"Aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie..."

Il me reste quinze jours. Quinze jours pour profiter du boulot que j'aime et pour lequel je me suis battue adolescente. Quinze jours pour profiter de cette ambiance de travail que je n'ai su trouver nulle part ailleurs et de mes collègues devenus amis au fil des ans. Quinze jours et je serai rattrapée par mon destin...

Je me sens triste et désabusée. Pourtant je sais depuis toujours que cela arriverai. Je sais depuis toujours que je ne suis née que pour poursuivre l'oeuvre de mes parents, que je ne peux refuser. Et, paradoxalement, c'est une chance et une fierté. Tout cela est si compliqué...

Bref. J'ai 28 ans, je suis en couple avec ma femme depuis près de 8 ans. On a une maison, une moto, un chien et un chat. Et aussi un avenir prometteur. A bien y regarder, il ne me manque rien. Et pourtant...

Ecrire devrait, je l'espère m'aider à aller mieux. Je suis introvertie, je parle peux et ne me confie pas. Je ne sais pour quelle étrange raison, je me suis coupée de mes meilleurs amis, ceux qui pourraient se soucier de moi. Alors, pour ne pas devenir folle, je compte un petit peu sur ce journal. Juste un peu...

Ca y est, demain je bosse un peu. Après plus d'une semaine sans rien faire... Il était temps. Non seulement je perds pas mal de ronds, mais en plus, je m'ennuie mortellement ! Je rouille en buvant café sur café et fumant joint sur joint. Le canapé a l'empreinte de mon postérieur tellement je n'en ai pas bougé depuis des jours ! Je suis juste sortie 2 minutes m'acheter des clopes tout à l'heure, par obligation...

Bon, alors demain je travaille. Et jeudi aussi j'espère. Quant à vendredi, je me fais opérer chez ma dermato, donc pas de boulot. J'ai jamais vu ça, je dois aller chercher mes compresses et mes sutures à la pharmacie avant l'opération ! Tout le monde fait des économies...

J'ai hâte d'être à demain. J'ai déjà préparé toutes mes affaires ! Ce monde me manque au bout de quelques jours, dire que le 28 prochain sera mon dernier jour m'angoisse quelques peu.
Bien sûr, l'entreprise familiale est toute ma vie, j'y suis née, y ai grandi et murie, bien sûr je connais ça par coeur et j'y trouverai (je l'espère !) mon équilibre, mais ce n'est pas ma passion ! Depuis 8 ans que je fais mon boulot, pas une fois je ne l'ai fait par dépit. Jamais je n'ai eu à me lever en regrettant ce choix, malgrès tout ce que j'ai traversé, même dans les moments hyper difficiles...

Alors vivement demain ! La nuit risque d'être interminable !

Comme cela fait du bien de travailler ! J'ai fait 10 heures sans même m'en apercevoir ! Une journée utile, une journée active. Et demain, même chose. Au moins, je dormirai bien mieux cette nuit que les précédentes. J'suis claquée, de la bonne fatigue. J'ai fait près de 500 kms, dans mon élément, comme un poisson dans l'eau...

Maintenant, j'suis posée, tranquille. J'attends que le temps passe avant d'aller me coucher.
Ca me fait bizarre d'être seule dans notre grand lit, je n'en ai pas l'habitude. En même temps, c'est aussi assez agréable de me retrouver un peu, chez moi. Je ne fais rien de plus que ma femme est là, mais la grande solitaire que je suis apprécie...

J'vais aller me faire un petit café, faire de gros câlins à mes animaux et rejoindre les bras de Morphée.

La journée avait plutôt pas mal commencée. On a pris le taf à 05h45 avec mon collègue. Cela fait deux jours qu'on tourne ensemble, qu'on se suit.
On a vidé notre premier tour dans les temps, même avec une certaine avance. On s'est arrêté faire le plein et boire un jus, satisfaits.

