Poids Plume

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Archive du journal au 27/12/2014.

Sommaire

Aux Chiottes par O.Damas

7 avril 2008 à 15h28

Voilà, j'ai buté cette salope,

Maintenant, je crois que je vais m'allumer une clope. Aux chiottes, aux chiottes, je veux bien, mais t'as oublié de tirer la chasse, Connasse ! Mourir noyé dans sa pisse, c'est déjà pas terrible pour un mec, mais alors pour une nana (qui a rendez vous avec le cardinal en plus), c'est minable.

Galère,
Maintenant, je vais devoir nettoyer ses glaires, sa morve, et son sang sur mon carrelage. Elle aurait pu faire gaffe cette pute. J'en ai partout. On m'avait pas dit que les morts ça chiait. Il devrait faire un texte de loi dessus. Ca règlerait bien des merdes.

Putain ! Du sang sur mes clopes ! Seigneur, j'espère qu'elle n'est pas morte ! J'ai encore envie de la taper !
Ah si.

Elle bouge plus.
Je lui crache à la gueule, et je m'allume ma cigarette pleine de sang.

Bon, ça va encore, ça lui donne un petit goût épicé.
J'essaie de la bouger. Un coup de pied. Un second. Elle s'écroule sur le carrelage, le bec ouvert, elle laisse fuir des surplus de l'eau des chiottes (Je lui avait pourtant dit qu'il fallait pas avaler). Jaunâtre. Entre nous, ce n'est pas très frais comme odeur le mélange tabac, pisse,merde et, sang.

Ca frappe à la porte.

Police.

Et merde. Cette conne a du lever les voisins à trop gueuler. Bon.
J'lui mets une torgnole pour la route, m'allume une autre gitane, me lave les paluches, et je vais ouvrir.

« Oui ? C'est pourquoi ? »

Attendre en silence par Zamy & O.Damas

7 avril 2008 à 15h43

Elle est comme ces chansons
De blues
Qu'on n'oublie jamais.

Elle est,
Comme cette cigarette
Qui nous réconforte,
Par une nuit pluvieuse.

Elle est,
Cette fumée bleue,
Qui danse dans l'ombre,
A l'abri des regards
Indiscrets,
Indécents.

Elle est,
Cet espoir troublant,
Et cette crainte brûlante,
Qui hante
Chaque homme solitaire.

Elle est,
Ce verre de whisky
Qui réchauffe
Au fond du bar.

Elle est,
La douleur
Le plaisir.

Elle est,
Tout à la fois.

Elle est,
Partie,
Puis
Revenue.

Elle est,
Celle qui s'en ira
A nouveau.

Elle est,
Celle qui ne reste
Jamais bien longtemps.

Mais elle reste
Celle que l'on attend.
Avec patience,
En silence.

Parce qu'elle est,
Moi.

Elle était tapis dans l'ombre
L'ombre de sa main
celle qui frappe,pas celle qui caresse.

Elle l' attendait, impatiente de son retour
elle transpirait d'excitation qu'il la regarde a nouveau.
un jour.

Elle leur en a fait croire
Des baboules a deux balles
Qu'ils la baisent et qu'ils lui foutent enfin la paix.

C'est parcequ'il avait mal
qu'elle s'était laissé prendre au jeu
C'est parceque c'était mal
Qu'elle le voulait malheureux.

Il n'a pas oublié de ses yeux vicieux,
de ses geste condescendants, de son rire poignant
Il ne connais pas son nom
Ni son visage

Parcequ'elle lui est éternellement passagère,
Plus épaisse que la dernière couche de poussière

Elle est de celle qu'on n'oublie pas
Elle est de celle qu'on ne retiens pas
Au petit matin.

Sans conditions,
Sans amour ni tendresse
Il était le plus fidèle de ses amants.

Il était plus fidèle à elle,
Qu'à lui même.

Ce n'était ni un sacrifice,
Ni même un cadeau.
C'était ainsi,
Et ainsi va la vie.

Ni son nom,
Ni son visage.
Juste ses rêves.
Et ses yeux.

Il n'avait jamais perdu le temps,
De se demander
"Pourquoi lui?".

Il préférait profiter
Des ses fuites,
Pour l'aimer
Entièrement.

Le reste du temps,
Il vivait
En secret.

Il détestait
L'amour au grand jour.
L'amour flagrant,
L'amour crié,
L'amour exhibé.

Il haïssait autant
Ces effusions d'émotions,
Que ces sentiments à découvert.

Il n'était pas du genre
A l'espérer à l'aéroport,
Ou au quai,
Brandissant un mouchoir
Qui épongerait quelque larmes.

Il réservait ses pleurs
A l'oreiller.
Au petit matin,
Une fois qu'elle l'avait quitté.

Il ne voulait pas
Qu'elle revienne.

Il ne voulait pas
Qu'elle comble sa solitude.

Il ne voulait pas
Qu'elle remplace,
Son whisky
Ou sa plume.

La souffrance lui rappelait
Son existence.

Mais il survivait
Pour son retour.
Il priait pour une escapade
Entre deux hommes,
Entre deux cascades.

Et puis il l'aimait.
Sans condition.
Sans exigence.

Il la désirait,
Seulement quand elle était là.

Il était probablement
Comme tous les autres.

Mais lui, il l'aimait.

Malgré lui,
il lui donnait un sens.

Et sans y penser elle se jetait
sur ce qu'il voulait bien lui donner.
Il été méchant, égoïste
Parfois elle voulait dire "radin".

Ca la faisait sourire,
Au final elle prenait
avant même d'avoir demander.
Celui la était différent, dans sa bouche
elle goûtait l'amertume du regret
L'acidité de l'amour lui heurtait les lèvres.

Celles de sa bouche, laissaient échapper un soupir.
Les autres ne pouvait s'échapper du bourreau.
Et puis elle ne voulait pas.

Son châtiment,
c'était de ne pas l'aimer,
Mais de le désirer
plus ardemment que l'on aime

Elle lisait dans ses yeux,
Un immuable "je t'aime"
Alors elle lui crachait tout son venin.
Des coups bas.
Mais elle se sentait peu coupable.

Elle détestait sa façon de soupirer dans sa nuque.
Elle aurait voulu qu'un jour
Se glissant dans ses draps
Sentant glisser ses doigts
Elle aurait voulu qu'il lui dise
Non.

Elle aurait aimé qu'il soit un homme
Comme elle n'en rêvait plus depuis si longtemps.

Il savait.

Il savait
qu'elle lui montrait tout,
Sans rien lui laisser voir.

Il l'avait connue ainsi,
Transparente
Et opaque à la fois.

Un clair obscur
Pour certains peintres,
Pour d'autres poètes
Une oxymore,
Et une poésie,
Pour le reste des hommes.

Elle lui disait
Tout.
Il ne savait
Rien.

Il n'aimait pas
Ecouter non plus.

Il préférait la deviner.
Deviner son devenir.
Divin.
Sans aucun doute.

Un jeu de chat
Où la souris
Avait des allures
De lionne.

Il savait qu'il la rejetterait
Un jour.
Il savait,
Qu'un jour il la découvrirait,
Elle,
Et ses volontés,
Ses désirs.

Alors il ne l'écoutait pas.
Il la regardait à peine.

Juste assez pour lui
Chuchoter
Un "je t'aime".

Juste assez pour
Laisser chuter,
Une part de lui,
Qu'il n'aimait pas.

Cette part amoureuse.

Parce qu'elle avait peur de la fin.
Elle inventait a chaque fois un nouveau départ.

Malgré tout elle était lucide.
Elle se laissait berner par une illusion.
C'était a son tour d'avoir mal

Elle se croyait féline,
Lorsqu'il se taisait pour mieux la savourer.

Elle n'avait jamais rien voulu dire,
Mais tout lui avait échapper.
Comme avec ces confidences sur l'oreiller
Où elle jouait à l'aimée.

Personne, ne savait comme elle
Ce que c'était de tout ignorer,
Elle ne lui connaissait que ce qu'il y avait sous la peau.

Le reste, mélangé aux souvenirs
De ces autres qui lui agrippaient si bien les flancs.
Elle l'avait oublié en remettant ses sous-vêtements.

Il lui avait souvent répété qu'il adorait la dentelle
Elle savait qu'il ne la voulait que de coton.
Elle lui semblait peut être plus fragile.

De ses yeux.
De ses soupirs.
De ses silences.
Jamais elle n'avait su faire régner le mystère.

Elle lui avait offert
qui elle était.
Sans savoir pourtant
ce qu'elle était.

Et lui ne refusant rien
Être répugnant, dégoulinant
D'amour putréfié.
Il l'avait baisé.

Il y était parvenu,
Après avoir pleurer dans son sein
Lui disant qu'il l'aimait tendrement.
Ses yeux à elle étaient restés secs.

