Un mal-être m'habite ces derniers jours, dont je ne peux me défaire... pourtant rien n'a changé. Enfin si, quand même, nous venons de déménager, et il est vrai qu'entre les cartons partout et tout ce qu'il reste à faire, et la fatigue entraînée par ces efforts répétés que je fais depuis novembre, envers et contre ma douleur, cela doit certainement participer à mon état. Mais tout de même... Avec Chris, tout va très bien. Il est adorable, il veut me rendre heureuse et y parvient plutot bien en définitive; quant à ma puce, elle est tous les jours un peu plus différente, mais aussi toujours la même. Mercredi matin elle regardait la télé pendant que nous dormions encore. Enfin moi je m'etais réveillee mais ne la sachant pas debout, je ne suis pas descendue et nous ne nous étions pas encore vues. La veille au matin elle s'etait comportée froidement, presque moqueuse et insensible à la peine qu'elle me faisait.. Non pas qu'elle fut méchante, mais j'ai senti en elle les prémices de l'adolescence, période qui entre toutes m'angoisse particulièrement, en tant que mère bien sure, mais aussi en partie parce que j'ai mal vécue la mienne. Bref, cela me minait un peu, je me disais que bientot mon petit bébé adoré n'aurait que faire de nos calins, nos discussions, nos moments ensemble si précieux encore, autant pour elle que pour moi. Et puis mercredi donc, elle a éteint la tv pour monter jouer dans sa chambre et a entendu la mienne. Elle est aussitot monté, et par l'interstice de la porte (une des deux de ma chambre, celle encore bloquée par des tonnes de cartons) et m'a dit: " maman!!! je t'aime, tu peux venir me faire un bisou". Je suis donc descendue, en passant par l'autre coté, et l'ai trouvée grimpant les marches le plus vite possible pour venir me serrer fort contre elle. Elle était si tendre, dans ses mots comme dans ses gestes... nous sommes si proches, et c'est peut-être cela qui me rend si craintive à la perspective de la trouver, bientôt, enrolée par les sentiments si complexes et contradictoires de l'adolescence, plus lointaine, erigeant en son coeur un mur que seules ses amies et surement, un jour, un garcon, ne pourront franchir, me laissant sur le bord d'une route qui durera plusieurs années.
Pour l'instant je m'oblige tant bien que mal à profiter de notre relation presque fusionnelle, au moins la plupart du temps, éloignant comme je le peux les pensées noires qui m'attaquent de plus en plus souvent en la voyant grandir. Je t'aime à la folie, ma Gwenn, et qu'importe ce que tu en penseras, tu seras toujours le bébé que j'ai porté 9 mois, tenu dans mes bras et aidé à devenir la grande fille merveileuse que j'ai devant moi aujourd'hui.
Quant à la dernière raison que je vois pour expliquer mon malaise en ce moment, elle est, toujours la même, qui règne sur ma vie chaque seconde de chaque heure, la douleur. Cette douleur qui me déchire, qui m'empêche de dormir chaque nuit, et surtout, qui m'interdit le plus souvent de faire toutes les choses que j'aimerais tant faire; d'abord avec Gwenn, car avec elle chaque seconde passée la rend différente, et change ses goûts, met derrière nous des choses à faire qui nous auraient enchantées et qui demain n'auront plus grand intérêt pour elle; avec Chris aussi, même si avec lui, l'espoir d'une guérison, un jour, aussi improbable fut-elle, me laisse espérer d'autres chances de faire ce que nous voudrions faire; enfin, ce que j'aimerai faire pour moi-même, comme le scrap, voyager, être disponibles pour ma famille et mes amis, et tout simplement, passer un journée sans souffrir...
Tout ca, pour moi, ce sont des souvenirs avortés, car n'ayant jamais vu le jour, je ne pourrais jamais profiter de leur douceur pour réchauffer mon coeur lors de périodes plus sombres.
Pour conclure, car les douleurs m'empechent à présent de m'attarder plus avant dans cette position douleureuse, 's'il suffisait d'aimer', je serai vraiment combléé, car j'ai cette chance d'avoir dans ma vie ces personnes qui renoncent à tant de choses pour m'aimer, qui, à la différence des autres, ne m'ont pas abandonnée à la souffrance, en dépit des obstacles et éternels empêchements auxquels elle nous as confronté, et nous confrontera encore... mais évidemment, malgré mes plaintes, je sais la chance que j'ai, et je n'échangerais pour rien au monde l'amour de ma fille, ou mon amour pour elle.