autres de mon existence, le lendemain de mon retour de vacances et une journée typique de mon existence, modelée par des "à faire" que je ne fais pas, des "indispensable" dont je me dispense et des rendez-vous que je serai tenue de tenir.
Aujourd'hui, donc, je me suis réveillée très tôt, à 6 heures me semble-t-il, pour faire lever mon amoureux pour qu'il aille travailler. Ne pensez pas qu'il était important pour lui qu'il y aille, non, il n'a pas d'horaire. Simplement, j'avais froid et fortement envie de réquisitionner notre petite couverture, que j'avais gentiment disposée sur ses épaules hier soir, pour qu'il n'ait pas froid. Là, ayant froid, j'ai voulu récupérer une source de chaleur. Finalement, désemparée qu'il reste au lit, je me suis collée contre lui pour partager ces quelques centimètres de plus, et me suis rendormie paisiblement, ainsi que je le fais chaque matin, une fois la sensation de froid calmée.
7 heures 20. Je m'éveille de nouveau, mon amoureux toujours dans mes bras. Cette fois, je râle franchement. Finalement, il se lève, je me rendors quelques secondes ou minutes, couverture entièrement réquisitionnée, et me réveille de nouveau en ayant tout de même froid. Je m'enroule, me mets en boule, rien à faire, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid. Je soupire et sors du lit, enfile des dessous sexy et un survêtement trop grand pour moi, et tout droit sorti, pour la petite histoire, d'une poubelle. Récupéré par mon père, qui est agent de propreté dans une collectivité urbaine, le survêt' a été lavé par ma mère, observé sous toutes les coutures, avant d'atterrir dans mon placard. Depuis, il a obtenu le titre honorifique de Vêtement de l'Ordre Ménager. Traduction : je m'en sers pour traîner chez moi, et chez nous depuis que j'ai commencé à ramener des frusques chez mon amoureux.
Revenons à notre histoire. En dessous en dentelle et survêt' sorti d'une poubelle, et après un commentaire ironique de mon amoureux sur cette tenue pour le moins surprenante, je suis allée me faire un café. J'ai pu à cette occasion noter que la cafetière n'avait pas bougé de la table depuis la dernière fois que je m'en étais servie, voilà 10 jours, et qu'un peu de moisi s'était formé dans son fond et sur le filtre plein de café usagé que j'avais laissé dans la cafetière. Miam ! J'ai donc tout nettoyé, rincé, et ai enfin pu, pendant que mon amoureux se lavait dans un bain bouillant, lancer la cafetière. Non, en fait, je n'ai pas lancé la cafetière, j'ai enclenché le bouton de la cafetière pour que l'eau chauffe et se gorge peu à peu de café, avant de tomber, goutte après goutte, dans le réceptacle prévu à cette fin. Pendant ce temps, je suis allée regarder quels programmes mirifiques me seraient proposés pour ce début de matinée, dans le petit écran. J'avoue avoir une certain prédilection pour les programmes des mercredis matins, et des matins de vacances scolaires. Mon programme préféré, c'est Tfou, vers 9 heures 40, quand passe "Totally Spies". Là, je craque compiètement. C'est gamin, mais bon. D'ailleurs, dans 14 jours précisément, je me précipiterai telle une furie dans les salles obscures, car sortira le premier long métrages des TS, et je suis raide dingue de ce dessin animé.
Où en étais-je ? Ah oui, mon café. Je me suis donc servi une mug de café, avant d'aller retrouver mon amoureux de l'autre côté du couloir pour l'aider à sortir de la baignoire et, au moins, pour poser délicatement une grande serviette éponge sur ses frêles épaules. Dieu que j'aime le materner ! Cela me rend toute chose. Il râle, mais au fond je sais bien qu'il apprécie, même si cela l'énerve un peu que je sois tout le temps sur son dos à le chouchouter, lui qui se réclame de la plus grande indépendance. Je l'ai ensuite laissé s'habiller, tout en prenant soin de me lover autour de lui quand il a enfilé son pantalon. Et allons-y que je ronronne...! Ceci fait, je lui ai proposé, comme tous les matins, un chocolat chaud, mon rôle se limitant à remplir une autre mug que la mienne de lait, et à la placer dans le micro-onde pendant 1 minute et 20 ou 30 secondes, selon mon humeur du jour. Nous avons, pendant que lui buvait son café, et que je sirotais mon chocolat... heu, l'inverse !! Nous avons donc convenu, pendant qu'il engloutissait son chocolat et que je sirotais mon café, que je me chargerais de calculs relatifs à ma vie professionnelle. Très clairement, il fallait que je calcule ce que je réclamerais puisque je compte me virer moi-même. Non, pas démissionner, me licencier. Non, pas être licenciée, me licencier moi-même.
Je me suis donc installée devant la télévision, avec mes fiches de paie d'un côté, la convention collective ouverte sur l'écran de mon ordinateur portable, et un tas de feuilles sur les genoux. Prêt ? Feu ? Partez ! J'ai fait des additions, des soustractions, des proratisations à tout-va. J'ai réfléchi, rassemblé les chiffres, additionné mes heures de nuit, été choquée d'un bon nombre de dispositions inappliquées. J'ai noté les chiffres, posé des virgules, fait des plus, des mois, des fois, des égal à... Une page par mois, multiplié par autant de mois que j'ai cet emploi, c'est-à-dire depuis le 18 novembre 2007. Comptez. Et, à midi, quand mon amoureux m'a appelée pour que nous mangions ensemble, je venais de finir. Il m'attendait déjà sur une terrasse, à l'ombre d'un arbre. J'ai enlevé mon survêtement, l'ai échangé contre une tenue plus urbaine, et suis arrivée aussi vite que j'ai pu. Avec lui, j'ai enfin pu additionner mes mois. 300 euros deci, 800 euros delà... Au total, j'en avais, indemnités supplémentaires comprises, pour, heu... 11 600 euros et des brouettes. Alors que mon amoureux m'avait calculé 19 mille euros, à la louche. Bon, vu la différence, il en a conclu que j'avais mal compté. Bouh hou hou...
Ma journée s'arrêta donc à 12 heures 30. Pour le reste, je ne vous raconterai pas. De toute façon, je suis déjà en retard pour la fin de ma journée.