Mais son coeur était tombé en cendres.

Pourquoi l'avait il laissée faire?
Pourquoi l'y avait il invitée?
Pourquoi l'avait il baisée?

Il n'avait pas de regret.
Il avait banni ce sentiment de son être,
Depuis longtemps.

Mais il se sentait mal.
Sa déesse était souillée.
Crade.

Il avait éjaculé,
Comme si il lui avait vomie
Au visage.

Il s'était laissé emporté,
Par un désir bestial.
Animal.
Privé de toute l'élégance
Dont se vante l'être humain.

Et il n'avait même pas l'excuse
Du viol.

Il avait tranché
Dans toute sa longueur
Son amour.

Il avait tronché
Dans toute sa longueur
Son Amour.

Comme pour un étranger.
Elle s'était laissée faire.
Lassée de son insistance masculine.
Elle avait aligné
Ses désirs.

Et il avait accepté.

Il ne regrettait pas.
Mais son cour hurlait
De détresse.

Il savait qu'il devait disparaitre,
A nouveau.

Pour tout recommencer encore une fois.

Alors, il attendrait le lever du jour.

Le petit matin.

Espérant autre chose qu'un soupir.
Cette fois.
Peut être un mot.
Peut être un "salaud".
Ou même un "connard".
N'importe quoi.
Mais quelque chose.

La petite sirène est morte par O.Damas

7 avril 2008 à 19h00

La petite sirène,
S'est noyé sous le flot
Incessant,
De voitures stressées,
De regards incandescents.
Elle cherchait juste un pont,
D'où faire son saut de l'ange.
Saut de reine.
étrange.
Silence.
Le clodo qui dormait dessous,
Lorgna sous sa jupe.
Et lui dit
Qu'elle avait de jolies dessous,
Mais qu'il préférait
Ses chaussures.
Il pris sa gnôle du matin,
Puis la rejoint sur son pont,
Un joint à la main.
Il lui conseilla,
De ne pas précipiter sa cascade,
Mais de lui raconter ce qui la menait
Au précipice.
C'était lui le psy du pont.
L'homme qui écoutait,
Tous les suicidés...
Ces êtres humains,
A durée de vie réduite.
Elle lui répondit,
Que le prince charmant,
N'était pas si charmant.
Juste un beatnik alcoolique,
A la face de bite bourgeoise.
Ce dont rêvait son,
Neptune de père,
Qui au final lui,
Ne pensait que par l'anal.
Un homme à deux queues,
Et un trident...
Pas étonnant
Le balai dans le fion.
Elle,
Elle avait perdu sa queue,
Mais récupéré les couilles.
Elle se tapait
Trois jobs,
Trois gosses,
Et les émissions de Michel Drucker,
Le dimanche midi.
Elle qui rêvait
De diamant et de cocaïne,
Avait des rides aux fesses,
Et des corps aux pieds...
Sur les pieds aussi elle s'était faite
Arnaquée.
45
Ce n'est pas le pied pour une
Princesse.
Alors la princesse
Allait mourir
Comme une reine.
De sa belle mort.
Un superbe
Salto,
Digne du dernier
Flipper le dauphin.
Sur l'autoroute.
Crissement de pneus,
Cri,
Pompiers.
Embouteillages.
Et le clodo.
Bourré sous son pont.
Qui s'est endormi.

Virtuel Vagabondage par O.Damas

8 avril 2008 à 2h37

Coincé entre la seizième heure,
Et la dix-septième,
J'erre à allure
Modérée, au gré,
Des plaisirs dorés.

J'entends la cigarette
Crier, supplier,
De l'achever.
Elle n'a pas l'envie,
De voir sa vie,
Flamber là dans le cendrier.
Je crois que je vous connais,
Mademoiselle.

J'erre,
A droite, ou à gauche,
La prochaine ruelle,
Page, où mon regard
Ricoche.

Page,
Dans ce monde on dit :
« Page ».

Alors je me perds.
L'enfant pas sage,
N'aura pas de cadeau à Noël,
Seulement des pixels.

Je me perds
Entre les frasques
Et les phrases du petit Nicolas.
Vous savez,
Le petit démon ailé.

Je me perds,
Dans cette voix de femme,
Qui ne vient plus par la bande FM,
Mais qui distille sa musique,
Par le numérique.

Je me perds,
Dans la vie affichée
De gens qui apparemment,
Se font savamment chier.

La banalité
Fabrique la célébrité.
Alors je pars à la rencontre,
De ces gens que personne ne connaît,
Mais que tout le monde connaît.

Contes de lacets défaits,
Qui me font trébucher.
Chut.
Je suis un vagabond virtuel.

Je vois le monde,
De loin.
A chaque virage,
Je suis un peu moins sauvage.
Un peu moins sage.

Je vois cette guerre
De peau rouge
Contre visage pâle.
Les nuages râlent.
Mes mots sont gitans.
Mon cœur s'agite.

Je ne suis pas surpris.
Je ne suis qu'un esprit.
Un enchaînement de click,
Gauches ou droits,
Maladroits,
A l'étroit dans un monde
Trop froid.

Ou trop grand.
On a le choix.

J'ai grimpé dans ma caravane caramélisée,
J'ai tout lessivé.
Tout épuré,
Il ne faudrait pas que mes mots soient tachés.
D'encre,
Ou de graphite gravitant,
Habituellement sur le papier.
Et maintenant dans mon passé.

Virtuel vagabondage.
Les ailes de la liberté
Sont cachées, sous un click.

Le clown par O.Damas

8 avril 2008 à 3h51

La roue du manège enchanté est enrayée. Zébulon a vidé son cendrier sur la tête du chien poilu touffu. Pollux qu’il dit qu’il s’appelle. Il n’aime pas suivre les lumières blanches. Il a déjà les nuits.
Les nuits, les étoiles filantes, et les douleurs brûlantes. Le docteur prétend que c’est l’amour. Mais la Lune ne vit pas le jour. Et qu’est ce que vous voulez qu’un chien comprenne à ça ? Alors il remonte ses bas de laine, puis dessine des bonhommes qui ont mauvaise haleine.

Tournicoti, Tournicoton et potiron.

Le clown est amoureux de la trapéziste. Elle est belle dans ses collants blancs. Mais lui n’a que son alcool. Un clown ça ne pleure pas. La vie serait un vrai cirque alors ! Elle est jolie la trapéziste, elle plane, elle flotte au dessus du monde comme une ballerine dans le lac des cygnes.

Lui, il ne sait que singer les cygnes ; faire semblant. Mais il n’est pas beau. Alors on se moque de lui. Pauvre clown. Il est collé au sol, allongé, une clope entre les lèvres. Juste le temps d’une pensée brève et la voilà qui s’élève. Insouciante, désinvolte, électrique, fascinante. Elle survole le monde, d’un bout à l’autre. Comme ces déesses antique, qui ne s’arrêtaient que pour souffler. Souffler l’amour aux étrangers qui se rencontrait autour d’un café.

Il aurait préféré avoir une déesse en kit. Qu’il monterait seul dans son wagon. Comme ces poupées qu’il faut gonfler pour qu’elles vous aiment. Mais l’amour en plastique n’est que factice. Factice et graisseux.

Il connaissait tout les trucs et astuces de la solitude. Mais il n’avait pas appris à voler. Il avait de trop grands pieds, c’était la mort assurée dans l’échelle de corde. Et puis comment ferait il une fois la haut ? Il a le vertige.

Il a le vertige. Et la trapéziste est amoureuse du funambule. Mais elle ignore que son amour ne tient qu’à un fil.

Pic et Pic et Colegram.

C'est une fille... par M.A

8 avril 2008 à 4h29

C'est une fille qui pleure,

Une fille qui meurt,

Tout lentement

dans les bras de son amant,

Une fille qui rit,

Une fille qui vit,

Tout doucement avec le temps,

C'est une fille joyeuse,

Et parfois triste,

Qui est heureuse,

Mais pessimiste,

C'est une fille d'honneur

Et de bonheur,

A qui maintenant

la mort vient lentement.

J'ai simplement rêvé par M.A

8 avril 2008 à 4h38

J'ai simplement rêvé.....

Qu'un jour tu m'aimerais

J'ai simplement rêvé

Ou tout simplement espéré

Qu'un jour tu m'embrasserais

Oui, tu m'embrasserais comme dans un conte de fée

Cette chance tu me l'as donné

Mais je n'ai su que la louper

Peut-être est ce ma timidité ?

Ou mon imbécilité ?

Aujourd'hui j'suis en train de rêver....

Que tu serai en train de m'embrasser

Faut que la terre ramène mes pieds

Car au fond je le sais

C'est décidément bien inespéré.

