Le week-end de Pâques est, depuis maintenant 5 ans, un évènement peu réjouissant pour moi, puisqu'il précède d'un jour le décès de mon père. L'avantage c'est qu'il ne tombe pas à la même date tous les ans, l'inconvénient c'est que chaque fois que je vais faire mes courses à cette période, je vois tous ces chocolats et les pubs à la télé qui nous incitent à en consommer. Et je n'en ressens pas la moindre envie. J'aurai l'impression de trahir mon père, qui nous avait justement ramené des chocolats la veille de sa mort. C'est bête parce que ça pourrait aussi être le contraire. Mais je n'arrive pas à me dire que ça pourrait être une forme d'hommage, je ne suis pas encore prête a assumer de pleurer en mangeant mon chocolat de Pâques.
Je me rends bien compte que mon appréciation sur ma situation et la vie en général n'est pas très objective. J'essaie de prendre du recul, mais ce n'est pas évident.
J'ai l'impression que dès que j'essaie d'avoir une vie normale et de faire un peu comme "tout le monde", quelque chose me gêne. Ma conscience me dit "Oh la mais que fais tu ?! Tu ne crois pas que tu devrais commencer par régler tes problèmes personnels? OU sont tes priorités ?"
Nous passons tous par des épreuves difficiles et je me rends bien compte qu'il faut du temps pour s'en remettre parfois et que je suis peut-être trop pressée. Qui va lentement va sûrement. Autant dire que chez moi, le processus est lent, mais efficace.
Je n'ai pas envie de vivre partiellement ma vie, de ne pas m'accomplir en tant qu'être humain. Je n'ai jamais eu pour but d'avoir un super boulot, une maison, un mari et 5 enfants plus un chien, le rêve américain quoi. Ce que je veux c'est une vie calme, ou je sois épanouis quoi que je fasse, quoi qu'il se passe. Je veux acquérir une meilleure maîtrise de mes émotions et ne plus les laisser diriger ma vie. Je veux cesser d'avoir peur d'être rejeter si je suis moi-même. Je sais que beaucoup de mes mécanismes viennent du fait que je n'ai peut-être pas encore fait tout le travail nécessaire pour accepter et me détacher de mon enfance.
J'ai été en conflits permanent avec ma mère et j'ai eu tendance a rejeter toute la faute sur elle et son éducation très stricte.
Pour moi, elle était un monstre, mon pire cauchemar, le diable incarné.
Elle me battait depuis mon enfance jusqu'à il y a à peine quelques années et j'ai tellement culpabiliser d'être en vie que je ne souhaitais qu'une chose: mourir. J'ai pensé au suicide tellement de fois, mais j'avais confiance en l'avenir, je savais qu'un jour je finirai par sortir de tout ça et voir un peu de lumière.
J'ai toujours eu du mal à trouver ma place dans ma famille, non pas seulement parce que j'étais entre mes deux soeurs, mais parce que je me sentais déjà différente et mon comportement envers ma mère était différent de celui de mes soeurs. J'étais sans cesse comparée, on me reprochait de ne pas être assez comme ceci ou d'être trop comme cela. D'être un mûr sans émotions, mais quand je versais des larmes, j'avais le droit à "pourquoi tu pleures ? T'en veux encore ?" Et les coups allaient de plus bel, alors comment exprimer ses sentiments, si cela voulait dire être encore plus battu, rejeté, mali aimé ?
Ces derniers temps, je me suis beaucoup affirmée et j'ai eu des discussions avec ma mère, qu'elle a eu du mal à digéré. Je lui ai dit que j'ai souffert des coups et des mots blessants qu'elle me disait, je lui ai aussi dit que je voulais passer à autre chose, mais qu'on effaçait pas plus de 22 ans de souffrance du jour au lendemain. Je fais un gros travail sur moi, qui me prend beaucoup d'énergie et en plus de ça, j'ai a géré le deuil de ma rupture. Ca fait beaucoup de deuils: Celui de mon père, celui de la mère que j'aurai aimé avoir, celui de mon enfance, celui de ma relation amoureuse... Mais ce sont des épreuves de la vie et on se doit d'y faire face du mieux qu'on peut.
J'ai écopé depuis la naissance d'un handicap visuel qui n'empêche de faire pas mal de choses (comme conduire) et à vrai dire, cela ne m'enchante pas d'être dépendante des transports en commun. Lorsque ma psy a été remplacé, j'ai mis du temps à parler de ça avec la nouvelle, elle m'a carrément demandé si je mettais des lentilles (j'ai les yeux verts et je ne sais pas pourquoi on pense que ce ne sont pas mes vrais yeux --). Bref, elle m'a conseillé d'aller voir un ophtalmo, ce que je ferai sans doute dans quelques temps. C'est une maladie sans nom, a l'époque ou j'ai été reconnu officiellement "handicapée" il n'existait pas de solution, ni d'opération. Peut-être que la médecine optique a évolué depuis. Je l'espère.