En repartant, on se retrouve dans les bouchons quotidiens. Et là, tout dérape.
Un mec en voiture force le passage à mon collègue. Evidemment, le ton monte, ils commencent à s'embrouiller. D'un coup, mon collègue pose le camion, descend, et va mettre 2 grands coups de pied dans la voiture. Puis il remonte derrière son volant, réussi à doubler le gars, enclenche la marche arrière et fait mine de reculer dans la voiture du gars.
Hallucinée, j'arrive à l'arrêter à temps puis à le calmer en lui parlant à la CB. Finalement, on sort des bouchons. Quelques kilomètres plus loin, la voiture le redouble pour noter son immatriculation (normal...).
Puis on retombe dans une nouvelle zone de bouchons. On était encore coincés lorsque 2 fourgons de police arrivent toutes sirènes hurlantes et interceptent mon collègue et me font signe de le dépasser. Ensuite je les vois l'escorter, une voiture devant et un derrière. Et là, je me dis qu'il va manger sévère...
Au final, quelques heures et miracles plus tard, le conducteur de l'auto ne porte pas plainte. Mon collègue s'en sort avec un arrangement à l'amiable (les réparations pour sa pomme) et 2 PV à 11 euros et 2 PV à 35 euros.
Je comprend que l'on puisse péter les plombs par moments. Je ne juge pas, ça m'est arrivé bien des fois. Ceci dit, je n'excuse pas non plus. J'essaie de prôner le contrôle de soi, pour autant que l'on puisse... Et j'espère que cette mésaventure lui servira de leçon, qu'il sera un peu moins impulsif et qu'il gardera ses pieds sur les pédales du camion !

Bref, voilà l'aventure. Quant à moi, la journée s'est bien passée, j'ai bien géré mes heures. J'ai pas mal passé de temps au téléphone afin de prendre des nouvelles de mon collègue. Ca aurait pu être bien pire pour lui !

Maintenant, c'est parti pour un long week-end. J'suis dégoutée de ne pas bosser demain à cause de mon rendez-vous ni lundi étant donné que c'est férié. Mais bon, faut bien faire avec...

Hier, en me levant, il y avait de la neige. C'était sympa ! J'avais rdv chez ma dermato pour mes petites interventions. 2 points à l'aisselle droite et 2 dans le bas du dos. J'ai l'habitude, c'est récurent. Je commence à être balafrée de partout !
Ensuite, je suis passée rapidement chez mes parents boire un jus. Ils sont excités comme des gamins à l'idée que, dans une semaine, je vienne travailler avec eux.

En rentrant, j'étais morte. J'ai pouillé devant la télé, à moitié endormie. J'ai attendu l'heure de bouger chercher du shit. Vers 17h30, j'ai pris mon cabot et nous sommes allés chez ma belle-mère. Elle était contente de me voir, et avait préparé à diner.
Mon p'tit beau- frère, 3 ans et demi, était un peu déçu que je ne joue pas avec lui. Habituellement, j'suis la première à me rouler par terre avec lui et à faire la bagarre ! Mais là, avec les points, ce n'est pas trop conseillé. Depuis cette semaine, sa nounou le ramène à l'école l'après-midi. Ma femme est partie et, d'habitude, c'est elle qui s'en occupe, elle le récupère à 11h30 et le garde jusqu'à ce que sa mère finisse le taf. Ca lui limite les frais de garde. Et, tous les mardis soirs, il dort à la maison pour ne pas le lever trop tôt le lendemain, comme il n'y a pas d'école.

Ma belle-soeur, 17 ans, est rentrée de son taf, sans son copain pour une fois ! Elle est en apprentissage de coiffure et ça a l'air de lui plaire, elle travaille bien. C'est une bonne chose, car, jusqu'à présent, rien ne l'intéressait et elle ne faisait aucun effort. Peut-être a-t-elle trouvé sa voie...?
On a bien mangé, on a passé une bonne soirée. J'ai fait mon aller-retour vite fait chez mon fournisseur. J'ai laissé son bout à ma belle-mère, on a bu un dernier café, fumé un dernier joint et je suis rentrée.
Je n'ai pas fait long feu, j'étais fatiguée et mes points me tiraillaient légèrement.

Aujourd'hui, je me suis réveillée à 12h. Je n'ai rien fait de l'après-midi, passant de l'ordi à la télé et inversement. Une journée de repos et de tranquillité, je n'ai même pas répondu aux quelques coups de fil. Hormis ceux de ma femme évidemment...
Envie de ne rien faire, de ne pas être dérangée. Comme souvent ! J'en profite car d'ici très peu de temps, mon rythme de vie va complètement changer et je ne pourrais plus faire ça.
Moi qui suis casanière et solitaire, je vais passer mes journées à courir et à répondre aux attentes des clients. Lorsque je cumulais mes deux boulots, je trouvais ma soupape de sécurité derrière mon volant, à dévorer les kilomètres... Maintenant, je ne sais pas comment ça va se passer. Peut-être que mon salut passera par ce journal...