J'ai simplement rêvé....

Que ma rêverie ce finissait

En tout cas je le sais

Ton amitié est sacrée

J'ai simplement rêvé....

Maintenant je suis belle et bien réveillée.

J'aimerais encore rêver

Mais je risque de m'abimer

Alors je préfère rester éveillée

Car j'ai simplement rêvé......

Reste toi par Nana Chan

8 avril 2008 à 5h08

Je ne souhaitais qu’une chose : mourir

Mon âme était vide, camouflée par des rires.

Puis tu as croisé ma vie

Et tu m’y as redonné le goût et l’envie

Alors, je puise ma force dans ton sourire

Ma volonté dans notre avenir.

Comme le trèfle à quatre feuilles, tu portes mon bonheur,

Comme la lumière du soleil, tu es ancré dans mon cœur.

J’espère être à toi, au près de toi.

Mais, j’ignore si ça existera.

Je te souhaite juste de réaliser tes vœux,

Et surtout de vivre heureux !

Même si c’est sans moi,

Loin de nous, mais là où tu dois.

Je veux simplement que tu restes toi,

Et que tu penses parfois à moi…

Sirène par Nana Chan

8 avril 2008 à 5h11

Dans l’opéra nocturne

Une jolie voix s’élève.

Belle, envoûtante puis douce…

Elle se déploie dans la nuit.

Une queue étincelante tressaute

Des cheveux océan ondulent

Et une peau d’ange frissonne.

« Elle est la sirène

C’est elle, cristalline

Sa belle peau si fine

Tenue par les rennes »

Il la capture puis l’amène chez lui

Ses avides doigts rugueux parcourent son échine

Depuis les grottes on l’appelle à l’eau

Mais impuissante et pâle, elle perd la fleur

« Ce fut elle la sirène

Jolie telle une rose

Rédigeant les proses

Ecaillées par la murène »

Il la griffe et la mord

Entre ses mains sales,

Souple le corps idyllique.

La diaphane souillée dort,

Tripotée par l’homme sombre

Ses doigts encore et toujours

Caressent ses traits blêmes sans vie.

Il s’acharne puis rit

Le sang doré coule.

Un corps chaste abîmé

Un désire assouvie

Un fil argent rompu

« Quelle jolie sirène

Violée et désarticulée

Souillée et enfin tuée

Oui, quelle jolie sirène

Dans le sang retrouvée

Dans ses sanglots noyée

Oui, elle est belle la sirène »

L’évanescence de ma nuit est marquante

Dans le gothique opéra une voix absente…

Les gouttes cristallines manquent aux éclaboussures

Qui regardent tristement un cadavre

Posé nu sur le rivage.

Je n'aime pas la gravité par O.Damas

8 avril 2008 à 5h36

Je ne suis pas un brave.
J’ai juste su éviter
Les dangers de la gravité.
Cette force qui nous colle
Au sol,
Et nous empêche de léviter.

La tête dans les nuages,
Là où les sages n’ont pas leurs place,
A moins d’avoir l’age
De l’innocence,
Et du non sens.

Je ne suis pas courageux.
Je suis même plutôt
Peureux.

J’ai tendance à avoir peur
De tout.
De l’orage qui gronde,
Des caniches, et des colombes,
Des voitures qui vont trop vite,
Et des tortues qui ne vont pas assez
Vite.
Des rats et des cafards,
Des araignées au plafond,
De celles sur mon épaule aussi.
Des jolies filles,
Et des filles pas jolies.
Des blondes et des brunes,
Et des rousses aussi.

Et de ses je t’aime.

Ses je t’aime.

Je ne suis pas un héros.
J’ai juste tendance à vouloir être heureux.
Et que ceux que j’aime bien aussi,
Soient heureux.
Et ceux que j’aime moins bien, aussi,
Soient heureux.
Comme ça ils pensent moins à me rendre
Malheureux.

Et je voudrais qu’elle soit heureuse.
Alors je ne suis pas amoureux.
Et puis on n’aime pas les anges.
C’est indécent.

Donc je combats la gravité,
Tout ce sérieux, dont se vantent les vieux.
Et je n’aime pas beaucoup les vieux.
Ils ne sentent pas bon.
Sauf quand ils ont des bonbons.

J’évite,
D’avoir les pieds sur terre.
Je ne voudrais pas
Prendre racine.

Et puis,
Si j’étais un brave,
Un courageux,
Ou un héros.
Est-ce que je pourrais être heureux ?
Est-ce que je pourrais être amoureux ?

Je ne sais pas.
Je préfère penser à elle
Qu’à moi.

Mémoires Morte par MyLworld

14 avril 2008 à 17h14

Mémoires mortes



Juin 2007, sur un vol à destination de la Martinique

La voix mielleuse de l'hôtesse de l’air dans l’interphone fit sursauter Mark. Il venait de passer les 8h de vol à dormir contre le hublot, marquant sa joue d’une ridicule trace caractéristique, qui s’ajoutait à celle de l’oreiller : « Veuillez attachez vos ceintures, nous allons atterrir d’ici quelques minutes à la Martinique, où la température extérieure est de 28° ».

« 28 degré tu te rends compte ?! », lui lance en souriant une belle jeune femme assise à ses côtés. Il s’agit de Marion, sa fiancée depuis maintenant 4 ans, grande blonde svelte aux yeux noisette, allant sur la trentaine. Mark ne peut s’empêcher de l’admirer. A à peine 30 ans, tout lui réussi. Elle travaille dans l’un des plus prestigieux cabinets d’avocats spécialistes de la propriété intellectuelle de la capitale. C’est une femme assurée, émancipée, débordant de confiance en elle. Mark l’aime tellement… Il lui lance un regard interrogateur. Elle ne peut s’empêcher de rire devant son allure. Il adore l’entendre rire, ce rire… Son rire. Il fait mine d’être vexé, prenant son air de circonstance avant d’éclater de rire à son tour, réveillant la grand-mère d'à côté qui leur lance un regard grincheux.

En sortant de l’avion, l’atmosphère est étouffante, l’air humide, Mark a l’impression de recevoir un coup de massue sur la tête. Il se sent un peu nauséeux, il a toujours mal supporté la chaleur et est sujet à des migraines. Marion lui adresse un petit sourire compatissant. Une passagère l’observe d’un air aguicheur, il faut dire que du haut de ses 35 ans, c’est un homme très séduisant, le genre d’homme qui plait naturellement aux femmes, avec son allure débraillée, ses cheveux bruns en bataille, son regard bleu. Marion lui lance un regard dédaigneux en embrassant son Mark, tout en prenant bien soin de rendre le plus visible possible sa bague de fiançailles. L’intruse finit par leur tourner le dos. Le hall de l’aéroport est étonnamment calme ; un homme en costume patiente, brandissant une pancarte « Splendia ». Marion tire Mark par la manche : « Viens c’est par ici ! ». L’instant d’après, ils se retrouvent dans un bus, direction leur luxueux hôtel. Pendant tout le voyage Mark observe le paysage, l’air pensif…


Décembre 2006, cabinet du Dr Herköpf

« Je suis désolée Monsieur… ». Mark semble exténué… Les larmes lui piquent les yeux, mais il refuse de pleurer, non, pas devant elle, pas devant Marion. Cette dernière est en larmes, elle sanglote dans le cou de Mark tout en serrant très fort ses mains entre les siennes. Il doit redoubler d’efforts pour ne pas craquer.

« Vous voulez dire que je suis malade ? », lui lance Mark d’une voix brisée.

Le docteur se redresse sur son fauteuil, l’air important, la lumière se reflétant sur son crâne dégarni « Vous avez un Alzheimer précoce. Je pense que les symptômes ont déjà dû se déclarer depuis un moment, ce qui explique vos pertes de mémoire et influe sur vos capacités mentales, provoquant migraines et pertes d'inspiration. »

Mark est écrivain ; il ne l’a pas toujours été. Avant ça il a vécu son rêve, celui de journaliste-reporter, menant une existence de globe trotter des années durant, parcourant le monde en solitaire. A présent il a envie de figer sur papier les vestiges de ces temps lointains. Il n’aime pas parler de sa famille ni de son passé ; lorsqu’il essaie, ses souvenirs se brouillent, et cela blesse son égo : il faut qu’il se rende à l’évidence : il est malade. Et aujourd’hui, tout s’explique enfin, de façon claire, brutale, dramatique.

« Que dois-je faire ? » lance-t-il d’une voix de petit garçon apeuré.

Marion réprime un sanglot. C’est la première fois qu'elle le voit dans cet état, si perdu ; les évènements la dépassent.

Le médecin semble gêné par la question « Et bien… Je pense que vous devriez partir en vacances, pour vous ressourcer… Peut-être que cela sera une révélation pour vous, et j’ai en tête que cela vous aidera à retrouver l’inspiration ».

