La pénombre enveloppe la pièce. Seul dans son lit, le visage éclairé par la faible lumière de son téléphone portable, habillé légèrement afin d'être à son aise pour la nuit qui s'annonce, l'homme pense à sa vie. Il revoit dans sa tête les instants passés avec des gens qui ne lui ont apporté que du bonheur, ceux qui n'ont apporté que du malheur, ceux qu'il a juste aperçus, croisés ou simplement ignorés. Il se demande quelle aurait sa vie si il avait fait d'autres choix. Serait-il le même si ses parents n'avaient pas divorcés ? Et si il avait choisi de vivre avec sa mère ? Et si il avait travaillé à l'école ? Il se pose toutes ces questions et ne sait pas où cela l'aurait mené. Il sait qu'il a parcouru un chemin bien précis, parmi des milliards de chemins possibles il a emprunté celui-là. Il a craint son père et est resté avec lui jusqu'à ce que la peur de l'abandon prenne le dessus et soit plus douloureuse que les coups donnés afin de réprimander le petit garçon turbulent qu'il était. Il a préféré choisir d'étudier la chimie, de vouloir améliorer le futur à la recherche d'une ressource écologique. Il est tombé pour la première fois de sa vie sur une jolie demoiselle qui s'est intéressé à lui. Pourquoi lui ? Qu'avait il de spécial ? Il a voulu savoir si c'était juste elle ou si il plaidait vraiment. Et il a charmé des filles, abusé de ses talents pour vérifier... Et il a fait du mal... Et c'est ce mal qu'il a infligé à sa famille, à ses amis, à ses conquêtes, à ses petites amies... Ce mal qui le ronge, qui consomme petit à petit sa joie de vivre, l'oblige à vivre au travers du regard des autres, ne le fait se sentir vivant qu'en étant apprécié, aimé, désiré par les autres. Ce processus d'autodestruction c'est activé il y a des années et personne ne pourra l'arrêter. Au mieux le retarder. Et doucement la pénombre qui entoure son lit se rapproche de lui. La culpabilité, le remord, la haine envers lui même et le dégoût le consument doucement. L'ombre commence à envahir ses draps. La solitude le caresse de ses longs doigts crochus et soudain les ténèbres prennent possession de cet homme, éclairé par la faible lueur de son téléphone portable qui ne diffuse plus sa douce lumière que sur une coquille vide à l'aspect humain.