Je ne sais pas trop par où commencer. J'ai toujours eu du mal à communiquer. Je préfère le faire par écrit comme ici, les mots ont peut être plus de sens, ou du moins trouve leur place, eux...
En fait j'ai le sentiment d'avoir grandit trop vite, comme si on m'avait pris une part de mon insouciance. Quand mes parents ont divorcé, j'ai "aidé" maman, en prenant en charge comme j'ai pu mon frère et ma soeur. Je m'en suis occupé, je les ai aimés comme mes enfants. J'ai pris une place qui n'était pas la mienne, mais avais-je le choix?
Dans ce laps de temps, un jour maman a autorisé mon frère qui devait avoir 5 ans peut être à aller chez un copain et à rentrer à telle heure. Bien sûr, tu le connais, il était en retard et moi je devais aller chez ma copine pour voir les filles. Alors au lieu d'attendre qu'il rentre, je suis partie. Il s'est fait renverser par une voiture, et JE n'était pas là. J'ai préféré à ce moment là, penser à moi, plutôt que d'attendre mon bébé. Je me sens responsable. Je m'en voudrais toujours de ne pas avoir attendue mon frère. Même si cela n'aurait rien changer. Au moins il y aurait eu quelqu'un à la maison quand la police est venue. Personne pour attendre ce petit bout de 5 ans. Mais quand on a 17 ans, on pense pas toujours à ça. J'en avais marre de jouer un rôle qui n'était pas le mien. Marre de faire les choses pour les autres. Mais depuis finalement rien à changer.
Je suis toujours à la mercie du regard des autres. J'ai besoin de cela pour savoir si je fais bien ou mal. Besoin d'être encouragée. Tu sais rares sont les personnes qui m'ont vue craquer, pleurer...je me cache comme si je n'avais pas le droit de me rompre moi aussi face à une bataille. On a mis tellement d'espoir en moi étant petite que je n'arrive pas à vivre par moi-même. Pour moi. Alors bien sûr les gens pensent que je suis forte, fonceuse, avec un sacré caractère. En image c'est vrai, mais quand on regarde les blessures sont encore apparentes.
Pourquoi est-ce que j'ai ce besoin de tout contrôler? Pour que rien ne m'échappe. Alors bien sûr je commence par moi. Evidemment tu le sais je n'ai pas une grande estime de moi malgré ce que j'en dis. Si depuis mon adolescence je suis atteinte d'un trouble du comportement alimentaire, ce n'est pas rien. Alors même si cela ne se voit pas, il est bien là. A certaines périodes, je n'y pense pas plus que ça, d'autres comme en ce moment, c'est ma punition. Je m'inflige ce mal, je vis avec. J'ai peur aussi. Peur de grossir et que le regard change sur moi. J'ai besoin d'être aimée, appréciée...un nombril si tu veux. C'est moche. Aujourd'hui j'ai vomi 2 fois, hier non, vendredi dernier 1 fois, la semaine pareil si ce n'est plus. Cela me fait mal, j'endure. Je vis avec. Je suis malade, ça ne se voit pas. Tant mieux. Je sais que lire ces quelques lignes pour toi c'est dur. C'est une façade de moi que je ne montre pas.
Oui je suis fragile, dépendante...dépendante d'une maladie.
Il n'ya pas que ça. Tous les espoirs que mes parents ont mis en moi, comme réussir ma vie, avoir ce que je désire, élever mes enfants...je n'y arrive pas. Je n'ai pas de métier, pas le permis de conduire, je suis donc toujours tributaire des autres...je n'ai pas de maison ou d'appartement,je suis au chômage donc on peut dire inutile mais j'ai un bel enfant, NOUS avons un merveilleux petit garçon, la réussite de toute une vie. Il est la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie, et c'est à toi que je le dois. Alors MERCI.
Tout ça pour dire que j'en ai marre de jouer un rôle qui n'est peut être pas le mien. Marre d'être celle en qui tout le monde croie parce qu'elle est forte et volontaire et qu'elle arrivera à tout. Merde! Voilà, je n'en peux plus de sans cesse essayer d'être sur le plus haute marche. La pression est trop forte. Mais c'est d'abord contre moi que je dois me battre. Me faire violence. Vivre pour moi, comprendre qui je suis et où je vais. Où est ma place dans ma famille, dans mes amis, dans mon travail...Parfois je me dis que mes amis, je ne les mérite pas. Quand on voit le monstre que je suis. Je fais toujours souffrir les gens qui m'entourent. Par pure possession, par jalousie? Même mes sentiments je ne les comprends pas, alors comment veux-tu que sache comment aimer un homme qui m'a tout donné, et à qui j'ai tout repris. Je suis désolée de t'avoir fait du mal. Tu ne mérites pas ça. trouve une femme digne de toi, qui t'aimera pour ce que tu es, comme tu es. Qui n'essayera pas de te changer, où de te façonner à son image. Je ne sais pas si je pourrais y arriver un jour.
Bien sûr j'ai déjà pensé à partir, le divorce? Rien que le mot me donne la chair de poule. Et me renvoie 13 ans en arrière en train de soutenir ma mère, dans la cuisine à pleurer. L'image n'est pas vraiment belle. Depuis le début du mail j'ai bien dû utiliser 5 ou 6 mouchoirs, en voyant la belle vie que j'ai eu! Oh bien sur il y a pire que moi, il y aura toujours pire, mais il y a mieux aussi. Enfin, je ne suis pas prête à vous laisser le petit et toi, mais je n'ai pas envie de changer non plus. Je n'ai pas envie de te voir souffrir plus. Je t'aime fort, comme mon frère ma moitié, le père de mon fils...On était amoureux avant, et regarde moi maintenant. A pleurer devant mon ordinateur nos belles années. Qu'est-ce qui s'est passé? Tu comptes et tu compteras toujours pour moi quoi qu'il arrive. Mais là j'ai besoin de savoir où j'en suis. Je ne me connais même pas. Je ne sais pas qui vit en moi. Comment veux-tu que je puisse vivre avec quelqu'un d'autre.