Mark a toujours voulu partir aux Antilles, sans doute l’influence inconsciente de ses nombreuses lectures sur l’exotisme ; c’est ainsi qu’il fut séduit par le décor de rêve de cet hôtel de luxe fraîchement ouvert. Et puis après tout, un peu de vacances en compagnie de sa fiancée ne pourra que faire du bien à son couple. C’est ainsi…


Martinique, juin 2007

… qu’ils arrivèrent au fameux hôtel.

« Vive la publicité mensongère » lance Mark, visiblement déçu. Le Splendia n’est en réalité pas si splendide que cela : un cadre de rêve, certes, mais des bâtiments dans un état douteux, et une piscine au teint verdâtre. Un employé en uniforme de service beige et blanc vient à leur rencontre « Bienvenue dans notre hôtel !» ; Son ton enjoué crispe Mark au plus haut point, lui qui est si discret et qui aime tant la tranquillité… Ils arrivent à leur petite paillote et l’employé les y anbandonne. De là où ils sont, ils ont une vue imprenable sur la mer ; c’est grandiose. Mark serre très fort sa fiancée dans ses bras, et lui murmure à l’oreille : « Je t’aime très fort toi tu sais… ». Après s’être installés dans leur appartement qui n’est en fin de compte pas si inconfortable que cela, on les informe que c’est l’heure du dîner.

Le repas se déroule dans une grande salle, au centre de l’hôtel. Mark n’aime pas les dîners en commun et se demande pourquoi il est venu dans un club de vacances, plutôt que dans un cadre plus intime. Il a une migraine épouvantable, sans doute due à la chaleur. Un serveur vient à leur rencontre pour les mener à leurs places. Tandis qu’ils évoluent entre les tables, c'est là qu'il l'a voit… Non, il veut d’abord ne pas y croire, ce ne peut être elle… Non, elle n’aurait jamais choisi cet hôtel, son hôtel, c’était son idée à lui, que faisait-elle ici ? Ses pensées s’entremêlent tandis que le serveur semble les mener droit vers la personne tant redoutée. Arrivé à son niveau, l’employé s’arrête « et voici vos places, à côté de cette jeune femme », tout en leur indiquant deux fauteuils vides. Elle n’a pas changée depuis ces 13 années. Elle a préservé ce regard glacial, hypnotisant, camouflé en partie par de longues boucles brunes : elle est toujours aussi magnifique, toujours aussi terrifiante. Mark se sent glacé de l’intérieur et doit résister pour ne pas s’évanouir ; il est terrorisé, l’angoisse lui broie les jambes. Il la pensait hors d’état de nuire, néanmoins il ne peut rien laisser paraître, pas devant Marion en tout cas. Il respire à fond, des goutes de sueur perlent sur ses tempes, il sent la peur. La jeune femme fixe Mark comme si elle aussi vient de croiser son pire cauchemar au détour d’un couloir et murmure malgré tout « Antoine, que fais-tu ici ? ». Comme il ne répond pas, elle reprend «Enfin c’est moi… Adèle … tu ne me reconnais pas ?». Sans attendre de réponse, elle se lève de table et part, avant même que le dîner ne commence.


Paris, juin 2003

Mark n’aime pas ce genre de soirées très guindées, mais néanmoins il a du venir sous la quasi obligation de son meilleur ami d’enfance, Paul, fraichement diplômé d’une prestigieuse école de Droit. C’est la soirée de remise des diplômes, le genre de soirées où tout le monde se complimente des heures durant, et où chacun s’écoute parler, ne prêtant aucune attention au discours de l’autre. Tandis qu’il est perdu entre un débat très profond sur le code pénal et une scène de ménage entre avocats, il hésite sérieusement entre prendre un quatrième whisky ou s’enfuir avec la bouteille de vodka. Alors qu’il s’apprêtre à opter pour la seconde solution, il la voit, brandissant fièrement son diplôme, un sourire resplendissant illuminant son beau visage. Il est figé sur place, elle est vraiment très belle. Après tout, cette soirée semble devenir intéressante. A la fin de la cérémonie, il va lui proposer un verre. Il se présente comme étant un écrivain récemment reconverti, ce qui semble plaire à cette femme, qui se prénomme Marion. Elle lui propose ses services si un quelconque malotru venait à plagier son chef d’œuvre. Tous deux se mettent à rire. Elle a un rire renversant ; il sent tout de suite quelque chose se passer entre eux. C’est elle, c’est la fille. Alors que la soirée s’achève, il lui propose de façon quasi inaudible de venir dîner avec lui. Elle rit face à son attitude d’adolescent apeuré. Elle le trouve si mignon avec son allure décalée. Il se confond en excuses pour sa piètre invitation, ce qui attendri Marion, qui accepte.


Martinique, juin 2007

De retour de dîner, Marion bombarde Mark de questions.

"Qui est cette femme ?".

Mark lui sourit, l’embrasse, tout en lui disant qu’elle a du le confondre avec quelqu’un d’autre, qu’il ne connait pas cette « Adèle ». Marion lit le mensonge dans son regard, son métier l’a habituée à voir quand les gens mentent, et là son fiancé est en train de la mener en bateau. Mais surtout elle sent la peur, Mark est terrifié ; cette femme l’a complètement retourné. Il y a quelque chose, mais quoi ?

« Allons dormir mon amour, demain une dure journée de paresse nous attend ! », il l’embrasse, se déshabille, et éteint la lumière. Marion reste immobile, elle n’arrive pas à trouver le sommeil. Un moustique tournoie autour de ses oreilles, ce qui est supportable quelques instants, mais qui devient plutôt horrible passé 30 minutes. Que faire ? Elle se tourne vers Mark qui semble dormir paisiblement, comme un bébé, à son habitude. Elle pouffe de rire en voyant que la couverture est tombée à terre et qu’il se fait dévorer par les moustiques. Ecoutant ses pulsions de mère poule, elle allume la lumière pour mener une chasse sanguinaire aux moustiques. Elle réussit à en tuer deux, avant de se laisser tomber sur le lit, visiblement épuisée par la prouesse qu’elle vient d’accomplir. Elle en profite pour observer Mark. Elle adore le regarder dormir. Lui déteste qu’elle le regarde ; il est gêné et se sent vulnérable. Il a un petit tatouage sur la hanche, elle a toujours détesté les tatouages, mais celui-ci a une signification particulière, Mark se l’est fait faire lors d’un de ses voyages en Afrique. Elle l’observe de plus près, les petits symboles forment des lettres, et ces lettres un mot, qu’elle n’était jamais parvenue à déchiffrer jusqu’à présent. Néanmoins ce soir ce mot lui paru clair comme de l’eau de roche. Il l’a dans la peau… Il a son nom dans sa peau : Adèle.

Marion se couche sur le côté, et se met à pleurer silencieusement.


Avril 1995, Montpellier

« Non Antoine, je ne veux pas partir en Afrique !». Tandis qu’Adèle se met à pleurer, Mark observe la rue par la fenêtre de leur appartement, sans prêter une quelconque attention à ce qu’il voit en contrebas. Voilà six années qu’il a rencontré Adèle, et cela fait deux ans qu’ils se sont mariés. Leur photo de noces orne la cheminée. Mark déteste ça, mais il le fait pour Adèle, il ferait tout pour elle. Il doit effectuer un reportage en Afrique et refuse de la laisser seule 6 mois durant, non ça il s’y refuse, ce serait trop dur… Que faire ? Il la regarde, l’air pensif…

Entre deux sanglots, elle murmure «S’il te plait, ne pars pas Antoine, reste avec moi, je t’aime, tu entends ?! Je t’aime !». Mark la fixe et reste de marbre.

« Je ne peux pas, je pars demain à la première heure… »

Sur ces mots, Adèle entre dans une rage folle. Il va l’abandonner. Non. Il ne peut pas, pas elle. Elle ne peut pas rester seule, pas sans lui. Son travail est donc plus important pour lui qu’elle. Il faut qu’il reste. Elle le fera rester par tous les moyens. A ce moment elle s’empare d’une statue posée sur la cheminée et le frappe brutalement à la tête. Mark s’effondre. Son visage est inondé de sang. Il se redresse et tend la main vers elle « Adèle, non… ». Elle le frappe, le refrappe, jusqu’à ce que son visage ne soit plus qu’un masque de sang. Elle nettoie la statue, la repose sur la cheminée, nettoie le sol, et retourne tricoter, l'air serein.