Hier, pour le repas de ce dimanche de Pâques, je suis allée manger chez mes parents. Une tante et un oncle étaient là. Comme oeuf de Pâques, j'ai eu le droit a un énorme Toblerone !
Ensuite, je suis allée un peu chez ma belle-mère. C'était un dimanche de tapisserie pour eux. Même Titou "faisait du boulot" selon ses propres dires ! On a bu le café, je suis restée un petit moment puis suis rentrée tranquille. Rien de particulier.

Aujourd'hui, c'était tout blanc à mon réveil. Il y avait bien 5 cms de neige fraîche. Ca a continué de tomber jusqu'aux environs de midi. Et Puis tout a fondu aussi vite que c'est arrivé, dégoutée !
J'ai fait quelques bricoles du genre lessive et j'ai préparé toutes mes affaires pour le boulot demain. Ma dernière semaine... Je vais avoir droit à un pot de départ...
Bref, voilà, rien de passionnant pour ce week-end passé. La semaine à suivre devrait être plus sympa, du moins je l'espère fortement.

Je n'ai pas beaucoup bossé aujourd'hui. Le client avait loué 3 camions. Résultat : à 10h on avait fini le boulot. Il était vert ! Evidemment, il ne voulait pas nous laisser partir, vu qu'il nous avait loué pour 8 heures ! A 13h30, j'ai un peu vrillé, je lui ai dit que s'il n'avait pas de travail, il n'avait qu'à nous laisser rentrer. Je lui ai dit que ça lui servirait de leçon pour la prochaine fois ! Après tout, il n'a qu'à bien gérer ses chantiers. C'est aussi en faisait des erreurs qu'on apprend...

Demain, pas de boulot. J'finis vendredi et je n'aurais même pas bossé tous les jours. Dégoutée... Du coup, j'vais pouvoir arranger ma belle-mère et faire du baby-sitting !
Tout à l'heure, mon patron m'a dit pour plaisanter qu'il refusait ma démission. Il a tout fait pour me garder le plus longtemps possible et, inversement, j'ai tout fait pour y rester au maximum. Il est blasé et moi aussi... Le pot de départ sera vraiment une épreuve pour l'émotive que je suis...

Aujourd'hui, je n'ai encore pas bossé. J'en avais les larmes aux yeux tellement j'étais blasée... Heureusement, demain je travaille. Mon patron m'a appelé tout à l'heure, demain il a un empêchement, il ne sera pas là. Et comme il ne veut pas manquer mon pot de départ, il m'a demandé s'il pouvait le repousser à vendredi prochain. Ca me donnera une bonne raison pour retourner voir tout le monde !

J'ai profité du beau temps de cet après-midi pour sortir faire quelques courses. Puis aération maximum de la maison et ménage. Bref tout ce que je hais dans le même après-midi. Et, pour finir nettoyage du chien !
Ensuite, j'ai pris ma douche et j'ai changé mes pansements. J'ai préparé mes affaires pour mon ultime jour de travail (snif !). Il ne faut pas que j'oublie mon sac pour vider mes affaires. Il faut aussi que je démonte ma CB. Et, si je ne rentre pas trop tard, je laverai mon camion. Il n'est pas trop sale, mais j'aimerai bien que mon pote le récupère nickel. Ca me fait vraiment quelque chose de partir. Ces quatre dernières années de boulot étaient géniales, je ne les ai pas vu passer...

Ma petite femme rentre dimanche. Je suis contente, ça commence à me faire long. La maison est bien trop calme sans elle. Pour la chienne aussi, elle qui est toujours "dans nos pattes" attend couchée devant la porte. Il est vrai qu'elle n'a pas l'habitude non plus. L'année dernière, nous nous sommes séparées quelques mois. Je suis partie pour une autre. Je sais, c'est très mal et complètement stupide. Soit. Et bien la chienne était vraiment déstabilisée. Nous l'avons eu ensemble et avons toujours tout fait à deux, et avec la chienne. Je pense que ça a été aussi pénible pour elle que pour nous. Y'a que la minette qui s'en tape, du moment qu'elle a à manger et qu'elle puisse rentrer et sortir quand elle veut !

Aujourd'hui, j'ai été enveloppé d'un drôle de sentiment de flottement. Je n'arrivais pas tellement à réaliser que c'était mon dernier jour. En plus, je n'ai pas beaucoup roulé. Je n'ai fait qu'attendre. C'est ça de bosser pour des paysagistes ! J'ai eu largement le temps de ranger toutes mes affaires dans mon sac et démonter ma CB. J'ai eu vraiment beaucoup de mal à retenir mes larmes... Les collègues aussi avaient le visage plus ou moins fermé. Mais bon, j'y retourne lundi pour mon solde de tout compte et vendredi pour mon pot de départ.

