Mémoires d'une ombre

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Sommaire

Le cri silencieux du soir ... le cri silencieux du noir.

6 juillet 2012 à 15h25

Cela commence soudainement, sans crier gare.
La journée a été longue... peut être trop longue même. Elle a eu son lot de joies, cela je ne le nie pas.
Mais les paroles, les phrases, les expressions, les mots... tous ces symboles et ces méthodes qui me permettent de m'exprimer me font peur.
Je n'envisage rien. Je parle tout simplement. Je suis sincère. Je suis honnête. Si je ne fais pas mal aux autres, je m'empoisonne à chaque faux pas. Les mots sont traîtres. Ils ont plusieurs significations. Ils ont plusieurs buts. Mais comment les orienter vers ce l'on veut réellement ? Je fais du tort au monde. On m'excuse. Mais combien de temps me supportera-t-on?
La nuit est mon moment. Ma chambre est mon domaine. Je reste prostrée par terre et je crie. Non, pas un cri sonore. Un cri sourd que personne n'entend. Ma bouche est ouverte mais aucune voix n'en sort. Le silence est imposé par le noir. Je reste muette dans mon cri pour ne pas déranger. Il ne faut pas dire. Il faut cacher. Tout va pour le mieux. Tu es heureuse. Tais-toi tu ne peux pas être malheureuse. Tu ne dois pas nous faire honte.
Je me tais. Je prie en criant silencieusement. Toutes les larmes de mon corps coulent. Je ne les arrête pas. Je ne les essuie pas. La nuit est mon jardin secret. Je suis seule. Personne n'a à me dire ce que je dois faire. Je pleure en criant, en suppliant de ne plus être moi, de ne plus être ces mots absurdes qui me trompent, qui me créent des ennuis, qui me font des ennemis.
Je rêve d'avoir un endroit rien qu'à moi. Une chambre close, blanche, quatre murs, pas de portes, pas de fenêtres. Je pourrais m'enfermer et crier réellement. Crier sans que personne ne m'entende. Crier ma haine contre ma personne. Crier ma haine contre le monde. Crier ma haine contre mes envies de me faire du mal. Les ciseaux et le couteau me narguent. Je ne résiste pas à les prendre... pour les reposer tout de suite après. Je ne puis faire cet acte... Je dois disparaître mais je ne pourrais jamais le faire de moi même.
Crier ... je ne demande qu'à crier. Crier à en tomber par terre. Crier à m'en évanouir. Crier à en mourir.
Laissez-moi crier ...

Le chant pathétique des profondeurs

11 juillet 2012 à 14h58

Il suffit d'un signe
Il suffit d'un mot
Pour ne plus ... avoir le coeur gros
Il suffit d'une larme
Il suffit d'une arme
Pour pouvoir détruire mon âme.

Je voudrais ... partir là-bas
Sans regrets, sans retour
Laissez-moi aller vers cet au-delà
Je ne suis pas digne d'être avec vous aujourd'hui là.

Je voudrais dire à ceux que j'aime
Je pars, restez vous-même
Je ne suis pas celle que vous croyez
J'ai besoin de m'évader.

Sans pudeur, je voudrais me confesser
Ne me jugez-pas s'il vous plaît
Je sais que parfois je peux paraître cloche
Mais mon for intérieur n'est pas si moche.

Prenez-moi la main
Sinon j'aurai un tout autre destin
Je peux paraître la meilleure
Mais j'ai tellement peur.

Descendez-moi de mes grands chevaux
Je ne mérite même pas un écheveau
Je ne peux retenir mes sanglots
A moins que quelqu'un me dise les justes mots

Je vous en prie, soyez sincères mes amis
Suis je un monstre ou bien le démon de votre vie ?
Que pensez-vous réellement de moi ?
Suis je celle qui vous empêche d'avancer pas à pas ?

Je ne demande pas mieux que de disparaître
De détruire tout ce qui fait mon être
Mais je resterai malgré tout
Car j'ai trop besoin de ... vous.

Et toi, qu'es-tu ? Qui es-tu ?