Martinique, juin 2007

Mark s’étire et se retourne de l’autre côté du lit pour enlacer … un oreiller ? Marion n’est plus là. Il ouvre la baie vitrée et sort sur leur terrasse surplombant la mer. Il manque de tomber. Il a des vertiges, de terribles vertiges. Visiblement la chaleur ne lui réussi pas. Il faut qu’il pense à appeler son docteur. Marion est là, assise, immobile. Mark s’assoit au près d’elle, vacillant légèrement, suffisamment près pour l’entendre murmurer « je sais tout ». Ils restent immobiles sans rien dire de longues minutes durant. Finalement, Mark brise le silence « je ne t’ai rien dit pour te protéger… ». Il frisonne, il a l’air fiévreux. Marion tombe des nues ; c’est donc vrai ! Comment a-t-il pu lui mentir durant toutes ces années ? Elle aurait aimé se lever et partir, mais ses jambes, telles de la guimauve, refusent de lui obéir. Elle n’a pas le choix et doit rester. Mark fixe l’horizon, loin devant, et parle, le regard dans le vide « Elle est folle. C’est une folle. » Marion est abasourdie par ce qu’elle entend. « Je ne voulais pas que tu saches tout cela, mais on dirait bien que mon passé me rattrape. » Marion l’interrompt, furieuse, et lui hurle au visage : « Sur quoi d’autre m’as-tu menti ? », avant d’éclater en sanglots. Mark prend une mine dépitée « Mon amour dès l’instant où je t’ai vu, j’ai su que tu étais la bonne, et si je voulais avoir une chance avec toi, il était mieux que tu ne connaisses pas la vérité. J’ai déjà été marié ». Comme pour ponctuer ce mot, Marion lui assène une violente gifle. Celui-ci bondit et lui saisit le bras avec force «Ne recommence jamais ça ! » hurle-t-il. Marion pousse un cri de surprise ; c’est la première fois qu’il se comporte de la sorte avec elle. Elle qui abhorre tant la violence. Elle se lève et part s’enfermer dans la chambre, en sanglots. Elle entend la porte claquer, Mark vient de partir.

Il erre sur la plage de l’hôtel. Il a mal à la tête ! Son corps est douloureux, il suffoque. Le médecin aurait dû le mettre en garde contre la chaleur. Il se sent si mal. Il a l’impression de perdre la raison. L’air est lourd, étouffant. Au loin il observe un groupe de touristes vêtus en tenue de safari, avec des chapeaux de paille et de grosses lunettes de soleil, qui sirotent un rhum au bord de l’eau. Lui qui a tant voyagé en Afrique ne peut que mépriser ces gens. Des vendeurs tentent de les escroquer, proposant des instruments magiques, que les touristes observent avec précaution, comme s’ils allaient les transformer en grenouilles. Mark s’allonge sur le sable, sa tête le brûle. Il revoit cette nuit, encore et encore. Il revoit son regard glacial, tandis qu’elle lui assène le coup qui lui fait perdre connaissance. Mark se replie sur lui-même en position foetale, et sent les larmes lui monter aux yeux.

Marion en a assez de sangloter dans sa chambre, il faut qu’elle se change les idées. Elle décide d’aller se promener dans le parc de l’hôtel. Elle agit mécaniquement, et marche le regard vide, comme si son petit monde parfait, sa petite idylle venaient de s’effondrer. Rien ne peut lui échapper, non, elle ne peut pas se permettre de perdre le contrôle ; pas elle. Brusquement, au détour d’un virage, elle la voit... Elle fait demi-tour, et presse le pas, mais Adèle la saisit par le bras et lui dit : « attendez ! Je dois vous parler ! ». Elle se tourne vers cette personne indésirable, ayant d’un coup retrouvé toute son assurance : « Qu’est-ce que l’Ex femme de mon fiancé me veut ? » lui crache-t-elle au visage. Adèle semble apeurée, ses mains tremblent « Il vous l’a donc dit… Bon, écoutez, je n’ai pas beaucoup de temps. Il ne faut absolument pas qu’il nous voit ensembles, sinon… » Elle regarde autour d’elle furtivement si personne n’écoute, puis lance : « sinon il me tuera ! ». Marion est assommée par ce dernier mot « Sinon quoi ? » s’exclame-t-elle avec horreur, alors son visage se décompose.

Des pas au loin se rapprochent. Adèle, terrifiée « Non ! C’est lui ! Je dois y aller ! Zut, c’était une mauvaise idée que de vous parler, je vous en supplie ne lui dites rien. Adieu mademoiselle, que Dieu vous protège », et elle s’évapore dans la nature aussi vite qu’elle est arrivée.

« Marion, mon amour, je… » Mark se met à fondre en larmes, tendant à Marion les fleurs fraîchement cueillies qu’il tient dans sa main. « Mon amour, je suis désolé, je suis si nerveux avec ce traitement que je subis. Je déteste cet endroit, j’aurais pu trouver mille fois mieux pour toi. Pardonne-moi ! ». Marion reste de marbre, même si à l’intérieur d’elle-même elle meurt d’envie de le serrer fort contre elle. D’une voix neutre, elle déclare «je veux la vérité… ».

C’est autour d’un bon jus local dégusté au bord de la piscine que Mark se confesse. Il a été marié à cette femme, deux années durant. Un jour, il dû partir pour le travail, il lui demanda de partir avec lui ; elle refusa. Il décida de partir sans elle. Elle ne l’accepta pas. C’est alors qu’elle commença à le harceler. Il la quitta. Elle n’arrêta pas pour autant, et la police dû s'en mêler. Elle reçu une interdiction de l’approcher à moins de 500 mètres, et celui-ci dû changer de nom et de prénom pour devenir Mark SCHUMER. Marion est hypnotisée par ce discours, qu’il poursuit de vive voix « Mais tu ne comprends pas ! C’est une folle furieuse ! Elle a été soignée ».

« Ah bon ? » s’exclame Marion.

« Oui, elle a été internée en hôpital psychiatrique des années durant. Et… il y a autre chose… Mon Dieu Marion pendant des années j’ai essayé d’oublier cette histoire… J’ai vu un psychiatre, cela m’a détruit… J’ai trouvé dans l’écriture une sorte de thérapie. Tu ne comprends donc pas… Elle a… Elle a essayé de me tuer ! J’ai bénéficié de la protection policière ; je suis devenu paranoïaque, je n’avais rien le droit de dire, à personne ! ».

Marion se décompose sur place instantanément « Mon Dieu, Mark… J’ignorais… Et dire que tout à l’heure elle est venue me parler… Mon Dieu, mais ne faudrait-il pas prévenir la police ? »

« Tu as raison, prévenons la police » s’exclame Mark, blanc comme un linge.

Quelques minutes plus tard, deux agents de police frappent à la porte d’Adèle : Pas de réponse. Mark et Marion observent la scène en retrait. Après 10 minutes, toujours pas de réponse. Ils enfoncent la porte. La pièce est vide ; plus aucune trace d’Adèle. Elle est partie. Mark se sent serein, et il repense...


Avril 1995, Montpellier

… A cette fameuse soirée. Les coups. Il repense à tous ces coups qu’elle lui a assénés. Il entend encore les sirènes de la police, les policiers qui enfoncent la porte, l’ambulance, il revoit l’hôpital, il entend encore leurs voix « on le perd ! Vite ! ». Il se remémore ce grand agent de police à son chevet d’hôpital, lui promettant qu'ils allaient le protéger. Il se revoit chez son psychiatre, se bourrant de médicaments et tentant d’oublier cette nuit. Et il se souvient de sa rencontre avec Marion, qui a été une bouée de sauvetage pour lui après son naufrage.


Retour au Splendia

Marion est assise seule au bord de la piscine, Mark est parti leur chercher des cocktails. Elle est déboussolée, elle n’a pas l’habitude que les choses aillent ainsi. Elle aura besoin de temps, de beaucoup de temps pour digérer tout ça. Tandis qu’elle observe un groupe d’enfants, elle se souvient combien Mark n’en veut pas, elle aurait tant aimé en avoir, mais il s’y est toujours opposé, lui rétorquant « Nous ne sommes pas bien juste tous les deux ? ». Il faut vraiment qu’elle parle à Mark.

Après une après-midi fabuleuse, les deux amoureux retournent à leur chambre et dégustent une glace sur leur terrasse. Mark plaisante, bien qu’il se sent toujours mal sous cette chaleur. Prenant son courage à deux mains et tremblant un peu, Marion se lance « Mark, il faut qu’on parle ». Mark lui lance un « Bien sûr », tout en souriant gaiement.

« Non mais je veux dire, sérieusement ». A ces mots, le sourire de Mark s’éteint.

« Que se passe-t-il Marion ? » dit-il de son habituelle voix rauque.

Marion semble gênée et tourne nerveusement son cornet de glace entre ses doigts « Et bien je crois que je vais avoir besoin d’un peu de temps. Je ne t’abandonne pas, rassure-toi, j’ai juste besoin de me préparer psychologiquement, et de faire le point ». A ces mots, l’attitude de Mark change du tout au tout. Il devient blême « tu veux dire que tu me quittes ? ».