Ce soir, j'ai mangé chez mon cousin et sa copine. Ils vont avoir très prochainement un p'tit bébé. Ils viennent juste d'emménager dans leur maison toute neuve. On a grandi ensemble mon cousin et moi. On était voisins. On a un an d'écart, fréquenté les mêmes écoles et on a fait les 400 coups quand on était gamins. On s'est rappelé quelques bons souvenirs, on a bien ri. Ca m'a changé les idées. Je lui ai montré 2 ou 3 bricoles sur l'ordi, bien que je sois loin d'être une pro. Mais il est encore moins doué que moi à ce niveau là.

Maintenant, je suis tranquille à la maison. J'attends le p'tit coup de fil de ma femme avant d'aller au lit. Dehors, il pleut, le temps est aussi maussade que mon moral. Je vais écouter les gouttes sur le Velux, allongée dans le noir, fumant un énième joint. Je vais laisser mon esprit divaguer, laissant le sommeil me surprendre et me mener (tranquillement j'espère) jusqu'à demain.

La journée fut longue aujourd'hui. Rien à faire, rien envie de faire. J'ai laissé les heures s'écouler lentement. Je n'ai cessé de penser à mon boulot, ou plus tôt mon ancien boulot. Fini la passion, la raison vient de prendre sa place. Serais-je à la hauteur des attentes de mes parents ? Serais-je assez forte physiquement ? Serais-je assez forte mentalement ? Trouverais-je mon équilibre ? Autant de questions angoissantes auxquelles je n'ai encore pas de réponses...

J'ai hâte que ma femme rentre enfin. J'ai besoin d'elle, de son soutien, de son amour inconditionnel. Même si je ne lui dit rien, elle me connait bien, elle sait toutes mes faiblesses. Pourtant, elle feint de les voir, m'idéalise toujours. Après tout ce que j'ai fait, tout ce que je lui ai fait. C'est sûrement grâce à elle que je suis encore là, que je n'ai pas totalement vrillé. Elle me pousse, me porte, me rassure. Je ne veux plus la décevoir. Je ne veux plus la voir dans l'état où elle était il y a un an jour pour jour. Plus jamais ça...

Bon, je vais avancer toutes mes pendules et essayer de dormir. Plus sereinement, pitié...

Ca y est, ma femme est rentrée dimanche soir. C'est cool, je suis contente. On a passé notre journée ensemble hier, tranquillement. Ca nous a fait du bien.

Aujourd'hui, j'ai attaqué mon "nouveau boulot". Ca s'est bien passé, mes parents ont été adorables et les repères sont bien là. Et je suis bien contente d'avoir acheté un VTT, car la marche, ça va bien 2 minutes !
Enfin, ça me change de ne plus avoir à me lever à 05h. Bon, je suis passée de mes 400 kms quotidiens à 2 kms. Et ça, ça me fait vraiment bizarre. Mais mes journées sont tellement chargées que je n'ai pas le temps d'y penser.

Ce soir, comme chaque mardis soir, Titou est là. Il nous met de l'ambiance celui-là ! 3 ans et demi, un vrai moulin à paroles branché sur le 220 V ! Mais c'est un amour, il est gentil.
Bon, je dois aller manger, je suis attendue !

Hier, j'étais claquée. On a bien bossé, on a fait tout ce qu'on voulait faire. On a commencé par nettoyer tout le local à poubelles ainsi que les poubelles au Karcher et à l'acide. Ca nous a pris la matinée. Ensuite, après manger, nous sommes descendues dans le talus en face de notre terrain. Les gens sont sales... Nous avons tout nettoyé, on a emmené une énorme remorque de détritus en tous genres à la déchetterie. Notre pauvre rivière en voit de toutes les couleurs... Enfin, nous avons ouvert et nettoyé les blocs sanitaires. Ils n'étaient pas trop sales car ma mère a trouvé un système pour les condamner l'hiver. Un bon coup d'acide et de désinfectant partout, un rinçage à grandes eaux et tout est prêt pour accueillir les clients, qui sont d'ores et déjà revenus, d'ailleurs.

Ce matin, c'était repos. J'en avais besoin... Ma mère allait à un enterrement. Un jeune de 25 ans, de la génération de ma frangine, avec lequel elle allait en classe. Suicide par pendaison... Comme le père de ma femme. Elle ne le connait pas, mais ça a réveillé en elle de bien tristes choses... Toute ma petite commune est secouée, il était bien connu, faisait parti des pompiers et de la fanfare. Pauvre p'tit gars, il devait être à bout...

