Skampy4ever

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Conte Urbain :: << Les Gens ! >>

6 octobre 2009 à 23h47

Je sors de prison, il pleut, j’me mets à marcher, mes vieux souliers aux pieds et mon vieux t-shirt souillé de ma dernière bagarre avec les policiers sur mes épaules. Seul je marche, J’ai beau avoir appelé du monde… personne ne se souvient de moi … sauf Jean ... lui s’tait une vieille connaissance du cégep. Mais y’est déjà occupé. Donc, je marche pis il pleut. Le problème c’est que mes chaussures n’aiment pas l’eau … ou plutôt elles l’adorent … chaque pas c’est comme une grosse gorge d’eau … et plus j’avance plus je sens mes chaussettes se coller aux parois de ma chaussure. À peine arrivé a l’arrêt d’autobus, quelque 50 mètres au loin de la porte d’où j’étais enfermer, je sens déjà comme un effet de ventouse entre ma chaussette et mes souliers qui barbotent joyeusement tout en fessant FlipFlopFlipFlop ! Alors, je souris, d’un mal à l’aise imprenable je vois arriver l’autobus 421 express Centre-ville. Mais avec les souliers dans un tel état je ne fais pas très sérieux. Mine de rien j’avance, tentant de ne pas me faire observer les barbotines qui me collent aux chevilles, tout en essayant de paraitre tout à fait normal. Mais bien sûr, dès que j’entre dans le bus ... FlipFlopFlipFlop Squik-Squak-Squik-Squak. Voila … tout l’monde me r’garde. Bien joué petites semelles de barbotines toute décalissée d’la vie. *Soupir* Mais les gens voient bien que je ne colle pas dans le paysage du centre-ville. Que ma démarche est anormale. Oui j'ai les pieds mouillés et qu'est-ce que ça peut vous faire ? Les gens font ce qu'ils savent faire de mieux, ils me dévisagent bizarrement. Je crois que c'est tout ce que ça sait faire une personne, regarder les autres de travers. Ah et être normal aussi, C’t’important ça, « être normal ». Mais moi les gens qui me regardent ça m'énervent. Alors je commence à marcher plus vite. Puis je ralentis, ils me regardent toujours alors je m'énerve. Et puis je parle à voix basse. Puis à voix haute. Puis je leur crie comme quoi qu'ils feraient mieux de s'occuper de leur maquillage sur leurs faces de merdes plutôt que de me regarder. Mais ils me regardent de plus en plus. Fai’que j’me cache dans l’fond du bus … de toute façon j’descends le prochain arrêt de bus.

Pressé de descendre, j’me précipite a’ porte pis j’décrisse. Mais rien n’y change, les gens sont toujours là à me dévisager. Déconcerté par mon état ils ne savent que faire ça, les gens ! Pis mes chaussures font toujours FlipFlopFlipFlop et la pluie fait PlocPlocPloc … Vachement écœuré, j’vire d’une ruelle pis j’marche. Une idée me passe dans tête, J’m’assoie s’une marche qui trainait par la… tout le contraire des gens, elle… elle m’accueille gentiment. Me permettant d’enlever mes chaussures et mes chaussettes détrempées et tacher par le temps. Me voila pieds nus, marchant seul dans le milieu de la ruelle mes souliers se trimbalant au bout des doigts. Trouvant leurs utilités au bout de ceux-ci plutôt négligeables, j’les jette dans première poubelle venue. Pendant qu’mes pieds sur le trottoir font Skiff Skiff Skiff, mes chaussures ne font plus FlopFlopFlop… Mais la pluie fait toujours PlocPlocPloc. Et si les voitures font VroumVroumVroum, mes chaussures tombantes dans poubelle font BingBangBoumBimBamPoc.
C’est là que j’vois la poubelle qui s’tourne en pleurant. J’m’approche d’elle j’lui donne une câlin à grand bras ouvert, pis j’lui d’mande c’qui s’passe. C’est la, quelle fond en larmes, m’expliquant sa triste vie, toujours la a se faire balancer des trucs en pleine figure. Des sacs de poubelles trouées. D’la bouffe à moitié mangé, elle en vient à me parler des gens qui prennent parfois refuge chez elle. Des gens ? Curieux, j’lui demande d’y aller plus en détail. Elle me dit que parfois, sans prev’nir, s’abat sur elle une personne froide et silencieuse. « Pauvres eux » ; je me suis dit. Alors la poubelle continue a me parlez de ces gens, si beau dit-elle avec leurs yeux grands ouverts, la pupille grande ouverte, leur peau bleutée, et leurs doigts tout ratatiné. Elle me dit que parfois ils sont dans des bâches, parfois dans des sacs et d’autres fois dispersées en petits morceaux !

Alors la pluie fait PlocPlocPloc, l’eau d’in égout fait BloupBloupBloup, la poubelle fait BingBangBoumBimBamPoc et ses larmes font PlicPlicPlic. Une grande poubelle remplit au bord d’eau de pluie pleur les gens à la peau bleue et ratatine. Et qui s’en préoccupe ? Personne, les gens rentrent chez eux. Sans souci, sans intérêts. Des pieds mouillés ont essoré. Une télé a allumé. Un estomac a gavé. Un passé a oublié. Alors les poubelles qui pleurent personne ne s'en souci. C'est la vie sans souci des gens normaux qui ne rêvent jamais. Dans la rue un lampadaire clignote. Et la nuit fait ... Silence.

Par Karl
Alias: Skampy4ever
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