« Oui, pour un moment du moins », dit Marion entre deux sanglots. A ce moment, Mark se sent possédé comme….



Montpellier, avril 1995

… cette fameuse nuit où il dit à Adèle qu’il va partir en Afrique et qu’il lui demande de partir avec lui.

Cette nuit où tout a commencé, où le mal est apparu…

Elle est magnifique ce soir-là, comme toujours. Mark est comblé. Il va partir avec elle ! Tout ou presque est planifié. Adèle fait les cent pas dans la pièce faiblement éclairée. Quelque chose cloche.

« Je ne peux pas partir avec toi Antoine ».

La sourire de Mark s’estompe « Mais pourquoi ? ». Adèle paraît gênée mais tout comme Marion elle n’est pas du genre à se laisser faire « Et bien j’ai rencontré quelqu’un d’autre et je souhaite divorcer ». Les yeux de Mark s’emplissent de larmes. Sentant qu’elle a le dessus, Adèle poursuit « Ecoute, tu n’es jamais là et je me sens très seule. Vivien me comprend, tu vois ? Je me sens bien avec lui, je suis désolée ». Mark essuie ses larmes d’un brusque revers de manche, et son regard se noirci. Il se rapproche d’Adèle, la fixant droit dans les yeux.

« Antoine, tu me fais peur… » Dit-elle, apeurée. Son attitude devient craintive. Mark entre dans une rage folle, il l’empoigne par le col et commence à la battre violement. Il la frappe à mains nues, tout en l’insultant « Tu es à moi ! Tu es à moi ! Espèce de trainée ! Tu seras à moi et à moi seul pour toujours ! ». Sa tête heurte le sol avec violence tandis que Mark continue de la rouer de coups. « Tu es à moi… » Dit-il d’une voix sanglotante en se laissant tomber sur le sol, tandis que des voisins enfoncent la porte…


Sainte-Anne, Hôpital psychiatrique de Paris, mai 1995

Mark arpente les couloirs de Sainte-Anne, parlant seul « je suis un écrivain, un grand écrivain ».

Il ne fréquente personne, il n’aime pas les autres patients, ils lui font peur, et ils ne le comprennent pas. Il s’en moque, il est écrivain. Aujourd’hui il a sa visite quotidienne, d’une femme, une vieille femme, qui dit être sa mère ; il ne la reconnait pas mais elle lui apporte des livres. Il aime cette vieille dame.

Le médecin explique à Mme DURSEL que son fils souffre d’un délirium, et que l’on ignore combien de temps cela peut durer. Dans tous les cas, il est fort probable qu’il reste marqué par cette histoire. Il gardera des séquelles, c’est certain, plus ou moins visibles.

Madame DURSEL quitte l’hôpital, en sanglots, serrant une petite photo d’Antoine bébé dans sa main, et ce, comme chaque matin.


Paris, juillet 1999

Mme DURSEL reçoit un appel de l’hôpital où est interné son fils : son état s’est amélioré, il est temps de songer à sa sortie.

Le docteur, un grand homme de la cinquantaine à l’allure de croque-mort lui explique que son fils va mieux, seulement sa mémoire est affectée. Il ne se souviendra plus jamais de l’accident, et il est fort probable que son esprit le réinterprète à sa manière. Les souvenirs d’Antoine ne seront plus crédibles. Un délirium est imprévisible, donc une rechute n’est pas à exclure. Sa tentative de meurtre sur sa femme a fait couler beaucoup d’encre. Afin de faciliter sa réinsertion sociale, il doit changer de nom, et c’est ainsi qu’Antoine DURSEL mourra pour laisser la place à Mark SCHUMER.

« Nous avons raconté à Mark qu’il a été journaliste-reporter durant des années, donc il ne le niera jamais, seulement il n’aura aucun souvenir authentique de ses nombreux voyages, il va devoir s’en inventer. »

A ce moment Mark sort d’un couloir, la mine cadavérique. Il fixe Mme DURSEL de longues secondes durant, et il bafouille « Maman ? C’est toi ? Où étais-tu pendant tout ce temps ? ». Celle-ci fond en larmes.


Martinique, juin 2007

« Tu ne peux pas faire ça ! » Mark tente de réfléchir ; il n’y arrive pas. Satanée migraine. Il se serre la tête entre ses mains. Il a l’impression d’être hors de lui-même. Il n’arrive pas à rester rationnel, à relativiser. Sa tête tourne, il s’accroche à la barrière pour ne pas tomber. Marion s’inquiète : « Mark ? Arrête de faire l’idiot ». Elle est terrorisée mais refuse de le laisser paraître « Mark c’est fini, j’ai l’impression de vivre avec un étranger, au fond je me rends compte que je ne sais rien de toi ! Notre vie ne repose que sur des apparences et des mensonges ! ». Elle reprend sa respiration et lui dis d’une voix brisée « je suis désolée Mark, je ne peux pas, je vais rentrer chez ma mère, d’accord ? ». Il lève les yeux vers elle, des yeux vides, un regard vide. Marion s’écarte, brusquement, mesurant l’ampleur de ce qui se trame. Elle ne le reconnait plus. La chemise de Mark est inondée de sueur. L’espace d’un instant il s’immobilise et semble perdu. Il fixe Marion et lui murmure « Ne reste pas là, fuis », mais sa voix est couverte par le bruit d’un avion. Marion le regarde sans trop comprendre. Mark ferme les yeux, tentant de se calmer, mais il ne peut pas, cette chaleur réveille la bête. Il fait trop chaud, il ne peut pas. Il se redresse, fixe Marion droit dans les yeux, et dit d’une voix rauque « Tu n’iras nulle part ». Il l’attrape. Marion, abasourdie, le frappe. « Tu es comme elle » murmure-t-il. Il ressert son emprise « tu es comme elle ! » hurle-t-il en la frappant au visage. En contrebas de leur balcon se trouve la mer, les rochers, il l’y pousse violement. Son corps heurte la pierre, dans un doux fracas.


Paris, juin 2007

Marion est en réanimation. Mark lui caresse amoureusement les cheveux. Le médecin entre dans la pièce. Mark bondit « Alors Docteur ? ».

« Je ne peux rien dire pour le moment, elle a subi un sacré choc, heureusement que vous étiez là. Vous l’avez sauvée. Elle risque de rester dans le coma encore pour un moment. Mais ne vous en faites pas, nous savons ce que nous faisons » dit-il avant de quitter la pièce. Tandis qu’une infirmière soigne les blessures de Marion, Mark continue de lui caresser les cheveux «Je pourrai passer ma vie à t’admirer ma Douce, tu es si belle ». A ces mots, la grosse infirmière rondouillarde glousse avant de sortir de la pièce. Il observe ses plaies, sa peau tuméfiée.

« Tu m’appartiens pour l’éternité, tu n’aurais pas du me faire ça, ce n’est pas bien ! » lui murmure-t-il à l’oreille, « tu es ma petite poupée maintenant. »


Sainte-Anne, septembre 2007

« Home sweet Home » murmure Mark, tandis que deux gardes l’escortent vers sa nouvelle demeure, mais sa voix est couverte par les sirènes des cinq voitures de police qui l’entourent. Des manifestants se tiennent devant l’hôpital et l’insultent. Ils scandent un slogan qui fait sourire Mark « Oui à la peine de mort, Non aux récidivistes ! Que fait la police ?». Il croise son reflet dans une vitrine, mais ce n’est pas lui qu’il voit, c’est un être démoniaque. Il se met à rire, tandis qu’un homme lui lance une insulte.

A quelques dizaine de km de là, dans le service de réanimation de l’hôpital de Paris, un bip sonore et prolongé retenti dans la chambre d’une certaine Marion, des pas se précipitent, un hurlement retenti, couvrant un instant le signal « Vite ! On la perd ! ».


Mark s’assoit dans le fond de sa cellule et ferme les yeux.