Cet après-midi, nous allons souffler et ramasser les feuilles dans les allées. On ne devrait pas mettre trop longtemps, le plus gros a été fait à l'automne.

Je ne sens plus mes pieds ! Aujourd'hui, les clients ont afflué en masse. Il a fallu courir de partout pour les fusibles, réparer les fuites d'eau, répondre aux doléances de tous tout en gérant paiements et acomptes, inscriptions et coups de téléphone. Ma mère étant occupée à la mairie toute la journée, j'ai du assurer seule. Mon père était bien au soleil dans sa véranda, évitant soigneusement de montrer le bout de son nez. Il ne supporte plus trop le monde, et n'étant pas diplomate pour deux ronds, il a tendance à vite envoyer bouler les clients. Mais ils sont habitués pour la plupart !

Le calme revenant vers 17h, j'en ai profité pour faire les poubelles et nettoyer les sanitaires. Je viens à peine de finir ma journée, juste le temps d'une bonne douche chaude. Je devais aller aux 30 ans d'une copine, j'ai abandonné ma femme, y allant seule pour le coup, je suis trop cannée.

Hier soir, j'étais à mon pot de départ, avec ma femme et mon cabot. Ils nous ont gâté les affreux ! Ma femme a eu un énorme bouquet de fleurs pour la remercier (c'est elle qui m'a poussé à bosser là-bas) et moi j'ai eu droit à 400 euros de bons d'achat Décathlon ! Enorme ! Je vais faire un carnage ! Et une belle carte où chacun a mis sa griffe, son compliment, sa tristesse ou sa boutade. Sinon, beaucoup d'émotions. Mon boss avait les larmes aux yeux (moi aussi d'ailleurs). Il m'a encore dit combien il comptait me voir revenir l'hiver, qu'il y aurait toujours un camion pour moi. Et je ne vois pas ça autrement. Ils me manquent déjà, mon camion, la route et son indépendance me manquent déjà... Bien que mes journées soient bien chargées et qu'elles passent très vite, je pense que ça va m'être long jusqu'à ma prochaine "ballade" en camion. Extrêmement long...

Mon camion me manque !!! J'ai les pieds en feu et les jambes hyper lourdes. J'espère que je vais vite m'habituer. J'ai des journées bien remplies, avec des tâches plus ou moins ingrates, plus ou moins agréables. Mais incontestablement à faire. Et bosser sous la pluie est loin d'être idéal, surtout lorsqu'il ne fait pas chaud. L'avantage c'est que je fume beaucoup moins et, pour le coup, je fais de l'exercice !

Hier, j'étais comme une dingue. J'ai été dépensé mes bons d'achat. J'suis restée au moins trois heures dans le magasin. Je me suis vraiment fait plaisir, m'achetant plein de vêtements pour l'été. J'ai hésité mais j'ai renoncé au podomètre. A quoi bon, mes pieds savent...

Le temps ne se prête pas à travailler dehors. Cela ne nous arrange pas, cela va nous retarder. Alors, je bricole. J'ai remonté les batteries sur les tracteurs-tondeuses, j'ai fait quelques achats chez Gamm Vert et j'ai errer sur le terrain, profitant de cet tranquillité pour me griller quelques joints.

J'attends avec impatience mon MP3, qui doit arriver demain. Je n'arrive pas à m'habituer à travailler sans radio ou musique. Alors, j'ai investit. Je n'en avais pas, n'en ayant jamais réellement besoin. Avant, je passais de la voiture au camion et inversement. L'autoradio fonctionnait non-stop, même lorsque je faisais la sieste, les pieds sur le volant... Avant, quand j'avais des amis et une vie sociale. Avant, quand je faisais ce que j'aimais faire... Maintenant, je fais bonne figure. C'est de mon devoir de l'accepter, alors ce n'est pas utile d'y mettre de la mauvaise volonté. Je n'ai juste plus personne pour me sortir un peu du camping. Plus que mes parents, chez qui je travaille et je mange tous les midis, et ma femme que je retrouve chaque soir chez nous. Moi qui m'étais promis de ne jamais vivre comme ma mère, je suis mal barrée. Bon allez, je ne vais pas pleurer sur mon sort, après tout, je n'avais qu'à être plus courageuse et décider de vivre ma vie, et non pas celle que l'on m'a imposé. Je n'avais qu'à penser qu'à moi et m'assoir sur les valeurs sentimentales et familiales. Désormais, il faut que j'assume et que j'assure. Il me faut répondre présente aux attentes et donner satisfaction à chacun. Tout en essayer de ne pas trop me renfermer plus que je ne le suis déjà. Et que je tente de ne plus ressasser ce passé désormais révolu, cette vie passionnée qui m'a fait me sentir vivante et épanouie durant toutes ces années. On verra bien comment je résiste à cela à tout cela. Et surtout combien de temps ?

