Bon, j'ai décidé de faire un journal ici. Super, mais je ne sais pas comment commencer.
Soit, je raconte ma journée d'aujourd'hui tout simplement, mais ça ne me ressemble pas de ne pas bien marquer le début quand je commence quelque chose. En fait, c'est stressant le début. C'est une page blanche. Les pages blanches sont quelque chose de très angoissant. Mais la fin l'est encore plus pour moi. Et justement ce qu'il y a de bien avec le journal, c'est qu'il n'y a pas de fin pré établie.
Ce n'est pas mon premier journal. Il y en a eu d'autres, et surtout un autre, que j'ai commencé et terminé il y a pas mal de temps, maintenant. Ca n'avait duré que un an, mais une année très intense. Il m'a fallu trois carnet pour en venir à bout. C'était thérapeutique, à l'époque. J'avais 16 ans et la sensation de ne pouvoir m'exprimer pleinement que dans ces pages. Ca m'avait bien aidé. Et puis, ça a été mieux. Bien, peut-être même. Non, pas si bien que ça définitivement. Mais je ne suis pas du genre à me morfondre, alors j'ai arrêté de ressentir le besoin de tout consigner par écrit pendant quelques années. Et puis bon... Maintenant, je pense que j'en aurais besoin longtemps... Tout le temps peut-être.
Je vais faire comme dans mon vieux journal d'adolescence. Je vais parler de moi. Et ainsi, je pourrais évaluer l'étendue des changements dans quelque temps.
Donc... Moi. Je ne sais pas trop qui je suis. Je croyais le savoir mais tout ça s'est écroulé soudainement il y a presque deux ans maintenant. C'était une période très difficile, avec le recul. Je n'avais plus gout à rien, je me sentais perdue dans ma vie et sans la moindre perspective d'avenir. J'étais envahie sans cesse par des TOC. Des TOC sur des souvenirs si bien que je n'avais plus de passé non plus. Les ruminations mentales et les comptages qui ont suivi ont été si intenses et si handicapants que j'ai dû abandonner ma dernière année de licence. Deux semaines avant les examens. Je me suis tellement détestée... Tellement. J'avais envie de déchirer mon ombre sur le mur, je haïssais le moindre bout de peau qui dépassait de mes vêtements. Je n'ai jamais été amoureuse de moi-même mais c'était perturbant malgré tout.
Enfin voilà. C'est comme ça que je me suis perdue. Mais je crois que c'est à ce moment-là aussi que je suis devenue... Et bien, adulte. Du moins symboliquement. Puisque c'est à ce moment que j'ai accepté de me regarder en face et de régler tous mes soucis. Et le plus important était ceci : accepter le fait d'être différente. J'ai hésité un peu tout de même, mais pas très longtemps. La situation était intenable. Alors j'ai été voir un professionnel. Après plusieurs mois, j'en suis ressortie avec une identité toute neuve. Une identité qu'il me faudra apprivoiser. C'est pour cela que j'aurais sans doute besoin d'écrire très longtemps maintenant.
Bien. Actuellement, j'ai 22 ans, mais plus pour bien longtemps. Je vis toujours chez mes parents, et ç risque d'être le cas encore un petit moment. J'ai 3 frères et sœurs (ah oui, la dernière fois que j'ai fait un journal, ils étaient deux). Les garçons ont 15 et 7 ans, et la petite n'a pas encore deux ans. C'est un peu bizarre quand on y songe. Mais ça me plait bien. Je vis à la campagne comme depuis toujours et ça me plait aussi bien, moi qui adore les animaux. Les animaux sauvages, de nos régions en réalité. J'adore aller les observer dans leur milieu. Mais j'aime aussi plein de choses : la musique, écrire, jouer du piano, créer plein de choses, mes animaux de compagnie. Je suis assez solitaire, je ne suis pas très sorties. Pas vraiment monde, pas vraiment foule... Je suis en troisième année de Licence par correspondance. Par correspondance, encore. Depuis que j'ai 16 ans. Mais il y a une raison à cela.
Alors comment dire... C'est encore un peu bizarre pour moi, en fait. Je suis -paraît-il- ce qu'on appelle une fille à haut-potentiel intellectuel, c'est en tout cas ce qu'on m'a dit après quelques semaines de thérapie. C'est aussi ce qu'il y a d'écrit sur papier. Papier que je regarde souvent parce que j'ai un peu de mal à me dire intelligente en me sentant si idiote. Enfin bref, je suis paraît-il HPI. Premier point.
J'ai des traits autistiques et je suis soupçonnée d'avoir le syndrome d'Asperger. Avec tout ce que ça implique. Je suis assez empotée socialement pour y croire vraiment, cette fois. Combien de fois je ne comprenais rien... Bref. Deuxième point.
Et enfin je souffre de TOC-anxiété généralisée-attaques de panique-agoraphobie intenses. Et ça, que j'y croie ou pas, c'est là depuis tellement d'années que je vis avec comme si c'était parfaitement normal. Troisième point.
Voilà, donc je ne sais pas vraiment qui je suis parce que j'ai changé d'identité. La seule chose que je sais c'est que je suis un peu spéciale. Et que j'ai besoin d'écrire pour apprendre à vivre avec ça.