12 juillet 2012 à 12h42

Je t'ai attendu avant ... Je t'attends maintenant ... Je t'attendrai toujours.
Je sais au fond de moi que cette existence ne m'est pas destinée.
Je ne sais comment t'appeler. Je ne sais ce que tu es.
J'ai besoin de toi quand je pars dans le monde des corbeaux noirs, où tout coeur est déchiqueté en mille lambeaux. Je tente de résister à leur appel malveillant mais rien n'y fait. La solitude m'enveloppe et me charme tel un fantôme sordide. Elle me mène vers un doux bien-être trompeur et destructeur. Elle me menotte avec amour et me traîne vers mes bourreaux.
Non, je n'ai rien d'un misérable prisonnier.
Je suis Princesse. Que dis-je ? Reine ! Je suis Souveraine de ma forteresse maudite ! Je sème le désespoir dans mon propre corps. Je me délecte de ces moments méprisables.
La souffrance ... Quel magnifique nectar empoisonné.
Je ne demande pas à ce que tu viennes ni à ce que tu me soignes. Je t'oublie et je m'envole vers un tout autre univers... Un univers de terreur et de pleurs.
Pourtant le vide me rappelle, les souvenirs remontent. Non, je ne puis être celle qui force mes blessures à saigner. Je ne peux les cicatriser moi-même. Alors, je ne supporte plus l'angoisse. Je veux m'époumoner en criant ton nom, ta provenance, ton appartenance ... Mais je ne te connais pas. Qu'es-tu à la fin ? Homme ou femme ? Objet inanimé ou être vivant ? Esprit froid ou chair chaude ?
Quoi qu'il en soit, tu ne viens pas... Tu ne viendras pas. Je t'aime pourtant. Apparemment je ne mérite pas ta confiance. Cette idée me replonge dans ma prison aux plumes ténébreuses. J'ai beau me débattre mais je deviens l'un des leurs... Encore plus monstrueuse qu'eux, plus vile qu'eux.
Néanmoins mon coeur bat. Il t'attend ce pauvre innocent. Il surveille chaque recoin. Il veut te voir toi l'étranger, l'absent, le souffle de vie qui pourrait le remettre dans le droit chemin. Les pensées morbides le noient. Il veut s'attacher à toi mais tu n'es toujours pas là.
Qu'ai je fais pour mériter ta haine ? Qu'ai je fais pour que tu gardes ton masque de cire ? Je tente de le brûler à chaque fois mais rien n'y fait ... Tu restes invisible.
Je te demande juste un peu d'attention. Soit, ne m'aime pas ! Je ne t'en voudrais pas car je ne crois pas en l'amour. Mais, au moins, regarde-moi ! Avec haine, avec mépris ... j'accepterai.
Pourquoi dépends-je de toi quand je perds pied ? Pourquoi es-tu celui que j'appelle le premier quand je reprends conscience ?
Silence ... Encore et toujours cet insoutenable silence. Tu ne te montres pas, tu ne réponds pas.
Qu'importe ! Je sens ta présence... Après tout, qui tu es n'a pas d'importance.
Tu me serres dans tes bras et, malgré ton regard haineux, je sais que tu ne m'abandonneras pas.
Tes griffes s'enfoncent dans mes bras. Je t'appelle en silence et tu deviens, tout comme moi, le mal du siècle.
La colère me donne des ailes. Mes yeux scintillent de cruauté. Je te secoue en t'aboyant dessus : Qui es-tu ? Qui es-tu ? Pourquoi je t'adore ? L'amour est chose pitoyable ! Tu n'es qu'une illusion et tu ne peux exister.

Réveil en sursaut ...
C'est fini. Tout est fini.
Je prends mes genoux entre mes bras : La position du foetus se forme d'elle-même après avoir franchi la porte des peurs.
Les larmes coulent à flots et je murmure, une dernière fois, dans le brouillard de mes pensées malsaines : Qui es-tu ?

Et viva l'imagination morbide

17 juillet 2012 à 15h11

Il y a des personnes dont la tête ne vous revient pas dès le premier jour.
Malgré tout, vous saluez la personne amicalement et celle-ci vous dit bonjour également. Mais, tout sonne faux.
Vous mettez cela sur le compte du doute, d'une peur "sociale".
Néanmoins, six mois après, la situation reste la même.
...
A ce moment là, votre coeur explose et fait jaillir tout le sang noir de votre Moi profond, encore plus sombre qu'une nuit sans étoiles.
Ensuite, votre imagination illustre votre pensée obsessionnelle. Vous prenez un couteau bien aiguisé, vous vous mettez face à cette détestable personne et, sans crier gare, vous attaquez telle une vipère : Un coup dans l'estomac, douze coups dans le coeur, vous lui crevez les deux yeux puis vous lui tranchez la tête avec délectation. Vous devenez alors l'Erynie de votre propre vengeance. Un horrible rictus se forme sur vos lèvres, vos cheveux sont en bataille, vos mèches s'envolent dans tous les sens possibles et imaginables, vos pupilles dilatés sont sans vie et attendent le dernier soupir de votre victime. Enfin, les serpents de la folie vous montent à la tête et les ailes de votre punition vous portent, au gré d'un vent sec et brûlant, vers une errance éternelle.