Ca faisait longtemps ! La pleine saison commence pour moi, avec les deux grands ponts qui se profilent. Il me fallait donc mettre les bouchées doubles pour la satisfaction des clients. Et avec le temps que l'on a eu, ça ne m'a pas aidé ! Enfin, tout est quasi fini. Il ne restera plus qu'à fleurir en temps voulu et à nettoyer la piscine au Karcher en prévision des chaudes journées. Le démarrage de la saison est toujours une grosse affaire. Ensuite, ce ne sera que l'entretien régulier.

En attendant, je suis claquée, comme d'hab. J'ai un mal de tronche incroyable ce soir, comme ça ne m'était pas arrivé depuis un moment. J'en suis à 4 cachets de paracétamol 1000 et ça n'est pas passé. Je vais en reprendre un, prendre une bonne douche et m'allonger au calme, et attendre que cela passe...

On a bien travaillé ce week-end. Le temps était de la partie et avec la farfouille de dimanche, il y a eu du monde. Trop de monde... Ma première tâche d'aujourd'hui a été de déboucher des égouts. Les mains dans la m., même avec des gants, c'est jamais plaisant. Et sous la pluie pour couronner le tout.

Heureusement, demain est mon jour de congé hebdomadaire. Si le temps est le même qu'aujourd'hui, ça sera grasse mat' et pouille sur la canapé. Un bon jour de repos quoi ! Maintenant, c'est le moment de la bonne douche. Ensuite, un bon café bien chaud et un petit joint. Et je me laisse aller sur le fauteuil en écoutant la pluie sur le Velux. J'adore ça, étrangement, ça m'apaise. J'aurais aimé aussi un gros orage qui claque bien, mais on ne peux pas tout avoir...

Ca y est, mémé nous a quitté. Même si on savait qu'elle était malade et fragile, ça nous a fait un coup quand même. On s'est tous réunis, aussi nombreux et éparpillés que nous sommes. Saluer et remercier une une dernière fois notre Lulu. J'ai du mal à encaisser. Ma seule grand-mère, elle qui m'a tant donné d'amour et de bons délires. C'était une sacrée mémé, une personnalité vraiment particulière ! La cérémonie était magnifique, il y avait beaucoup de monde. Elle qui ne voulait pas de fleurs, elle a du pester de là-haut en voyant sa tombe ! D'ailleurs, on a eu des orages toute la semaine. Je présume qu'elle a du retrouver pépé et ils ont du fêter ça !!! "Allez, Pierre, sers-moi un whisky et donne-moi une Royale Menthol !" C'était tout ma mémé, ça. Appeler son mari Pierre alors qu'il s'appelle Jean. "Trop de femmes l'on appeler Jean, et je n'aime pas ça !" disait-elle.
Voilà mémé. Je t'aime très fort et je sais que tu veilles sur nous de là-haut, toi qui avais connu tant de marabouts et sorciers lors de tes années passées en Afrique. Tu aimais nous dire que tu avais un don, une sorte de pouvoir, et on en a jamais douté, d'ailleurs. Et, depuis lundi, tu nous fait plein de petits signes, que nous avons tous remarqué.
Au revoir mémé, et modère toi dans tes fiestas avec pépé, Michel et Sydney. Je t'aime.

Et voilà ! Une nouvelle fois, je n'ai pu résister à l'appel de l'encre. J'ai rendez-vous mardi pour mon 3ème et dernier rendez-vous chez mon tatoueur. Quasimment une dizaine d'heures de travail. Un superbe motif japonnais (carpes Koï, bambou et fleur de lotus) qui part du mollet et remonte jusqu'au millieu de ma cuisse. 45 cm, et ce n'est qu'un début puisqu'on songe déjà à la prochaine pièce, qu'on raccordera à celle là. Ca occupe ma journée de congé hebdomadaire ! D'ailleurs, mardi, avant d'y aller, je vais me faire payer le café et les croissants par mon ancien patron et les potes. J'y vais pour 6h du mat', si je veux arriver à voir tout le monde. Et comme je n'ai pas été remplacée, je vais en profiter pour discuter de mon probable retour là-bas début novembre, vu mon contrat chez mes parents se termine au 31 octobre. Un petit CDD de 5 mois, histoire de m'occuper cet hiver. Sinon, mes journées passent trés vite. J'ai du boulot par dessus la tête, et avec ce temps, j'ai l'impression de tondre et tailler les haies toutes les 5 mns. Mais tout se passe bien. J'avais peur que ça pète avec mes parents, mon père surtout. Heureusement, on y met tous du notre et c'est plutôt pas mal. Je ne compte pas mes heures (je suis loin des 39h de mon contrat) mais j'ai de bonnes contre-parties telles que les bons repas de maman le midi et les petit-déj costauds de papa le matin ! Je suis bien chouchoutée mais je n'ai pas intérêt de tirer au flanc ! Cela dit, ce n'est pas dans mon caractère. Alors, je me donne à fond. Je ne veux absolument pas qu'ils aient quoi que ce soit à me reprocher. Et ils sont contents...

