"La mère se tenait debout..."

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 27/12/2014.

Sommaire

Au début...

16 décembre 2008 à 22h48

Au commencement était le ventre, et je voguais tranquille au rythme de ma mère.

Il a bien été question, brièvement, de ne pas me garder dans la famille, mais maman a dit "Non, pas question". Elle m'a dit qu'elle m'a aimée dès la premier instant. Je comprends ce qu'elle veut dire, moi aussi j'ai aimé ma fille, dès le moment où j'ai su que je l'attendais, peut-être même avant...

Enfant, je vivais dans une maison sombre. Notre maison était un paquebot aux hublots poussiéreux, une maison grave aux recoins insolites, aux escaliers cachés derrière des tentures. Je m'y ennuyais, la plupart du temps. Je me revois sans cesse, passant des heures aux fenêtres côtés rue, à regarder les gens aller et venir, et vivre. Moi, j'étais un petit fantôme pâle, derrière sa vitre. Je vivais sans bruit ni fracas, discrètement, en cachette.

Une maison comme un paquebot, engagée sur une mer morne...Quand j'étais enfant, elle m'abritait. A présent quelle n'existe plus, c'est moi qui l'habrite dans mon coeur.

Dans ma rue...

16 décembre 2008 à 23h13

Sur la petite place que je vois de mon appartement, il y avait depuis plusieurs mois un carré de terre à l'abandon depuis que la Commune avait fait abattre l'arbre qui y était planté.

Ainsi, sur le trottoir devant chez moi, on pouvait voire une belle rangée d'arbres, interrompue par un carré de terre, déposédé. Je me souviens avoir trouvé cela triste quand ils ont abattu l'arbre. Tant d'années à grandir, à résister à tout, puis quelques hommes, une tronçonneuse, et plus rien...

Bref, depuis quelques mois, ce carré de terre tristounet restait vide. Jusqu'à hier soir, le soir où j'ai créé mon journal. J'étais à ma fenêtre, en train de fumer (pas bien...), et il était là...Sur le coup, je n'ai pas tout de suite réagit, juste une impression que quelque chose était différent...Puis je l'ai aperçu, tout malingre, minuscule, soutenu par deux tuteurs: un nouvel arbre, planté là pour combler le vide, parce que c'est plus harmonieux, et parce que c'était le moment.

C'est idiot, cet arbre m'a "touchée", comme un nouveau né que l'on découvre. Je me suis dit: "C'est mon arbre, il va m'accompagner, et je l'accompagnerai aussi".

Comme lui je grandis, j'ai encore besoin d'être soutenue, mais je pousse, ma tête tournée vers le ciel.

C'est parce que je dors si mal, si peu, que je me suis remise, entre autres, à écrire. La fatigue est permanente, je fais tout le parcours médical nécessaire, mais on ne sait pas encore, et moi je ne comprends plus. Je voudrais juste dormir bien, juste marcher dans la vie, droite comme mon arbre...N'être plus fatiguée, si seulement...

Du sable dans les yeux

17 décembre 2008 à 22h55

Je voulais écrire encore un peu ce soir, mais là je suis raide de fatigue. J'imagine que ce que j'écris va en fatiguer plus d'un....

D'un autre côté, ceux qui sont déjà aussi épuisés que moi par les mauvaises nuits seront heureux d'apprendre que l'on peut en faire des choses toute la journée, courir à gauche, travailler à droite, s'occuper d'un enfant, de 7h00 du matin à 22h00, dans un état que l'on croyait proche du coma au réveil.

Nos resources sont insoupçonnées parfois. Bon, bien sur je ne parle pas des crises de larmes qui ne préviennent pas, au bureau c'est assez moyen...Heureusement je suis assez isolée dans mon petit coin...

Tout me met la larme à l'oeil. Les personnes agées, les enfants, les chiens dans la rue, la moindre mauvaise, ou bonne nouvelle, avec un petit faible pour les bonnes, celles-là, elles me font bien larmoyer...Je me dis que c'est la fatigue. Le marchand de sable est passé, j'en ai plein les yeux, mais pour le dodo, ça marche pas!