Oui je suis une sauvage. Je m'ancre à mes ennemis avec toute la force de ma haine et je m'introduis dans leur corps telle une peste meurtrière, contaminant la moindre veinule.
Je vous abhorre stupides humains injustes. Votre crime me pousse à devenir moi-même l'une des vôtres. Votre orgueil ... Votre vantardise ... Votre égoïsme ... Votre arrogance me dégoûtent.
Je me sacrifie alors tel un chevalier médiéval et me lance à corps perdu dans le combat. Pas d'affrontements réels n'en déplaise aux spectateurs. La bataille ne sera qu'entre toi et moi, dans une somptueuse arène virtuelle. Les ossements et les crânes de mes précédents concurrents sont éparpillés sur le sol poussiéreux. Leurs fantômes sont présents pour assister à ton prochain trépas. Tu trembles comme une feuille devant mes horribles créatures et tu tombes à genoux devant moi.
Je n'ai pas pitié de toi. Tu es allée trop loin. Je sors lentement mon pistolet et le pose sur ton front. Je t'explose la tête et te brûle ton inutile cerveau. Bornée, tu souffres et tu te rattaches à la vie. Alors, pour en finir avec toi, je pose mon arme dans ta bouche et n'hésite pas à tirer autant de fois qu'il le faut pour qu'on n'entende plus parler de toi. Je te regarde dans les yeux pour que tu emportes l'image de ton assassin dans ta tombe. Tu t'affaisses enfin, vile larve que tu es, et tu te désagrèges.

Ma mission accomplie, je quitte mon défouloir la tête haute. Je me réveille doucement et cligne des yeux. Une odeur de chair fraîche et de sang poisseux me chatouille les narines. Mon champ visuel se remet en marche et je t'aperçois souriante dans le monde réel.

Pauvre petit être sans défense, ne sais-tu donc pas que je suis la goule qui torturera ton esprit et aura ta peau ?

Le triptyque de l'anachorète

10 août 2012 à 14h35

Il pleut au dehors. Les éclairs et le tonnerre sont au rendez-vous. Le chien aboie de peur contre ces bruits assourdissants.
Elle aime ce temps qui donne à sa chambre des airs mystérieux. Seule, la lampe allumée au dessus de sa tête, elle contemple ses trois compagnons de vie : sa tablette, son livre, son magazine.
Elle prend la première et se connecte. Son cerveau perd le sens des réalités. Elle ne fait plus qu'un avec cette machine sous forme d'ardoise. La geek s'allonge sur son lit et s'abrutit de vidéos. L'une après l'autre, elles défilent sous ses yeux jusqu'à ce que la lassitude la pousse à passer à autre chose.
Elle prend alors son roman : un poche, 120 pages, une couverture aux couleurs de l'Amazonie. Un titre : Le vieux qui lisait des romans d'amour. Cela lui évoque tout ... et rien à la fois. Un auteur : Luis Sepulveda. Une nouvelle expérience avec un écrivain qu'elle ne connait guère. Elle ouvre le livre, elle se concentre, elle plonge dans l'océan des mots. Elle nage comme un poisson dans l'eau et s'imprègne de tout ce qui fait l'existence d'Antonio. Elle le suit. Il lui raconte son histoire. Elle l'écoute sans tiquer. Il l'emmène à la chasse. Elle pleure pour lui, elle pleure pour son agresseur. Elle referme son bouquin, heureuse et confuse, souriante et larmoyante.
Le dernier de ses amis l'appelle. Elle le regarde. Il la regarde. Elle détaille sa couverture. Il détaille son esprit. Elle le prend enfin à pleine mains et commence à lire un article sur l'incipit de "Bouvard et Pécuchet", ouvrage écrit par Flaubert. Elle est fascinée par tant de culture. Elle voudrait en apprendre encore plus. Encore. Toujours. A tout jamais.
" Vaut-il mieux se tromper avec quelqu'un qu'avoir raison tout seul ? La question hantait Flaubert comme elle hante tout être humain.", écrit Laurent Nunez dans cet article.
Bizarrement, et en ce moment, elle ne ressent pas le besoin de cette question. On ne peut être que bien seul, alors qu'on commet tant de bourdes quand on est en présence d'autres personnes.
Sa solitude lui plaît. "Non, je ne suis jamais seule avec ma solitude" chantait Georges Moustaki. Il a raison. Quel bien être ! Quelle transcendance de se retrouver seul, tel un ermite, entouré des objets qu'on aime.
La pluie a cessé. Un air frais souffle et fait danser gracieusement les tentures. Elle est entourée de son trio d'amis ... et elle se sent si bien ... En vous écrivant ce texte ... En se se sentant seule au monde.
...
Un doute.
...
Un silence.
...
La solitude est-elle réellement une amie ?