Que de boulot ! Entre le monde qui arrive en masse avec ces chaleurs et les idées de ma mère, j'ai de quoi m'occuper !
Mercredi et jeudi, nous avons loué une mini-pelle. Décapage et tranchées pour les VRD. Ma mère a décidé de poser un petit chalet en bois pour que mon père puisse jouer aux cartes peinard. Et quand elle décide, faut que ce soit fait dans la foulée ! Alors, on a bien trimé avec mon cousin. Il ne nous reste plus qu'à faire le coffrage et couler la chape. On va encore bien transpirer...
Sinon, mardi, je suis allée voir mes anciens collègues. Quelle joie de tous se retrouver à 6h autour de la machine à café ! Avec les croissants payés par le boss, c'était le pied. Il m'a dit de revenir après ma saison, qu'il se déchirerai pour mon trouver du boulot (selon ses propres termes !). Je suis trop contente car je n'envisageais pas passer l'hiver ailleurs ! Je ne sais pas dans quel camion je roulerai, mais à mon avis, il ne me donnera pas le plus pourri.
Ensuite, je suis allée finir mon tatouage. Je suis vraiment satisfaite du résultat. Il est magnifique, pas trop chargé et les traits fins. Une petite merveille qui va même servir pour la page d'accueil du site de mon tatoueur.
Voilà pour ma semaine. Ce week-end, c'est gros boulot et tranquillité. Ma femme est de mariage, elle est parti avec sa mère, sa soeur et son frère. Ca nous fait du bien, à toute les deux. Elle est contente, ça faisait une paire d'années qu'elle n'avait pas vu son amie. Et un mariage est toujours une journée particulière, pleine de bonheurs et d'émotions... Bref, elle rentre demain, elle aura beaucoup de choses à me raconter, ce qui ne sera pas mon cas, si ce n'est les conneries des gamins au camping...

Je pensais que depuis ces dernières années, mon père avait un peu plus d'estime pour moi. Ca se passait plutôt tranquillement. Mais il aime bien en rajouter toujours une couche. Il n'a pas trouvé meilleur chose que de me balancer, ce midi à table, que le plus beau jour de sa vie est la dernière fête des pères. Ma soeur lui a écris un mail qui l'a fait pleurer. Elle y exprime sa reconnaissance, sa gratitude et je ne sais quoi d'autre. Franchement, je comprends que ça eut être vrai. Je comprends même qu'il ait besoin de le dire. Mais a elle bordel, pas a moi ! Et pas de cette façon ! Elle n'est même pas là, ma frangine ! Ma mère aussi n'a pas trop apprécié. Cela dit, je suis plus ou moins habituée. Et puis, il s'est rendu compte ensuite qu'il avait une boulette et a tenté quelques compliments... Ma mère m'a dit que si elle était a ma place, elle prendrait sa carte bleue et irait faire les magasins ! J'adore, elle ne perd jamais le nord ! Sinon, le boulot se passe bien, je fais de très grosses journées. Je fais même quelques "extras" en entretenant les parcelles pour des clients qui ne peuvent le faire pour des raisons physiques. Cela arrange tout le monde. Mercredi dernier, j'ai été a la pêche avec mon cousin. On a fait trois belles carpes d'une dizaine de kilos. C'était bien sympa de voir le jour se lever au bord de l'eau. Il y a juste eu ma coconne de chienne, qui mange tout se qu'elle trouve, qui s'est planté un hameçon dans la langue ! Heureusement, mon cousin a assuré. Il a fallu lui percer complètement la langue afin de le couper et l'enlever. Heureusement aussi qu'elle n'est pas douillette et qu'elle nous fait bien confiance ! Elle n'a presque pas bronché. Ma grosse mémère... Bref. Je vais aller me coucher afin d'affronter en forme ce long week-end de taf. Allez, allez, et avec le sourire !!!