De battre mon coeur s'est arrêté par MyLWorld

14 avril 2008 à 17h22

J'ai toujours été un grand perfectionniste. Cela va faire un an ; nos un an, aujourd’hui même. Il faut que tout soit parfait, à ton image. Je prend la peine de téléphoner à ton appartement : pas de réponse. Parfait. Il ne faut pas gâcher la surprise, une si belle surprise... J'ouvre la porte de l'immeuble à l'aide de la clé que tu m'avais donné, symbolisant notre engagement. J'inspire profondément. J'observe mes phalanges. Elles sont blanches tant je sers fort cette petite boîte. J'espère que cette bague te plaira. Nous allons nous fiancer. Tandis que l'ascenseur débute sa pénible montée dans un grondement métallique, j'ûme pour la dernière fois mon bouquet. Vingt roses... Vingt comme ton âge. Quinze blanches, quatre rouges, et une rose, symbolisant les cinq années passées en ta compagnie. Et la rose, la plus belle, pour cette année magique que je viens de passer avec toi. Un rapide coup d'œil au miroir de l'ascenseur me remet d'aplomb. Je suis parfait. Mes pas résonnent dans le couloir ; une porte, deux portes... Voilà, j'y suis. Tandis que je pousse la porte, j'aperçois des chaussures qui me sont étrangères. Je plisse le front. Etrange. Je pousse la porte de la chambre, et là, je le vois. Il se tient là, avec elle, souillant son corps. Il est nu aux côtés de ma douce. Nous demeurons sans rien dire pendant une longue minute. Tandis que le traitre se lève, je prend la batte posée sur le mur. D'un coup, je lui éclate la tête. Un craquement sec ponctue mon geste. Il s'effondre. Je fais la moue : cela a été trop facile. Enfoiré. Je crache sur sa dépouille. Il ne mérite pas que je m'attarde sur lui.
Elle est là, pétrifiée, recroquevillée sur elle-même. Je me demande de façon ironique à quel stade de l'acte je les ais interrompus. Je ris. Elle est là, elle m'observe. Que je déteste cette tête de chien battu, si elle pense pouvoir m'attendrir avec ça, elle se trompe. J'abhorre la faiblesse, elle va l'apprendre à ses dépends... Je la gifle violemment. Elle tombe à terre. Je la relève par les cheveux et lui murmure à l'oreille :
"Si tu dis ne serait-ce qu'un mot, je te tranche les cordes vocales".
"Vivien... Non, je t'en supplie, je t'aime !"
A ces mots, je lui assène un violent coup de poing.
"Je t'interdis de m'aimer !"
Crac. Aïe, je crois que j'y suis allé un peu fort, j'ai du lui briser le nez... Celui-ci se transforme en véritable fontaine, inondant les draps. Je demeure de marbre. Ce soir c'est la fin, il n'y aura pas de pardon. La masse qui se tient devant moi ne représente plus rien à mes yeux, c'est fini. Elle va regretter, et ce aussi longtemps que je le désire. Ses pleurs m'agacent... Je me lève pour mettre de la musique, pas trop fort tout de même, je n'ai pas envie qu'un voisin se pointe et qu'il faille le tuer. Je m'approche d'elle, j'essuie ses larmes et dépose un baiser sur son front. De ma voix la plus douce, je lui dis que ça va aller. Elle me fixe d'un air apeuré. Je lui souris.
"Sur quelle musique veux-tu mourir ?", le tout ponctué d'un "salope" incisif.
Elle éclate en sanglots. Ah, les femmes... Et bien ce sera encore à moi de choisir. Tiens, et pourquoi pas du Beethoven ? J'aime Beethoven. Je retourne vers elle. Son visage inondé de sang et de larmes l'a rende pathétique. La situation m'excite. Tandis que je m'avance vers elle, je trébuche. Je me relève, agacé : "Même mort il continue de m'importuner celui-là !". Je le roue de coups. Si j'avais pu, je l'aurais tué une deuxième fois, encore et encore. Maudit cloporte.
Seulement, je n'ai pas le temps. Elle m'attend. Je la ligote solidement à son lit et la fixe droit dans les yeux, écoutant son cœur battre. Je ne sens même plus le mien, je crois qu'elle l'a tué. Oui, c'est ça, il doit être brisé je pense. elle me l'a brisé... Tout s'effondre. Je n'ai même pas envie de pleurer, je me sens vide. Je n'ai qu'une hâte, en finir. Mais pas trop vite tout de même, je veux lui donner une leçon d'abord. L'éducation est primordiale, paraît-il. Je vais dans la cuisine chercher un couteau, le plus tranchant de préférence. Mon choix s'arrête sur celui qu'elle avait utilisé tant de fois pour me préparer de bons petits plats. Je retourne vers elle. Qu'elle m'agace à me fixer de la sorte ! Violemment, je lui plante le couteau dans le lieu du pêché, étouffant ses hurlements de mon autre main. Je lui tranche la gorge d'un geste précis, et sectionne une artère. Le sang, libéré de sa prison, gicle en tous sens. Je ferme les yeux et laisse le liquide chaud se répandre sur mon corps. C'est vraiment très agréable.
Bon, assez rigolé. Je dépose mon bouquet de roses sur sa dépouille. A la seule pensée du bazar que va créer cette affaire, je suis las. Les flics et leurs fichues questions... J'aurais pris plaisir à leur raconter comment je l'ai tué, mais ils ne comprendraient pas la délicatesse de l'acte. Tant pis... A mon tour alors... Je sors de l'appartement d'un pas trainant et laisse la porte ouverte derrière moi. Je parcours le couloir d'un pas trainant. Me voilà sur le toit. Je me remémore nos soirées passées à regarder les étoiles et me dit à quel point nous étions pathétiques. Je souris. Au loin retentie la 8e symphonie de Beethoven. Quelle douce journée pour nos un an... Ce silence est très vite brisé par un cri d'horreur. C'est l'heure. Je souris et plonge la tête la première, vers le chemin qui mène à l'éternité, paraît-il...

Elle: Son idéal par Damas

24 avril 2008 à 17h59

C’était tout le temps comme ça. Il s’allumait toujours une cigarette, lorsqu’elle fuyait les lieux du crime pour aller vers la salle de bains. Une démarche, lente, sensuelle, rythmée par un métronome. Il quittait alors le lit, chamboulé par leurs ébats, enfilait son caleçon, puis se dirigeait vers le bar. Elle lui demandait alors, s’il lui servait un coca, et lui souriait. Elle était comme lui, le coca seul ne présentait aucun intérêt. Il l’accompagnait toujours, soit de whisky, soit de rhum vieux, tout dépendait de la bouteille la moins vide.

Il l’appelait sa Jessica.

Elle détestait ça. Mais elle était sa femme fatale. Et lui, le pauvre Roger, ridicule et repoussant, derrière ses épaisses lunettes, qui faisaient soit disant « intellectuel ». Mais Jessica disait qu’elle adorait ça. Elle disait que les poètes étaient toujours plus intéressants que ces brutes, qui l’abordaient sans cesse, ou qui avaient toujours la délicatesse de la gratifier d’une main aux fesses dans le bar où elle était serveuse. Comme si son cul était servi avec la bière bon marché !

Il faut reconnaître, que le génie de la création avait été généreux avec elle. La définition même de la finition parfaite, comme il aimait écrire. Elle était tout à la fois : Jessica Rabbit, Marilyn Monroe, Monica Bellucci, toutes ces actrices qui faisaient rêver les vieux, et bander les adolescents boutonneux. Il en savait un rayon, il avait été le prototype même de l’adolescent boutonneux. Grand, mal fait, carrément rachitique, lâche, et solitaire, et ne savant que faire de ses longs bras lorsqu’ils ne sont pas occupés à lui faire profiter d’une séance de sexe solitaire.

Alors Roger avait décidé de devenir écrivain, afin d’écrire tout ce qu’il ne pouvait pas être. Ce prince charmant, héroïque, chevauchant sa moto, puissante et bruyante, rebelle à mourir, mais avec un véritable cœur d’artichaut. Mais il n’était pas déçu, loin de là, tout ce que la nature lui avait refusé, elle l’avait offert à Jessica. Quelle grande initiative !
Et elle, avait repoussé le prince charmant, pour tomber amoureuse du crapaud qui n’avait jamais rencontré la sorcière. Elle s’était obstinée à l’aimer. Enfin… l’aimer deux nuits par semaine. Et ce quand elle voulait. Elle avait le chic, pour ne jamais le rappeler. C’était toujours elle qui lui rendait visite. Parfois à l’improviste.
Et ça durait depuis quatre ans.

Jessica n’avait jamais voulu rester jusqu’au bout de la nuit. Et elle n’avait jamais voulu l’impliquer plus que ça dans sa vie. Elle lui faisait l’amour passionnément, prenait sa douche, buvait son verre, grillait sa cigarette, échangeait quelques mots avec lui, et puis devait rentrer.

Il savait que ce soir, ce serait comme ça.

Jessica sorti de la douche. Elle pris le temps d’effacer du revers de la main la buée sur la glace qui surplombait le lavabo, puis observa la personne de l’autre coté du miroir. Elle entendit le son chaud et grésillant du tourne disque de Roger. Elle sourit. Un sourire sincère. Elle était heureuse.