Mais avant tout, je pense me trouver un logement. A mon âge, être encore chez ses parents, alors que mes deux soeurs sont parties, j'avoue que je le vis mal. Surtout dans cette ville perdue ou il n'y a rien à faire....
Ma mère, qui voulait sans cesse diriger ma vie et me forçait à faire ses 4 volontés, ne m'adresse pratiquement plus la parole depuis quelques semaines et ça me fait un bien fou. Autant, je me sens vraiment seule des fois, autant je me dis, je préfère être seule qu'entourée d'hypocrisie ou de personnes qui ne m'acceptent pas telles que je suis. Ce qui est le cas de ma mère, elle me l'a dit haut et fort. "Je ne peux pas accepter ton comportement, je ne te reconnais plus". Elle voulait bien sur dire qu'elle ne reconnait plus la fille qui obéissait au doigt et à l'oeil comme une esclave et qui ne donnait jamais son avis, ni exprimait ses émotions. Elle n'accepte pas que sa fille s'affirme et aille contre sa volonté. Je pense que c'est aussi ça grandir. Arrêter de se préoccuper de l'opinion de ses parents, prendre ses propres décisions, faire les choses pour soit, même si elles ne sont pas conformes à leurs attentes. C'est difficile aussi pour les enfants qui n'en ont pas l'habitude. Au début on culpabilise et les paroles de ma mère m'ont souvent fait culpabiliser, mais j'ai fini par me rendre compte que c'était elle qui nourrissait trop d'attentes envers moi et que jamais ne pourrai être la fille qu'elle veut que je sois. Je ne veux pas être cette fille de toute manière. Je ne veux pas être un mini elle qui passe son temps dans une secte à critiquer les autres ou a faire de la propagande, sans tenir compte de l'avis des autres. Elle impose souvent ses choix aux autres malheureusement pour elle. La tolérance est parfois dure pour certains pratiquants sectaires. Ce doit être comme cela et pas autrement.
Enfin, je dois aussi me faire à l'idée que ma mère ne m'acceptera jamais telle que je suis. Jamais totalement en tous cas. C'est dur quand on sait que moi j'ai fini par l'accepter telle qu'elle est. Ce qui me fait mal c'est qu'elle ne cherche pas à m'accepter moi, telle que je suis. Finalement, je ne suis pas celle qui rejette, mais bien celle qui est rejetée.
Il faut que je mette une distance géographique entre elle et moi, peut-être que cela nous permettra de nous rapprocher ?
Enfin, je remarque que les gens se font un tas de films et d'interprétations tordues dans leur tête et il m'arrive encore de m'en faire de temps à autre, mais je me dis que ça ne sert a rien de faire des suppositions, de toute façon on ne sait rien.
Beaucoup de gens me demandent des conseils, que ce soit mes amis en vrai ou des personnes que je connais sur internet (communautés, réseaux sociaux etc...) et la plupart des conseils qu'on me demandent concernent les relations amoureuses. C'est marrant qu'on puisse s'intéresser à ce que j'écris. Pourtant je trouve que ce que je dis est assez logique et que n'importe qui pourrait avoir le même mode de raisonnement. Il suffit d'avoir l'esprit ouvert un minimum.
Ils disent que j'ai un regard lucide, mais à vrai dire, je n'ai pas de regard du tout, tout ce que je dis concerne une situation que je ne connais pas, j'essaie de décrypter des attitudes qui se cachent derrière des mots ou des gestes, mais honnêtement, j'en ai aucune idée. Je n'ai pas l'intention de devenir conseillère conjugale, mais c'est vrai que je m'intéresse quand même de très près aux expériences et aux histoires des autres.
Je suis réellement étonné que des gens qui ne me connaissent pas donnent de la valeur à ce que je pourrai leur dire. Je suis encore jeune et ignorante, je peux très bien me tromper. Mais quelque part, on me fait assez confiance pour m'écouter et prendre en compte mon avis, chose dont je n'ai pas l'habitude. Je vis des expériences nouvelles, tiens, c'est maintenant que je m'en rends compte. Comme quoi, je devrais écrire plus souvent pour favoriser le processus.
Je voulais aussi dire un merci à Michan (je n'écorche pas le nom j'espère '-') pour son soutien.
Je ne savais pas comment le faire autrement alors Michan, si tu passe dans le coin un de ces 4, j'ai bien eu ton message et je te remercie de m'avoir lu. Au passage, je remercie tous ceux qui prendront le temps de venir sur mon journal.
A bientôt.
An'.