Qu'est-ce que tu nous a fait cette fois, la Pegg' ! T'as déconné, tu nous a vraiment fais un sale coup. Quelle idée de mourir comme ça, à 29 ans, en étant sur scène avec ton groupe ! T'allais bien, tu étais en pleine forme, sportive et joyeuse. Tu étais la définition de la joie de vivre. Quatres années passées à vivre sur le même palier, on était de super potes ! Ok, on ne se voyait plus beaucoup ces temps-ci, mais t'aurais pu me le faire remarquer d'une façon moins brutale et définitive ! Là, t'as vraiment fais fort... Tu es partie, comme tu as vécu, en chantant... Ma Pegg'... Je n'arrive toujours pas à réaliser, même en lisant et relisant l'article dans le journal... Saloperie de vie. J'suis à bout, j'en ai plein le cul. Je bosse 7 jours sur 7, je ne vois plus personne en dehors de ces cons de clients et de leurs gamins qui me cassent tout et ne respectent rien. Pourquoi ce n'est pas moi qui ai fait cette putain de rupture d'anévrisme...?

Bon, on est le 15 Août. Le plus gros de la saison est passé. Et c'est tant mieux car je suis exténuée. J'bosse pas loin de 75h par semaine et je n'ai plus de temps pour me reposer. Ma femme est partie hier dans le Nord jusqu'au 23. Je suis seule. Vraiment seule. Et moins je vois mes amis et plus j'ai de mal à les contacter. Comme si l'absence brisait ces liens si forts que l'on avait tissé... C'est comme ça la vie. Elle nous enlève ceux qu'on aime et nous laisse des vides que l'on a du mal à combler. Enfin, en ce qui me concerne... On ne nait pas égaux. Il y a ceux faits pour le bonheur et il y a les autres, comme moi. Ceux pour qui la pression familiale dirige leur vie. Finalement, tout est écrit à l'avance. Je viens de comprendre pourquoi mes parents ne m'ont pas baptisé, c'est pour mieux bosser le dimanche ! Nan, j'déconne. Quoi que...
Bref. Dans deux mois et demi, je retrouve mon camion, et, par la même occasion, mon équilibre précaire. J'ai un collègue qui va peut-être partir, je devrais certainement récupérer sa semi si c'est le cas...
Sinon, j'essaie de suivre autant que possible les J.O. Ca me donne grave envie de reprendre le judo. Mais le club a énormément changé et je n'y aurais plus mes repères. 19 ans dans un même club, avec les mêmes potes et le même prof, qui est presque comme mon père. Sans lui, rien n'est plus pareil. Alors, j'ai décidé de faire du badminton. J'aime ce sport et, ayant quelques années de tennis derrière moi, je devrais m'éclater. Ca ne me fera pas de mal. D'autant plus que j'essaie (une fois de plus) d'arrêter de fumer des joints, ce qui, indépendamment de ma santé, me coute une vraie fortune et me rend plus que morose... Enfin, je ne suis pas plus joyeuse depuis que je ne fume plus... Vous me manquez terriblement ma petite bande d'Affreux...

Ma petite maman va toucher un petit peu de sous de l'héritage de ma Mémé. Ca ne va pas chercher bien loin. Mais elle a décidé de nous acheter (à ma soeur et moi) une petite gourmette en or, en souvenir de ma Mémé. C'est une crème ma petite maman. Surtout qu'on a déjà eu notre part ! Ma grand-mère a vécu en Afrique et a ramené beaucoup d'objets en ivoire. Ses enfants les ont répartis entre tous les petits enfants (et nous sommes nombreux !). Ils ont tout emballé dans du journal et nous ont fait piocher au hasard. Et, dernière facétie de ma Mémé, j'ai eu droit à un joli peigne alors que j'ai 6 mm de cheveux... Elle était comme ça ma grand-mère, toujours à nous faire des blagues... Je me souviens d'un Noël où, en guise d'étrennes, mon cousin et moi avions eu le droit à chacun la moitié d'un billet de 500 francs. La tronche qu'on a fait en ouvrant nos enveloppes ! Tout le monde était mort de rire ! Et nous, nous ne savions que faire avec notre moitié de billet ! Bon souvenir, tel qu'on doit garder de notre Lulu...
Sinon, rien de neuf sous le soleil. Toujours seule, toujours autant de boulot et toujours pas de joints. Ca va faire une semaine... A part quelques troubles du sommeil et quelques sautes d'humeur, je tiens le coup. Surtout ne pas craquer...