Elle ne connaissait personne d’autre qui écoutait encore ses morceaux de jazz sur de vieille platine d’origine. A l’ère du cd et du mp3, c’était devenu soi disant obsolète, dépassé. Mais pas pour lui. Il disait qu’à tout compresser, on finira par oublier la grandeur d’âme de l’être humain. L’année où elle avait disparue, où elle l’avait abandonné, son admiration pour ces vieilles machines lui avait terriblement manqué. Comme sa vieille machine à écrire, elle adorait l’écouter pianoter dessus pendant des heures.

Elle se drapa de sa grande serviette rose.
Délicate attention, il lui avait offert cette serviette, Trois ans auparavant. Elle aurait refusé une brosse à dent, elle se serait sentie obligée de rester jusqu’au matin, mais la serviette avait une utilité réelle.
Et il l’avait gardée, accrochée près du lavabo, même quand elle ne l’avait plus appelé. Marque d’espoir, ou souvenir. Elle l’ignorait. Ces écrivains sont tellement sentimentaux. Et tellement étranges parfois. Mais ils font l’amour tellement bien.

Elle quitta la salle d’eaux, pour le rejoindre dans l’appartement. Elle s’était toujours demandé comment Roger avait fait pour vivre aussi longtemps ici. Il avait un bar. Mais pas de cuisine. Un lit. Un bureau. Des feuilles volantes qui envahissaient chaque centimètre carré du sol, et une fenêtre qui lui offrait la vue sur le mur de l’immeuble voisin.

Elle avait eu presque pitié lorsqu’elle était entrée pour la première fois. Mais il avait l’air tellement à l’aise, tellement heureux dans son capharnaüm, qu’elle n’avait jamais osé troubler son eden. Elle n’avait jamais eu l’audace de ranger. De toutes façons, elle préférait lui faire l’amour. Ils se voyaient si peu de temps.

Elle eu un petit sourire moqueur quand elle vit son grand corps maigre debout au milieu de la pièce, en chaussette, caleçon à pois, avec ses lourdes lunettes sur le nez, un verre à chaque mains, et une clope lui brûlant le bout des lèvres. Elle l’aimait aussi pour ça. Son innocence, son coté infantile et désinvolte, c’est tout ce qui lui fallait pour réchauffer un petit cœur gelé qui battait de l’aile. Elle s’approcha de lui, vola sa cigarette, et puis un baiser au passage. Elle aimait qu’il soit plus grand que lui. Elle se sentait protégée ainsi. Et cela, même quand elle entretenait un cancer avec une tige volée.

De quoi allaient ils parler cette fois ? Elle s’en moquait. Elle porta le verre à ses lèvres. Elle se sentait amoureuse. Elle se sentait aimée. Et ça durait depuis quatre ans. C’était donc ça l’amour ?

Elle aimait l’acidité du cuba libre dans gorge. Elle aimait entendre la nuit qui hurlait à travers la fenêtre. Elle aimait Roger. Jessica était heureuse.

Jessica libéra Roger de son verre, et de la cigarette. Elle s’assit sur le rebord du lit, pendant que lui s’asseyait à même les feuilles sur le bureau. Il la regardait siroter son verre. Il avait toujours su que si c’était une femme qui lui avait donné la vie, ce serait une femme qui la le lui enlèverait. Pas terrible comme logique, mais logique quand même.

Plus il l’observait, plus son coté lâche ressortait. Il avait peur. Peur de la perdre à nouveau. Comme la fois d’avant. En silence. Sans explication.

Roger avait peur que Jessica disparaisse. Il savait pertinemment qu’il n’était pas un apollon. Il n’était pas riche non plus. Il était plutôt maladroit dans ses gestes et ses mots. Il était conscient, qu’il n’avait rien pour retenir une femme. Il n’avait même jamais osé se demander pourquoi elle était revenue.
Il avait conscience qu’il était amoureux d’elle. A en mourir.

Et cette fois, il voulait la garder près de lui. Il ne voulait plus la perdre.
Plus jamais. Parce qu’il ne savait pas s’il allait la retrouver. Parce qu’il n’en pouvait plus de vivre seulement deux nuits par semaine.

Alors Roger laissa échapper un « je t’aime ». Franc, sincère, et puissant. Comme dans ses livres.

« -Moi aussi je t’aime, imbécile. Lui répondit Jessica.
-Alors reste.
-Je ne peux pas.
-Alors épouse-moi.
-Tu es sérieux ?
-Oui, épouse-moi, je t’aime.
-Je ne peux pas.
-Pourquoi ?
-Parce que. »

Parce que. C’est une réponse typiquement féminine. Le genre de réponse qui vous laisse dans le vide. Une réponse sans réponse. « Parce que » avait sûrement été inventé dans le but pur et simple d’agacer les hommes.

Jessica se leva, posa son verre, écrasa sa cigarette, se rhabilla. Elle l’embrassa avant de partir. En lui répétant qu’elle l’aimait. Et puis, elle partit. Tout ce temps, Roger essaya de la retenir. Mais il était lâche. Et il avait trop peur de dire un mot de travers. Un mot qui empêcherait Jessica de revenir.
Alors Roger s’habilla en quatrième vitesse. Comme pour une alerte incendie. Et il la suivit. Il la suivrait jusqu’à chez elle. Et là, il saurait. Il saurait si elle était déjà mariée. Il découvrirait pourquoi elle ne pouvait pas. Il saurait ce que « parce que » veut dire.

Roger réussit à arriver jusqu’à chez Jessica, sans se faire remarquer. Les peureux savent bien se cacher.

Elle vivait dans un immeuble modeste. Modeste, mais qui avait l’air moins vétuste que celui de Roger. Jessica habitait au troisième. Il avait vu les lumières s’allumer depuis la rue.

Impatient, Roger ne se reconnut pas. Il grimpa les marches quatre à quatre.
Qu’allait-il dire ?
Pour la première fois, il allait briser le secret. Il allait détruire une intimité qui s’était construite depuis des années. Il allait probablement rencontrer un homme. Une brute. Plus forte que lui.
Cette brute aurait un nom américain qui fait peur, à la Jason, ou Bruce. Et quand Jason ou Bruce entendrait dire que le pauvre Roger qu’il est amoureux de sa femme, il le démonterait pièce par pièce. Et il renverrait Roger au rez-de-chaussée, en morceau.

Mais Roger s’en moquait. C’était écrit. Sa femme fatale lui serait fatale.
Ce soir, Roger allait mourir. C’est mieux que d’être handicapé du cœur. Alors il courait, il se précipitait chez Jessica.

Bon Dieu que le temps parait long quand on est courageux !

Il arriva devant la porte. Enfin. Il sonna. De toutes ses forces. Un homme lui ouvrit. Roger failli éclater de rire. Ce n’était pas le prince charmant. C’était un petit, chauve, gras du bide, en slip kangourou, qui suintait la graisse par tous les pores.

« - Je suis amoureux. NON ! J’aime Jessica. Et je viens vous l’enlever !!!
-Je veux bien. Mais Jessica, c’est face. »

Et le petit gros, lui claqua la porte au nez.

Ridicule.

La première fois de sa vie, qu’il était courageux. Il fallait que Roger se ridiculise. Il se retourna, découragé, vers la dite porte, respira un grand coup. Puis se dirigea vers les escaliers.

Et puis non.

Il était arrivé jusqu’ici. Ce n’était pas pour faire demi-tour. Il allait quand même mourir ce soir.

Roger sonna. A la bonne porte cette fois. Une voix sourde et inquiète demanda qui était-ce.
« Roger. »

Jessica lui ouvrit.

« -Epouse moi.
-Entre. Lui répondit-elle froidement. »

Résigné, il la suivit en silence jusqu’à sa cuisine. Elle avait une cuisine, elle. Avant de lui demander ce qu’il faisait là, elle lui proposa un café. Il refusa, puis il lui demanda si elle vivait avec un homme. Non. Pas de Jason, ou Bruce. Roger était soulagé. Mais il se demanda, pourquoi elle ne voulait pas vivre avec lui. Il pouvait changer d’appart’. Changer de vie. Avoir une cuisine. Et un lecteur cd. Même un lecteur mp3 si elle voulait !

Jessica prit Roger par la main. Elle l’emmena le long d’un couloir jusqu’à une porte fermé. Roger, inquiet, voulu lui demander : « où ? ». Mais elle posa un doigt contre ses lèvres. Chut !

Elle poussa la porte doucement, afin d’éviter le moindre grincement. C’était une chambre d’enfant. Avec des jouets, des poupées et des peluches qui traînaient à droite et à gauche, des dessins sur les murs. Et une veilleuse au coin de la chambre. La lumière du couloir éclairait un petit lit. Dans ce lit, dormait une petite fille, le doigt dans la bouche, le lapin contre la joue. Cette petite fille dormait paisiblement dans ses draps disney.

Elle s’appelle Sarah, elle a deux ans. Roger, c’est ta fille.